Free-to-play situant son action sous les feux nourris de la Seconde Guerre mondiale, Heroes & Generals suit son petit bonhomme de chemin depuis sa sortie initiale en early access sur Steam en 2014. Le titre, porté par le studio Danois Reto Moto (une équipe d’anciens membres d’IO Interactive) revendique son étiquette de MMOFPS à la double approche. D’un côté, les héros participent à des batailles classiques en vue FPS, de l’autre, les généraux gèrent leurs ressources et leurs divisions armées dans un simili jeu de stratégie. Les deux modes de jeu évoluent côte à côte afin de créer des campagnes de guerre de plusieurs semaines où la tactique se révèle toute aussi importante que le jeu en équipe une fois sur le terrain. Ce mélange fait-il mouche ?

Un jeu, deux approches

Face à la sortie récente d’un Battlefield 1 et à la nostalgie des amoureux de la gâchette et des tranchées boueuses, Heroes and General (H&G pour les intimes) dégaine une arme de choc : son modèle Free-to-play. Cette porte grande ouverte le rend accessible à tous en quelques minutes seulement. Le jeu téléchargé, reste maintenant à y trouver son compte et juger si l'expérience vaut le coup d'y déposer son paquetage pendant quelque temps. Faisons rapidement le tour de son modèle économique. H&G repose sur une offre premium permettant de gagner plus d’expérience et de monnaie en jeu à la fin des parties.

Une boutique intégrée propose aussi l’achat d’une monnaie virtuelle à utiliser pour acheter des armes, des améliorations, des véhicules et diverses apparences. L'un des objectifs du jeu sera de progresser du rang de simple soldat, à pied sur le champ de bataille, jusqu’à celui de Général où le titre se transformera (selon votre volonté) en jeu de stratégie. Les généraux ne se rendent pas directement sur le champ de bataille, mais organisent une stratégie de combat que les troupes au sol tenteront d’appliquer. H&G s’envisage donc comme un titre où chaque bataille au sol participe à l’avancée d’une campagne de guerre à grande échelle se déroulant sur plusieurs semaines.

Des crédits pour les acheter tous !

Heroes and Generals place les crédits au centre de son système d’évolution. Au lancement du jeu, le joueur sélectionnera un soldat, son camp parmi les trois disponibles (Soviétiques, Alliés et Allemands) et son paquetage rudimentaire de base. Les crédits sont nécessaires pour débloquer de nombreuses options supplémentaires : acheter de nouvelles armes, les améliorer avec différentes pièces détachées, changer la couleur de votre tenue pour mieux vous camoufler, faire l’acquisition de différents véhicules comme des tanks ou des engins de transport plus légers. Vous pourrez aussi y ajouter divers bonus comme des medikit à l’arrière des Jeeps pour soigner vos passagers. Si tout ceci se débloque lentement à la sueur de vos victoires, il faudra aussi prendre en compte l’usure de l’équipement dans la gestion de vos crédits. Ces multiples dépenses, combinées à une courbe de progression assez lente, sont susceptible de rendre le leveling d’Heroes & Generals assez frustrant pour le joueur occasionnel.

Sur le champ de bataille, le joueur incarne un « héros » combattant selon les spécificités de sa classe. Pilote de chasse, conducteur de tank, parachutiste, sniper, ces unités s’affrontent en mode 18vs18 au sein des différents mode de jeu. Bien que réaliste dans ses éléments historiques, le gameplay tend vers l’arcade en matière de prise en main. Au fur et à mesure de votre progression, vous débloquerez de nouvelles classes et de nouveaux modes de jeu plus avancés. Ce qui rend H&G original, est le fait que chaque mission à laquelle vous prendrez part participe à l’effort de guerre global d’un univers persistant. Le tout est rythmé par des campagnes dirigées par des joueur/Généraux au sein desquelles un camp remporte la victoire après plusieurs semaines de combats. En contrepartie et en plus de l’argent récolté en fin de bataille, votre soldat empochera une solde dont le montant dépendra de votre capacité à rester en vie et réaliser certaines actions décisives. Inutile alors de foncer tête baissée dans le camp adverse, il s’agit ici de jouer l’objectif et de survivre le plus longtemps possible afin d’optimiser vos gains.

Hold the point !

Heroes and Generals récompense d’avantage le jeu en équipe que votre propre ratio d'éliminations. Tout est ici question de capture de points en escouade. Si vous et vos alliés parvenez à conserver assez longtemps une position, cette dernière se changera en point de respawn. L’organisation d’unités, de transports et de ravitaillement en munitions est donc capitale pour espérer triompher au terme de matchs pouvant régulièrement durer plus de 45 minutes d’intense action.

Les différentes cartes du jeu offrent une surface suffisamment vaste pour offrir aux deux camps de multiples approches stratégiques. Lorsqu’une base est contestée par l’ennemi, vous réapparaîtrez à plusieurs mètres de celle-ci afin d’éviter les situations de jeu où une équipe repop inlassablement dans son camp pour repousser l’assaillant. La sensation d’évoluer au sein d’un véritable champ de bataille est renforcée par la présence simultanée d’avions contrôlés par les joueurs, de tanks brisant les défenses ennemies, de camions transportant les troupes, et même de bicyclettes sur lesquelles monter à deux pour pédaler de bon cœur vers le champ de tir.

Héros et Generals dispose de trois modes de jeu différents, chacun basés sur des cartes spécifiques. Le premier, accessible dès vos premiers pas dans le jeu, se concentre sur un style de jeu plus offensif où deux camps luttent pour le contrôle d’un petit avant-poste. La stratégie se résume à avancer en escouade, tuer vos adversaires et essayer de tenir la position le plus longtemps possible. Seule l’infanterie au sol peut participer à ce mode dont les parties ne durent généralement pas plus de 15 minutes.

Après quelques heures, le joueur débloque le second mode de jeu : les escarmouches. La taille des cartes augmente pour permettre aux deux camps de contrôler plusieurs points. L’équipe qui aura réussi à capturer et à tenir le plus de positions possible remporte la partie. Dans ce mode de jeu, vous pourrez combattre avec l’infanterie, les soldats de reconnaissance et les tanks. Enfin, les plus grandes cartes et les stratégies les plus avancées prennent place en mode Assaut où les tanks, les unités au sol et les avions agissent ensemble sur le terrain. L’un des deux camps est assigné à la défense, l’autre à l’attaque. C’est ce mode que les amateurs de bataille à grande échelle devront privilégier. Le jeu parvient ici à combiner ce qu’il faut de réalisme et de permission dans son gameplay pour rendre l’action à la fois attrayante et compétitive.

Oui mon Général !

Au-delà des héros en première ligne sur le champ de bataille, incarner un général ouvre les portes du volet stratégique du titre. Il faudra toutefois jouer plus d’une cinquantaine d’heures (ou mettre la main à la poche) pour déverrouiller ce deuxième versant du jeu. Le général accède à une carte de l’Europe sur laquelle il pourra déplacer ses troupes pour capturer certaines positions stratégiques à la manière d’un RTS. Il faudra dépenser de la monnaie virtuelle ou de l’argent réel pour acquérir des unités à envoyer au front sur différents nœuds. Lorsque deux unités d’assaut s’attaquent, une mission est créée et les joueurs (les vrais) des deux camps peuvent rejoindre la bataille au sol pour jouer cette mission. Les unités des généraux transportent avec eux un montant de ressources qui seront disponibles en jeu pour déployer certains véhicules ou unités.

Les généraux peuvent aussi envoyer du renfort sur un point afin d’allouer de nouvelles ressources à leur camp. Les ressources représentent en réalité un compteur de vies, si l’escouade ennemie dispose de 60 soldats et que vous parvenez à tous les tuer, vous gagnerez la partie sauf si des renforts arrivent à temps. Les troupes se déplacent de nœud en nœud sur la carte (sauf pour les unités volantes) et mettent un certain temps à arriver sur le terrain. Il est aussi important de savoir que le champ de bataille Européen continue d’évoluer même lorsque vous êtes déconnecté, ce qui confère à Heroes and Generals un aspect persistant intéressant.

T'as laissé le frein à main non ?

Heroes & Generals propose un arsenal réaliste d’armes et de véhicules authentiques de cette période de l'Histoire. Chars Panzer V Ausf G, mitraillette Thompson M1A1, Yak-9B, tous les camps disposent d’armements spécifiques. S’il se veut réaliste dans son approche, la physique des véhicules et la balistique restent suffisamment permissives pour convenir à tous les types de joueurs. On notera toutefois quelques soucis de collision avec le décor ainsi que des animations pas forcément très détaillées (certaines cascades à vélo sont particulièrement drôles à voir).

En fonction de nos machines de test, le jeu s’est montré tantôt très fluide, tantôt poussif sur son affichage. On imagine alors qu’une couche d’optimisation supplémentaire sera nécessaire au fil des mois. Sans être grossiers, les graphismes du jeu oscillent entre le correct et le daté pour un rendu qui conserve cependant toujours une bonne lisibilité. Les armes et véhicules disposent d’une bonne modélisation et, c'est le plus important, d'une fidélité historique plus qu'honnête. Le moteur de collisions subit aussi quelques ratés de temps à autres entraînant quelques situations cocasse.

L’un des principaux freins à notre amusement concerne la très lente progression en jeu qui en forcera probablement plus d’un à passer à la caisse pour débloquer certaines fonctionnalités sans passer des semaines entières à farmer. Si tout le contenu peut être débloqué avec du temps de jeu (beaucoup de temps de jeu), tout ou presque peut être aussi acheté de manière instantanée avec de l’argent réel. On pourrait alors penser qu’Heroes & Generals tend vers le Pay-to-Win. C’est en partie vrai si vous êtes d’un naturel pressé et fortuné, mais la donne est contrebalancée par la nécessité d’évoluer en équipe pour espérer remporter une bataille. Bref, il s’agira de faire preuve de patience, voir d’acharnement pour débloquer et améliorer plusieurs classes, dont certaines semblent trop chères par rapport à leurs bénéfices au combat.

On notera enfin quelques soucis d’équilibrage entre les véhicules, les armes, les factions et un matchmaking perfectible faisant s’opposer régulièrement vétérans et débutants. Le titre n’est pas vraiment "noob friendly" à moins de mettre la main au portefeuille ou de s’accrocher très fort. Bref, on sent qu’il reste encore du boulot à son studio pour en faire une expérience exempte de reproches majeurs.