Après le très sympathique MXGP 2, les Milanais de Milestone avaient su démontrer leur retour en forme dans un genre qui, hélas, semblait ne plus intéresser aucun autre studio de développement. Sans être le jeu du siècle, le jeu proposait de bonnes sensations et un contenu sobre mais efficace. Une formule qui ne demandait qu'à être améliorée, en somme. Hélas, on ne peut pas franchement dire que MXGP 3 y soit parvenu.
Pas facile de trouver de bons jeux de motocross en 2017. Dans les années 2000, les sports mécaniques avaient pourtant le vent en poupe, ce qui se traduisait, dans les bacs, par la présence massive de jeux de motos, de voitures, de bateaux, de quads, etc. De l'arcade fun et déjantée, jusqu'à la simulation de pointe, il y en avait pour tous les goûts. On ne peut pas en dire autant de nos jours, où la série MXGP est l'une des seules représentantes de son genre. Autant dire que les amateurs de pétarades dans la boue sont un peu sur la béquille, le reste du temps. Après un MXGP 2 pas dénué de défauts mais plutôt enthousiasmant, on attendait beaucoup de son successeur, surtout après une première prise en main plutôt convaincante il y a quelques mois. Malheureusement, le jeu de Milestone ne s'est pas vraiment montré à la hauteur.
Panne de moteur
La première chose qui frappe dans MXGP 3, ou plutôt que la première chose que frappe MXGP 3, ce sont les yeux du joueur. Sur PC, Xbox One ou PlayStation 4, le jeu se montre également laid, avec une impartialité qui l'honore. À tel point que lorsqu'on l'a lancé pour la première fois, sur Xbox One, on a cru à une erreur. Certains développeurs de Milestone nous avaient déjà fait savoir qu'ils avaient du mal à travailler sur la console de Microsoft (et ils n'étaient pas les seuls). Nous avons donc changé pour la version PlayStation 4, sur laquelle nous avons constaté le même résultat effarant. Côté PC, les choses s'amélioraient à peine. On a même cru à un problème de réglage de notre écran. Après l'avoir bidouillé pendant un moment, et même l'avoir essayé sur un téléviseur personnel et parfaitement réglé, rien n'y fait. MXGP 3 est très vilain : les effets de lumière sont complètement ratés, brûlant certains détails, noircissant inutilement certaines zones de l'écran. Et l'on ne parle même pas des textures, de la distance d'affichage ou des décors : cela se résume trop souvent à une vague bouillie lointaine. Voilà bien longtemps que l'on avait pas assisté à une telle débâcle.
Pourtant le studio avait mis toutes les chances de son côté. Il y a quelques mois, Milestone nous prévenait que pour ce nouveau MXGP, il abandonnait son moteur maison pour utiliser l'Unreal Engine 4, un excellent moteur qui a déjà fait ses preuves et n'a plus grand chose à prouver dans le milieu. Mais manifestement, cela n'a pas suffi. Peut-être que les développeurs n'ont pas réussi à le maîtriser assez rapidement. Peut-être que ce sera mieux lors d'un prochain épisode. Mais en l'état, MXGP 3 frôle le scandale. Il se rattrape toutefois sur certains points, à savoir la modélisation de la piste et la gestion des ornières. La piste se creuse et se modèle mieux que précédemment, et à ce titre les courses sous la pluie font une vraie différence. La terre, plus molle, s’affaisse plus facilement : il est plus facile de déraper, de perdre l'équilibre, et donc, de chuter. Ce qui signifie, heureusement pour nous, que les sensations de conduite, elles, sont belles et bien là.
Arcade, mais fun
C'est sans doute ce qui sauve MXGP 3 finalement. Malgré une apparence visuelle indigne d'un jeu de 2017, le titre repose toujours sur ce même gameplay hyper nerveux, qui fait rapidement mouche. En passant la physique du jeu en « réaliste », on obtient un jeu de course arcade qui repose toutefois sur quelques subtilités. Si le jeu se fait particulièrement généreux sur les changements de direction, certains freinages, et surtout sur les contacts et les réceptions en fin de saut, il est par contre beaucoup plus punitif lorsqu'il s'agit de négocier un virage labouré par les passages successifs des nombreux participants d'une course. Nouveau conseil d'ailleurs, pensez à rapidement augmenter le nombre de tours par course, car dans le cas contraire, vous ne profiterez pas vraiment des déformations de terrain...
Si le jeu se prend vite en main, et procurent rapidement de bonnes sensations, les joueurs plus exigeants resteront sans doute sur leur fin. Comme dans le dernier épisode, MXGP3 néglige le jeu aérien. C'est-à-dire que les scrubs et autres whips ne vous font pas vraiment gagner de temps. D'une certaine manière, ce n'est pas un mal, quand on voit à quel point il est facile de se réceptionner.... Bien entendu il faudra toujours gérer intelligemment la position de votre pilote, et utiliser correctement les deux freins de votre missile à deux roues, mais il est très possible de gagner un championnat sans même s'inquiéter de ce genre de détails. C'est donc principalement en ligne que cela fera la différence, mais on aurait souhaité que le jeu solo gagne en profondeur, ce qui n'est pas franchement le cas.
Un contenu qui n'a toujours pas évolué
S'il y a un point sur lequel MXGP 2 devait évoluer, c'est précisément sur son contenu, et en particulier sur le design de sa Carrière, qui se montrait vite trop pauvrette. Simpliste au possible, il suffisait grosso-modo de signer quelques contrats de temps à autre et d'empiler les bonnes perfs pour gagner plus d'argent, et ainsi améliorer sa moto. De ce point de vue là, MXGP 3 se veut plus réaliste : ne pensez pas transformer votre moto en monstre de puissance, comme ce pouvait être le cas dans l'épisode précédent. Mais de fait, les possibilités de customisation en prennent un coup, comme l'intérêt à gagner plus d'argent. Le jeu vous laisse toujours maître du look de votre motard, en proposant pléthore de casques, de combinaisons, de bottes et d'autres accessoires, tous sous licence. Idem du côté des accessoires motos, qui vous permettent dans certains cas d'améliorer très légérement les performances de votre moto. Ici, pas de changement de moteur, mais une nouvelle paire de pneus ou du suspension qui pourront améliorer son adhérence, et sa souplesse, de quoi grignoter quelques précieuses secondes.
Le reste est extrêmement basique, et finalement un peu creux. On signe des contrats, les bonnes perfs améliorent quelques stats de votre pilote, et vous faites peu à peu votre nid dans le monde du MX professionnel. Rien de palpitant : pas de mise en scène, des dialogues lapidaires sous format SMS, un flux façon réseau social qui vante vos exploits, etc. MXGP 3 mériterait d'être plus fouillé, mais on en vient même à se dire que son grand frère était mieux habillé, plus dense.
Tout du moins dans son mode Carrière : le reste du jeu est globalement identique. Toujours pas de course en écran scindé, un online certes fonctionnel mais très limité, des modes de jeux pas vraiment inspirés. Alors certes, le Motocross des nations fait son grand retour, et les motos deux temps font leur apparition dans le jeu, mais rien ne renouvèle véritablement le gameplay, d'autant que côté sound-design, le son de ces nouvelles motos est rapidement imbuvable. Cela manque de modulation, ce qui donne une sonorité monocorde, extrêmement plate, vite agaçante. Dommage.
Les images utilisées dans ce test proviennent de la version PlayStation 4 du jeu
Points forts
- L'ajout des motos 2 temps
- La bande originale, entre électro et gros rock qui tâche
- une conduite arcade fun qui cache quelques subtilités
Points faibles
- Vraiment pas beau
- La Carrière toujours aussi creuse
- Même en « Pro », le jeu reste très arcade
- Le son des motos 2 temps
MXGP 3 est décevant. Alors que l'on était en droit d'attendre de la licence qu'elle continue sa lente mais réelle évolution, après un MXGP 2 plutôt satisfaisant, ce nouvel épisode donne l'impression d'un violent retour en arrière. Indigne graphiquement d'un jeu sorti en 2017, son contenu se renouvèle peu sinon pas, et les évolutions en mode Carrière peinent à convaincre. Reste un jeu de motocross respectueux des licences qu'il emploie, reposant sur des sensations de conduite assez arcade mais très plaisantes. Dommage que le reste ne soit pas à la hauteur.