Paul Cuisset. Derrière ce nom se cache un véritable pilier du jeu vidéo, qui a officié dans des registres bien différents : Flashback, Moto Racer ou plus récemment Amy sont autant de jeux à inscrire au pedigree du prolifique concepteur qui, les plus anciens s'en souviendront, s'est avant tout illustré avec ses excellents jeux d'aventure : Croisière pour un Cadavre ou Operation Stealth en tête. Retour à ses premières amours pour Paul Cuisset avec Subject 13, fruit d'une campagne Kickstarter réussie et de la collaboration avec une petite équipe motivée.
NB : Ce test est un copier / coller de la version PC, quasi identique à la version console. Pour en connaître les quelques différences, vous pouvez consulter l'encadré ci-dessous.
Un peu plus d'un an après sa sortie PC, le jeu d'aventure de Paul Cuisset débarque sur Xbox One et PlayStation 4, à un prix nettement réduit (6,99€). Autant dire que les versions consoles sont identiques à la version PC. Esthétiquement, le jeu affiche un rendu similaire à ce que l'on avait pu voir auparavant, même si quelques inexplicables chutes de framerate viennent parfois ternir la fluidité du titre et que des temps de chargements relativement longs viennent s'inviter entre deux décors.
Concernant la prise en main au pad, les choses ne sont pas parfaites malheureusement. Si la maniabilité PC n'était déjà pas exemplaire, les commandes à la manette, sans être catastrophiques, manquent cruellement de fluidité. Les interactions avec certains éléments à manipuler sont parfois un rien laborieuses et semblent à nouveau nettement mieux adaptées aux plates-formes mobiles. Les déplacements de Franklin, quant à eux, ne sont pas dénués de reproches et sont assez régulièrement entravés par des angles de caméras pas toujours judicieux, empêchant le personnage de voir un élément bloquant la progression du personnage.
En définitive, Subject 13 sur consoles jouit des mêmes qualités et pâtit des mêmes défauts que son homologue PC. Un jeu d'aventure au goût d'inachevé qui a tout de même des arguments à défendre, notamment auprès des inconditionnels du genre. Nous saluerons l'effort réalisé sur le tarif de commercialisation, très raisonnable pour ce titre certes imparfait, mais qui propose des énigmes évolutives et parfois franchement bien pensées.
Les premiers instants de Subject 13 sont bien mystérieux et c'est d'ailleurs la base même de l'histoire du jeu. Vous vous éveillez dans la peau de Franklin Fargo, professeur émérite mais déprimé suite à la mort de son épouse, qui, sauvé par une mystérieuse entité après avoir tenté de mettre fin à ses jours, revient à lui dans une capsule le menant vers un étrange complexe. Une voix robotique lui donne quelques informations sur sa situation, rebaptisant au passage notre héros Sujet 13.
Une histoire trop vite expédiée
Il vous appartiendra, dans les 4 chapitres que comporte le jeu, de partir en quête d'informations sur les raisons de votre présence dans ces lieux inconnus mais aussi d'en découvrir le passé à travers des magnétophones, que vous pourrez récolter en fouillant les différents tableaux du jeu et qui renferment les témoignages des précédents habitants de l'endroit. Sans rentrer dans les détails de l'histoire pour ne pas vous en gâcher la surprise, il faut toutefois reconnaître qu'elle s'avère assez décevante.
Si l'on perçoit bien la thématique que le jeu a cherché à mettre en place, son déroulement est un peu trop expéditif pour faire mouche et pâtit d'une narration à deux étages. Effectivement, si l'idée de laisser au joueur le soin d'en apprendre davantage sur le scénario grâce aux témoignages disséminés ici et là est bonne, les révélations faites en direct par le joueur au cours de sa progression accélèrent le rythme d'une histoire qui finit inévitablement par devenir confuse. Ajoutez à cela un final terriblement expéditif et un doublage qui manque de conviction et vous aurez grand peine à parcourir Subject 13 pour son scénario et son scénario seulement.
Car nous sommes dans un jeu d'aventure et il s'agira de résoudre pléthore de puzzles pour progresser d'une pièce à l'autre. La principale force de Subject 13 réside dans son mélange assez astucieux de progression à la troisième personne dans les environnements traversés et de résolution de puzzles en vue à la première personne. Cliquez sur un élément interactif, et une modélisation en 3D de l'objet à manipuler apparaîtra à l'écran, vous permettant de l'observer sous toutes les coutures et aussi d'en débloquer les énigmes cachées. Vous aurez effectivement souvent affaire à un système d'énigmes imbriquées : la résolution d'un premier puzzle en déclenchera un second, souvent plus retors.
Une généreuse quantité de puzzles
Si vous aimez les puzzles, autant dire que vous serez servi avec Subject 13 et c'est bien là l'une des qualités du jeu. Vous serez confronté à de très nombreux cas de figure, très variés, et la plupart du temps bien intégrés au propos général du titre. Bien entendu, dans la quantité d'énigmes proposées, certaines seront nettement plus classiques tandis que la plupart seront peut-être un peu trop faciles à résoudre, à quelques exceptions près. Toutefois, on prend beaucoup de plaisir à interagir avec les différents éléments du jeu et, sur ce point, Subject 13 est une réussite, à l'image de quelques énigmes qui mettront grandement à contribution votre matière grise et dont la résolution vous procurera un vrai sentiment de satisfaction. Notez que le parti pris du jeu n'est clairement pas de vous prendre par la main : ne vous attendez donc pas à voir des éléments interactifs en surbrillance comme le veut la tradition du jeu d'aventure moderne. De plus, vous n'aurez le droit qu'à une seule et unique chance de résoudre automatiquement un puzzle, choisissez donc bien votre énigme avant d'utiliser ce joker.
Comme un parfum d'inachevé
D'un point de vue maniabilité, on sent qu'au-dessus de Subject 13 plane l'imminence d'une sortie sur mobiles. Effectivement, parfois imprécises, les interactions avec de nombreux objets du jeu semblent taillées pour le tactile (faire glisser une porte, tourner une manivelle...), nettement moins pour la souris. Il arrivera d'ailleurs bien souvent que vous ne parveniez pas à résoudre une énigme pour un très léger souci d'ajustement, vous contraignant à remettre en cause votre raisonnement pour vous rendre compte qu'au final la solution initiale était la bonne, mais que le jeu n'acceptait pas par exemple de recevoir votre clé dans une serrure parce que vous n'aviez pas ajusté avec la plus grande précision les mécanismes d'un verrou.
Il en ira ainsi jusqu'à l'issue du jeu, qui se boucle en 5 à 6 heures grand maximum. C'est malheureusement très court, essentiellement pour les joueurs les plus rompus à l'exercice du puzzle-game. C'est aussi sans aucun doute de cette maigre durée de vie que vient le manque d'empathie du joueur à l'égard d'une histoire qui ne demandait qu'à s'épaissir avec un temps de jeu plus étendu.
En somme, Subject 13 reste une déception, mais tout est-il à jeter pour autant ? Pas nécessairement. Il faut garder à l'esprit qu'il ne s'adresse pas à un public très large et davantage voir Subject 13 comme un recueil de puzzles que comme un grand jeu d'aventure. Notez que certains environnements, même s'ils sont peu nombreux, sont assez soignés et s'ils ne font pas montre d'une grande ambition technologique, au contraire ils témoignent sur certains tableaux d'une jolie direction artistique. Ajoutez à cela un superbe travail sur la bande originale du titre et il se pourrait, si vous n'êtes pas trop regardant sur les encornures que vous passiez tout de même un agréable moment en compagnie de Subject 13.
Points forts
- Bande-son soignée
- Enigmes variées
- Certains tableaux bénéficient d'une bonne direction artistique
- Certains puzzles très ingénieux et retors
- Alternance entre 1ère et 3ème personne intéressante
- Petit prix
- Histoire de base intrigante...
Points faibles
- ...mais mal racontée
- Limité techniquement
- Trop court (4 à 6 heures maximum)
- Final expéditif
- Certaines énigmes franchement pas originales (taquin, démineur...)
- Maniabilité clairement à revoir sur PC
- Doublages manquant de conviction
Subject 13 n'est assurément pas la réussite que l'on attendait et laisse au joueur un amer goût d'inachevé. Au-delà de l’originalité et de la diversité de ses puzzles ainsi que de sa bande-son impeccable, nous retiendrons malheureusement aussi une maniabilité trop taillée pour le mobile, des énigmes parfois pas folichonnes reprenant le concept d'un The Room (un démineur géant ? vraiment ?) et une histoire un peu trop vite expédiée là où elle aurait gagné à s'étoffer si le jeu avait proposé une durée de vie plus longue. Si vous êtes un inconditionnel des jeux de puzzle à l'ancienne, Subject 13 pourrait tout à fait vous faire passer un bon moment, mais ne propose pas tous les arguments nécessaires pour en faire un incontournable. Dommage.