L'année dernière, le monde virtuel du WRC avait connu un petit bouleversement puisque le développement de la série WRC avait été confisqué des mains de Milestone. Adieu Milan, et bonjour Paris, où officie le studio Kylotonn. L'équipe avait eu peu de temps pour créer un jeu, en reprenant le boulot à zéro. Forcément à l'époque, l'on avait été quelque peu indulgent avec WRC 5, qui était tout de même assez prometteur. Si en travaillant dans de telles conditions, le studio était parvenu à livrer un jeu amusant, il y avait fort à parier qu'avec plus de temps, et fort d'une première expérience convaincante, leur second effort serait des plus intéressants. On s'était un peu fourvoyé.
Si WRC 5 était faible techniquement, il compensait cet écueil grâce à de bonnes sensations de conduite. Plutôt typé arcade, le jeu reposait sur un moteur physique convaincant qui rendait le pilotage aussi intense qu'amusant. Avec un temps de développement plutôt court, les développeurs étaient parvenus à un résultat plutôt convaincant qui laissait présager un avenir plutôt souriant pour la licence WRC. Avec ce WRC 6, Kylotonn avait l'occasion de transformer l'essai. Mais malheureusement, sans être un ratage complet, WRC 6 passe à côté de l'occasion et peine à convaincre, donnant même la sensation de régresser, là où son aîné s'en sortait plutôt bien.
Attention les yeux
En lançant le jeu pour la première fois, on remarque assez rapidement, et avec bonheur, que la modélisation des différents véhicules du jeu est de très bonne facture. Sans avoir la finesse des productions AAA de ces derniers mois, le titre offre un premier visage plus qu’accueillant. La douche froide ne tarde pas puisque dès la première spéciale, on comprend que le reste du jeu n'est hélas pas à la hauteur des bolides qu'il met en scène. Le tearing est certes plus rare, mais il n'est pas absent et surtout il est accompagné d'un aliasing plutôt prononcé, assez désagréable dans les zones où la végétation est abondante. Certaines spéciales sont ternies par des effets de lumière assez ratés, qui paradoxalement ont tendance à assombrir l'image. Et que dire du brouillard, qui à plusieurs moments nous a donné l'impression de voir le jeu en négatif, tout en noir et blanc. C'est vraiment dommage, d'autant que certaines spéciales sont elles plutôt réussies. On pense ici à certaines spéciales du rallye de Monte Carlos, où le verglas reflétant la lumière du soleil et les feuilles rouges apportent une certaine chaleur à l'écran de jeu. De même, certains tracés passent à travers des villages ou de petits hameaux, apportant un peu de diversité visuelle, ce qui n'est jamais un mal dans un jeu de course. Mais quoiqu'il en soit, on ne retiendra pas ce WRC 6 pour ses graphismes, qui sont largement en dessous de ce que peut proposer une console de 8ème génération, dans notre cas une PlayStation 4.
Néanmoins, les joueurs amateurs de rallye ne sont pas dupes et savent qu'un jeu un peu vilain peut proposer d'excellentes sensations de pilotage. C'était notamment le cas de DiRT Rally, qui ne brillait certes pas par ses graphismes, mais s'est clairement installé comme le mètre étalon du genre. Et clairement, ce n'est pas avec WRC 6 que les choses vont changer.
La tentation du grand public ?
Nous le disions en introduction, WRC 5 offrait des sensations de pilotage plutôt plaisantes. Arcade certes,et donc éloignées de ce que recherchaient certains puristes, mais cohérentes. On n'imaginait pas perdre cela avec WRC 6... et pourtant. Malgré différents tests, il nous a paru que le pilotage du nouveau titre de Kylotonn était autrement plus accessible qu'auparavant. Première douloureuse constatation, les différentes ornières, nids de poule et autres bosses avaient assez peu d'impact sur le comportement du véhicule. Alors que nous avions pourtant placé toutes les options de conduite en « simulation », nous débarrassant ainsi des contrôles de stabilité et autres aides au freinage. Si l'on sent toujours plutôt bien les changements de surface, on constate trop souvent que certaines déformations de la route n'ont aucune influence sur la tenue de route. Ce qui est d'autant frustrant que sur un point en particulier, le jeu se montre plus exigeant que son ainé : les freinages sont plus intéressants que sur WRC 5 et demandent un sens de l'anticipation plus développé. Le frein à main se manie avec plus de subtilité et il est possible de réussir de très beaux virages, puisque les spéciales sont plutôt bien dessinées.
Cette frustration se change petit à petit en lassitude lorsque l'on constate qu'en sus, l'IA oppose assez peu de résistance. Au début de notre test, nous avions laissé le niveau de difficulté au stade intermédiaire, et avons un peu testé nos adversaires. Quand il s'est avéré qu'après de nombreux crash volontaires et un rythme de course peu soutenu, les adversaires n'étaient pas fichus de nous sortir du podium, nous avons augmenté le-dit niveau de difficulté, pour constater que cela changeait finalement peu de choses. Malgré de nombreuses sorties de piste, les autres concurrents auront eu bien du mal à s'imposer, et après quelques performances timides, il n'aura pas su résister à notre volonté de corriger le tir et de récupérer notre première place.
Ce manque de challenge se ressent également du côté de l'atelier, ou entre deux spéciales, vous aurez la possibilité de réparer votre bolide. Si la gestion des dégâts fonctionne plutôt bien, le timer limitant en temps normal la quantité de réparation possible est sans doute trop généreux et l'on se retrouve trop rarement en position de devoir faire un choix : faut-il miser sur les amortisseurs, ou plutôt changer les freins ? Voilà le genre de question que l'on ne se pose que trop rarement. Là encore, il faudra maltraiter la voiture plus que de raison, et l'on doute peu que les pilotes expérimentés finiront pas oublier complètement cette phase de réparation.
Le jeu officiel
À l'inverse d'un DiRT Rally, WRC 6 a la chance de pouvoir compter sur la licence officielle du championnat du monde de rallye. Ce qui signifie que les fans de WRC pourront retrouver toutes les équipes, toutes les voitures, et tous les pilotes de la saison en cours. Le jeu est bien à jour : le rallye de Chine fait son grand retour, tandis que du côté du pilote, tout est en règle. Par exemple, chez M-Sport World Rally Team, Mads Ostberg a bien remplacé Elfyn Evans, tandis que du côté de Hyundai, Kevin Abbring est bien présent.
En somme si vous êtes avant tout un fan de WRC, bonne nouvelle, le jeu est complet. Il vous donne également la possibilité de vivre votre propre Carrière, en débutant en J-WRC. Tout comme dans WRC 5, il faudra impressionner les autres écuries pour, éventuellement, obtenir une place en WRC 2, puis en WRC. Ce qui ne devrait pas poser trop de problèmes, puisque, comme nous l'avons dit, le jeu n'est pas vraiment difficile. On apprécie néanmoins l'introduction d'objectifs secondaires qui vous sont imposés par votre écurie... mais pour ne pas réussir haut la main, il faudra y mettre beaucoup de mauvaise volonté.
Notez que si l'IA n'est pas bien méchante, le jeu a tout de même le bon goût de proposer un mode multijoueur plutôt complet, en local comme en online. En local, vous aurez cette année la possibilité de jouer en écran scindé, un fait rare de nos jours, et l'on ne peut que saluer cette initiative. Le jeu offrant tout de même de bonnes sensations de vitesse, vous ne devriez pas avoir trop de mal à convaincre un ami de venir vous défier. De quoi alimenter quelques soirées entre copains.
Les images présentes dans ce test sont issues de la version PlayStation 4 du jeu.
Points forts
- Toutes les licences officielles
- Le rallye de Chine, bien présent
- De nombreuses spéciales
- Une bonne impression de vitesse
- Le multijoueur en écran scindé
Points faibles
- On se sent rarement chahuté
- Vraiment laid
- Tearing, aliasing...
- Une distance d'affichage faiblarde
- Peu de challenge
Quelle déception ! WRC 5 n'était pas exempt de tout défaut mais il nous avait laissés croire que l'avenir serait plus fleuri. Il n'en est rien. Non content d'être aussi peu agréable à l'oeil que son prédécesseur, WRC 6 réussit l'exploit d'être moins amusant, manette en mains. S'il y a peut-être là la volonté de séduire un public moins expérimenté, ce qui se reflète également dans le manque de challenge opposé par l'IA, on ne pourra en vouloir aux fans les plus pointus de ne porter que peu d'attention à ce nouveau WRC qui n'a pas grand-chose à offrir de plus que ses licences, et une bonne impression de vitesse.