Après avoir accouché du très bizarre Off-Peak, sorte d'expérience contemplative un peu hallucinée, Cosmo D, de son vrai nom Greg Heffernan, s'est associé à Alliance Digital Media pour donner naissance à The Norwood Suite, qui reprend les bases posées par son grand frère en y implantant toutefois de vraies mécaniques de gameplay.
Avant même d'aller plus loin, autant vous prévenir que The Norwood Suite ne s'adresse pas à tout le monde. En dépit du fait que cette suite de Off-Peak propose davantage d'interactions que son prédécesseur, le socle psychédélique et mystérieux est conservé, et nombreux seront ceux à ne pas trouver beaucoup de sens à l'aventure. D'ailleurs, nous vous recommandons de vous accorder une petite demi heure pour jouer au jeu d'origine, disponible gratuitement sur steam, afin de vous faire une idée de l'expérience musico-perchée développée par le violoncelliste de 33 ans.
Tenue correcte exigée
Vous reprenez les choses là où Off-Peak les avaient laissées. Une mystérieuse femme en costume bleu vous laisse au pied d'un hôtel, sans vous donner d'explications vraiment précises sur les raisons de votre présence en ces lieux. Évacuons d'emblée le critère visuel : The Norwood Suite a clairement 15 ans de retard techniquement, certes, mais difficile de retenir ce point comme véritable reproche, car ce n'est clairement pas ce qu'il faut rechercher dans ce type d'expérience. Globalement, The Norwood Suite propose une direction artistique assez inspirée, pour peu qu'on soit sensible à l'approche surréaliste des environnements flashy, et surtout sait développer un enrobage sonore soigné et immersif, composé d'ailleurs par le développeur du jeu.
Le titre de Cosmo D est à prendre comme un petit jeu d'aventure, qui proposera de résoudre quelques puzzles, qui feront bien davantage appel à votre sens de l'observation qu'à votre matière grise. En bref, l'objectif, que vous découvrirez rapidement, est de réunir les 8 pièces du costume requis pour accéder à une soirée tenue par un célèbre DJ dans les sous-sols de l'hôtel. Pour rassembler ces éléments, il faudra fouiller l'hôtel dans ses moindres recoins et trouver le moyen d'accéder à différentes chambres en répondant aux exigences de leurs occupants. Effectivement, vous croiserez une poignée de personnages au fil de votre exploration, chacun ayant des volontés à satisfaire. Un groupe de musique recherche une partition, deux occupants désirent un sandwich tandis qu'un autre exige un pack de bière. En l'échange de ces services, les résidents vous donneront essentiellement des clefs permettant de déverrouiller casiers et chambres, renfermant les objets nécessaires à l'accomplissement de votre quête.
La progression est somme toute assez libre, et à quelques exceptions près, il n'y a pas de bonne ou mauvaise manière de commencer la partie. Il suffit simplement d'être curieux, de regarder aux alentours et d'être attentif aux assertions de la population de l'hôtel pour savoir quoi faire. En outre, le parcours ne se résume pas nécessairement qu'à une collecte d'objets et certaines combinaisons d'items (pas plus méchantes que les énigmes) viendront agrémenter votre parcours. L'exploration est de son côté récompensée et vous permet d'accéder à de nombreuses pièces dérobées, renfermant bande son et tableaux un peu hallucinés, chacun étant articulé autour d'une thématique : la musique.
Il faut bien reconnaître que le propos de The Norwood Suite est plus que brumeux, et l'aspect un rien égoïste de la narration est palpable. Les indications sur le pourquoi du comment sont un peu noyées sous des couches d'événements et de situations passant du burlesque à l'inquiétant. On sent que l'auteur a quelque chose à dire, mais d'une manière très nébuleuse et ne s'adressera qu'à une frange restreinte de personnes. Alors si vous cherchez à tout prix du sens à un jeu vidéo, il y a de fortes chances pour que le titre vous laisse indifférent, voire vous paraisse prétentieux au point de finir par vous agacer.
En revanche, si vous acceptez le fait que The Norwood Suite puisse aussi être une expérience contemplative, servie par une bande son variée et pertinente, dans un univers surréaliste et presque reposant, vous pouvez lui accorder une chance puisqu'il vous offrira entre deux et trois heures d'une escapade un rien barrée mais finalement sympathique.
Trailer de The Norwood Suite
Points forts
- Atmosphère originale, presque reposante
- Direction artistique atypique, qui peut séduire
- Pas trop mal construit
- Bande son décalée et soignée
Points faibles
- Très spécial
- Techniquement repoussant
- Un propos noyé dans l'abstrait
- Une vision un peu auto-centrée du jeu vidéo
Si la perspective de vous immerger dans une petite aventure de deux ou trois heures, dans laquelle de menues énigmes serviront de prétexte à l'exploration d'un endroit surréaliste dans une ambiance assez reposante, vous pouvez jeter un oeil à The Norwood Suite. Toutefois, il faut garder à l'esprit que son approche très étrange de la narration, son apparent vide de sens et son esthétique bien particulière ne seront pas du goût de tout le monde, et en dépit de sa relative originalité, The Norwood Suite aura du mal à s'imposer comme un incontournable. Original, sympathique mais dispensable.