An de grâce 2010. Le jeune Victor Da Costa, étudiant à l'INSA de Lyon, développe dans son coin un pendant basketballistique à Football Manager. Le but du jeu ? Vous mettre dans la peau d'un manager d'équipe, plutôt que dans les sneakers d'un groupe de joueurs. Basketball Pro Management a évolué avec le temps, et il revient aujourd'hui sous un nouveau nom, Pro Basketball Manager. Plus complet, plus riche, le bébé d'Umix Studios et Cyanide est toutefois un peu grippé, mais rassurez-vous, il se porte bien.
Lorsque l'on pense jeux de basket, on pense forcément à la série NBA 2K, et dans une moindre mesure à NBA Live. Deux titres qui vous collent au parquet pour des matches toujours plus réalistes (surtout côté NBA 2K), plein de suspense et de gestes techniques qu'il faudra d'ailleurs maîtriser sur le bout de doigts. Avec le temps, les deux franchises ont évolué. L'une a pratiquement disparu de la surface de la terre, tandis que la seconde cherche depuis plusieurs années à proposer de nouvelles façons de jouer au basket. Ainsi, depuis plusieurs années, le mode de jeu MyGM de la simulation de 2K prend en volume, au point de devenir un vrai petit jeu de gestion. Mais malgré toute la bonne volonté des équipes de Visual Concept, il manquera toujours ce petit quelque chose qui fait la différence face à la richesse et la lisibilité d'un Football Manager, la référence dans ce genre si spécifique. Alors, si les statistiques et les écrans noircis de textes ne vous effraient pas, vous pourriez donner sa chance à Pro Basketball Manager 2017, une nouvelle tentative qui va dans le bon sens.
Basket sans frontières
Une fois le jeu lancé, le joueur est rapidement invité à commencer une partie et à choisir un pays pour démarrer sa jeune carrière de manager. Et là, c'est la grande claque : Pro Basketball Manager 2017 propose un choix hallucinant de pays et donc de championnats différents. Impossible de tous vous les lister ici, mais on retrouve bien entendu la France et les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Allemagne, la Russie... Mais aussi l'Argentine, l'Australie, Israël, la Chine, la Turquie, ou encore la Pologne. En vérité, la plupart des pays d'Europe de l'Est sont jouables, et lorsque l'on regarde du côté des équipes nationales, c'est l'Afrique qui nous offre les bras. On est véritablement effaré de voir la richesse de choix qui, clairement, aura un impact direct sur la rejouabilité de PBM 2017. Jouer en Europe ou aux Etats-Unis, par exemple, ce sont deux choses différentes, et c'est seulement une fois que l'encre au bas de votre contrat sera parfaitement sèche que vous en prendrez la pleine mesure.
Bref, gros travail de la part des développeurs, qui ont effectué ici un travail de compilation de statistiques qui donne le vertige. Reste à savoir si, en jeu, ces statistiques sont pertinentes. Passons à la pratique, si vous le voulez bien.
We all live in America
Le fanatique de NBA qu'est votre serviteur s'est naturellement tourné vers les Etats-Unis, au moment de commencer son test. Première surprise, le jeu propose de choisir entre deux ligues, la NBA ou la NCAA, ici renommées American League et US Universities. Un petit souci de licences, peut-être ? On y reviendra plus tard. Quoi qu'il en soit, après avoir opté pour l'American League, nous avons pris les commandes de l'équipe d'Oakland (soit les Golden State Warriors) et hop, la partie commence. Une saison quasi-complète plus tard, on peut affirmer sans trop craindre de se tromper que la grande ligue américaine est ici représentée avec justesse. Les statistiques, notamment, concordent avec la réalité de la NBA telle qu'on la connaît actuellement, avec un groupe de joueurs qui planent clairement au-dessus de la concurrence. On pense ici à LeBron James, Kevin Durant, Stephen Curry, Russell Westbrook, James Harden ou encore Anthony Davis ; les stars de la ligue ne sont pas en reste non plus, avec des joueurs tels que Kawhi Leonard ou encore Demar DeRozan dont la production, le volume de shoot où les zones de confort concordent parfaitement avec ce que les amateurs de NBA connaissent. On est ravis de voir que les joueurs de l'ombre, ceux faisant toutes les petites tâches ingrates mais tellement précieuses, sont bien mises en valeur. On pense ici notamment à des joueurs comme Andre Iguodala, dont la production ne se reflète certes pas franchement dans ses stats personnelles, mais dont l'absence peut être vite ressentie face à certains adversaires.
Nous avons toutefois constaté quelques bizarreries, notamment sur les matches simulés. Pro Basketball Manager vous laisse la possibilité de jouer les matches, et donc de passer en mode entraîneur ; vous aurez ici à gérer votre rotation, à appeler des systèmes, etc. Mais il est également possible de les simuler, et donc de gagner de précieuses minutes. Difficile toutefois de ne pas hausser un sourcil à la lecture de certains résultats. Lors d'une confrontation opposant Golden State à Oklahoma City, le meilleur marqueur du match, Russell Westbrook, n'avait marqué que 17 points. Étonnant pour un joueur qui frôle actuellement les trente points de moyenne par match ; et en face de lui, des joueurs comme Kevin Durant ou Stephen Curry ne sont pas franchement des tendres lorsqu'il s'agit d'empiler les paniers. Pourtant, aucun des deux n'avait dépassé la barre des 15 points. De temps à autre, le jeu a tendance à proposer des résultats assez curieux, avec un Andre Iguodala meilleur marqueur (le bonhomme n'a jamais été un scoreur) et un Stephen Curry meilleur rebondeur. La situation est encore plus insensée en sélection nationale. Le jeu a manifestement un peu de mal à gérer les nombreux talents qui composent Team USA, ce qui a donné lieu à des choses amusantes, en fin de compétition, lorsqu'aucun joueur de l'équipe ne figurait dans la sélection des meilleurs joueurs de la compétition... Malgré une médaille remportée sans forcer, après 16 victoires et zéro défaite.
Pendant ce temps-là, sur le vieux continent...
Du côté de l'Europe, la situation est globalement tout aussi convaincante. Après avoir sélectionné le CSP de Limoges, nous avons été vite confrontés à la compétitivité de la Pro A, où les écarts entre les différentes équipes, et les capacités individuelles des joueurs, sont moins prononcés. Dans la mesure où le jeu a été développé par des gens du coin (Cyanide est installé à Nanterre), on n'a pas franchement été étonné de voir que la Pro A était représentée avec la même justesse, la même cohérence, le même souci du détail que le championnat américain. Ce qui n'était pas gagné puisque nos amis Américains étant particulièrement friands de statistiques, il est assez facile de trouver d'immenses bases de données un peu partout sur internet, et donc de donner corps à un jeu du calibre de Pro Basketball Manager. Mais la Pro A s'en sort avec les honneurs, comme toute l'Europe à vrai dire. Les statistiques compilées concordent avec ce que l'on connaît des joueurs, un constat qui s'avère toujours plus vrai à mesure que l'on progresse dans la saison en cours.
D'une richesse abyssale
Ce qui fait clairement de Pro Basketball Manager 20176 un jeu de gestion à la profondeur infinie. Passé le choc du nombre d'équipes et de championnats disponibles, on se plonge dans le corps du jeu et l'on constate avec plaisir que toutes les petites spécificités de chaque compétition a bien été respecté. C'est particulièrement vrai côté NBA Americain League : le championnat américain repose sur un ensemble de règles très spécifiques, surtout lorsqu'il s'agit des contrats des joueurs et des différentes exceptions qui les entourent. Lors de notre test, nous avons été agréablement surpris de voir qu'à certains moments, le jeu se montre suffisamment didactique pour signaler certains détails du calendrier, par exemple la fin de la période de prolongation des contrats. L'occasion d'aller négocier avec les joueurs qui peuvent bénéficier d'une telle extension.
Outre les contrats des joueurs, vous aurez également la charge des entraînements et des finances de votre équipe. Pro Basketball Manager brille ici encore par sa richesse en proposant de très nombreuses options relatives aux entraînements des joueurs. En solo ou en équipe, l'intensité pour chaque joueur, les exercices... Le jeu a ceci d'intéressant qu'il permet de travailler différemment avec chaque joueur, un point que l'on retrouve d'ailleurs dans la signature des contrats puisqu'au moment de proposer un contrat, vous avez la possibilité de définir un rôle (« leader offensif », « organisateur », etc) qui dans certains cas s'avérera bien pratique. Il est certain qu'un joueur tel que Russell Westbrook sera plus prompt à signer si vous lui garantissez d'être la star de l'équipe et le leader de son attaque...
Seul vrai souci à signaler finalement, vous allez passer beaucoup de temps à gérer votre infirmerie. Le jeu est sans pitié, à tel point que l'on finit par se demander s'il ne prend pas à un malin plaisir à faire souffrir les joueurs. Lors de notre première partie, en quatre mois, nous avons dû subir une fracture de la jambe de Stephen Curry (trois mois d'absence), une fracture de la cheville d'Anderson Varejao (trois semaines), une fracture du doigt de Klay Thompson (une semaine), puis une rupture des ligaments croisés (out pour la saison)... Auxquelles il fallait encore ajouter 8 jours d'absence pour Shaun Livingston, 19 jours pour Kevin Durant ou 8 jours pour Javale McGee, pour des blessures mineures. Avec la sélection américaine, même combat, avec Kyrie Irving et Paul George qui se sont cassés des doigts pendant des sessions d'entraînement, et un DeAndre Jordan renvoyé à la maison avec une fracture de la jambe dès le premier entraînement. Bref, il serait appréciable que les développeurs mettent à jour leur bébé en baissant le curseur à bobos.
Un souci qui est d'autant plus frustrant lorsque vous commencez à être à court de joueurs, ce qui nous est hélas arrivé. Il se trouve que l'IA est plutôt bien fichue au moment de négocier les contrats, et malgré toutes nos tentatives, nous n'avons jamais réussi à l'escroquer, et ce malgré des milliers d'heures d'expérience sur NBA 2K. Si l'on comprend qu'elle refuse un échange McGee – Howard, on aurait toutefois apprécié que le GM d'en face donne quelques explications quant à son refus lorsque certains deals paraissent tout à fait équitables. Cela aurait permis d'ajuster la proposition initiale.
Une interface frustrante
Forcément pour pouvoir gérer toutes ces informations, tous ces détails, un jeu tel que Pro Basketball Manager 2017 doit proposer une excellente interface, permettant aux joueurs d'effectuer les actions les plus complexes en quelques clics. Il faut qu'elle soit lisible et proposent des fonctions malignes. Ce qui, soyons honnêtes, n'est pas franchement le cas ici. Si l'ergonomie générale est finalement acceptable, notamment en match, on constate bon nombre de bizarreries, qui souvent nous forcent à fouiller pendant plusieurs minutes les différents menus, jusqu'à trouver la donnée nécessaire. Par exemple, à la fin d'un match simulé, il n'existe aucun bouton permettant clairement d'aller voir la feuille de match. Il faudra cliquer sur le nom de l'équipe, dans le résumé, ou sur le score. Du côté de la gestion des rotations, on peste contre les petits sliders qui permettent de diminuer ou d'augmenter le temps de jeu des différents joueurs. Il manque cruellement de précision : pouvoir saisir soi-même le nombre de minutes, ou les faire monter/descendre avec des boutons +/- aurait été appréciable. On cite ces deux possibilités parce qu'elles existent bien dans le jeu, c'est ainsi que vous pouvez gérer le prix des billets pour chaque match.
Nous avons remarqué aussi différents bugs, avec des commandes qui ne répondent pas. En match, vous avez notamment la possibilité de demander à un joueur de prendre un tir à trois points, ou une pénétration. Sur nos différents essais, l'action demandée a rarement été effectuée, et dans la plupart des cas, c'est carrément un autre joueur qui effectuait l'action qui mettait fin à la possession. Quand vous demandez à Steph Curry de prendre un tir à trois points, et que cela finit un lay-up manqué de Javale McGee, il y a de quoi pester... Dans le genre de bug agaçant, l'impossibilité de prendre correctement un temps mort (obligé d'attendre une faute ou une sortie de balle pour qu'il soit accordé par les arbitres) ou encore les remplacements qui ne se font pas, ou mal, rendent souvent l'expérience frustrante. À tel point que l'on a fini par opter définitivement pour les matches simulés, après plusieurs heures de jeu.
Pas de licences, pas de plaisir ?
Vous l'avez compris en commençant la lecture de ce test, Pro Basketball Manager n'a malheureusement pas le plaisir de jouir du droit d'utilisation des noms des joueurs et équipes qui figurent dans le jeu. Ainsi les Los Angeles Lakers peuvent être trouvés sous le nom « Hollywood », tandis que leurs voisins les Clippers ont été renommés Lob Angeles. Ce qui est d'ailleurs assez paradoxal lorsque l'on sait que quelques uns des meilleurs comédiens de la ligue portent les couleurs des Clippers, et non pas des Lakers. Passons. Les premiers pas dans le jeu sont de fait plutôt amusants, et on passe un moment à rire des noms que l'on croise. Côté GM, on trouve Match Kepchek, Pet Ralai, Ger Furmen, ou encore Sem Presto ; tandis qu'on rigolera en trouvant des Russell Westbrouk, Anthony Davas, Jimmy Butlar, ou encore Dwight Howerd (notre petit préféré). Cela étant, l'aspect comique de la chose laisse peu à peu sa place à un autre sentiment, celui de jouer à un jeu un peu cheap . Le genre de titre que l'on pourrait trouver à 5€, perdu dans un bac entre quelques DVD de Steven Seagal et l'intégrale accoustique de Mireille Matthieu, un jour de promo à la Foir'Fouille. Une sensation désagréable (d'autant que PBM 2017 n'est pas l'un de ces jeux), renforcée par la médiocrité de l'interface et les quelques bugs que l'on rencontre ici et là.
Heureusement, le jeu est compatible avec le Steam Workshop et propose de charger ses propres effectifs dans la partie. D'ici peu de temps, des joueurs se seront occupés de renommer correctement toutes les équipes, tous les joueurs, et d'intégrer les bons logos. Une bonne chose, donc, car le jeu aura alors un autre visage.
Points forts
- Le nombre de pays et championnats
- Des options dans tous les sens !
- Orgie de statistiques
- Les spécificités de contrats NBA bien respectées
- La compatibilité avec Steam Workshop
Points faibles
- L'interface
- Pas de licences officielles
- Quelques bugs
Malgré une interface très perfectible au point d'être frustrante et quelques bugs, difficile de ne pas être impressionné par tout ce que Pro Basketball Manager a à offrir. S'il est moins fin qu'un Football Manager, le jeu de Cyanide et Umix n'a pas à rougir, quand on sait le peu de moyens qui étaient à leur disposition. Riche et respectueux des différentes compétitions de basket se déroulant de par le globe, il repose sur une base de données et de statistiques incroyablement complète, qui se combine à une vaste panoplie d'actions possibles. Les fans de basket devraient y trouver leur bonheur, en attendant impatiemment que certains modders s'occupent de « corriger » les noms des joueurs et des équipes.