Sorti le 10 mars 2006 au Japon sous forme de light novels puis adapté en manga et anime respectivement en 2007 et 2008, l'excellent Toradora! se retrouve le 30 avril 2009 sur les PSP japonaises. Le titre est un ambassadeur majeur du système baptisé "Motion Portrait", qui permet aux personnages d'afficher des expressions bien particulières en fonction de la situation. Édité par Bandai Namco et Guyzware (studio japonais spécialisé dans les adaptations d'animes/mangas sur PSP et PS2), Toradora! Portable offre l'occasion aux fans de redécouvrir sous une autre facette les aventures du lycéen au coeur d'or Ryuuji Takasu, et de l'irritable mais tout autant adorable Taiga Aisaka.
Toradora! : bande-annonce
Test effectué sur la version officielle du jeu patchée en anglais. Le jeu étant disponible à la vente uniquement en japonais, des fans ont sorti un patch en anglais reprenant assez fidèlement les gimmicks du manga et de l'anime.
Même si les personnages et le contexte spatio-temporel sont placés d'une manière subtile dès le début du jeu avec un Ryuuji qui se réveille sans le moindre souvenir (et qui donc en sait autant que le joueur étranger à l'univers de Toradora), un joueur ayant l'expérience du manga ou de l'anime bénéficiera, en toute logique, d'une immersion plus grande et plus rapide. Malgré tout, le novice trouvera tout de même vite ses repères et son expérience de jeu ne sera donc pas entachée par son manque de connaissance.
Après avoir subi deux adaptations depuis sa sortie en light novels, le roman de Yuyuko Takemiya réussira-t-il une nouvelle fois à convaincre ses fans, cette fois dans un Visual Novel, genre qui a déjà su s'imposer sur PSP ?
Un début en fanfare
Avant de se réveiller sans le moindre souvenir, Ryuuji fait un rêve (ou plutôt un cauchemar) sur un fond post-apocalyptique où Minori (Minorin pour les intimes) est tout simplement géante et semble vouloir détruire la ville. Taiga se tient comme la combattante qu'elle est dans l'âme et on peut noter la présence de Yuri Koigakubo, la professeur de classe des protagonistes, un gros bordel en soi qui ne présage rien de bon donc. Après une scène de dialogue assez gênante, mais plutôt fidèle à l'esprit du personnage ciblé - que je vous laisse le soin de découvrir par vous-même, Ryuuji finira sous les décombres des bâtiments écroulés par Minori et se réveillera à l'hôpital. On peut dire qu'enfin ça commence.
Dès son réveil, le joueur ne connaît même pas son prénom mais les habitués reconnaitront tout de suite la voix de Junji Majima, le doubleur japonais de Ryuuji. Car oui, tous les personnages sont doublés par leur doubleur officiel japonais. La voix de Taiga viendra peu de temps après rejoindre la sienne sur une douce mélodie jouée au piano. On apprend grâce à elle qu'on est le 28 décembre, et que cela fait déjà trois jours que le joueur est dans le coma. Juste avant de partir, Taiga demande à Ryuuji s'il se souvient de ce qu'il s'est passé le soir du réveillon de Noël. Ce qui correspond, dans l'histoire originale, à une scène forte en émotion où Ryuuji se déguise en ours de Noël et rend visite à Taiga pour lui remonter le moral après qu'elle ait prévu de passer le réveillon seule. On peut donc dire sans trop se mouiller que l'histoire prend place à ce moment de l'histoire, soit près de la fin puisque cela correspond à l'épisode 19 de l'anime qui en comporte 25.
une adaptation proche de l'œuvre originale
Ce n'est pas nouveau : les visual novels sont pour beaucoup l'adaptation vidéoludique d'un anime/manga (même si le cas contraire existe : certains visual novels sont adaptés en anime/manga). Souvent vus comme des "animes interactifs", les jeux appartenant au genre du visual novel servent, dans le cas présent, à prolonger l'aventure du fan qui après avoir vu l'anime et/ou lu le manga veut passer encore un peu plus de temps avec ses personnages favoris. C'est aussi le cas pour Toradora! Portable : l'anime éponyme sorti en 2008 a su convaincre plus d'un amateur de comédie romantique et les fans s'attendaient donc à un jeu vidéo reprenant fidèlement l'ambiance générale qui ressort de l'oeuvre de Yuyuko Takemiya, avec ses personnages hauts en couleur et son humour bien à elle. Pari réussi ? La réponse est oui.
Les fidèles traits de caractère des personnages sont respectés dans les grandes lignes : Taiga est agressive à la moindre parole contrariante (et va même jusqu'à frapper un Ryuuji à moitié amnésique), Yasuko pleurniche pour rien, Kitamura aura bien sa crise d'adolescence et se teindra les cheveux en blond et surtout, l'obsession de Ryuuji pour le ménage fera du nettoyage de sa maison la première vraie interaction du joueur in-game. La classe. Même la fameuse citation qu'on peut retrouver au début de l'anime y est, et c'est sur ces poétiques paroles que l'histoire prend finalement son envol et que tout commence pour de bon. Le reste, c'est à vous de l'écrire. Ou plutôt de le lire.
There's something in this the world that no one has seen before. It is gentle and sweet. Maybe if it could be seen, everyone would fight over it. That's why no one has ever seen it. The world hid it so that no one could get their hands on it easily. However, someday, someone will find it. The person who deserves it the most will definitely find it.
Les lieux – plus ou moins – emblèmatiques de la série sont tous reproduits fidèlement à l'anime, et c'est là que le joueur qui connait l'univers de Toradora se retrouvera beaucoup moins dépaysé que celui qui voit les personnages et décors pour la première fois. Malgré tout, la map reste petite et il est difficile de s'y perdre : chaque endroit clef se trouve l'un à côté de l'autre. Et c'est aussi ça le problème, la map est tout simplement vide et beaucoup de lieux se découvriront uniquement à travers les backgrounds durant les dialogues. Dommage donc, mais on notera quand même les beaux (et rares) dessins faits à l'occasion du jeu, pour les scènes de fin spécifiques.
une bande son presque idéale
Si les musiques de l'anime n'ont plus grand chose à prouver, celles du jeu non plus : ces dernières accompagnent très bien les dialogues et sublimeront certaines scènes, à la manière des sound novels. Vous savez, ces visual novels qui misent d'avantage sur le son comme Umineko no Naku Koro ni, auto-proclamé sound novel par son studio, sorti un peu plus d'un an après Toradora! Portable. S'il n'est pas l'égal d'Umineko dans ce domaine, le jeu saura tout de même ravir ses fans grâce aux musiques qui restent dans la lignée de celles déjà connues grâce à l'anime. Un goût d'authenticité appréciable. Seul léger point négatif : certaines musiques sont un peu redondantes, notamment celle lorsqu'on se déplace sur la carte.
Des minis jeux pas très convaincants
Le premier mini jeu proposé est nommé Dress Up Breakout et reprend le principe des célèbres jeux de casse briques, mais attention : la physique de la balle et la profondeur inexistante de ce mini jeu lasseront très (très) vite le joueur, qui y est invité à rhabiller (ou déshabiller...) 7 personnages à travers 4 niveaux chacun. Kitamura et les 3 héroines principales, à savoir Taiga, Minori et Ami sont de la partie ainsi que 3 personnages secondaires : les deux soeurs Kano (Sumire et Sakura) et Yasuko, la mère du héros. On notera tout de même que ce dernier n'est pas présent dans le mini jeu... Mais bon, tant qu'il y a Taiga, on peut s'en passer.
Le second mini jeu, Rampage! Palmtop Tiger, met quant à lui en avant uniquement Taiga, sa phobie des relations amoureuses et son goût pour les mauvais coups. Le principe est simple : Taiga se réveille en retard et doit littéralement casser les dents des lycéens amoureux d'elle qui lui barrent la route du lycée pour être à l'heure en cours. Le joueur a donc dix minutes pour avancer au travers des 3 stages, et doit battre les 3 boss pour finalement arriver devant la grille le plus rapidement possible. Si l'idée de départ est bonne, ce ne sont pas les 3 attaques proposées (chacune contrant un des 3 types d'ennemi), et le changement de l'image de fond après chaque fin de stage qui feront revenir le joueur après qu'il ait perdu 10 minutes de sa vie sur ce mini-jeu. Quand on connaît les attaques de Taiga dans Dengeki Bunko : Fighting Climax et les références dont elles s'inspirent (le coup de pied dans le poteau électrique par exemple) ou les patates monumentales qu'elle distribue dans l'anime, on se dit que les 3 malheureux coups proposés frôlent le ridicule. Bon certes, on compare un jeu ouvertement dit de combat (comme en témoigne cet extrait vidéo) à un mini-jeu disponible dans un visual novel mais quand même, on est sur PSP pour rappel…
Le troisième et dernier mini jeu est un jeu de cartes basique où il faut retrouver le plus de paires possible sur un plateau de 20 cartes. Rien d'exceptionnel (ni de bien difficile) donc si ce n'est la petite musique sympathique en fond qui donne le tempo à la partie et les interventions de Taiga qui rajouteront un peu de difficulté. On l'aura remarqué, les quelques mini-jeux sont pleins de bonnes intentions mais sans réelle ambition. Une déception de ce côté-là donc, alors que certains mini-jeux comme Rampage! Palmtop Tiger avaient un potentiel plutôt intéressant. On utilisera les thèmes offerts par mots de passe comme lots de consolation...
et la durée de vie alors ?
A l'instar de beaucoup de ses confrères du genre, Toradora! Portable propose plusieurs fins qui non seulement permettent au joueur d'avoir, à un moment donné, une issue qui forcément lui plaira, mais qui ajoutent aussi quelques heures de jeu bienvenues. En effet, le jeu propose des sortes de "chemins" qui mènent vers une fin spécifique à une dizaine de personnages et 2 autres fins dites "neutre" et "pire fin". Chaque personnage possède lui-même plusieurs fins différentes (True - Good / Normal / Bad end le plus souvent) qui permettent de découvrir toutes les facettes de ces derniers.
Prenons par exemple la fin liée à Yuri, la professeur (mini spoiler droit devant, capitaine !). En tant que personnage secondaire, elle ne dispose que d'une seule fin, ce qui n'est pas le cas des personnages principaux qui en ont tous 3 (et de certains autres personnages secondaires qui peuvent en avoir 2). A la fin de sa "Only end" qui dure une vingtaine de minutes de jeu (c'est la fin la plus rapide), Yuri finie mariée et heureuse. Une fin bien dans l'ambiance du personnage, qui durant toute l'histoire cherche quelqu'un avec qui faire sa vie et qui finit à chaque fois par s'apitoyer sur son sort et penser qu'elle finira seule.
Ainsi un seul personnage rajoute, avec ses plusieurs fins, de nombreuses heures de jeu. Rien que la "Normal end" de Taiga, qui au passage est excellente, m'a personnellement pris entre 3 et 4 heures à terminer. A savoir qu'en Autoplay (les dialogues défilent automatiquement après que le personnage ait fini de parler à voix haute), arriver à toutes les fins du jeu prend des dizaines d'heures. Si évidemment un joueur lambda n'ira sans doute pas jusque-là, il sera loin de souffrir du manque de contenu. La possibilité d'avoir accès à plusieurs fins lui laisse le choix : s'il veut découvrir un peu plus les personnages, le joueur n'a qu'à relancer depuis un certain point via le backlog et prendre une autre décision. L'histoire changera de direction et le fin mot ne sera sans doute plus le même qu'avant (en bien ou en mal...).
Points forts
- Adaptation fidèle à la série
- La bande son qui sait accompagner les dialogues
- Des dizaines de fins disponibles variant de 20 minutes de jeu à plus de 5 heures, et dans l'esprit des personnages abordés
- Le backlog très complet qui permet de rapidement revenir en arrière ou relire un passage
- Les voix japonaises officielles des personnages
Points faibles
- Les mini jeux ennuyeux à mourir, qui auraient dû être plus travaillés
- La carte vide
- Disponible seulement en japonais
En tant que visual novel, Toradora! Portable n'a donc pas à rougir face à ses concurrents : si le titre n'est pas forcément un must-have sur PSP, il l'est sûrement pour les amateurs du genre. Une adaptation réussie qui arrive à combiner les rouages de son genre, l'authenticité du roman originel, et ses personnages attachants et colorés pour en tirer une expérience qui ne laissera derrière elle que du bonheur aux fans, et un bon souvenir aux autres.