Il n'est pas toujours évident, pour de nombreux joueurs, de voir l'intérêt d'un remake 2D d'un jeu... 2D. Mais bien que les avancées technologiques et notre œil de joueur s'intéressent surtout à l'apogée de la 3D et des textures de plus en plus fines, les performances des consoles, notamment portables, permettent aux studios d'affiner leurs sprites pour donner une autre ampleur à leurs jeux en deux dimensions. Si le résultat est plus qu'évident pour un Metroid : Samus Returns qui retape entièrement un jeu de 1991 en noir et blanc, ce remake de Superstar Saga (initialement sorti en 2003 sur GBA), ne fait pas pour autant dans le banal filtre visuel et notre montre que ces 14 dernières années, la 2D a aussi subi une belle évolution.

Tout un univers

Cette mouture 3DS propose des décors soignés aux couleurs exquises ainsi que des sprites beaucoup plus détaillés, ce qui s'avère plus important qu'on ne pourrait le croire. Les animations nombreuses et la lisibilité générale bien plus agréable mettent en avant la mise en scène, primordiale dans les Mario RPG que ce soit les Paper Mario ou les Mario & Luigi. Dès l'intro pendant laquelle une vile sorcière sortie de nulle part vole la voix de la pauvre Princess Peach, on remarque le travail remarquable effectué sur l'ensemble de l'univers pour le mettre au goût du jour. Il ne nous reste plus qu'à apprécier le reste de l'oeuvre, dont l'attrait principal reste son humour. En effet, les frérot se retrouvent dans un ensemble de situations rocambolesques, embarqués tels des héros malgré eux dans les histoires les plus absurdes alors qu'ils visitent un royaume qui leur est inconnu.

Outre les divers personnages comme le prince qui nous éblouit de sa superbe chaque fois qu'il se touche les cheveux, ces nombreuses péripéties sont surtout l'occasion d'intégrer constamment de nouveaux éléments de gameplay. Lors de leurs déplacements, Mario et Luigi peuvent utiliser tout un tas de compétences seul ou en duo pour passer des obstacles et s'ouvrir un chemin. Versant tantôt du côté du puzzle, tantôt du côté de la plate-forme, ce système permet de diversifier un maximum l'expérience de jeu en offrant toujours de nouvelles idées. Le seul vecteur commun : rester fun en toutes circonstances. A aucun moment le joueur est obligé de grinder ses niveaux et la fluidité de l'avancée n'est entrecoupée que de saynètes marrantes qui font avancer le schmilblick. Mieux encore, Superstar Saga est blindé de mini-jeux, souvent intégrés dans les phases d'exploration. Quoi de mieux pour avoir le droit de passer une frontière que de joueur à la corde à sauter ? Surf, jeu de réflexion, course de chariot, ces passages courts font du titre d'AlphaDream un jeu éclectique qui pioche un peu dans tous les genres, et ce pour notre plus grand plaisir.

Tour par tour dynamique

Toutefois, rappelons que Superstar Saga reste principalement un J-RPG et cela se ressent d'abord dans le système de combat, au tour par tour à l'ancienne. Mais que ceux qui fuient d'habitude le genre restent toutefois attentifs : loin de se contenter d'un classicisme relatif au genre, chaque coup et chaque esquive demande au joueur d'appuyer sur un bouton (ou une séquence de bouton) avec un timing bien précis ! Ainsi, il vous est par exemple possible d'éviter les attaques adverses en sautant au bon moment. Offensivement, vous pouvez charger vos coups en martelant un bouton par exemple, ou rendre plus efficaces vos attaques en appuyant au moment de l'impact. Non seulement c'est fun, mais c'est aussi diablement instinctif, Mario et Luigi utilisant chacun un bouton précis pour chacune de leurs actions. Cela dit, ça peut se compliquer avec les attaques en duo durant lesquels les deux frères attaquent ensemble pour plus de dégâts dans des séquences plus longues. Quoi qu'il en soit, le système de combat est d'une fraîcheur indéniable et la mise en scène des affrontements ne manque pas de rebondissement avec des ennemis qui se cachent, ou qui changent de forme, par exemple. Avec toutes ses interactions et la haute dynamique du titre, on ne voit pas une seule seconde comment vous pourriez vous ennuyer pendant les 20-25h de l'aventure principale.

Les Sbires de Bowser, le mode inédit

Mais le vrai ajout indispensable de ce remake est bien évidemment Les Sbires de Bowser, qui n'apparaît pas dans le titre par hasard. En effet, ce mode supplémentaire partiellement indépendant du reste de l'aventure apporte bien 6h-7h de jeu en plus, et pas des plus inintéressantes. Débloqué après quelques heures de jeu dans l'aventure principale, ce mode raconte l'histoire d'un Goomba qui essaye de réunir une armée de sbires pour retrouver son maître, Bowser. Bien que le mode se joue à part, il suit la trame de Superstar Saga en y incorporant d'ailleurs toute une palanquée de personnages. D'un autre côté, vous croiserez de temps en temps les protagonistes des « Sbires de Bowser » pendant l'aventure principale.

Toutefois, le déroulement des Sbires de Bowser est très différent. Fini les combat au tour par tour, il s'agît d'un jeu de stratégie dans lequel notre groupe affronte le groupe d'ennemis constitué de potentielles recrues. Si chaque combattant possède des stats d'attaques, de défense, de pv, de vitesse ou encore de moral, un système de pierre-papier-ciseau régit les forces et faiblesses de chacun. Les troupes au sol sont fortes contre les spécialistes des attaques à distance, eux-même avantagés contre les combattants aériens, ces derniers semant la terreur sur les troupes au sol. Simple, efficace, mais pas nécessairement sclérosé puisqu'un perso peut potentiellement contredire le pierre-papier-ciseau s'il a d'autres avantages (niveau, capacités spécifiques, avantages contre certaines espèces, etc). Avant chaque combat, il faut veiller au dispositif adverse et former son équipe en conséquence, certains bonus pouvant être octroyés si on utilise plusieurs combattant d'un même type ou d'une même espèce.

Bien plus complexe qu'il en a l'air, le mode Les Sbires de Bowser tient vraiment le rythme sur le long terme pour diverses raisons. Tout comme dans mode principal, le joueur n'est pas inactif pendant les combats. Même si l'affrontement global est automatique, de nombreuses actions contextuelles nous permettent d'augmenter la puissance des coups spéciaux de nos compagnons. De plus, le commandant de chaque équipe peut enclencher des compétences via des points prévus à cet effet, ce qui permet d'avoir un impact sur le combat. Un gameplay plutôt complet donc, agrémenté de nombreuses scènes drôles avant (voire après) chaque affrontement, toujours dans la lignée de l'humour de la série. C'est fun, c'est drôle et ça ne fait qu'accentuer la pertinence de ce remake.