L'espace en solitaire, ça vous tente ? Si le principe est fortement usité de nos jours, que ce soit au cinéma ou dans les jeux vidéo, Fullbright a choisi ce cadre pour sa nouvelle aventure narrative. Petit frère de Gone Home, Tacoma espère donc atteindre le même écho que son aîné en se basant sur sa force : la qualité d'écriture.
Tacoma : Le trailer de lancement
Aperçu à gamescom 2015, puis à nouveau visible à l'E3 2017, c'est en ce mois d'août que Tacoma pointe finalement le bout de sa station spatiale. The Fullbright Company, le studio de Portland, propose donc un simulateur de marche où l'action se déroule près d'un siècle après les événements de Gone Home, le premier titre des développeurs.
Panique holographique
Exit la grande maison des années 90's et bonjour les grandes étendues spatiales de l'an 2088. En tant qu'Amy Ferrier, sous-contractant de la société Venturis Technologies, vous devez vous arrimer à une station spatiale récemment évacuée : Tacoma. Il faut donc mener l'enquête pour comprendre ce qui s'est passé, en récoltant les données de l'IA à chaque zone de la station. Et la formule est à chaque fois la même. Pendant que le téléchargement des données s'effectue lentement, Amy découvre les quartiers des anciens résidents. Au nombre de 6, leurs anciennes interactions sont perceptibles par l'ARdware. Une technologie qui permet au joueur de voir les hologrammes des personnages dans chaque pièce, leurs discussions, et même fouiner dans leurs mails ou messages personnels.
Un concept génial. Car le joueur peut rembobiner les discussions quand il le souhaite, et détient le pouvoir d'être omniscient. Un duo discute loin du groupe principal et est inaudible là où vous vous trouvez ? Aucun problème, écoutez le groupe principal, rembobinez et rejoignez le duo pour ne pas perdre une miette des dialogues. Un ARdware qui incite à revoir et écouter de nombreuses fois pour cerner la personnalité de chaque personnage, pour chaque pièce de la station, pour résoudre le mystère de l'évacuation de manière ludique et vraiment plaisante.
Tacoma Idyllique
En parlant des (anciens) membres de l'équipage, représentés ici par des hologrammes, il réussissent l'exploit d'être attachants alors qu'il ne sont que de simples formes humanoïdes colorées. On se prête volontier au jeu de comprendre les relations entre les 6 employés, ou de découvrir la formation de certains couples. Car que ce soit sur ou en dehors de la station, chaque silhouette a son histoire d'amour. Et qui dit idylle, dit souvent problématiques avec la mission en cours. Le procédé rend alors la fouille des appartements bien plus profonde qu'il n'y parait, et permet d'établir de nombreuses connexions. Des liens qui se rattachent souvent tout le temps à l'histoire principale et à l'évacuation.
Une enquête spatiale qui bénéficie d'une écriture réussie dans le fond, mais qui manque de punch pour être vraiment prenante. Le fait que les personnage ne soient pas physiquement présents est sûrement un facteur de ce manque d'intensité, mais il en résulte une profondeur de gameplay supplémentaire. Dur donc de pester contre l'innovation. Les recherches dans la station sont alors à l'image du pitch : très riches mais loin d'être intenses. Une richesse qui ne s'étale malheureusement pas au vu de la longueur du titre, entre deux et trois heures. Pourtant ne vous méprenez pas, si Tacoma se veut très permissif en terme d'exploration et vous permet de prendre et retourner tous les petits objets que vous trouvez, c'est surtout pour favoriser l'immersion. La majeure partie des items s'avère inutile même si quelques uns vous donneront des codes pour ouvrir certains casiers ou portes pour en savoir un peu plus. C'est d'ailleurs peut-être ça le seul vrai game over du jeu : passer à côté d'un dialogue, d'une photo, d'une note, bref, de ne pas avoir eu la version complète de l'histoire.
Points forts
- L'immersion sonore et visuelle
- Une écriture riche et cohérente...
- L'ARdware et ses rembobinages
- Intuitif
Points faibles
- Assez court (2 à 3 heures)
- ... mais la narration manque d'intensité
4 ans après Gone Home, Fullbright nous ressort une recette quasi-identique : écriture soignée, personnages interessants bien que physiquement absents, exploration agréable. Mais le studio n'a pas oublié d'ajouter l'ingrédient secret pour Tacoma, une profondeur de gameplay supplémentaire avec l'ARdware, qui permet de suivre à divers endroits et de rembobiner plusieurs discussions passées. Et même si elle oublie d'être parfois punchy et laisse un goût amer avec sa durée de vie, l'aventure réussit à être prenante grâce à cette feature très intéressante. Après les années 90's, le futur de 2088 s'avère être un bon cru pour Fullbright qui n'a certainement pas fini de nous conter de bonnes histoires.