Le studio Housemarque est décidément en forme en ce moment. Alors qu'ils viennent de proposer Nex Machina, les géniteurs de Dead Nation, Alienation ou le très populaire Resogun remettent le bleu de chauffe pour accompagner cette rentrée. Profitant de l'accalmie estivale, Matterfall débarque avec la ferme intention de ravir les amateurs de shoot et d'action. Sorte de Shadow Complex boosté, le jeu des Finlandais ne réinvente pas le genre mais fait montre d'une certaine maîtrise pour offrir à la PlayStation 4 une exclu perfectible mais de qualité. En attendant l'avalanche ludique de fin d'année, ce side scroling shooter pourrait bien vous surprendre. À condition de ne pas oublier d'où il vient et ce qu'il représente...
Matterfall défouraille à tout-va
Avalon Darrow, la mercenaire que l'on incarne, n'est pas du genre à faire dans la dentelle. Entraînée pour résister aux situations les plus extrêmes, la demoiselle n'a rien à envier à une certaine Samus Aran. Munie de sa combinaison futuriste, elle va devoir réparer, une nouvelle fois, les grosses boulettes de l'homme (non, il n'y a rien de scabreux là-dedans). Ce dernier, dans ses envies de conquête, a pris le contrôle d'une technologie extraterrestre afin de l'utiliser à des fins militaires mais rien ne s'est passé comme prévu : ville en perdition, machines qui se rebellent, civils qui fuient, situation incontrôlable... en somme, le bon gros scénar' du film catastrophe et surtout un bon prétexte pour dézinguer tout ce qui passe à portée de viseur. Pour l'originalité, on repassera mais là n'est pas le but de Matterfall.
OH LA BELLE BLEUE
Le titre de Housemarque ne prend pas tout à fait la même direction que ses aînés. Il densifie son approche en associant le shoot, la plateforme et l'utilisation des deux sticks. Ainsi, le stick gauche sert pour les déplacements tandis que le stick droit permet à l'avatar de tirer non stop. Côté mouvements, on retrouve les attitudes inhérentes à ce type de production. Si le saut et le double-saut sont de la partie, la belle peut également dasher (de façon verticale ou horizontale) pour bloquer la progression des ennemis et les immobiliser pendant un court instant. Ils virent alors au bleu et le joueur a tout le loisir de les exterminer. Rien de bien nouveau à l'horizon mais Matterfall a gardé un petit tour de passe-passe dans son sac.
Avalon est en effet capable de créer et de manipuler de la matière. Grâce à une arme spéciale, la mercenaire peut matérialiser des blocs bleuâtres sur lesquels s'appuyer ou utiliser comme boucliers. L'intérêt de la pratique, c'est que l'héroïne peut continuer à tirer tout en étant protégée. La mise en œuvre de ce procédé se traduit par une alternance de rythme. Certaines situations vont être speed au possible tandis que d'autres réclameront un certain sens de l'observation, et donc de la patience. Moins frénétique que d'autres jeux du genre, Matterfall n'en demeure pas moins très typé arcade et les fous de scoring s'en donneront à cœur joie. Les amateurs d'exploration, quant à eux, apprécieront de fouiller les niveaux pour sauver les civils enfermés dans les capsules extraterrestres.
DÉLICAT À CONTRÔLER
En positionnant l'ensemble des mouvements sur les gâchettes latérales, les développeurs ont clairement compliqué la vie des joueurs. Matterfall n'est vraiment pas simple à appréhender et le fait de jongler entre les gâchettes fait qu'on s'emmêle très souvent les pinceaux. Si un niveau tutoriel est présent pour aider les nouveaux arrivants, il aurait fallu que l'équipe aille un peu plus loin dans l'apprentissage des commandes. Malgré tout, le jeu se laisse dompter au fur et à mesure et on parvient à mixer armes principales et secondaires avec une certaine aisance. Les grenades seront ainsi d'une grande aide contre des ennemis plus imposants ou véloces. Dans sa catégorie, le jeu n'invente rien mais le fait plutôt bien. Y compris dans sa réalisation...
MADE IN FUTUR
Le jeu est plutôt joli, c'est bien animé et surtout l'ensemble demeure très fluide malgré l'avalanche de particules à l'écran (sauf peut-être lors des affrontements contre les boss). Grâce à une difficulté progressive et un système d'upgrade de l'équipement, Matterfall parvient à nous faire oublier sa monotonie visuelle. Car il faut bien le dire : la direction artistique est vraiment passe-partout et très générique. Cela ne signifie pas que le travail est bâclé puisqu'il y a pas mal d'animations en arrière-plan, mais ça ne suffit pas à masquer le manque d'originalité des graphismes. Un ton futuriste, des teintes blanches et bleutées, quelques ordis, des néons, des boitiers de commande... c'est vu et archi-revu. Et comme les niveaux se ressemblent énormément, malgré la présence de trois environnements distincts et de passages en extérieur, la variété est mise à mal. Le constat est le même pour la progression du joueur. Le level design n'a rien d'étonnant et il n'y a guère que les passages en apesanteur (qui font penser à Bangai-O) ou dans les ascenseurs qui varient un temps soit peu l'action. Bien évidemment, il ne faut pas être trop gourmand, Matterfall n'a rien d'un jeu triple A et remplit aisément son objectif de divertissement. Mais son aspect générique est clairement un frein...
Points forts
- Agréable à l'oeil
- Les effets de particule
- En HDR et 4K sur PS4 Pro
- Intensité de l'action
- Bande son de qualité...
Points faibles
- ... mais répétitive
- Trop générique et level design sans génie
- Pas assez de variété dans la progression
- Aucun mode supplémentaire
Le studio finlandais Housemarque démontre son expérience en matière de shoot mais aurait sans doute eu matière à créer un univers moins générique. Malgré cela, l'intensité de l'action et l'ambiance technoïde très années 80 accrochent et raviront les aficionados d'arcade et de scoring. Vendu à petit prix, il propose une aventure à la durée de vie correcte mais ne propose aucun mode multijoueur ou de bonus permettant de prolonger le plaisir. Sans être mauvais, il n'atteint pas l'excellence d'un Contra (Probotector chez nous) ou d'un Metroid.