Homo homini lupus est

Trip sous acide n’ayant pu voir le jour qu’au pays du soleil levant, Danganronpa et sa mascotte Monokuma hantent les jours et les nuits des fans depuis les premiers pas de la série en 2010. Ce Visual Novel ne serait que l’ombre de lui-même sans cet ours un brin sadique. Monokuma se délecte de la détresse de ses pensionnaires au point d’en devenir morbide pour le plus grand plaisir des amateurs de Point'n Click décomplexé. Les 2 épisodes Trigger Happy Havoc et Goodbye Despair s’articulent autour d’un concept identique et on ne peut plus simple.

16 étudiants aux talents particuliers (nommés Ultimate) se retrouvent enfermés à vie dans l’académie Hope’s Peak et sur l’île tropicale Jabberwock avec pour objectif de sortir de ce lieu en vie. Pour ce faire, une seule manière est offerte à nos protagonistes : assassiner un camarade sans se faire démasquer lors d’un procès durant lequel la vérité éclatera au grand jour… ou non. Dans ce contexte macabre, le joueur incarne Makoto Naegi (Trigger Happy havoc) et Hajime Hinata (Goodbye Despair) et se débat tant bien que mal pour survivre.

La série Danganronpa est verbeuse à souhait. Une grande partie de l’expérience consiste donc à discuter avec les autres étudiants, à apprendre d’eux et sur eux. Aucun dialogue à choix multiple n’étoffe la formule dans le cas présent à l’exception d’un système de Réaction qui offre au joueur l’opportunité de rebondir sur un mot, un indice… et ainsi diriger la discussion. Cependant, '''Monokuma ne peut laisser pas cette vie estudiantine s’écouler paisiblement. Le sang coulera à coup sûr et la peur s’insinuera dans le coeur de nos héros

Une fois un mort découvert, la phase d’investigation débute. Chaque indice collecté, chaque mot prononcé au cours de votre enquête vous permet de confondre le meurtrier lors d’un procès où chaque étudiant est à la fois procureur, juré et accusé. Chacun y va de ses accusations, de ses spéculations. Mais nos héros possèdent les fameuses “Truth Bullet” qui ont le pouvoir de clouer au pilori les plus vindicatifs lors d’une série de questions/réponses. Et la saga Danganronpa ne recule devant aucune exaction et s’extasie devant la souffrance de ses personnages.

Monokuma s’enjaille et cela se ressent. Cet être singulier apporte ce ton humoristico-trash si particulier à l’aventure et fait sans nul doute la sève de la franchise au point de le regretter durant la première heure de Danganronpa 2. Comme le dit le proverbe, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Et Monokuma est un ours heureux !

Sur PS4 rien de nouveau

Cette compilation des 2 premiers épisodes canoniques de la série n’a pour but que d’introduire la licence auprès des joueurs européens qui seraient passés à côté du phénomène en 2014. Danganronpa 1•2 Reload est un simple portage opportuniste des versions PlayStation Vita de Danganronpa : Trigger Happy Havoc et Danganronpa 2 : Goodbye Despair et cela se ressent visuellement parlant. La console portable de Sony affiche du 960x544 et cette résolution native des 2 jeux se retrouve sur PlayStation 4. Ce simple “upscale” provoque un flou autour des assets 2D et des textes qui reste léger, mais s’avère désagréable à la longue, voire épuisant après plusieurs heures de jeu.

Les mots qui suivront feront trembler les allergiques à la langue de Shakespeare et rebuteront purement et simplement les anglophobes. Que ce soit pour les sous-titres et les voix, le japonais et l’anglais sont les seuls langues mises à disposition des joueurs. Dans l’optique de relancer la franchise en Europe et plus précisément en France, second pays consommateur de culture japonaise derrière le Japon, une version FR au moins pour les sous-titres aurait été le bienvenue. On regrettera également l’absence du spin off “Another Episode” dans cette offre qui aurait ainsi pu être complète.