Mirage : Arcane Warfare est un FPS compétitif, qui allie un système de combat au corps-à-corps à des compétences magiques. Quatre ans après nous avoir servi Chivalry, le studio Torn Banner part sur des bases familières tout en nous proposant un changement drastique en termes d’ambiance et de gameplay. Cette recette orientale sait-elle faire frémir les papilles des joueurs ?
UNE VOLONTÉ DE "PERSER"
Avec Mirage, le développeur canadien en a fini avec les batailles crasseuses du Moyen Âge, le choc des hallebardes et les ravages du feu grégeois aux portes du château d’Agatha. Il nous embarque plus loin dans la fiction et le merveilleux, avec un univers tiré des contes et légendes persans : Sinbad, Aladin, Ali Baba. Les environnements boueux et dévastés de Chivalry laissent place à des décors riches et oniriques ; des palais aux bazars en passant par les déserts, les 11 maps ne demandent qu’à être contemplées. Au-delà de son esthétique, le level design de Mirage est également remarquable et plus vertical que son prédécesseur.
La direction artistique soignée et colorée du titre se retrouve jusqu’aux combattants, qui ont une vraie personnalité et peuvent être customisés assez finement avec des costumes et des armes à looter en gagnant des niveaux. D’un autre côté, les animations ne sont toujours pas le point fort de Torn Banner Studios, et la bande son n’entrera pas dans l’Histoire bien qu’elle soit dans le ton. Au reste, l’habillage de Mirage : Arcane Warfare lui donne une identité forte qui le démarque - mais cela n’est pas son seul atout.
LE SECRET DE L’ACIER
Parlons en effet du gameplay de Mirage, qui repose sur une base proche de celle de son aîné. Les aficionados de Chivalry : Medieval Warfare ne seront pas dépaysés ; quant aux autres, il va falloir vous accrocher et ne pas vous laisser abattre par les mécaniques rigoureuses de ce titre. Vos premières minutes de jeu se dérouleront dans la tourmente car la moindre erreur présage un démembrement. Avec une barre de santé très limitée, tout est dans le timing : savoir quand parer, comment feinter et à quel moment tenter une attaque. Le tutoriel ne couvre que les bases et une bonne session de die and retry est nécessaire, mais une fois maîtrisé le gameplay de Mirage est un délice.
Vous disposez d’un coup vertical, d’un coup horizontal et d’une attaque vers l’avant ; chacune a sa propre allonge et ses propres dégâts qui varient selon l’arme choisie. Si cela peut paraître compliqué écrit ainsi, il s’agit d’une richesse qui donne toute sa profondeur à Mirage : Arcane Warfare. Chaque combat en ressort satisfaisant, chaque partie unique.
UN JEU PLEIN DE CLASSE(S)
Le combat en mêlée ne couvre toutefois qu’une partie du principe du jeu, qui a embrassé - avec intelligence - les tendances actuelles de la scène du FPS online, en mettant l’accent sur les classes et les compétences. Dans Chivalry, chaque classe se différenciait uniquement par son paquetage, sa résistance et sa vitesse de déplacement ; ce nouvel opus ajoute à l’ensemble des pouvoirs magiques qui participent à sa particularité. Ils expliquent d’ailleurs son lore puisque c’est la puissance du Djinn qui imprègne les protagonistes.
"Taurant", "Alchemancer", "Vypress", "Vigilist", "Tinker", "Entropist" : telles sont les six classes de Mirage, qui ont donc une résistance et une rapidité propre, ainsi que des armes et des compétences uniques. Si l’on retrouve les profils classiques du tank, du healer ou de l’assassin, les personnages sont singuliers tant par leur design que par leur magie : on retrouve notamment la capacité à planer sur un tapis volant ou jeter une boule restaurant la santé, dans le cas de l’Entropist. Les classes ont été imaginées avec soin et se complètent bien ; le titre prend toute sa saveur lorsque l’équipe parvient à les combiner au mieux selon le déroulé de la partie. Ce qui fait aller plus loin Mirage est le fait que les compétences ne sont pas figées : nous devons en choisir trois parmi un choix de six, ce qui nous permet d’avoir une expérience sur mesure, et de toujours surprendre l’ennemi. Les capacités se rechargent après un cooldown, à la manière d’un MOBA.
En termes de modes de jeu, on est pour le coup sur une proposition assez classique, c’est-à-dire que nous retrouvons tout ce qu’il faut de matches à mort en équipe, de roi de la colline, de capture de drapeau ou encore d’escorte de convoi. Pour des raisons d’équilibre entre les classes, les développeurs ont réduit l’échelle des affrontements depuis Chivalry, en nous proposant des combats à 10 contre 10 au maximum - ce qui est déjà assez chaotique. Hélas, encore faudra-t-il trouver 19 personnes pour jouer avec nous.
LA PERLE DU DÉSERT
La fréquentation de Mirage : Arcane Warfare est tout simplement alarmante. Lors de notre test, effectué un mois après la sortie officielle du jeu, nous avons eu affaire à un matchmaking déserté où quelques joueurs se regroupaient en deux ou trois serveurs au maximum. À cause de ce choix très restreint, nous avons été obligés de rejoindre ces sessions au ping parfois très élevé, et ne jamais profiter de certains modes comme l’arène puisque personne n’y participait.
Selon les données de Steam Charts et SteamSpy, les pics d’audience sont généralement de 20, 30, 40 joueurs, depuis la sortie du jeu où la population était montée à près de 200 personnes avant de retomber. Seule exception : le week-end gratuit du 9 au 11 juin, qui a poussé la fréquentation à près de 800 joueurs. Mauvaise communication, période peu propice, saturation des joueurs : que s’est-il passé pour que le successeur d’un titre estimé échoue à ce point ? Difficile à dire ; nous ne pouvons qu’espérer que le bouche-à-oreille fasse son office, et que Mirage obtienne la communauté qu’il mérite. En attendant, soyez conscients qu’actuellement l’opus est littéralement une belle oasis révélant un désert.
Au rayon des points noirs nous avons également repéré quelques problèmes de finition lors de notre test, tels que des ennemis se déplaçant en position statique - difficile donc de repérer quand ils frappent et il ne nous reste qu’à mourir, frustrés. On peut aussi noter que le titre n’est pas traduit en français, ce qui demeure relativement peu handicapant en jeu.
Points forts
- L’ambiance soignée et unique
- Les mécaniques de combat rigoureuses
- Le level design intelligent des maps
- Les classes, singulières et équilibrées
- Une richesse et un sens de l’équipe qui rend chaque partie unique
Points faibles
- Des serveurs désertés
- Un titre pas exempt de bugs gênants
- Peu d’originalité dans les modes de jeu
Quelques années après un Chivalry remarqué pour sa brutalité et la finesse de son gameplay, les équipes de Torn Banner nous sont revenues en s’adaptant aux "hero shooters" actuels. Ne tombant pas dans le piège du générique, le développeur nous propose une expérience unique tant en termes d’atmosphère que de mécaniques. Hélas les créateurs n’ont pas évité quelques soucis et surtout, n’ont pas rencontré leur public. S’il est nécessaire de pointer ce problème majeur, nous recommandons Mirage pour son potentiel et espérons que ses qualités parviennent à étoffer sa communauté - pour qu’il ne reste pas qu’un rêve bleu.