Les coulisses du jeu vidéo sont parfois surprenantes. En septembre dernier, lors de la diffusion d'un Nintendo Direct, les joueurs ont appris l'existence d'un jeu Pikmin destiné à la 3DS. Ce titre, désormais connu sous le nom Hey! PIKMIN, n'a pas été développé par les studios internes du géant japonais mais par une entité appelée Arzest. Basée à Yokohama et dotée d'un effectif de 80 personnes, cette firme indépendante est notamment à l'origine de Wii Play, Yoshi's New Island et a également participé au design de Terra Battle, le célèbre jeu mobile de Hironobu Sakaguchi. Là où cela devient intéressant, c'est que l'entreprise Arzest a été fondée par des anciens de chez SEGA, dont Naoto Oshima qui n'est autre que le co-créateur de Sonic. Aussi, avec cette expérience, on comprend mieux pourquoi Hey! PIKMIN ne prend pas les traits d'un jeu de stratégie/réflexion comme c'est le cas généralement mais bel et bien d'un mélange d'aventure et de plate-formes. Et c'est plutôt réussi.
Décidément, on ne peut pas dire que le Capitaine Olimar soit le cosmonaute le plus chanceux de la galaxie. Alors qu'il rentre chez lui, son aéronef, le Dolphin II, est percuté de plein fouet par un astéroïde et s'écrase sur une planète inconnue. Les dégâts sont si importants que le vaisseau refuse de repartir. Pour retrouver les siens, le nouvel hôte n'a pas d'autre choix que d'explorer les alentours afin de récupérer les 30 000 graines de lumium nécessaires au bon fonctionnement de l'appareil. La tâche paraît ardue mais c'est sans compter sur les adorables Pikmin qui vont lui être d'une aide précieuse.
PENSÉ POUR LE STYLET
Première surprise et non des moindres, le jeu tire un trait sur les contrôles traditionnels, qu'il s'agisse des boutons ou de la croix directionnelle. Pour un maximum de souplesse, les développeurs ont privilégié l'écran tactile et toutes les interactions se font à l'aide du stylet. Seul le pad circulaire est mis à profit pour les déplacements du Capitaine Olimar. Si un temps d'adaptation est nécessaire, on ne tarde pas à retrouver les sensations éprouvées à l'époque de Metroid Prime : Hunters sur DS, les crampes au poignet en moins. Toutefois, la comparaison s'arrête là car Olimar n'a pas la fougue de Samus, se déplace sur un plan 2D (affiché par les deux écrans de la portable) et le rythme de l'action est bien moins prononcé. Hey! PIKMIN, à l'image des précédentes escapades de l'explorateur égaré, est un jeu zen et le déroulement de l'aventure ne tarde pas à le confirmer.
En solitaire, Olimar n'a aucune chance de se tirer d'affaire. Incapable de se défendre, son unique particularité physique réside dans un jet-pack qui lui permet d'atteindre quelques zones en hauteur. En dehors de ce gadget, il n'est qu'une proie facile pour tous les prédateurs qui peuplent les lieux. Heureusement, l'astronaute détient un sifflet qui lui permet d'interagir avec les Pikmin qu'il rencontre. Un simple coup de sifflet suffit en effet à rameuter tous les Pikmin présents aux alentours pour ensuite s'en servir comme de fidèles lieutenants. En pressant l'écran tactile, les Pikmin sont projetés et se mettent aussitôt en action : transport d'objets, attaque d'ennemis, récolte de graines de lumium et de matériaux, destruction de murs, etc. L'ensemble est fluide, répond bien et les possibilités sont assez vastes. On note parfois quelques soucis de pathfinding (en gros, les Pikmin se perdent un peu en chemin) mais rien de méchant.
À CHAQUE PIKMIN SA COULEUR
Pour un minimum de challenge, Arzest introduit le concept des précédents jeux Pikmin. Par conséquent, chaque couleur de Pikmin fait référence à une capacité. Les rouges, que l'on peut considérer comme les Pikmin standards, résistent au feu et peuvent évoluer dans un environnement brûlant sans crainte. Les jaunes, légers comme des plumes, aiment se frotter à l'électricité et n'auront donc aucun problème pour détruire une barrière sous tension. Les bleus adorent l'eau et disposent d'aptitudes aquatiques tandis que les roses sont les seuls à savoir voler. Pour terminer, les Pikmin rocheux sont durs comme de la pierre et peuvent détruire des cristaux de glace. L'intérêt de l'aventure, vous vous en doutez, réside justement dans ce jonglage permanent entre les différents Pikmin et leurs multiples capacités. La progression est assez linéaire (on passe de niveau en niveau jusqu'à un boss) mais les concepteurs ont tout de même incorporé quelques secteurs cachés (bonus, zones secrètes...) pour durcir le challenge. Pour obtenir le 100 % de chaque niveau, le joueur doit ainsi explorer les lieux de fond en comble pour découvrir chaque trésor (augmentant dès lors la quantité de lumium récoltée). Il y en a trois par niveau et certains objets ne manqueront pas de faire plaisir aux fans de Nintendo de la première heure. Enfin, comme c'est désormais le cas régulièrement, le jeu est compatible avec les amiibo. Vous pouvez ainsi obtenir des lumium supplémentaires, débloquer des statues à l'effigie des personnages de Nintendo ou encore appeler en renfort des Pikmin.
NATURE ET DÉCOUVERTES
Une fois qu'un niveau est exploré, Olimar ramène avec lui les Pikmin qu'il est parvenu à sauver. Ils sont alors envoyés au goula.... euh, au Parc Pikmin, afin de continuer leur quête de lumium. L'idée consiste à en ramener un maximum afin qu'ils débusquent, en un temps limité, de grandes quantités de lumium, soit par le biais de graines, soit par la découverte de nouveaux trésors. Il suffit ainsi de positionner les Pikmin adaptés à chaque environnement (les bleus dans la mare, les rouges dans les flammes...). Cette petite friandise est un peu un jeu dans le jeu dans le sens où le nettoyage du parc se poursuit en parallèle de votre aventure. Quelques interactions supplémentaires n'auraient pas été de trop mais l'idée n'est pas mauvaise. Et autant vous dire que pour nettoyer chaque zone, il va vous falloir de la main d'œuvre...
Délaissant la 3D au profit d'une 2D plus fine, Hey! PIKMIN est un jeu visuellement cohérent avec son thème. Graphiquement, l'ensemble est très soigné et les animations sont vraiment réussies. Évidemment, le jeu n'a rien d'une prouesse technique mais le tout est très mignon et agréable à l'œil. La diffusion des sources de lumière, les effets spéciaux, l'utilisation des deux écrans, la mise en scène... les développeurs ont fait du bon travail. L'ambiance sonore est en adéquation avec le côté "nature et découvertes" de la cartouche. Les thèmes musicaux sont discrets et les petits bruits qu'émettent les Pikmin sont craquants. En choisissant une sortie estivale, et même si le tout ressemble plus à une balade champêtre qu'à un véritable défi, Nintendo a visé juste. Hey! PIKMIN tombe à point nommé pour nous accompagner en vacances. Et pas besoin d'avoir la main verte pour s'amuser !
Points forts
- Univers bucolique réussi
- Esthétiquement charmant
- Respect de la licence originelle
- L'utilisation des différents Pikmin
- Les animations sont craquantes
- Les scénettes humoristiques
- Musiques discrètes en adéquation avec le thème
- Le concept du Parc Pikmin...
Points faibles
- ... mais l'idée ne va pas assez loin
- Challenge en retrait
- Jet-pack sous exploité
- Pourquoi ne pas proposer un gameplay alternatif ?
- Quelques baisses de frame rate
- Une promenade qui manque de folie
Frais et bucolique, Hey! Pikmin est une parenthèse agréable dans l'univers souvent brut du jeu vidéo. On pouvait craindre un certain appauvrissement du concept initial mais Arzest est parvenue à conserver l'essence de la licence Pikmin. Malgré un challenge somme toute relatif et un petit manque de renouvellement visuel, on passe un bon moment à envoyer nos créatures au charbon. Certains objets sont très bien cachés et les différentes références glissées ça et là sont appréciables. Sans être le tube de l'été, Hey! Pikmin est fidèle à ses origines et saura rafraîchir vos journées caniculaires. Un bon p'tit jeu !