Depuis son annonce fin 2013, force est de constater que Get Even, développé par les papas de NecroVisioN , avait essentiellement fait parler de lui en raison de ses graphismes prétendument photoréalistes sans pour autant dévoiler son contenu. Après quelques années de silence, et une présentation dans le courant de l'année, Get Even débarque enfin sur nos machines, nous proposant une expérience narrative bien éloignée des ambitions d'origine de The Farm 51.
Avant d'aller plus loin, autant que les choses soient claires, si elles ne l'étaient pas tout à fait pour vous : Get Even n'est pas un FPS stricto sensu. Le titre de The Farm 51 mise essentiellement sur sa narration, et s’apparenterait davantage à un jeu d'enquête dirigiste façon The Vanishing of Ethan Carter, auquel il emprunte quelques mécaniques, qu'à un FPS pur en environnement urbain. Cette précision nécessaire étant évacuée, la question est de savoir ce qu'est Get Even précisément.
Comme nous venons de le préciser, Get Even est un jeu narratif dont le scénario constitue la principale force, aussi nous efforcerons-nous d'éviter tous les spoils possibles en nous contentant de rappeler l'histoire de base. Vous incarnez Cole Black , un mercenaire amnésique, qui se trouve à la solde d'un mystérieux geôlier. Ce dernier lui enjoint, par l'intermédiaire d'un casque à la technologie avancée, de revivre certains souvenirs permettant de faire la lumière sur les conditions ayant empêché Black d'arracher une jeune fille aux mains de ses ravisseurs.
Get Even vous proposera donc, durant 8 à 10 heures, de tenter de comprendre votre situation ainsi que les événements ayant conduits votre personnage à être malmené de la sorte par son kidnappeur. La progression de l'enquête se déroule en deux phases distinctes proposées en alternance. La première est l'exploration de l'asile psychiatrique dans lequel vous vous trouvez captif. Au fil de votre exploration, vous devrez autant tenter de survivre aux aliénés qui peuplent les lieux que de glaner des informations via les très nombreux documents qui jalonnent votre parcours, la narration de Get Even étant pour moitié articulée autour de la lecture d'articles de presse, ou de témoignages. La seconde phase s'active lorsque vous tombez sur une photo bien spécifique sur laquelle il suffit de concentrer votre regard pour déclencher les fameux souvenirs, qu'ils conviendra d'explorer pour mieux comprendre l'histoire de Get Even.
L'exploration : la clef de la compréhension
Même si l'ensemble des souvenirs comme des phases dans l'asile sont somme toute assez couloirs, l'exploration des moindres recoins des différents environnement sera indispensable si vous désirez réunir l'ensemble des indices et ainsi mieux embrasser l'ensemble du puzzle. Outre les multiples documents que vous aurez tout loisir de lire ou d'écouter, votre principal allié sera votre téléphone portable, qui est équipé d'un scanner pour le moins moderne puisqu'il permet, en analysant la bonne zone, de donner corps à certaines scènes du passé, à la manière de ce que l'on a pu voir dans un Ethan Carter, comme nous le mentionnions plus haut. Une fois les événements clefs dévoilés par ce biais, votre ravisseur vous place à nouveau dans l'asile, et vous invite à partir en quête d'un nouveau souvenir pour faire toute la lumière sur l'affaire qui vous concerne.
Des phases d'action peu satisfaisantes
L'exploration des souvenirs vous conduira parfois à rencontrer des adversaires armés. Dès lors deux options s'offrent à vous : attaque frontale ou furtivité. Malheureusement, ni l'une ni l'autre approche n'offre d'expérience satisfaisante. L'intelligence artificielle totalement incohérente rend toute volonté d'infiltration soit trop facile, soit inutilement compliquée et les gunfights sont globalement mous et peu gratifiants. Nous aurions pu penser que l'introduction du corner gun, cette arme permettant d'arroser la zone sans même sortir de son couvert, aurait pu donner un peu de punch aux affrontements, mais dans les faits, vous ne vous en servirez que très peu. Une fois encore, si l'on peut déplorer le travail un peu trop en surface de The Farm 51 sur les séquences d'action, l'intérêt de Get Even est ailleurs et a des arguments suffisamment solides pour mériter votre intérêt.
une question de musique et d'atmosphère
Tout d'abord, si Get Even est bien éloigné des graphismes photoréalistes promis initialement, le titre sait construire des environnement cohérents et suffisamment détaillés pour donner beaucoup de crédibilité aux endroits, pour la plupart très glauques, que vous aurez l'occasion de traverser. L'atmosphère générale, surtout dans les phases d'asile, est une franche réussite et c'est bien souvent qu'elle suscitera quelques frissons même chez les plus endurcis, sans non plus miser sur les jump scare.C'est d'ailleurs grâce à son travail absolument exemplaire sur la musique et le son en général que Get Even. C'est très simple, rarement un tel niveau d'harmonie entre le son et l'action qui se déroule à l'écran a été atteint dans le jeu vidéo. Même si le concept n'est pas des plus simples à expliquer, sachez que la musique est articulée autour des éléments narratifs. Par exemple, vous vous rendrez peu à peu compte que le son produit par les martellements d'un aliéné contre une porte est calqué sur le rythme de la musique, qui parvient très souvent et d'une fort belle manière à retranscrire la folie qui habite l'histoire du jeu. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, et l'on ne peut que s'incliner devant un tel travail et une collaboration si réussie entre gameplay et musique.
Enfin côté scénario et narration, Get Even parvient sans peine à vous tenir en haleine, en empruntant beaucoup au cinéma d'anticipation et en multipliant les clins d'oeil aux films de genre ce qui ne sera pas pour déplaire aux plus cinéphiles d'entre vous. L'histoire, qui se construit très progressivement sans jamais perdre en rythme, n'esquive pas quelques clichés et sort un peu trop de rebondissements (prévisibles) de son chapeau, mais se laisse vraiment agréablement parcourir. On pourrait toutefois reprocher à Get Even sa propension à vous faire croire que vos actions ont de réelles conséquences, mais dans les faits, les avantages à parcourir le titre une deuxième fois résideront surtout dans une meilleure compréhension de l'intrigue, et quelques situations / lignes de dialogues supplémentaires. Notez qu'une sorte de hub vous permettra de parcourir l'ensemble des souvenirs, vous permettant de récolter des informations qui auraient échappées à votre vigilance leur de votre premier passage. Quoi qu'il en soit, il serait dommage de bouder son plaisir face à un titre original, bien pensé, qui a suffisamment bien digéré ses influences pour être un produit intriguant et original.
Points forts
- Atmosphère très travaillée
- Parfaite harmonie entre bande-son et gameplay
- Scénario réussi
- Durée de vie correcte
Points faibles
- Infiltration et gunfight inintéressants
- L'utilisation trop rare du corner gun
- Pas de réelle rejouabilité
- Certains aspects du scénario parfois osbcurs
Si vous attendiez de Get Even qu'il soit un FPS pur, passez votre chemin. Les rares phases d'actions du jeu n'en constituent pas le cœur et sont même franchement ratées. En revanche, l'intrigue qui se met en place progressivement, l'atmosphère vraiment glauque et folle du jeu, l'harmonie incroyable entre la musique et l'environnement font de Get Even un titre très agréable, pas sans défaut certes, mais qui propose suffisamment d'éléments franchement originaux et bien mis en scène pour mériter que vous vous y intéressiez. Une bonne surprise.