Picross, voilà un type de casse-têtes qui existe depuis fort longtemps. Sur consoles, les premières traces de jeux Picross datent de la Game Boy et de la Super Nintendo, développés par Jupiter, le même studio qui développe les Picross destinés aux consoles portables de Nintendo depuis les dix dernières années. Popularisés en Occident par Picross DS, les titres de la gamme se sont multipliés en une quantité particulièrement élevée, peut-être même inchiffrable. Esquivant habituellement les consoles de salon, le concept hybride de la Nintendo Switch permet le retour de la série sur son écran de télévision.
MAIS IL TE MANQUE UNE CASE ?
On a presque l'impression de vous insulter, mais pour les novices, petit rappel de ce qu'est un Picross. Un Picross, c'est une grille, de taille variable, composée de cases à colorier à l'aide d'indications numérotées situées en tête de chaque ligne horizontale et verticale, tout ceci dans le but d'obtenir une image à la fin. Ainsi, si le chiffre 5 est indiqué devant une colonne, alors on colorie cinq cases adjacentes dans cette colonne (après déduction pour repérer quelles cases sont précisément à colorier). Si on trouve les chiffres 2 et 4 devant une ligne, alors il faut colorier une série de deux cases adjacentes puis une série de quatre cases adjacentes, séparées par un nombre indéfini de cases vides. Bien évidemment, la difficulté augmente en même temps que la taille des grilles.
Apparus pour la première fois dans Picross e3, les Méga-Picross sont de retour dans Picross S. Ces derniers sont des grilles tout à fait basiques, la différence vient essentiellement des méga-nombres, qui sont des nombres tout ce qu'il y a de plus normaux, à ceci près que certains nombres concernent deux lignes en même temps. Ainsi, face au méga-nombre 11 par exemple, vous aurez alors onze cases adjacentes à colorier, mais qui s'étendent sur deux lignes. La difficulté augmente donc crescendo, surtout dans les grilles les plus larges. Ne craignez rien toutefois, le jeu ne se donne même plus la peine de vous pénaliser pour vos erreurs. On a essayé: oui, on peut compléter une grille en remplissant chaque case une par une jusqu'à ce que ça passe. Bref, Picross S ne réinvente pas une formule vue et revue depuis des années, et on ne s'attendait pas vraiment à une révolution de toute manière.
STRICT MINIMUM
La question, maintenant, est de savoir si le contenu du jeu tient la route. Du côté des Picross, nous retrouvons seulement trois grilles 5x5 (qui prennent trente secondes chacune), cinquante-sept grilles 10x10 (entre une et trois minutes chacune), soixante-quinze grilles 15x15 (entre trois et cinq minutes chacune) et quinze grilles 20x15 (entre cinq et dix minutes chacune). Du côté des Méga-Picross, la répartition est la même, même si la complexité du concept des méga-nombres rallonge le temps nécessaire pour compléter une grille. Après un calcul rapide, on se rend compte que le compte est bon : on a bien trois cents puzzles. Mais voilà, il y a un petit détail que le développeur n'a pas pensé utile de préciser, alors que c'était pourtant mentionné sur les pages de présentation de Picross e6 et Picross e7 : les images cachées derrière les Picross et les Méga-Picross sont identiques. Certes, techniquement, les trois cents grilles sont toutes différentes. Dans les faits, il y a toujours cet arrière-goût de déjà joué quand on revoit inlassablement chaque puzzle en double, et puisque les cases à remplir sont les mêmes, le dégré de réflexion se retrouve amoindri pour ceux qui enchaîneront les grilles sans trop s'arrêter. Honnêtement, puisque le jeu coûte 3 € de plus que les versions eShop de la Nintendo 3DS, on espérait des vrais casse-têtes tous différents sans exception.
Le prix n'est pas justifié par le mode "Micross" puisque ce mode de jeu est purement et simplement absent de Picross S. Pour un jeu plus cher qui doit prendre la relève, on est dépité de voir non pas du contenu en plus, mais du contenu en moins. Un constat encore plus amer quand on sait que ce mode était présent dans My Nintendo Picross - The Legend of Zelda : Twilight Princess, offert sur le service My Nintendo. Encore une fois, on regrettera l'absence d'éditeur permettant de créer ses propres grilles, éditeur porté disparu depuis Picross 3D sorti en 2010. Pictopix (sur Steam) en propose un alors qu'il ne coûte que $ 6,99 ; le prix n'excuse donc pas son absence sur une console qui a grandement besoin de justifier son abonnement payant dans les mois à venir, qui plus est. En fait, le seul et unique ajout de ce Picross S est… un mode 2 joueurs. Il a le mérite d'exister, mais ce titre se prête bien plus à du jeu portable tranquillement allongé dans son canapé qu'à du jeu coopératif/compétitif face à un écran.
Points forts
- Un concept qui a fait ses preuves
- Les Méga-Picross toujours aussi diaboliques
- Rapport quantité/prix qui reste convenable
Points faibles
- Plus cher que les derniers épisodes 3DS alors qu'il y a moins de contenu
- Les mêmes images dans les deux modes de jeu
- Pas de mode Micross
- Toujours pas de création de grilles à partager
- Adieu les pénalités
- Un jeu qui fait le strict minimum
Picross S, c'est l'assurance d'avoir un petit jeu addictif à portée de main sur sa Switch. Le concept a fait ses preuves depuis bien longtemps, et vous aimerez forcément ce Picross S si vous avez accroché aux autres épisodes de la série. Cependant, tout ceci ne doit pas excuser la paresse des développeurs, qui ne font rien pour se dépasser. Le mode Méga-Picross est désormais connu des habitués. Le mode Micross apportait toujours un petit vent de fraîcheur sympathique, alors pourquoi l'enlever ? En l'état, on ne voit rien qui justifie vraiment la petite augmentation de prix discrète. Si vous avez retourné les épisodes 3DS dans tout les sens, vous pouvez foncer mais n'espérez rien de neuf hormis un mode 2 joueurs anecdotique. Si vous avez une 3DS mais que vous n'avez pas fait tous les jeux parus sur l'eShop, on vous conseillera de reprendre votre bonne vieille portable et de prendre les épisodes qui vous manquent avant de passer le cap de Picross S. En attendant, qui sait, un Picross S2 moins paresseux.