Sorti il y a un an et demi déjà, l'excellent Mount & Blade a su fédérer une importante communauté de fans, tombés sous le charme du bac à sable médiéval de TaleWorlds Entertainment. La simple évocation du titre du jeu renvoie à la profession de foi de ces petits studios sans gros moyens, qui couvent leurs projets avec un mélange de rigueur et de passion propre à la scène indépendante. Mount & Blade revient aujourd'hui menacer vos nuits de sommeil avec une extension stand-alone, Warband, destinée à prolonger l'expérience originale. Au programme : un rendu visuel amélioré, une campagne solo étoffée et l'apparition d'un mode multijoueur permettant de se frotter à d'autres belligérants.
Une version console qui fait le strict minimum
Paru il y a déjà 6 ans, Mount & Blade : Warband offrait aux joueurs PC de quoi vivre de formidables aventures médiévales, entre joutes à la troisième personne et gestion sandbox vue du haut. Mais sa communauté fidèle et grandissante méritait d’ouvrir ses portes aux joueurs consoles et ce malgré, les difficultés que cela pouvait impliquer. En effet, à la vue des menus chaotiques pensés pour le PC, il y avait de quoi se faire du souci. Véritable révision générale des interfaces ou simple intégration forcée des contrôles à la manette ? Malheureusement, dès le lancement, la réponse est très claire, c’est la seconde option qui a été privilégiée.
Commençons donc par le point qui déçoit, le côté sombre de cette version Xbox One / PS4 de Warband : la navigation chaotique. L’ensemble des menus a été conservé tel quel et, comme nous l’avons vu précédemment, ils ne sont pas vraiment adaptés aux manettes. De fait, certaines opérations telles que la revente d’objets aux marchands sont bien plus longues qu’elles ne devraient l’être. Pire encore, dans certains menus (notamment l’onglet Notes), l’utilisation de la souris a été conservée, le joystick gauche de la manette nous permettant de déplacer le curseur. Quant à la carte du monde, les développeurs ont fait le choix logique d’intégrer un gros curseur afin de guider notre troupe. En somme seuls de petits ajustements ont été réalisés, c’est un peu juste.
Même si cela vient évidemment gâcher un peu le plaisir de jeu, il faut tout de même souligner que les mécaniques de jeu sont similaires à celles proposées dans la version PC de Mount & Blade. Les amateurs de cette série signée TalesWorld le savent, c’est bien le gameplay qui fait la force du titre. Par conséquent, vous prendrez toujours autant de plaisir à recruter des troupes, prêter serment à une faction, assiéger des châteaux et au bout du compte, façonner votre empire. Mais cela passe évidemment par les combats, seconde composante essentielle de ce jeu si particulier.
Les batailles de Mount & Blade n’ont jamais été d’une maniabilité exemplaire et ce portage ne change pas radicalement la donne. Lorsque vous passez de la carte du monde à un combat à la troisième (ou même première) personne, c’est désormais avec la manette que vous pouvez orienter les coups d’épée de votre héros. Il vous faut donc incliner votre stick droit en fonction de l’angle d’attaque vous souhaitez obtenir, chose qui s’avère un poil moins intuitive qu’avec une souris, même s’il faut avouer que la différence est minime. Il est, en revanche, bien plus complexe de donner des ordres à votre unités, fonctionnalité cruciale pour tout bon joueur qui se respecte. C’est ici le D-Pad qui remplace les touches Fx du PC, offrant une moins bonne réactivité.
Passons enfin en revue l’aspect graphique qui reste, à l’œil, identique à celui proposé sur ordinateurs. Le moteur avait déjà 10 ans de retard en 2010, il en a aujourd’hui 16, tant pis. On ne joue évidemment pas à Mount & Blade pour cela et puisqu’il s’agit d’un portage annoncé tel quel (il n’est évidemment pas question de remaster ici), il n’y a rien étonnant à retrouver ce moteur daté. Au rayon des fausses surprises, nous pouvons également regretter l’absence des mods qui nous offrent tant d’univers alternatifs passionnants.
En définitive, cette version console de Mount & Blade : Warband fait le minimum syndical pour permettre aux possesseurs de PS4 ou de Xbox One de profiter d’un excellent titre. Toujours à la ramasse techniquement, un peu plus chaotique dans sa navigation et sa maniabilité, mais toujours aussi agréable à parcourir. Même si le titre de TalesWorld reste plus jouable sur PC, vous prendrez (presque) autant de plaisir à organiser des sièges en ligne ou à passer du statut de simple prolétaire à celui de riche seigneur de ce monde. Pour les nouveaux venus, foncez, mais attention à l'addiction !
Mount & Blade : Warband - Huit minutes de jeu sur Xbox One
Alors que nous le comparions audacieusement à Sid Meier 's Pirates!, Elite et Defender of the Crown à l'occasion de son test, nous étions loin de présager que la renommée croissante de Mount & Blade (qui à défaut de publicité, bénéficie d'un excellent bouche à oreille) égalerait un jour celle de ses illustres prédécesseurs. Le titre de TaleWorlds n'est certes pas dénué de défauts, mais il a l'avantage de pouvoir compter depuis longtemps sur un atout de taille : le modding. L'aspect visuel est un peu en retrait pour le joueur exigeant que vous êtes ? Un mod comme Graphical Enhancement peut y remédier. Les batailles n'opposent pas suffisamment de protagonistes à votre goût ? Le Battle Size Changer est susceptible de corriger cela. Vous avez l'impression de tourner en rond au bout d'un moment ? Là encore, il existe une pléïade de variantes souvent bien fichues qui transposent pour certaines l'action dans des univers très différents. Le revers de la médaille, c'est qu'on pourrait se dire que Warband, le premier prolongement officiel de Mount & Blade, ne fait qu'intégrer à sa façon la plupart des améliorations conçues par la communauté. Mais ce serait être sévère, car cette extension va bien au-delà : de nombreux petits détails lui permettent de transcender sur tous les points le jeu d'origine, sans parler de l'arrivée d'une option multijoueur sacrément réjouissante.
Nous commencerons par rappeler brièvement le principe de Mount & Blade, sachant que nous nous limiterons pour l'essentiel dans cet article à traiter des nouveautés apportées par Warband, et que nous invitons par conséquent les lecteurs néophytes à se reporter en priorité au test du jeu de base, où ils trouveront de plus amples détails sur son gameplay riche et solide. Mount & Blade est un jeu de type sandbox se déroulant dans un univers médiéval réaliste. Il vous permet d'incarner un leader ambitieux, que vous créez et faites évoluer à la manière d'un personnage de jeu de rôle. Vous pouvez recruter des combattants, partir à la chasse aux brigands, prendre part à des tournois, prêter allégeance à un royaume, piller des villages ennemis, assaillir des forteresses, etc. Le jeu adopte des déplacements en simili temps réel sur une carte tactique, pour mieux vous plonger dès que l'occasion se présente dans des batailles impressionnantes de réalisme où vous bénéficiez alors d'une vue à la 3ème personne. Vous pouvez vous battre à pied ou charger à dos de monture, manier différents types d'armes, passer des ordres à vos groupes d'unités... L'une des particularités de Mount & Blade, c'est qu'il n'intègre aucun scénario ni aucune quête principale, et ne vous assigne aucun objectif en début de partie : c'est à vous de vous fixer votre propre but. C'est d'ailleurs ce qui a pu gêner un certain nombre de joueurs, rebutés par la difficulté à « rentrer dedans ». Cet aspect abrupt ne s'est hélas guère amélioré dans Warband, qui propose un nouveau tutorial sans doute plus agréable à parcourir, mais tout aussi limité dans la mesure où il n'aborde une fois de plus que le b.a.-ba du combat et de la monte.
En dépit d'une légère scénarisation en début de partie (consécutive au choix de votre région d'origine), le premier contact fera une fois encore le tri entre les joueurs motivés par la découverte des fonctionnalités du jeu et ceux qui s'arrêteront au rendu visuel quelque peu désuet. Les graphismes ont tout de même été nettement retouchés sur le plan technique. Pour commencer, le titre gère désormais le HDR, qui permet d'affiner les contours et d'augmenter les contrastes. Les modèles de personnages ont été sensiblement retravaillés. Ils sont moins anguleux et jouissent surtout d'une animation bien plus convaincante ; les mouvements sont mieux décomposés et moins rigides. On apprécie de surcroît que ces améliorations techniques servent la jouabilité : les cavaliers adoptent des postures plus réalistes lors des combats montés et bénéficient d'une souplesse accrue puisqu'ils peuvent désormais réorienter une frappe déjà chargée. Résultat : vous avez l'impression de diriger indépendamment votre combattant et sa monture (qui dispose à présent de sa propre jauge de vie), ce qui n'était pas vraiment le cas dans le jeu de base. De manière générale, le maniement des armes a été revu, tout comme la gestion du bouclier (qui peut dorénavant vous protéger même en étant fiché dans votre dos). De nouvelles armes font leur apparition, dont certaines, hybrides, peuvent être utilisées à distance ou en combat rapproché. Vous gagnez aussi la possibilité de ramasser les projectiles tombés à terre, ou encore de donner un coup de pied pour déstabiliser un adversaire au corps-à-corps ! Autant d'ajouts plaisants qui procurent un plaisir accru durant les phases de batailles, pouvant impliquer (nativement) jusqu'à 150 protagonistes.
Le versant stratégique de Mount & Blade : Warband bénéficie lui aussi de son lot d'améliorations et de fonctionnalités supplémentaires. La campagne solo intègre d'abord une sixième faction : le sultanat Sarranide, dont les soldats évoquent les Maures médiévaux. Leurs cavaliers mamelouks sont faiblement protégés mais rapides et puissants (leurs falchions disposent d'une bonne allonge). Pour accueillir cette nouvelle faction et la zone désertique dont elle est originaire, la carte du monde a été agrandie, refondue et embellie au passage. On y retrouve peu ou prou les mêmes villages, villes et châteaux que dans le jeu d'origine, mais la topographie a été complètement modifiée. Autre nouveauté : en pistant des brigands sur la carte tactique ou en acceptant une quête dédiée, il est possible de dénicher des repaires malfamés, à nettoyer avec une petite sélection de votre armée vu que l'action se déroule dans un défilé boisé. Soit dit en passant, il vous faut désormais veiller au moral de vos troupes si vous ne voulez pas qu'elles fuient le champ de bataille au moindre soldat tombé. Au-delà des nouvelles quêtes, les interactions possibles sont plus nombreuses et plus variées. Vos héros ont parfois une histoire à raconter, en relation avec certains lieux ralliés ; ils se querellent aussi beaucoup plus souvent. Les relations politiques entre les seigneurs sont plus complexes ; leurs luttes de pouvoir vous procurent de nouveaux dialogues et de nouvelles options tactiques. Il vous est désormais possible de séduire une dame et de vous marier, sachant que son promis risque de vous provoquer en duel. Mais l'apport le plus notable, c'est sans doute la possibilité de devenir soi-même roi, une option jusque-là proposée sous forme de mods et dont on regrettait l'absence lors du test du jeu de base. Il faudra pour cela faire preuve de votre capacité à régner. Vous pourrez alors recruter des seigneurs pour en faire vos vassaux, leur donner des terres, etc.
Le gameplay de Mount & Blade : Warband regorge donc de subtilités à découvrir petit à petit. Cette extension ajoute également une option destinée à configurer soi-même des escarmouches. Mais la grande nouveauté, c'est l'apparition d'un mode multijoueur qui vous permet d'affronter d'autres joueurs en ligne à travers des parties de plusieurs types. Les classiques modes Deathmatch, Team Deathmatch, Capture de Drapeau et Conquête sont, il est vrai, de peu d'intérêt, mais il en est tout autrement des modes Siège et Bataille. Les parties de type Siège sont l'occasion de mesurer les nouveautés apportées par Warband en matière de prise de fort (les brèches multiples, les portes destructibles...), mais aussi de mesurer l'importance d'une organisation digne de ce nom pour prendre l'avantage, que vous soyez assaillant ou défenseur. Quant au mode Bataille, qui oppose deux armées adverses sur des maps particulièrement bien étudiées, sans respawn possible avant la fin du round, il représente un peu le Saint-Graal pour peu que vous jouiez sur un serveur accueillant 100 belligérants (ou plus) avec friendly fire complet. Les affrontements prennent alors une tournure épique et spectaculaire, souvent plus chaotique que tactique, ce qui n'empêche pas les joueurs de veiller au sort de leur personnage dans le tumulte de la bataille. Notez enfin que chaque mode de jeu vous permet d'upgrader l'équipement de votre combattant au fur et à mesure de vos exploits, sans que cela déséquilibre pour autant les parties. Le multijoueur se montre donc aussi fun que complet, même si d'aucuns regretteront qu'il se résume à une action éphémère et déconnectée de toute campagne, à laquelle il reste impossible de prendre part à plusieurs.
Au rayon des regrets, on déplorera l'interface non retouchée (on pense à l'inventaire) et la musique qui ne se renouvelle pas assez, et au rayon des reproches cette fois, un certain manque de finition : les bugs sont nombreux (mais les patchs fréquents, signe de la réactivité de TaleWorlds) et la traduction française partielle et perfectible. Mais ce ne sont somme toute que des détails en regard du plaisir monstrueux procuré par Mount & Blade : Warband, dont le seul véritable défaut est de rendre le jeu d'origine obsolète à moins de ne pas courir après le multi.
(test original par PixelPirate)
Points forts
- Un concept toujours aussi passionnant et addictif
- Des combats palpitants
- Un mode multijoueur de qualité
- Des mécaniques profondes et améliorées
- Une durée de vie potentiellement infinie
- Des effets sonores renforçant l'immersion
Points faibles
- Visuellement très daté
- La bande-son vite redondante
Mount & Blade n’a pas attendu Warband pour être un grand jeu, mais une chose est sûre : avec cette extension stand-alone très réussie, il devrait marquer durablement les esprits. Finalement, peu importent les améliorations d’un rendu visuel dont beaucoup de joueurs avaient réussi à s’accommoder. Mais les nombreux petits ajouts dont s’enrichit le gameplay (l’arrivée d’une nouvelle faction, la possibilité de courtiser une dame ou de prétendre au trône...) renouvellent suffisamment l’expérience en attendant l’arrivée des premiers gros mods. Qui plus est, l’option multijoueur, tout aussi classique soit-elle, est une vraie bonne surprise car elle se révèle particulièrement accrocheuse. Il faut avoir vécu des batailles épiques opposant des dizaines de joueurs pour le comprendre. Pour moins de 30 euros, c’est donc la promesse de nombreuses heures de plaisir, sans compter celui – non négligeable – de soutenir un petit studio indépendant qui le mérite.