Le post-apo à le vent en poupe dans le milieu du jeu vidéo. Même si ce terme vous fait certainement penser à la série Fallout qui a su l'exploiter avec brio pour en faire l'un de ses principaux atouts, d'autres titres tels Wasteland, Metro 2033 ou encore The Last of Us y ont déjà eu recours. Ce qui est plus rare en revanche, c'est voir un studio japonais et notamment Keiji Inafune s'y intéresser. ReCore a donc déjà ce petit quelque chose de différent qui attire. Quel traitement les équipes de Comcept (initiateur du projet) et Armature ont-elles reservé à cette ambiance si particulière ? Fort de quelques trailers alléchants, mais également d'une compatibilité PC grâce au Xbox Play Anywhere, le TPS produit par Inafune intrigue. Mais une fois le petit jeu de la communication mis de côté et le disque inséré dans la console, le résultat peut parfois surprendre...
Des affrontement nerveux et colorés
Alors que le sable soulevé par une tempête retombe à peine sur les dunes d'un monde en ruines, Joule Adams se présente à nous. Forte et indépendante, notre héroïne vous fait vite comprendre quelles sont ses facultés à l'occasion d'une première rencontre avec des insectes robotiques. Elle est capable de dégainer son fusil mitrailleur vitesse grand V et même de "locker" ennemis. Les amateurs de Metroid Prime (développé par certaines des personnes opérant sur ReCore) retrouveront leurs sensations : on cible avec un ennemi avec la gâchette gauche avant de tirer avec celle de droite. Simple comme bonjour, mais efficace, le système de tir est tout de même renforcé par un coup chargeable plus puissant et activable avec la gachette supérieure droite. À la manière de Megaman, notre protagoniste possède elle aussi quelques capacités de déplacement propres à rendre les affrontements plus dynamiques. Il vous est ainsi possible d'effectuer un double saut ou d'utiliser vos chaussures à réacteurs pour voler quelques secondes dans une direction – bref, tout l’arsenal nécessaire pour parcourir les nombreuses phases de plateformes que nous réserve le titre.
Pour rendre le tout légèrement plus complexe, les développeurs ont choisi de classer les créatures hostiles par couleur. Blanc, rouge, bleu, jaune, chaque monstre infligera des dégâts d’un certain type et sera plus sensible aux attaques du même type. Si vous croisez une araignée mécanique rouge, il suffira donc d’équiper votre canon de la même couleur pour infliger des dégâts supplémentaires - tout l’inverse de Pokémon donc. Au rayon des petites bêtes de compagnie justement, comme vous avez pu le voir sur les divers visuels du jeu, Joule est accompagnée par Mack, sont fidèle chien de compagnie qu’elle peut envoyer à l’assaut d’une pression sur le bouton Y de la manette. Cela nous donne donc un saut, un dash, un tir principal, un tir chargeable et un burst fourni par notre compagnon – rien de très complexe, mais le tout rend les combats bien nerveux. Notez cependant que la difficulté est un poil relevée. Vous risquez ainsi de vous faire sévèrement rosser par une bande d’Orbots dans le coin d’un donjon de temps en temps, sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Un point que certains considèreront comme un défi supplémentaire et d’autres, comme un raté du gameplay. Notons également que la difficulté est répartie de manière assez inégale, certaines zones sont dignes du Die & Retry et d’autres trop faciles à parcourir.
Parcours d'un donjon du début de l'aventure
C’est donc équipée de ces armes que notre baroudeuse arpente un monde ouvert désertique dépourvu de toute vie humaine. Vous y rencontrerez en revanche des tas d’Orbots hostiles, qu’il faudra abattre par dizaines pour accomplir les divers objectifs de quête. Il faut avouer que le tout devient malheureusement répétitif au bout de quelques heures, même si les développeurs ont tenté d’ajouter quelques mécaniques supplémentaires. Par exemple, les créatures mécaniques fonctionnent grâce à l’énergie fournie par des orbes que Joule se fera un plaisir de dérober grâce à son extracteur. Avec ces perles en poche, notre héroïne pourra s’installer à l’établi de l’Exploreur, son abri, pour améliorer les différentes statistiques de son ami Mack (ou des deux autres compagnons qui vous rejoindront plus tard). Intéressant, mais clairement dispensable, le craft reste une option sympathique pour améliorer légèrement votre efficacité en combat.
Un univers plein de promesses, mais une narration décevante
Notre histoire commence sur Alter-Eden, une planète censée sauver les êtres humains et leurs fidèles robots de leur disparition due au manque de ressources sur Terre. Nous nous retrouvons dans un monde vide de toute présence humaine, tandis que les Orbots sont devenus agressifs. Alors que notre chère Joule poursuit sa recherche de pièces détachées, un signal étranger des plus mystérieux se fait entendre... Combat après combat, elle se retrouve plongée dans une caverne lugubre abritant une araignée redoutable duquel elle parvient à extraire un orbe aux reflets comparables à ceux du diamant. Pourvu d’une énergie incroyable, cet artefact entrouvre de grandes portes à notre héroïne à la recherche de réponses concernant la disparition des humains. Rebondissement "improbable", notre père fait alors son apparition sur l’écran de l’Exploreur dans un vieux log vidéo tourné de nombreuses années avant le décollage des humains pour Alter-Eden. Il tient alors dans sa main ce qu’il appelle un orbe prismatique, une sphère en tout point semblable à celle que nous venons de découvrir…
C’est donc là l’élément déclencheur, l’indice que Joule attendait pour avancer et qui la poussera à explorer les nombreux donjons disséminés ici et là sur la carte. Au fur et à mesure de notre avancée se dessine un scénario plutôt basique, mais rendu intéressant par la toile de fond post-apocalyptique. Puisant clairement dans cette peur de la fin du monde si souvent utilisée dans les œuvres de fiction occidentales, ReCore parvient à installer une ambiance glauque bien contrebalancée par le caractère déterminé de Joule. C’est certainement l’une des plus grandes réussites des développeurs : l’univers, malgré sa relative tristesse, reste agréable à parcourir. Le sentiment de solitude que l’on aurait pu craindre en voyant de telles étendues désertiques ne fait pas son apparition. Notons au passage le très bon travail effectué sur la bande-son qui nous accompagne tout au long du jeu avec brio.
Une attention toute particulière semble donc avoir été portée à la direction artistique du titre. Joule possède un certain charisme, tandis que les créatures qu’elle affronte possèdent un style qui n’est pas sans rappeler ce que compte nous proposer Miyamoto dans Zelda : Breath of the Wild. Vous l’aurez compris, nous validons complètement le design général du titre.
Mais revenons-en à notre scénario. Passé le côté post-apo bien exploité pour poser les bases de l’univers, les événements qui viendront ponctuer le récit sont, eux, plus décevants. Souvent prévisible et parfois même clichée, la narration n’est pas parfaitement maîtrisée, à l’image d’un twist de fin qui déçoit par son manque d’inspiration. Evidemment, étant donné la durée de vie plutôt courte du titre (entre 6 et 10 heures en fonction de votre capacité à rusher), cette conclusion est plus facile à avaler que pour une fresque épique de 40 heures. Une fresque épique de 40 heures, c’est justement ce à quoi l’on pouvait s’attendre en voyant les premiers trailers alléchants dévoilés durant les conférences Microsoft. Mais ne vous y trompez pas, même si ReCore a été présenté aux côtés de quelques grands noms, il ne s’agit pas d’un titre majeur. Vendu 39,99 euros en magasin, il ne boxe clairement pas dans la catégorie des AAA, même s’il faut avouer que certains de ses atouts pourraient faire penser le contraire.
Rencontre avec Brise-Crâne, un boss de donjon
Jouez-y sur PC !
Avant d’aborder le point technique, offrons-nous une petite remise en contexte. ReCore a été annoncé pour la première lors de l’E3 2015 en tant qu’exclusivité Xbox One. Microsoft essayant de pousser toujours plus l’unification du PC et de sa console fétiche, une version PC a finalement été annoncée six mois plus tard. Nous pouvions donc nous attendre à ce que cette dernière soit développée à la va-vite et mal optimisée, comme ce fut le cas avec Quantum Break par exemple. Point du tout. Avec ReCore, c’est le monde à l’envers.
Nous avons testé principalement la version Xbox One et quelle mauvaise surprise. Dès le lancement de l’aventure, une première cinématique nous laisse songeur. Textures extrêmement floues, petite latence entre les changements de plans et aliasing prononcé, il y a mieux pour plonger dans un monde post-apocalyptique. Mais tout cela n’est qu’annonciateur d’un mal plus profond : la version console est globalement très mal optimisée. Les problèmes de textures sont courants, du clipping et des baisses de framerate viennent régulièrement surprendre nos yeux et surtout, les temps de chargements sont effroyablement longs. Entre une et deux minutes entre chaque mort (chrono en main), c’est beaucoup trop pour un jeu à la difficulté relevée. Cela ruine en partie l’immersion apportée par le beau travail sur le design général du jeu, quel dommage !
Etonnamment, la version PC annoncée après est bien mieux optimisée. Même si nous n’échappons à quelques soucis d’aliasing, les gros problèmes évoqués plus tôt ne sont plus au programme. Cela nous offre donc la possibilité de profiter des graphismes plus que corrects de ReCore et d’apprécier le travail artistique à sa juste valeur. Pour les plus exigeants d’entre vous, sachez que toutes les options graphiques traditionnelles sont bien présentes dans le menu dédié. Vous l’aurez donc compris, si vous avez le choix, lancez le jeu sur votre ordinateur plutôt que sur Xbox One. Ce ne sera de toute façon pas un problème puisque Microsoft a opté pour le cross-buy, une fois que vous avez acheté le jeu, il vous est possible d'y jouer sur PC (Windows 10) et Xbox avec la même clé.
Points forts
- Des combats nerveux
- Une excellente direction artistique
- De solides bases pour le scénario et l’univers
- Un monde ouvert agréable à parcourir
- Une jolie bande-son
Points faibles
- Un gameplay vite répétitif
- Quelques faiblesses de narration
- L’optimisation catastrophique sur Xbox One
- Une difficulté inégale
ReCore est un titre solide, qui aurait pu être très bon s’il n’était pas aussi inconstant. Nous avons d’un côté une direction artistique très réussie, un gameplay bien calibré et de l’autre quelques soucis de narration et une aventure qui s’avère vite répétitive. La difficulté relevée et quelque peu inégale risque également d’en frustrer plus, mais si vous êtes amateur de défi et que l’univers vous séduit, les 40 petits euros que coûtent le jeu représentent certainement un bon investissement... si vous pouvez y jouer sur PC. Parcourir les dunes d’Alter Eden en compagnie de Joule et Mack reste une belle expérience sur ordinateur, mais pour l’heure, nous vous déconseillons la version Xbox One qui souffre de gros problèmes d’optimisation.