La série Final Fantasy n'a jamais été avare en spin-off en tous genres. Tous les moyens d'exploiter un tel filon sont bons à prendre, et des titres comme les Dissidia ou les Theathrythm ont déjà prouvé qu'on pouvait faire du fan service tout en offrant des titres de qualité. La bonne nouvelle, c'est que World of Final Fantasy fait partie de cette veine.
Avec son visuel charmant, World of Final Fantasy a séduit de très nombreux joueurs sur PlayStation 4. Avec ses personnages attachants et son humour omniprésent, le titre de Square-Enix a su trouver un parfait équilibre entre les combats et la capture des myrages. Longtemps exclusif à la machine de Sony, il est désormais disponible sur PC et garde toutes ses qualités. Mais si l’adaptation s’avère convaincante, on aurait aimé que la technique de la version originale, pas toujours optimale, soit revue à la hausse.
Une fois que votre logiciel Steam est lancé, il suffit de cliquer droit pour activer l’outil de configuration dédié aux options graphiques. Certes, le jeu n’est pas gourmand en ressources et sa résolution supporte le 4K mais on aurait aimé que les possibilités aillent au-delà de l’affichage (fenêtré, plein écran), de la résolution, de la résolution des ombres et du post-traitement. Par conséquent, comme pour l’original sur PS4, le joueur doit se contenter d’une animation en 30 images par seconde qui n’est pas exempt de ralentissements. En revanche, si certains joueurs ont fait état de plantages et de freezes, nous n’avons eu absolument aucun problème de ce type lors de notre test. World of Final Fantasy n’est pas un foudre de guerre mais il tourne très correctement et surtout nous plonge dans une aventure ultra kawaii et vraiment prenante.
À première vue, le jeu a tout de la petite épopée pour enfants mais on se rend rapidement compte qu’il y a un bon petit challenge derrière et surtout un système de combat très futé. La difficulté est progressive et paramétrable et l’aspect collectionnite, que l’on pourrait penser gadget, est bien étudiée. Le système de pyramide, l’évolution des Myrages, la gestion de nos créatures... tout s’imbrique avec intelligence. On sent que le titre a été poncé pour être efficace et cette version PC reste aussi agréable à parcourir que sur PS4 et PS Vita. On aurait aimé plus de nouveautés mais les joueurs pourront néanmoins profiter de quelques créatures et bonus inédits dont notamment Sephiroth. Bonne surprise de l’année 2016 sur les consoles de Sony, World of Final Fantasy a tous les atouts pour s’imposer sur PC.
Précision importante, il s'agit d'un test de la version PS4. Un test de la version Vita suivra sous peu de temps, mais afin de vous donner une idée générale, sachez que la version Vita est similaire en termes de contenu. Toutefois, on peut noter quelques soucis d'ordre technique qui ne sont pas présents sur la version console de salon, comme quelques (rares) ralentissements, un aliasing plus prononcé et surtout des chargements plus longs. On vous conseille quand même l'achat, cela dit.
On ne peut pas dire que l'annonce de World of Final Fantasy, pendant l'E3 2015, avait excité les foules. Comme souvent lorsqu'un spin-off est dévoilé, les joueurs sont plutôt dubitatifs, et pour cause : les cas de produits mercantiles créés à la va-vite pour profiter d'une fructueuse vache à lait sont nombreux, et bien que Square Enix reste en moyenne gage de qualité, l'éditeur-développeur a eu ses quelques honteux ratés (n'est-ce pas All The Bravest ?). Avec ses graphismes mignons et un character design signé Testuya Nomura qui rappelle forcément Kingdom Hearts, on part sur des bases plutôt grand public. Pourtant, soyons clair : World of Final Fantasy s'adresse sans vergogne aux fans inconditionnels des FF.
Du Final Fantasy par tous les pores
Le scénario est d'ailleurs un prétexte pour nous plonger dans une grande nostalgie « Final Fantasyesque » : On contrôle deux jumeaux, Lann et Reynn, frère et soeur qui ont perdu la mémoire (Ôôôôôô comme c'est ôôôriginâââl !). Tout ce qu'on sait au début de l'aventure, c'est qu'ils possèdent deux particularités distinctes. D'une, ce sont des Gigantus, comprendre ici humains, dans un monde peuplé de Lilipuces, petits personnages au style Chibi. De deux, ils sont capables de capturer des Myrages, c'est-à-dire les différents monstres du jeu. Jusqu'ici, pas l'ombre d'un Cloud ou d'une Lightning à l'horizon. Mais c'est en fait dans l'univers entier que World of Final Fantasy est un hommage à la série chère à Square Enix. Pratiquement toutes les zones que vous visitez et tous les personnages que vous rencontrez sont directement issus de Final Fantasy. Par exemple, le premier village de Cordélia est dirigé par la Princesse Sarah, protégée par un valeureux chevalier qui se révélera rapidement être le Gardien de la Lumière. Mais si cette première micro-aventure est parfaitement structurée autour du premier Final Fantasy, la suite des événements part littéralement en cacahuète, dans le bon sens du terme. Soudain, tous les épisodes de la série se mélangent et vous vous retrouvez à discuter avec Eiko à l'entrée du Grand Pont de FFV (qui est en fait l'invocation Alexander) ou à observer les tentatives de Vivi pour se faire accepter par les soldats d'Edgar au Château de Figaro, lui-même construit au dessus d'un réacteur Mako... Ce grand n'importe quoi permet de constamment surprendre le joueur à tel point qu'on ne sait jamais qui on va rencontrer la scène suivante.
Le plus surprenant, c'est que World of Final Fantasy arrive à entretenir le joueur malgré un pitch de départ affreusement basique. Ce n'est pas l'histoire globale (un combat contre la « Fédération ») qui vous tiendra en haleine, mais bel est bien toutes les micro-histoires qui commencent et se finissent en une trentaine de minutes chacune. Ainsi divisé par chapitre, World of Final Fantasy ne prend pas le joueur en otage avec un scénario hypermassif et opaque et vous pouvez vadrouiller pendant des heures entre deux sections sans avoir l'impression de perdre le fil. Jamais au premier degré, le titre fendille régulièrement le quatrième mur et titille de temps en temps les clichés du genre J-RPG, voire même ses propres incohérences. Bien que le personnage de Lann soit un peu lourd, le résultat est très efficace.
Entassez-les tous !
Mais si World of Final Fantasy est une réussite, ce n'est pas seulement parce qu'il utilise les codes de la saga. Il débarque aussi avec un système de jeu très maîtrisé et complexe, au point d'être un des systèmes les plus addictifs que l'on ait pu voir dans un J-RPG ces cinq dernières années. D'une la capture de Myrage vous demande souvent de la préparation. Si Pokémon demande au joueur de baisser les points de vie du monstre ciblé, World of Final Fantasy décide de changer la donne avec des conditions spécifiques de capture, qui peuvent aller de « utiliser une attaque magique » à « infliger le statut Confusion » ou encore « rendre beaucoup de PV à l'ennemi en une seule fois ». Cela vous oblige donc à essayer d'être le plus éclectique possible dans le choix des compétences de vos personnages pour pallier à toutes les éventualités, mais aussi à bien choisir vos attaques pour ne pas tuer la créature avant sa capture. Croyez-nous, c'est plus compliqué qu'il n'y paraît.
Pour les combats en eux-mêmes, on retrouve un système au tour par tour dans lequel on connaît l'ordre des actions grâce à un ascenseur à gauche de l'écran. Si vous n'avez pas vraiment d'influence sur le tour des ennemis (à moins d'en endormir un), cela permet tout de même de planifier les soins et potentiellement les captures. La principale caractéristique de World of Final Fantasy est son système de Pyramide, grâce auquel les personnages forment un totem à deux ou trois, cumulant ainsi leur points de vie, points d'action, attaque et magie, mais ne se permettant qu'une seule action pour tout le groupe par tour. Puisque les ennemis peuvent faire de même, cela développe des stratégies supplémentaires : Outre leur puissance, vos compétences ont aussi une statistique de déstabilisation. Vous pouvez très bien vous atteler à casser les pyramides adverses, ce qui aura comme effet supplémentaire d'étourdir tous les ennemis qui la constituaient. A vous de les éliminer facilement un par un ensuite.
Ce système de pyramide fait donc tout le sel de World of Final Fantasy et c'est justement lorsque vous les constituez que vous comprenez à quel point il est en fait complexe. Si par exemple, vous avez un personnage d'élément feu qui est très faible face à la glace, en ajoutant un perso d'élément glace à sa pyramide, vous effacerez ce problème tout en gardant la possibilité d'utiliser des sorts de feu. A l'opposé, vous pouvez cumuler plusieurs personnages ayant des affinités particulières avec un élément précis afin que votre pyramide absorbe des dégâts ! Autre point à prendre en considération : Les compétences de vos personnages et Myrages peuvent se cumuler pour former de nouvelles compétences. Par exemple, si vous avez deux persos dans une Pyramide qui maîtrisent le sort Feu, votre Pyramide pourra alors lancer Extra Feu. De nombreuses combinaisons existent et c'est à vous de les trouver en tâtonnant.
Une évolution à rétro-action
Les monstres en eux-mêmes vous demandent une attention toute particulière. En effet, ils ne suffit par de monter de niveau pour gagner des compétences : c'est à vous qu'il incombe de distribuer les PC gagnés dans des sphériers qui rappelleront Final Fantasy X à certains. La force de World of Final Fantasy, c'est de proposer un système ultra permissif à ce niveau : si vous pouvez métamorphoser des monstres en des versions plus « évoluées », il ne s'agit jamais de transformations définitives et vous pouvez passer de l'un à l'autre (certains monstres ont jusqu'à quatre formes) autant de fois que vous le voulez via le menu, et sans avoir à utiliser d'objets ou d'argent. Cela à une importance capitale quand on sait que les métamorphoses peuvent changer la taille des Myrages alors que les Pyramides doivent être constitué de trois persos de tailles différentes (Grand, Moyen et Petit). Plus intéressant encore, vous pouvez dépenser des points dans le sphérier d'une évolution sans pour autant métamorphoser votre Myrage, vous offrant alors des circuits supplémentaires et personnalisés. Quand on sait que certaines cases du sphérier permettent d'y ajouter des compétences de notre choix, cela donne un bel avant-goût de la liberté offerte aux joueurs à ce niveau. Quoi qu'il arrive, le système est affreusement addictif et vous pouvez facilement passer des heures à améliorer vos Pyramides si vous le souhaitez.
Au-delà des routes
Mais tout ceci ne serait rien sans la liberté offerte par le système d'exploration quant aux combats à effectuer. Car il y a deux façons de jouer à World of Final Fantasy : suivre la route principale ou prendre quelques détours et rencontrer de puissantes créatures capables de vous tuer en un ou deux tours. Bien loin des J-RPG qui vous cantonnent à tuer ce que le scénario vous met sur le chemin, WoFF n'hésite pas à vous proposer au coin d'un passage secret un Myrage niveau 50 dans une zone niveau 25. Un système qui pousse les joueurs qui en veulent toujours plus à fouiller un peu les environs. D'ailleurs, Square Enix en est bien conscient puisque les secrets les mieux gardés sont cachés dans les « Journaux Occultes », écrits par les journalistes Biggs et Wedge, qui donnent des indices menant souvent à d'incroyables trésors et à des Myrages classieux. Ingénieux. Bien sûr, vous pouvez aussi vous contenter de suivre la voix classique, mais non seulement elle est moins intéressante, mais elle vous offre aussi beaucoup moins de bonnes surprises.
Puisque l'on parle d'éléments annexes, sachez que World of Final Fantasy en fourmille. Par exemple, le Salon de Thé vous permet de dépenser vos gemmes astrales pour récupérer les héros de la saga Final Fantasy en invocation. Squall, Lightning ou encore Tifa débarqueront alors en combat pour des attaques surpuissantes, chacun avec leur thème iconique pour encore plus de fan service. Mais le Salon de Thé permet surtout de vivre tout un tas d'aventures annexes dans lesquelles vous pourrez aider les personnages rencontrés dans le scénario une fois que vous les avez quitter. L'occasion de petites saynètes drôles et loufoques et de quelques combats supplémentaires qui sont souvent l'occasion de récupérer de nouveaux Myrages. Notez que ce qui se passe dans le Salon de Thé a une influence sur le monde réel, vous débloquant même d'autres Myrages. Autre chose, le Colisée propose une formule plutôt classique de combats en arène, une nouvelle occasion de gagner des objets et de capturer des Myrages encores inédits. Là encore, World of Final Fantasy propose quelques surprises avec des apparitions inattendues qui ont à nouveau un impact sur le reste de l'univers et sur les Myrages que vous pouvez rencontrer. Bref, rien n'est jamais anodin.
World of Final Fantasy propose aussi du versus en ligne dans lequel vous pouvez formez des Pyramides entièrement constituées de Myrages pour affronter ceux d'autres joueurs en ligne. Les niveaux des Myrages étant égalisés, ce sont les skills et les affinités élémentaires de vos créatures qui feront vraiment la différence. Les joueurs peuvent aussi s'échanger des Myrages en ligne, avec pour condition de ne pouvoir récupérer que des Myrages d'un niveau inférieur au niveau de Lann et Reynn. Celui qui donne un Myrage récupère heureusement un prismalithe de la créature en question pour en capturer un autre, ce qui évite les situations ou un joueur ne peut plus jamais avoir accès à un Myrage.
Pour conclure, notons que World of Final Fantasy propose à sa sortie les voix en anglais, obligeant à passer par la case DLC pour les voix en japonais. Si les doublages anglais sont de qualité, on regrettera quand même ce choix. Bref, on aurait bien aimé vous parler plus longtemps de World of Final Fantasy, d'autant que nous n'avons même pas pu aborder tous les points, comme les Mega Myrages par exemple. Peu importe, vous aurez compris que le titre de Square Enix est une franche réussite pour les fans de Final Fantasy et de J-RPG à l'ancienne qui recèle de surprises distribuées comme des petits bonbons.
Points forts
- La capture de monstre, addictive
- Le système de pyramide, bien plus complexe qu'il n'y paraît
- La permissivité dans l'évolution des Myrages
- Du fan service Final Fantasy comme vous n'en avez jamais vu
- Quelques beaux plans
- Les musiques, entre nouveautés et remixes
- Le Salon de Thé et les scènes supplémentaires
- Beaucoup de secrets pour ceux qui dévient des routes
- Excellente durée de vie (40h en ligne droite, le double en zig-zag)
Points faibles
- Doublage japonais en DLC
- Techniquement pas tip top
- Quelques cinématiques un peu lourdes
On ne pensait pas dire ça avant d'y jouer, mais World of Final Fantasy est sans doute un des meilleurs titres de ces dernières années pour les adorateurs de J-RPG, et encore plus pour les fans de Final Fantasy. En revisitant les univers des différents épisodes de la série avec humour et auto-dérision, le titre du studio TOSE pour Square Enix ne se prend jamais au sérieux et offre même quelques piqûres d'adrénaline. Mais le plus étonnant est de voir la maîtrise et la pertinence du système de capture et du système de pyramide, qui rendent le jeu affreusement addictif. Ajoutez à cela l'exploration qui récompense très clairement la curiosité, et vous avez un titre qui vous tiendra en haleine de nombreuses dizaines d'heures. Un petit bijou à vous procurer sans hésiter.