Fans de science-fiction et de combats stellaires, l’univers imaginé par CCP et exploité depuis lors n’a cessé de s’étoffer. Lancé en 2003, le MMOEVE Online continue d’attirer les foules depuis 13 ans et les nombreux spin off catapultés sur le marché ne cessent d’alimenter cette passion. Après DUST 514, un jeu de tir à la première personne de bonne facture, mais n’ayant su trouver son public, le studio situé à Reykjavik est revenu à ses premiers amours, à savoir les affrontements de vaisseaux spatiaux avec EVE Valkyrie (PC et PlayStation 4), un shooter profitant de l’avènement de la réalité virtuelle pour faire la part belle aux combats.
Précisons que désormais, EVE Valkyrie peut être joué sans casque VR en installant l'extension gratuite EVE Valkyrie : Warzone.
Un shooter multijoueur “scénarisé”
Franchise dense nourrie depuis une décennie par les créatifs et les fans, EVE ne peut se contenter d’un shooter lambda propulsant le joueur dans un cockpit sans aucune mise en situation et Valkyrie se plie à l’effort avec parcimonie. Ce spin off invite donc le joueur à incarner l’un des innombrables clones augmentés d’un pilote mort au combat et se remémorer divers souvenirs de batailles ayant opposé l’escadron Valkyrie mené par Rán Kavik et les forces belliqueuses de Fatal. Scénario prétexte tenant sur un timbre post introduit par quelques cinématiques de bonne facture, cette campagne solo fait avant tout office de tutoriel étoffé, histoire de s’acclimater aux commandes des vaisseaux mis à disposition à travers plusieurs modes allant de la simple formation au devoir de mémoire en passant par l’exploration et la survie ; chacune de ces missions apportant son lot de récompenses.
Mais la sève du shooter de CCP ne réside en rien dans une campagne solo pensée avant tout pour éduquer le pilote en devenir que vous êtes. Seul le multijoueur importe ici-bas et vous l’apprendrez à la dure en essuyant quelques plâtres et autres défaites face à des joueurs bien plus aguerris ou au vaisseau plus performant. Un panel de cartes aux environnements renouvelés et de nombreux modes de jeux allant du simple Team Deathmatch à la capture de points évitent l'écueil de la redondance en fournissant un multijoueur complet.
Des combats spatiaux intenses
Jeux à la première personne et simulations cloîtrées dans leur cockpit sont la raison d’être de la réalité virtuelle. La vue subjective se prête avec plaisir à l’exercice pour un résultat garantissant une immersion accrue.Une fois assis à la place du pilote et le casque VR vissé sur la tête, le monde qui vous entoure s’estompe et laisse place à l’immensité de l’espace et aux dogfights. Que ce soit en solo, en coopération face à une intelligence artificielle sachant répondre aux assauts, ou en multijoueur, EVE Valkyrie prend son envol une fois quitté le tube de lancement vous propulsant au milieu de la mêlée. Sentiment de vitesse, effets d’accélération et arrêts brusques après avoir sauté sur vos rétropropulseurs transposent à merveille cette liberté en vol et ce sentiment si grisant de contrôler à la perfection votre vaisseau.
Impacts sur la carlingue, bris de glace sur le pare-brise, explosions occultant votre champ de vision, missiles et autres projectiles fusant autour de vous… la fureur des affrontements remue les tripes sans pour autant provoquer un quelconque sentiment de gêne. Que ce soit par le pilotage et/ou la visée, cerveau, œil et mains s’accordent pour délivrer une expérience à l’intensité rarement égalée dans l’univers des shooters au point de regretter ce casque vous coupant du monde une fois celui-ci ôté. Devenu un As des As virtuel dans le petit monde fermé de EVE Valkyrie, le retour à la réalité pourrait s’avérer la manœuvre la plus délicate à entreprendre tant ce cockpit est si plaisant à occuper.
Extrait de gameplay de EVE Valkyrie
Le business de la guerre
Fidèle à la vision moderne des modes multijoueurs, EVE Valkyrie ne se contente pas de simples leaderboards pour traduire la progression du joueur, mais inclut tout un panel de mécaniques tirées des RPG. A force d’écumer les champs de bataille et de vous distinguer par vos faits d’armes, expérience et récompenses seront au rendez-vous. Monter de rang débloque de nouveaux vaisseaux et de nouvelles améliorations à même de faire la différence en combat. Mais ces nouveautés ont un coût. L’argent régit le monde et EVE Valkyrie ne fait pas exception à la règle. Combattre alimentera un pécule servant à améliorer votre vaisseau actuel ou à vous en procurer un nouveau répondant ainsi à une envie de changement ou un besoin tactique.
Linéaire dans son approche, les améliorations se résument à peau de chagrin. A titre d’exemple le Wraith ne dispose que de 3 augmentations pour accroître ses statistiques et ce schéma se duplique sur la majorité d’entre eux. Que ce soit les vaisseaux de combat, lourds ou de support, votre montée en puissance passera par l’achat. Et ce choix n’est pas anodin. Le type et le modèle de vaisseau définissent les armes et statistiques embarquées et donc votre manière d’appréhender une bataille. Tandis que certains auront la puissance et la maniabilité d’un tank, d’autres offriront la vitesse et les armes légères d’un chasseur, mais en définitive, tous seront nécessaires pour garantir la victoire. Sans équipe homogène, les forces ennemies ne feront qu’une bouchée des néophytes ayant osé les provoquer.
Malgré toutes ces bonnes intentions, un point en particulier vient ternir un tableau jusque-là idyllique. EVE Valkyrie est un titre premium vendu 59.99€ incluant en son sein un modèle économique inspiré des jeux Free to play et leurs achats intégrés. Argent et Or (Obligations) cadenassent une courbe de progression pouvant être corrompue avec une simple carte de crédit. 1.000 Or pour 4€. Un système de change pour convertir l’Or en Argent et des Implants multipliant les points d’expérience en échange de monnaie sonnante et trébuchante !!! Les joueurs y trouveront sûrement à redire et à raison bien que le titre soit plaisant à parcourir sans débourser ne serait-ce qu’un euro supplémentaire.
Éclat et immensité de l’espace
Réalité virtuelle ne rime qu’à de rares occasions avec prouesses visuelles. La PS4 ne peut tout simplement pas afficher les environnements et les personnages photoréalistes d’un Uncharted 4 : A Thief's End ou d'un The Order : 1886 avec sa puissance actuelle malgré le module externe dédié à la VR. Et pourtant, EVE Valkyrie s’en sort avec les honneurs. Voler à travers les armatures d’une station spatiale, survoler une planète similaire à la Terre, virevolter à travers un champ d’astéroïdes… la découverte de ces lieux atypiques aux commandes de votre vaisseau assure un dépaysement de chaque instant agrémenté par des effets de lumière à même de gommer la simplicité des décors et en particulier des modèles 3D.
Les effets pyrotechniques et autres particules explosent à l’écran et aguichent des yeux rivés sur leur cible. Les environnements défilent ainsi devant vous sans pouvoir y prêter véritablement attention à l’exception du mode solo “Explorateur”, une manière de souffler quelques minutes et de profiter du travail réalisé par les artistes de CCP. Sans jamais décrocher la mâchoire, EVE Valkyrie se fend d’une réalisation soignée… en réalité virtuelle. Tout simplement.
Bande annonce de EVE Valkyrie
Points forts
- Une campagne solo scénarisée...
- Une expérience grisante de vol en réalité virtuelle
- Des affrontements tactiques et explosifs
- Un multijoueur assurant une durée de vie conséquente
- De nombreuses options de personnalisation
Points faibles
- ... mais anecdotique prenant la forme d’un tutoriel étoffé
- Un mode économique mêlant premium (59.99€) et achats intégrés
EVE Valkyrie est sans conteste l’un des incontournables de la réalité virtuelle à l’heure où le PlayStation VR débarque sur un marché du jeu vidéo technophile par nature. Action constante et sensations de pilotage grisantes transportent les pilotes que nous sommes au coeur d’un conflit qui embrase les confins de la galaxie sans jamais causer le moindre malaise lié à la VR même après plusieurs heures de jeu. Malgré son modèle économique hybride combinant premium et achats intégrés et une campagne solo anecdotique prenant la forme d'un tutoriel scénarisé, l’aventure concoctée par CCP mérite le détour ne serait-ce que pour ses affrontements épiques en multijoueur dans le vide spatial.