Sur la bonne voie depuis l'épisode 2015, PES s'est refait une santé depuis son passage à la nouvelle génération et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Pour son nouvel opus, Konami a livré son combat sur deux fronts, multipliant les partenariats avec des clubs d'un côté tout en mettant en avant les nouvelles mécaniques de jeux de sa simulation de football de l'autre. La mauvaise nouvelle ? Cette tactique n'aura porté ses fruits qu'à moitié. Mais la bonne, c'est que la moitié concernée est la plus importante du jeu.
Ha, l'Automne. Les feuilles tombent, la Champion's League reprend ses droits, Cavani allume des stadiers... Mais l'Automne, c'est aussi LA période la plus riche en jeux pour notre secteur favori, qui profite encore une fois de la transition entre septembre et octobre pour s'offrir son duel annuel entre PES et FIFA. Encore une fois ? Perdu ! PES 2017 ouvre le bal deux semaines avant son concurrent direct, snobant même la beauté de l'automne pour s'offrir un lancement en toute fin d'été. Une saison chaude qui a visiblement inspiré l'équipe de développement, occupée depuis de longs mois à nouer des partenariats de prestige avec les championnats sud-américains ou encore le FC Barcelone (Liverpool et Dortmund aussi, certes).
Licences poids plumes
Trêve de plaisanteries, commençons justement avec le point noir de la franchise : les licences. Loin de son concurrent direct à ce niveau, la simulation de Konami peut toutefois s'appuyer cette année sur quelques partenariats de prestige avec les clubs évoqués ci-dessus, le Camp Nou étant même exclusif à PES 2017. Concrètement, ces partenariats vous permettent de retrouver certains stades officiels, mais aussi et surtout une modélisation plus complète des effectifs, la présence des chants des clubs concernés ainsi qu'une caractérisation plus réaliste de leur style de jeu. On notera également que la présence des licences officielles de la Champion's League et l'Europe League garantit toujours une immersion soignée pour quiconque s'essayera au pendant virtuel de ces compétitions. Entendre le doux son de l'hymne officiel in-game et voir son équipe progresser dans des menus bénéficiant de l'affichage officiel de la compétition produit toujours son petit effet.
Sur tout le reste, PES s'avère malheureusement encore plus limité qu'avant. La présence des championnats chiliens, argentins et brésiliens ne peut compenser la disparition d'équipes sous licence : en Espagne et Angleterre, seuls l'Atletico de Madrid, le FC Barcelone et Arsenal bénéficient d'une licence complète tandis qu'en Italie, la Juventus et Sassuolo se voient affublés de nouveaux noms, blasons et kits. Pire, l'absence du championnat allemand - uniquement représenté dans la section des autres équipes par Dortmund, Schalke 04 ou encore Leverkusen – et surtout du Bayern de Munich devrait en faire pester plus d'un. On notera tout de même que la France est bien lotie avec les licences officielles de ligue 1 et ligue 2. Les moins farouches d’entre vous connaissent la combine et sont déjà prêts à dégainer les patches non officiels, tandis qu'une majorité du grand public se creusera les méninges pour deviner qui se cache derrière les sobriquets « MD White » ou « PM Black White ». On mettra tout ceci sur le compte du charme typique de la série, mais le virage stratégique opéré par Konami avec la conclusion de nombreux partenariats apparaît ici davantage comme un choix par défaut d'un studio confronté à l'appétit d'ogre - et aux moyens qui vont avec - de son concurrent.
En attente du serveur
En dehors de quelques peaufinages, les modes de jeux et compétitions proposés restent quant à eux proches de ceux de l'an dernier. La ligue des masters et les compétitions proposées pâtissent surtout - là aussi - de l'absence d'équipes sous licence, bien que la première citée gagne progressivement en profondeur et intérêt depuis quelques années. Accessible, mais complète, elle s'offre surtout quelques légères nouveautés tout en se posant progressivement comme un concurrent plutôt sérieux au mode carrière de FIFA, les petites saynètes et la gestion prononcée des styles de joueurs en plus, mais avec un réalisme encore un poil moins présent. En revanche, il nous sera difficile de vous parler des modes de jeux en ligne puisqu'à l'heure d'écrire ces lignes, les serveurs de Konami n'étaient pas encore lancés. Autant en profiter pour glisser une petite note concernant les effectifs : s'ils devraient être mis à jour lors du lancement des serveurs, ils sont actuellement dans le même état qu'à la fin de la saison écoulée, aucun des transferts de cet été n'ayant été effectué sur la version physique du jeu. Bref, si vous comptez avoir des effectifs un minimum à jour, il faudra donc impérativement passer par la case connexion.
Le retour de l'ère PES ? (bis)
Séchez vos larmes, il est l'heure de s'attaquer à la partie essentielle de tout jeu de foot qui se respecte : le gameplay. Ça tombe bien, PES 2017 brille sur ce point puisqu'il a trouvé cette année ce qui fait la force d'un jeu de sport réussi : du plaisir immédiat, une courbe de progression bien pensée pour passer de jeune freluquet du ballon rond à vétéran confirmé des joutes en ligne, ainsi qu'un équilibre idéal entre attaque et défense. Il s'appuie notamment sur une défense adverse en net progrès, portée par des gardiens enfin à un niveau digne de ce nom. Ceux-ci bénéficient au passage d'animations au poil lors de leurs envolées qui n'avaient jamais paru aussi crédibles, y compris du côté de la concurrence où subsistent encore quelques loupés à ce sujet. Les joueurs de champ s'avèrent également mieux organisés pour contrer vos attaques, gommant de fait certaines tactiques qui faisaient trop souvent mouche, telles que les passes lobées en profondeur. La fameuse Adaptive AI évoquée par Konami est subtile, mais bien tangible sur des parties plus longues, l'équipe adverse étant capable d'anticiper vos mouvements favoris à mesure que vous les répétez.
Votre salut passera donc, vous l'aurez compris, par une meilleure maîtrise de la palette à votre disposition, allant du déclenchement manuel des appels en profondeur au plus classique une-deux. Sur ce point, PES conserve donc sa philosophie consistant à offrir davantage d'outils de contrôle de l'équipe qu'une IA alliée de bonne facture. La construction des actions nécessite encore plus de soin qu'avant du fait d'un rythme global ralenti. On peut d'ailleurs compter sur l'intégration des consignes d'équipe en match et la présence de différentes philosophies de jeux (le tiki-taka à la barcelonaise ou la défense façon Atlético sont par exemple assez bien retranscrits dans le jeu) pour gonfler encore la dimension tactique du soft. Les équipes bénéficiant directement du partenariat disposent d'ailleurs d'un style de jeu proche de leurs homologues réels, exception faite de la défense du Borussia Dortmund qui nous a paru incroyablement facile à transpercer.
« Elle me contrôle... »
L'élément moteur de cette prise en main plus agréable que jamais de PES, ce sont aussi ces contacts bien sentis, qu'ils concernent le ballon ou les joueurs. En effet, maîtriser les contrôles orientés s'avère plus nécessaire que jamais face à une défense mieux organisée, qui n'hésite pas à se montrer agressive au pressing. Quant aux contacts entre joueurs, ils favorisent volontiers les défenseurs en bloquant - légèrement – le possesseur du cuir lors d'une perte de balle. Frustrante dans un premier temps, cette donnée rééquilibre finalement les débats et évite toute injustice liée aux toujours très désagréables contres favorables. En revanche, l'arbitre est avare sur les coups de sifflets, d'autant plus lors des contacts « naturels » entre joueurs, c'est-à-dire non provoqués par le déclenchement de la touche de tacle. Autres points noirs, les centres et les frappes souffrent d'une puissance bien trop prononcée qui tranche avec le rythme posé des phases de construction : la solidité de la défense et du gardien adverse permettent toutefois d'éviter de transformer ces deux atouts en recours systématique pour aller planter un but.
Un moteur qui tient bien le ralenti
On accordera également un bon point à son moteur plutôt convaincant, enfin mis en avant grâce à une gestion des éclairages nettement plus convaincante sur les matches de jour. De nuit, ils s'avèrent cependant encore trop légers et ne mettent pas assez en avant la modélisation pourtant convaincante des grands joueurs. Quelques ratés subsistent sur certaines animations de nos sportifs, comme ce léger blocage parfois opéré par un défenseur en pleine course, mais rien ne vient réellement gâcher un tableau d'ensemble très convaincant, qu'un bref coup d’œil aux superbes ralentis proposés par le jeu suffit à sublimer. Clairs et de plus en plus épurés, les menus gagnent également en visibilité et se parcourent toujours sur un fond musical à la profondeur toujours un brin limitée. En revanche, les commentaires de Darren Tulett sont une nouvelle fois irritants et hors-sujet, malgré son goût prononcé pour les calembours de qualité qui ne laisse que rarement de marbre l'auteur de ces lignes.
Points forts
- Accessible pour les débutants...
- ... Riche pour les vétérans
- Eclairages convaincants
- Des gardiens qui arrêtent les tirs, enfin !
- Bon équilibre attaque/défense
Points faibles
- Frappes et centres supersoniques
- Licences en berne
- "Les buts, c'est comme le Ketchup..." Chut Darren, chut.
- Un arbitrage encore trop aléatoire
S'il n'est pas exempt de défaut comme des centres ou des frappes qui fusent un peu trop et un arbitrage souvent à côté de la plaque, ce nouvel épisode est un très bon cru pour la licence. Il s'appuie notamment pour cela sur des gardiens enfin difficiles à tromper et un comportement plus appliqué de l'IA adverse, tout en offrant une courbe de progression idéale : accessible pour les débutants, suffisamment fin et riche pour occuper les vétérans du football virtuel. PES 2017 s'avère équilibré et particulièrement plaisant à jouer, point sur lequel il brille au détriment d'un contenu encore bien chiche. Pour peu que vous ne soyez pas trop regardant sur la forme, le fond vous donnera donc suffisamment de matière pour passer de longues heures sur ce nouvel épisode, et c'est bien là l'essentiel.