Après un The Order réussi mais imparfait et le difficile lancement de De-Formers, Ready at Dawn semble vouloir explorer l’épineux milieu de la réalité virtuelle. En partenariat avec Oculus Studios, l’équipe de californiens a conçu un titre, Lone Echo, qui tente avec brio de briser deux problématiques classiques des jeux en VR : les déplacements, et l’interactivité. Et si l'on vous dit que le tout se déroule dans l’espace au large de Saturne, et qu’en plus de ça un excellent mode multi est vendu avec, la seule question qu'il vous reste est de savoir comment tout cela fonctionne n'est-ce pas ?
Bob le Bricoleur dans l'espace
Lone Echo nous dépeint les aventures de Jack, un androïde de type Echo, en charge de la gestion d’une station spatiale et qui peut, à chaque mort, réinjecter sa conscience dans des copies de lui-même. Cette station, installée au large de Saturne pour y miner de l’Helium 3, voit sa paisible activité bousculée par une anomalie qui fait son apparition et commence à perturber les circuits de la station en émettant de plus en plus souvent une onde électromagnétique. Vous l’aurez compris, vous allez devoir remettre les différents systèmes en route, explorer l’intégralité de la station, ce qui comprend des séquences en extérieur, mais aussi mener votre petite enquête sur l’anomalie elle-même. Vous serez évidemment épaulé par une humaine et seule occupante de la station, Olivia, qui vous encadrera et vous donnera des ordres. Vous voilà donc au courant du pourquoi du comment : le scénario n'est pas forcément des plus inspirés de prime abord et partage énormément avec celui de jeux comme Farpoint, tout en mettant au passage une bonne grosse claque à ce dernier, notamment grâce à son immersion, bien plus efficace, et favorisés par un gameplay aux petits oignons, aussi polyvalent que surprenant.
La claque du gameplay
Ce fameux gameplay atypique de Lone Echo est un mélange entre mobilité débridée, et optimisation des interfaces. Ainsi, notre « écho », sorte de robot à tout faire de la station, dispose de plusieurs outils afin de réaliser la maintenance des différents systèmes. Il peut scanner les objets, ce qui permet de diagnostiquer toute panne, mais aussi de pénétrer les systèmes informatiques, s'équiper d’un genre de chalumeau futuriste, d’un capteur de radioactivité, et d’une panoplie d’interfaces flottantes pour afficher les objectifs et les dialogues. Son casque est amovible et dispose en sus d’une lampe torche. Côté mobilité, il embarque un double système de propulseurs, lesquels sont situés dans son dos et dans chacun de ses poignets. Vu comme ça, vous vous imaginez sans doute qu’une manette classique est essentielle pour gérer tout ce bazar et que l’interface doit être surchargée. Et bien non, figurez-vous que Lone Echo réussit à tout placer de manière logique et accessible afin que le joueur profite à fond des manettes 3D et d'une ingénieuse interface utilisateur, dans la droite lignée de ce que ONWARD propose du côté des FPS. Tout est marqué sur votre corps, tout est activable en appuyant sur des boutons dédiés au niveau des poignets, et aucune fioriture ne viendra bousculer votre immersion. Quelque chose de simple, d’optimisé, d’intelligent et de naturel. On va donc très vite apprendre à manier nos différentes « fonctionnalités » grâce à des tutoriels efficaces et bien intégrés à l’aventure. A chaque nouveau pas, c’est une petite séquence qui sera là pour nous accompagner et nous permettre d’intégrer les règles en quelques secondes.
Les charmes d'un produit avant tout excellemment réalisé
Cet enrobage fait qu’on se laisse très vite happer par Lone Echo, qui dispose en plus d’un soin tout particulier, techniquement parlant. Non seulement les intérieurs sont réussis, mais les extérieurs le sont tout autant et réussissent à intégrer de très grandes aires de jeu dans un titre VR, lequel doit tourner à pleine balle pour garantir un framerate stable et ainsi éviter le motion sickness. D'ailleurs, à ce niveau-là, le mode de déplacement choisi, sans téléportation, procure une sensation naturelle de flottement, quasi-aquatique, dans lequel le joueur doit littéralement se tracter d'objet en objet et avancer grâce à l’inertie. Un système bien plus rapide que celui du trop lent ADR1FT, qui boxait jadis dans la même catégorie que ce Lone Echo, mais n’avait pas à l'époque les Oculus Touch et l’incroyable immersion induite par la présence de mains virtualisées. Une vraie balade en 0-G que l’on accomplit avec un plaisir total grâce aux Oculus Touch qui remplissent parfaitement leur office.
Pour vous aider à vous repérer, un coup de stick droit sur la droite ou la gauche va vous permettre d’effectuer des quarts de tour, afin de vous éviter tout pivot "dans la vraie vie" sur votre chaise. Le jeu est donc étonnamment jouable et très mobile, alors qu’on ne quitte pas son axe face-caméra, devant son bureau. Une petite prouesse qui s’inscrit ici en adéquation avec le degré de finition du jeu. Tout est très malin, très habilement pensé, du gameplay jusqu'aux points d’intérêt. Il est possible de se balader, d'effectuer des rapports sur différents objets, de réaliser des quêtes annexes, de résoudre des puzzles, mais aussi de trouver des easter eggs (notamment les 3 coquillages dans les toilettes de la station, une subtile référence à Demolition Man) : bref, vous l’aurez compris, on a ici affaire à un véritable jeu d’exploration, d’aventure et de résolution d’énigmes, auréolé d’une écriture souvent teintée d’humour. On saluera également les doublages anglais, très bons, même si des sous-titres français n’auraient pas été de refus…
Et le mode multijoueur ?
Lone Echo sort en plus avec un mode multijoueur gratuit, appelé Echo Arena, qui vous propose de jouer une sorte de partie de blitzball en temps réel, en passant la balle à vos coéquipiers pour construire de belles actions et finir par marquer. Le gameplay sied parfaitement à ce concept et la frénésie des parties est très vite au rendez-vous. En plus de ça, le mode propose pas mal de subtilités puisqu'il est possible de se hisser, de perturber ses adversaires, de profiter d'une catapulte et, évidemment de manier le disque avec le plus de dextérité possible. Bref, avec cet Echo Arena, Ready at Dawn procure au public des sensations d'eSport VR de haute volée, là où de nombreux studios essayent encore timidement d'arriver à un résultat convaincant.
Trailer de Lone Echo
Points forts
- Sans doute le meilleur système de déplacement VR à ce jour : on flotte littéralement dans l'espace, sans téléportation.
- Très bon game design : les interactions sont malines, intuitives et pratiques
- Une technique au niveau avec de grandes aires de jeu et des graphismes léchés
- Un sound design très pertinent et de superbes voix
- Deux scènes particulièrement mythiques
- Echo Arena : très convaincant et grisant
Points faibles
- Pas mal de répétitivité dans le dernier tiers du jeu malheureusement...
- Un scénario, entre Sphere et Farpoint, qui aurait gagné à être plus travaillé
- Pas de sous-titres français au lancement...
Lone Echo réalise l'exploit de nous faire flotter dans l'espace à la perfection, en utilisant un gameplay superbement bien pensé et des fonctionnalités malines. On s'immerge avec plaisir dans ce rôle d'homme à tout faire sur un rafiot en perdition, au large de Saturne. La gameplay, l'immersion, l'écriture et la réalisation rendent cette aventure haletante et prenante du début à la fin, même si le troisième tiers aurait mérité un peu plus de variété dans les séquences proposées. Cerise sur le gâteau : Pour compléter cette durée de vie solo de 7 à 9 heures, Echo Arena, l'excellent jeu compétitif, s'avère très plaisant et permet de gouter à nouveau à la sensation grisante du flottement dans l'espace en VR, sans même avoir à recommencer une partie de Lone Echo !