Si la série des Tales of a connu des hauts et des bas, elle reste une des grandes figures du J-RPG et chaque épisode est attendu au tournant. Enfermé dans une sorte de marasme qui l’entraînait doucement dans les tréfonds des titres de seconde zone depuis quelques années, la saga comptait bien sur Tales of Berseria pour s’en sortir… Et fichtre, c’est une réussite.
Hideo Baba, cela vous parle ? Certes, si vous êtes fan de la série, la question semble idiote. Mais vous êtes peut-être néophyte. Dans ce cas, laissez moi expliquer : Hideo Baba est le producteur de la série depuis 2007, un personnage qui est loin de faire l’unanimité. En effet, beaucoup considèrent que l’âge d’or des Tales of prédate l’arrivée du jeune homme et que ce dernier est le principal fautif de la baisse de qualité générale. Avec Tales of Zestiria, dernier épisode en date, on a vu une cassure beaucoup plus claire entre les joueurs et Hideo Baba avec la polémique autour du personnage d’Alisha, affichée comme une protagoniste principale alors qu’elle était finalement plutôt absente de l’oeuvre… sauf en DLC.
Et si les explications de Hideo Baba n’ont pas convaincu les joueurs, il faut croire qu’elles n’ont pas convaincu Bandai Namco non plus puisque ce dernier n’apparaît pas au générique comme producteur de Tales of Berseria, même s’il reste semble-t-il Brand Manager de la série. Une bonne nouvelle ? Sans vouloir tirer sur l’ambulance, il faut croire que oui quand on joue à ce nouvel opus.
Une quête de vengeance
Car Tales of Berseria est pétri de qualité, à commencer par son scénario. Des lustres avant les événements de Tales of Zestiria, le monde se retrouve soudainement décimé par des invasions de démons. Velvet et son petit frère Laphicet survivent notamment grâce à Artorius, leur beau-frère, qui fait office de figure paternelle. Des années plus tard alors que Velvet est maintenant adolescente, Artorius, le seul homme en qui elle a réellement confiance, trahit sa famille sans crier gare en sacrifiant le jeune Laphicet devant ses yeux afin de canaliser l’invasion démoniaque. Velvet découvre par la même occasion qu’elle est elle-même un démon, avec la particularité de pouvoir se nourrir d’autres démons plutôt que d’humains. Pendant les 3 ans qui suivent, Velvet, en prison, rumine sa vengeance contre Artorius, lui qui est maintenant traité comme héros aux yeux du monde.
Voilà donc le pitch de Tales of Berseria. Un contexte plutôt sombre qui s’écarte de ce qu’offre habituellement la série, mais qui est très loin de nous déplaire. Velvet est prête à tout pour assouvir sa vengeance et sacrifier la vie d’autrui ne lui fait absolument pas peur. Dès le début de l’aventure, c’est un personnage sans coeur que l’on incarne, même si elle garde quand même quelques notions de morale. Sans trop vous spoiler, Tales of Berseria va jusqu’au bout de son idée et certains passages, y compris la fin, sont particulièrement puissants.
Tales of Berseria : Introduction
Un système de combat très efficace
Autre bonne nouvelle, Tales of Berseria propose un gameplay action proche de ce que la série a toujours proposé tout en appuyant encore plus l’aspect dynamique. Le joueur est totalement libre de se déplacer dans l’arène de combat, manipulant la caméra à sa guise. Les compétences (Artes ingame) peuvent être configurées à l’envie, laissant la liberté des enchaînements à utiliser. Puisqu’elles sont séparées selon leur apparition dans l’ordre de vos combos, vous pouvez très bien assigner quatre coups différents à une seule touche pour ensuite sortir votre combinaison en la martelant. En gros, si le gameplay final s’avère incroyablement simple, c’est parce que tout le travail se fait en amont. Du coup, attendez-vous à souvent repasser par le menu pour être efficace (ce qui peut se faire pendant les combats, fort heureusement), surtout quand on sait que toucher les différents points faibles des ennemis est très important pour faire des dégâts.
Une autre chose à gérer pendant les combats est le nombre d’âme à disposition. En effet, utiliser des Artes utilise des âmes, que vous pouvez regagner en battant des ennemis. Les monstres fonctionnant de la même façon, vous pouvez leur voler des âmes en les étourdissant, diminuant ainsi les combos qu’ils peuvent effectuer. En restant en garde, vous pouvez régénérez vos âmes (dans la limite de disponibilité actuelle) alors qu’effectuer des esquives décharge cette même jauge mais permet de surprendre les ennemis. La bonne chose, c’est qu’effectuer une esquive avec un timing parfait vous donne un bonus, récompensant ainsi les joueurs habiles.
Rapidement, on gagne aussi la possibilité de se transformer pour déclencher des combos et finishers plus puissants, au détriment de vos points de vie. Là encore, il faut garder une œil sur la jauge d’âme puisqu’il en faut au moins trois pour bénéficier de cette forme. Enfin, une fois que votre groupe aura assez de personnage, vous gagnez la possibilité d’échanger votre place avec un perso de réserve en plein combat, avec un coup gratuit au passage. Ainsi, le système de combat est hyper dynamique sans pour autant souffrir des problèmes de lisibilité des gameplay du genre. Si au début de l’aventure, appuyer comme un bourrin sur les touches fonctionne parfaitement, cela se complique rapidement et les adversaires les plus récalcitrants demandent préparation, timing, esquives efficaces et ténacité. Bref, un vrai succès, même si la présence de compagnons peut parfois rendre l’ensemble indigeste.
Tales of Berseria : Quelques combats dans un donjon
Un peu plus qu'un Tales of
Si les combats font partie des bons éléments de Tales of Berseria, les phases d’exploration souffrent par contre des maux habituels du genre. Les donjons sont peu inspirés, tant en termes d’architecture que d’environnement. C’est souvent plat, sans vie et sans personnalité. Même dans les zones extérieures, on sent bien que la réalisation du titre n’est pas des plus développées et s’il est possible de passer outre ces lacunes, le titre aurait bénéficié d’une patte artistique plus soignée. Heureusement, nos pérégrinations seront souvent entrecoupées des habituelles saynètes qui offrent des dialogues parfois drôles, d’autres fois plus dramatiques. Ces saynètes sont un peu plus peaufinées qu’à l’accoutumée avec quelques animations rapides, mais dans la pratique, elles restent du même acabit.
En matière de contenu, Tales of Berseria s’aligne avec les autres épisodes de la série avec quelques activités annexes de circonstances. Rien de bien extravagant, mais on note quelques combats bien corsés pour obtenir des équipements supplémentaires, ces derniers utilisant un système de maîtrise de compétences passives à force d’utilisation. Comptez bien 50h de jeu en moyenne. Le bon point, c’est qu’il n’y a pas de leveling forcé : vous aurez toujours l’impression d’avancer dans le jeu. Avec une narration efficace, des personnages intéressants et un scénario qui tient la route, Tales of Berseria est donc une très bonne expérience qui réconciliera les fans avec la franchise et qui pourrait même ouvrir ses portes aux néophytes. En espérant un nouvel avenir pour la série.
Points forts
- Un scénario sombre et prenant
- Velvet, la vengeance incarnée
- Le système de combat, fun, grisant et lisible à la fois
- Les transformations
- Les saynètes plus dynamiques
Points faibles
- Des environnements très lambda
- La narration en saynètes manque fatalement de mise en scène
- Quelques persos secondaires pas très intéressants
Tales of Berseria est un véritable renouveau pour la série. Sans s’éloigner des base, il propose une histoire puissante portée par Velvet, un personnage plus charismatique et nuancé que ce à quoi les Tales of nous avait habitués. Le système de combat est une réussite en tout point qui allie à la fois un gameplay ultra simple avec une technicité qui allie préparation et réaction. Malgré quelques écueils inhérent au genre et au budget, le nouveau JRPG de la série de Bandai Namco et tri-Crescendo promet du bon pour la suite de la série.