Autrefois jeux de niche connus exclusivement, en Europe, par quelques hurluberlus, la série Fire Emblem s’est ouvert une autre dimension avec Fire Emblem Awakening, premier vrai succès populaire dans nos contrées. Aujourd’hui, le studio Intelligent Systems nous propose de redécouvrir un vieil épisode particulièrement singulier, Fire Emblem Gaiden, via ce remake Fire Emblem Echoes : Shadows of Valentia.
Sorti sur une Famicom en 1992, Fire Emblem Gaiden bénéficiait du fameux syndrome de la « suite que ne voulait pas faire pareil », phénomène récurrent fin 80-début 90. Comme Castlevania II : Simon's Quest ou Zelda II : The Adventure of Link, cet opus avait initié des changements de gameplay, voire de structures, qui n’avaient pas vraiment plu aux joueurs à l’époque. Toutefois, le temps passant, Fire Emblem Gaiden est bien mieux vu par les connaisseurs et un remake est sans aucun doute une bonne façon pour certains de découvrir une autre vision de la série et ainsi diversifier leur expérience de jeu.
Une autre vision de la série
Première particularité, dans Fire Emblem Echoes : Shadows of Valentia, on joue deux campagnes parallèles : l’une vous laisse contrôler Alm, jeune tacticien qui se lance en guerre contre l’Empire avec la Résistance, alors que l’autre vous met dans la peau de Celica, jeune princesse qui tente de sauver son Royaume. Les deux personnages ayant grandi ensemble, des liens intenses les unit contre vents et marées. Sans rentrer dans les détails du scénario, sachez que ce remake fut l’occasion pour Intelligent Systems d’intégrer une vraie mise en scène, avec des scènes cinématiques animées de qualité et surtout un doublage complet (en anglais, les textes étant en français) particulièrement bavard. Un travail intensif qui permet sans aucun doute de mieux cerner les personnages, même s’il faudra faire avec un acting un peu trop caricatural et un scénario général affreusement manichéen. Pas de doute, vous saurez qui sont les gentils et qui sont les méchants en un instant.
Si vous avez découvert la série récemment avec les derniers épisodes 3DS, vous risquez d’être surpris par le gameplay de Fire Emblem Echoes. Tout d’abord, il est possible de visiter des villages écran par écran, de parler aux habitants pour obtenir des quêtes annexes et recruter des combattants ou encore de fouiller les zones avec une loupe pour y trouver des objets à utiliser en combat. Une dimension RPG bienvenue bien qu’extrêmement simpliste dans sa construction. Lorsque l’on sort d’un lieu sûr, on découvre alors une carte du monde sur laquelle on se déplace, au tour par tour. Pourquoi au tour par tour ? Mais parce qu’on est pas seul mes bons amis ! Les factions ennemies peuvent aussi se déplacer, ce qui oblige parfois à faire attention à ce que l’on fait. Soyons clairs, l’aspect stratégique des déplacements n’est jamais bien compliqué. Outre les groupes d’ennemis sur la route, on tombe aussi sur des zones à explorer, qui prennent souvent la forme de donjons. Ces phases d’exploration en vue à la troisième personne sont un tantinet labyrinthique, avec pour objectif d’arriver au bout tout en combattant les ennemis croisés. La différence avec le jeu original, c’est qu’il ne s’agit plus d’affrontements aléatoires et qu’il est même possible de démarrer l’escarmouche avec un avantage si on a attaqué l’avatar de l’adversaire au préalable. Mais outre les trésors à trouver, souvent cachés derrière des murs destructibles, ces phases de donjon permettent surtout d’exploiter le système de fatigue. En effet, lors de longues sessions en extérieur, vos personnages peuvent perdre des points de statistiques, voire devenir indisponibles s’ils ne reprennent pas du poil de la bête via de la nourriture. Il faut plus y voir une contrainte qui empêche d’obtenir de l’expérience trop rapidement et facilement plutôt qu’une vraie feature de gameplay, cela dit.
Un gameplay plus direct
Le gameplay, justement, parlons-en. Les escarmouches restent le sel de ce Shadows of Valentia, avec un principe de tactical sur grille que l’on connaît déjà. Toutefois, le déroulement des combats n’est pas identique aux derniers volets pour de multiples raisons. Le fameux système triangulaire d’avantage des armes n’a été créé que pour le quatrième épisode Genealogy of the Holy War, sorti en 1996 au Japon sur Super Famicom. Du coup, il n’existait pas encore dans Fire Emblem Gaiden, fait qui a été conservé dans ce remake. Ainsi, on retrouve un gameplay beaucoup moins tactique puisqu’il y a moins de choses à prendre en compte, en dehors de la défense physique ou magique des unités, de la portée et dans une moindre mesure, des éléments. Comme dans l’original, les archers sont incroyablement puissants, pouvant toucher des cibles lointaines (jusqu’à cinq cases) tout en étant aussi efficaces à courte portée, chose impossible dans les opus plus récents.
Dans l’ensemble, il faut bien le dire, Shadows of Valentia est bien plus rentre-dedans que les épisodes sortis ces dernières années. Les cartes ne laissent que peu de place à la stratégie et même l’intelligence artificielle à tendance à charger dans le tas sans trop réfléchir, hors quelques situations de siège. Si le gameplay naturel de la série reste efficace la plupart du temps, le manque de profondeur pourra rebuter les joueurs vraiment adeptes de sens tactique. N’oublions toutefois pas que cet opus permet aussi de porter un objet (et un seul) par personnage, que ce soit un moyen de se soigner ou un équipement qui booste les caractéristiques tout en donnant accès à des compétences supplémentaires à force d’utilisation. Vos persos sont donc plus éclectiques qu’à l’accoutumée, en moyenne. Rappelons enfin que c’est le jeu original, Fire Emblem Gaiden, qui a initié le système de changement de classe dans la série, chose que l’on retrouve bien sûr dans ce remake. Ce n’est pas aussi appuyé que dans les épisodes récents, mais avoir le choix entre une ou deux évolutions permet de personnaliser un peu son armée selon ses besoins. Bonne nouvelle, le système est moins fastidieux que dans Gaiden puisque vous pouvez maintenant faire directement votre choix, là où vous aviez auparavant affaire à une sorte de roulette…
Au goût du jour, ou presque
Outre ces changements multiples, Fire Emblem Echoes : Shadows of Valentia est aussi un titre qui essaie de s’adapter à notre ère. Outre le moteur utilisé issu des épisodes 3DS Awakening et Fates, les musiques originelles de Yuka Tsujiyoko ont été retravaillées pour l’occasion, sous la houlette de la compositrice puisque la dame travaille toujours pour Intelligent Systems aujourd’hui. Cet opus incorpore aussi la possibilité de retourner plusieurs tours en arrière via L’Horloge de Mila, un objet qui nécessite d’être rechargé de temps à autre dans des temples. Enfin, les DLC sont bien évidemment de la partie. Si quelques uns sont gratuits, notons que la plupart sont payants et nombreux, en plus d’être plutôt chers malgré des bénéfices certains comme des objets, personnages ou nouvelles classes.
Trailer de Fire Emblem Echoes : Shadows of Valentia
Points forts
- L’allure RPG avec exploration, villages, donjon, etc
- Des scènes animées de qualité
- Un doublage anglais intégral (et sous-titré en français bien sûr)
- Des musiques intenses et marquées
- Une histoire agréable à suivre, malgré un manque de profondeur
- L’aspect touche-à-tout des persos en combat, grâce à l’équipement
- Les systèmes de classe et d’amitié
Points faibles
- L’aspect stratégie en combat est très léger
- Les personnages caricaturaux
- Les phases en donjon sont simplistes
- Trop de DLC
Fire Emblem Echoes : Shadows of Valentia remet au goût du jour l’un des épisodes les plus controversés de la série. Alors que la plupart des changements que l’original avait tenté d’initier, (avec des allures de J-RPG plus traditionnels) n’avaient pas tous fait mouche à l’époque, ils sont aujourd’hui une autre vision de la série qui pourrait pratiquement faire office de spin-off. Les phases d’exploration de donjons et de visites de villages donnent un autre rythme à l’aventure, tout comme les déplacements sur la carte. Bien qu’il manque parfois de profondeur de gameplay, notamment au niveau de la stratégie, le titre d’Intelligent Systems reste une aventure agréable pour les fans de la série, voire pour les néophytes
Note de la rédaction
L'avis des lecteurs (41)
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Note : 16
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