Créer la peur est un art délicat, qui repose sur un équilibre qui est parfois difficile à trouver. Outlast, ou plus récemment Resident Evil 7 ont su proposer des expériences à la première personne pour le moins réussies, suscitant l'effroi même chez les plus endurcis. Husk tente d'emboîter le pas des deux géants mais s'est manifestement trouvé face à un défi qu'il n'était pas de taille à relever.
Tout commence par l'accident du train qui vous mène vous, votre compagne et votre fille, au chevet de votre père mourant. Éjecté de votre wagon, vous vous trouvez seuls aux abords de la ville de Silvercliff, sans nouvelle de votre famille. Votre quête sera donc de gagner l'hôpital du coin afin de vous assurer que tout votre petit monde va bien. Bien évidemment, votre aventure ne sera pas un parcours de santé et il vous conduira à traverser les différents environnements de la ville, tous déserts ou presque, en prenant soin de résoudre des micro énigmes et de ne pas vous faire croquer par les différents monstres qui peuplent Husk.
Malheureusement, si les 10 premières minutes de jeu laissent présager une atmosphère anxiogène à souhait, Husk s'essouffle très vite et pire encore, s'autorise le luxe de vous faire trouver le temps long sur les 4 petites heures que vous demandera le jeu pour être parcouru. Les raisons sont multiples. Tout d'abord, les déplacements de votre personnage sont d'une lourdeur handicapante et l'endurance est particulièrement limitée. Ne vous attendez donc pas à pouvoir sprinter en permanence, une course trop prolongée essouflant votre avatar, brouillant sa vue et réduisant ses déplacements à une vitesse proche du sur place. Cela n'aurait pas été un mal en soi si Husk avait proposé des situations variées et qu'il ne se résumait pas essentiellement à marcher longuement d'un point A à un point B. Effectivement, la construction du jeu est calquée d'un bout à l'autre sur le même modèle.
Husk avait pourtant un début prometteur
Pour progresser d'un environnement à un autre, nous n'avons été confrontés qu'à 3 ou 4 situations différentes : trouver un badge ou une clef pour ouvrir une porte, trouver un code pour en déverrouiller une autre, activer une valve... autant de petites interactions qui ne feront ni appel à votre matière grise, ni à votre adresse et qui ne font que rajouter un peu de durée de vie artificielle au jeu. Pire encore, certaines énigmes sont parfois soumises au joueur sans aucune cohérence avec l'intrigue en général et sont juste un prétexte à explorer chaque recoin du environnements clos du titre, qui se résume surtout à une enfilade de ruelle ou de couloirs rendant l'avancée très linéaire.
Même pas peur
Entre deux session d'énigme, vous rencontrerez d'étranges créatures blanches qui vous détecteront et vous agresseront très rapidement. Si le jeu vous suggère de vous accroupir derrières certaines d'entre elles, sachez que l'infiltration ne fonctionne que d'une manière très aléatoire, les monstres vous détectant quand bon leur semble. Aussi vous reste-t-il deux options : la fuite ou l'affrontement. Si la première solution sera parfois obligatoire, les combats sont eux particulièrement pénible à mener. D'une lourdeur pachydermique, votre personnage n'a que peu de compétences au corps à corps et porte des coups particulièrement imprécis. Sortir victorieux d'une combat ne sera possible que si vous portez le premier coup ou que vous êtes suffisamment pourvus en munitions, faute de quoi certains de vos adversaires parviendront à vous tuer sans même que vous compreniez pourquoi.
En dépit de tous ces défauts, Husk aurait pu briller par la qualité de ses environnements, de son atmosphère ou de sa narration. Ce n'est pas vraiment le cas. Côté histoire, sachez que celle du jeu vous sera contée d'une manière suggérée, que ce soit par l'intermédiaire des pensées de votre personnages (qui paraît indifférent à tout ce qui se passe au tour de lui) ou par le biais de documents dont vous pouvez consulter le texte. Si l'on salue l'abord des thématiques lourdes et graves, on déplore que Husk ne creuse pas davantage son sujet et qu'il peine à faire coller les événements cauchemardesques de son déroulement avec son propos. Faire un jeu d'horreur est une chose, le justifier par une histoire solide en est une autre. En outre, les différentes pensées de notre personnage manque de conviction, faute à un doublage tout juste moyen.
Une atmospohère et une bande-son au dessus du lot
Côté atmosphère, Husk a joué la carte du terrain connu et balisé et récite tous les éléments que l'on est en droit d'attendre d'un survival : hôpital abandonné, cimetière, cave, commissariat de police, hotêl, le tout parsemené de ce qu'il faut de poupées de porcelaine flippantes etc. Bref rien de bien franchement original, même s'il faut reconnaître que l'ensemble fait le boulot. Notez en outre que Husk est servi par une très jolie bande originale qui est certes discrète, mais qui cadre plutôt bien avec le propos sombre du jeu. Il est donc d'autant plus regrettable que l'ensemble des défauts évoqués plus haut cassent tout le mordant à quelques séquences qui auraient pu créer un peu de frisson. Mais la lourdeur des déplacements, la redondance des objectifs, la narration bancale ou les monstres finalement plus agaçants que terrifiant font ede Husk une expérience peu haletante et finalement plus pénible qu'horrifique.
Points forts
- Atmosphère parfois prenante
- Bande originale soignée
- Propos sombre et adulte
Points faibles
- Déplacements lourds et peu intuitifs
- Combats brouillons et pénibles
- Pas franchement, voire pas du tout flippant
- Extrêmement répétitif
- Optimisation à revoir
- Doublages pour la plupart ratés
Ne donne pas la réplique à Silent Hill et Alan Wake qui veut. Si Husk semblait partir sur de bonnes bases, en déroulant une première demi-heure prometteuse bien que classique, le joueur sera rapidement gêné par des objectifs redondants et souvent injustifiés, la lourdeur pachydermique du personnage principal et le ridicule de certains affrontements contre des créatures. Au lieu du grand frisson, c'est l'ennui et l'agacement que nous offre Husk, sur ses 4 à 5 heures de jeu. Tout juste sont à saluer certaines bonnes idées, une atmosphère assez réussie, soulignée par un propos sombre et une bande originale de qualité. Malheureusement, ce sont des qualités trop maigre pour sauver le bateau du naufrage.