À moins d'avoir une chance inouïe, on a tous été confrontés à la panne d'électricité. Brusque, soudaine, douloureuse... elle s'invite sans crier gare et vient briser un agréable moment, qu'il s'agisse d'une soirée devant un film, un jeu vidéo ou pire, une dissertation. Et généralement, deux cas d'école se présentent : ceux qui reprennent leur activité dès que le courant est rétabli et les autres, qui vont se haïr pendant des heures de ne pas avoir sauvegardé leur partie ou leur travail (c'est du vécu). Oui, cette satanée panne d'électricité est souvent synonyme de mauvais souvenirs. Et dans ces conditions, il reste quoi comme solution de fortune ? La bonne vieille bougie ! Bien qu'éphémère et prenant la poussière dans un tiroir, elle évite de se retrouver dans une totale pénombre. C'est sans doute en plongeant dans leurs réminiscences que les développeurs de Spotlightor Interactive, un petit studio chinois, ont eu l'idée de ce jeu de plateformes. Candleman part d'un concept tout simple mais se montre lumineux par bien des aspects. Plus jamais vous ne regardez une bougie de la même manière...
Candleman, aussi appelé "Petite bougie" en français, n'est pas un nouveau venu dans la ludothèque Xbox One. Disponible depuis quelques mois au Pays du Matin Calme, cette modeste production s'invite dans nos contrées européennes et compte bien combler notre recherche constante d'originalité. Bien qu'il ait été réalisé à Pékin, le jeu montre - à première vue - une approche assez occidentale dans sa direction artistique et sa progression. Mais petit à petit, son identité se dessine et vient délivrer un message qui ne peut laisser insensible.
PHARE PHARE LOINTAIN
Comme son nom l'indique, Candleman nous fait incarner une bougie. Postée dans son bougeoir, elle va arpenter plus d'une trentaine de niveaux, dispatchés en neuf chapitres. Mélange de plate-formes et d'énigmes, le jeu s'apparente à une longue quête. À la manière d'un Journey, notre héroïne n'a qu'une seule idée en tête : rejoindre la lumière aveuglante d'un phare qui brille au loin. Inexorablement attirée par l'édifice, elle va braver tous les dangers et traverser des zones ténébreuses et menaçantes. Tout l'intérêt de l'aventure réside dans l'éphémérité de l'avatar. Bougie oblige, son corps est constitué de cire et il suffit d'allumer la mèche plus de dix secondes pour goûter à la défaite et ainsi perdre une vie. Il faut donc doser l'éclairage de la bougie (et la fonte de la cire) qui, vous vous en doutez, est utilisé de différentes manières.
Si chaque niveau consiste à se rendre d'un point A à un point B, matérialisé par une aura bleutée, notre gaillarde doit également allumer la mèche des autres bougies qu'elle croise. Si la plupart sont accessibles facilement, certaines sont mieux cachées et il faut donc fouiller chaque recoin pour les trouver. En terme de progression, Candleman est d'une simplicité enfantine et se résume au fait de se déplacer, de sauter et d'interagir avec la flamme. En dépit de son aspect très (trop ?) balisé, le jeu des développeurs pékinois sait se montrer savoureux, même si tout n'est pas parfait.
À LA FOIS INQUIÉTANT ET POÉTIQUE
L'ambiance, faite de bruits naturels (gouttes qui tombent, parquets qui craquent...) et de musiques discrètes, agit instantanément. Mais alors qu'on pouvait s'attendre à un univers coloré, Candleman se montre bien plus sombre et ne laisse que peu de place à des moments empreints de vie et de lumière. Les premiers chapitres se résument ainsi à une escapade, au milieu des caisses et tonneaux, qui a tout de la cave humide. Il arrive également que les lieux soit inondés, ce qui oblige le joueur - et sa belle flamme - à ne pas tomber malencontreusement dans l'eau glacée. On visite ainsi différents lieux, assez semblables, jusqu'à arriver à une forêt mystérieuse qui brise la monotonie visuelle de l'aventure. Sur les quatre heures que dure le périple, il faut bien avouer que les environnements auraient mérité à être plus inspirés. Heureusement, la progression est ponctuée de petites idées bien amenées.
Votre bougie doit parfois s'illuminer pour que vous puissiez avancer dans la pénombre. Elle doit aussi interagir avec l'environnement pour progresser. Cela se traduit par l'utilisation de plateformes mouvantes mais aussi différents éléments comme de la poudre s'échappant de vieux bocaux. Il faudra aussi grimper sur des pages virevoltant dans le vent, utiliser la machinerie de la fonderie à bon escient ou encore s'extirper des végétaux piquants de la forêt. Candleman est un jeu simple d'accès mais il faut bien admettre qu'il manque de challenge. On progresse à une très grande vitesse et il n'y a guère que les deux derniers chapitres qui posent quelques légers problèmes. Dans ces derniers, les développeurs ont choisi d'exploiter le principe des ombres, obligeant le joueur à avoir un œil à la fois sur les murs mais aussi sur le sol. C'est aussi dans ces ultimes moments que l'on est confronté à de véritables ennemis. Ces instants, qui ont un petit d'air "d'apothéose", sont très intéressants et c'est dommage qu'ils n'interviennent qu'à la toute fin du voyage. La dernière phase est également surprenante mais nous n'en dirons pas plus. Candleman est un titre réussi sur le plan visuel et plaisant à parcourir mais le joueur est malheureusement un peu trop guidé. Portée par des angles de caméra audacieux et d'excellents passages (avec une fin, là encore, qui rappelle Journey), l'expérience vaut la peine d'être vécue. Mais elle est courte et il n'y a quasiment aucune rejouabilité. Un plaisir un peu trop éphémère, à l'image de son personnage.
Points forts
- L'idée du personnage éphémère
- Des mécaniques de gameplay accessibles
- L'ambiance discrète
- C'est plutôt joli
Points faibles
- Trop court et facile
- Certaines idées (flammes, ombres...) pas assez exploitées
- Aucune rejouabilité
- Environnements pas assez variés
Financé avec un budget modeste, Candleman laisse de bons souvenirs et offre des moments agréables. On regrette tout de même que son personnage, original et attachant, n'ait pas bénéficié d'un traitement plus poussé. C'est dommage car l'univers, à la fois sombre et mystérieux, et son ambiance sont vraiment réussis. Malheureusement, il suffit de quelques heures pour boucler l'aventure et rien ne pousse à y revenir. En résumé, Candleman est un diamant que son manque d'ambition a empêché de polir. Il est plaisant mais il aurait pu être encore meilleur.