Plus connus pour leur puzzle game Blocks That Matter ou encore Tetrobot and Co., la petite équipe montpelliéraine de Swing Swing Submarine explore le genre de la plateforme avec leur nouvelle production : Seasons After Fall. Laissé de côté durant de longues années, le titre débarque enfin sur le marché avec dans ses bagages tout l’amour et le savoir-faire de ses créateurs. Derrière une patte artistique tout en douceur, le petit renard contrôlé par le joueur aura fort à faire pour rétablir le cours des saisons. Fort heureusement, notre héros tout en fourrure rousse peut modifier le cours des saisons afin de modifier l’environnement pour progresser à travers des paysages semi-ouverts nimbés d’énigmes, le tout dans un esprit Metroidvania certain.
Notre avis sur le jeu en moins de 3 minutes !
Y’a plus d’saisons ma bonne-dame !
Tout commence lorsque l’équilibre naturel des choses se voit bouleversé par la disparition du cycle des saisons. Surgi alors un esprit protecteur des entrailles de la Terre, une petite graine lumineuse qui, après quelques gracieuses virevoltes, prend possession du corps d’un renard pour tenter d’aller réveiller les quatre gardiens des saisons. Rapide et agile, c’est dans la peau de cette attachante boule de poil rouquine aux yeux verts que nous évoluerons dans les environnements enchanteurs de Seasons After Fall.
Vous l’aurez probablement compris en regardant quelques images du jeu, la dernière production de Swing Swing mise une bonne partie de sa réussite sur son enrobage artistique. Tout en douceur, les teintes vibrantes des décors tissent un tableau plein de délicatesse, un véritable livre de contes animé dans lesquels on aura grand plaisir à évoluer. Toutefois, le jeu ne se contente pas d’afficher simplement une belle façade, il y fait aussi intervenir des phases de plateformes, des énigmes et bon zest d’exploration.
Si certains y verront de nombreux rapprochements avec un certain Ori and the Blind Forest, titre avec lequel le jeu partage une certaines approche « poétique » du plateformer émotionnel et naturel, Season After Fall rythme sa progression d’une façon plus posée. Moins propice au speedrun et autres superplay, notre compagnon à fourrure prendra le temps d’observer son environnement pour franchir les obstacles à l’aide du pouvoir des saisons.
Renard chenapan !
Au fil des expéditions en scrolling horizontal, le renard ira à la rencontre des fameux gardiens des saisons. Hiver, automne, printemps et été, chacune d’entre elles nous confère un pouvoir direct sur l’écosystème des lieux. Tout le principe du jeu consiste alors à alterner à volonté entre les climats pour progresser vers nos différents objectifs. On remarque d’ailleurs assez rapidement que Seasons After Fall ne verse pas vraiment dans la catégorie des jeux de plate-forme nécessitant une bonne dose d’adresse et de réflexes. Il est certes possible d’échouer certains sauts, voire même de mourir en de très rares occasions, mais l’essentiel du gameplay repose sur une observation attentive et posée des décors afin de déterminer quelle saison utiliser pour se frayer un chemin vers l’avant.
À l’aide du stick droit de la manette ou du bouton droit de la souris, on alterne entre les climats afin de manipuler le comportement du décor. Si les geysers jaillissent avec force quand la température se montre clémente, ils gèlent instantanément lorsque l’hiver pointe le bout de son nez. L’occasion pour notre rusé protagoniste d’utiliser ce phénomène climatique pour créer des plateformes.
Nombreuses, les énigmes se montrent assez bien pensées pour être accessibles par le plus grand nombre. Néanmoins, le titre pêche parfois par manque de lisibilité sur certains de ses éléments interactifs. Il nous est régulièrement arrivé de tourner en rond pendant de trop longues minutes au sein d’un même décor dans le but de dénicher un moyen d’avancer. D’allers-retours frustrants en changements de saison au petit bonheur la chance, on finira pourtant par tomber sur une plante ou une sortie trop bien planquée dans les futaies. Seasons After Fall aurait sans doute gagné à proposer une carte au joueur afin de mieux l’orienter dans ses explorations aux quatre coins du monde durant les 6 heures nécessaires pour boucler l’aventure.
Dominique Vulpin
Évoqué dans l’introduction du test, le terme « Metroidvania » décrit finalement l’approche envisagée par Swing Swing pour la dernière grosse partie du jeu. Une fois les quatre gardiens réveillés et l’éventail des saisons en notre possession, Seasons After Fall propose de repartir barouder dans les mondes déjà visités afin d’en explorer les recoins jusqu’alors inaccessibles. Armé de ses nouvelles compétences, le renard fait pousser des plantes pour s’élever vers les hauteurs, gèle des étendues d’eau pour aller de l’avant et nous donne à redécouvrir - d’une certaine manière – les environnements sous un autre jour.
Malheureusement, cette progression basée sur le « backtracking » rime forcément avec un risque de lassitude pour certains joueurs. Certes, la magie des décors opère toujours, certes Swing Swing déploie tout son talent pour insuffler du renouveau dans le déjà visité, certes la bande-son du jeu régale nos oreilles, mais à force d’allées et venues, la patience de notre petite boule de poils pourra être mise à rude épreuve. D’autant plus que l’absence de carte globale vous demandera un bel effort de mémoire afin de vous souvenir des endroits déjà explorés.
Pour faire pencher la balance du côté du très positif, la voix-off française de la narratrice (Adeline Chetail, déjà entendue dans Les Enfants loups, Ame et Yuki ou Le vent se lève, etc.) accompagne avec une justesse rare l’aventure de notre boule de poils. Au gré des découvertes, elle tisse avec nous une relation d’amitié que l’on sent tout autant crédible que touchante. Notez que vous pourrez modifier le doublage à la volée pour de l’anglais, de l’espagnol ou encore de l’allemand. Et comment clôturer ce test sans évoquer la bande-son tout en délicatesse du jeu ? Cordes pincées, envolées acoustiques langoureuses, le compositeur Yann van der Cruyssen signe ici un accompagnement musical raffiné que vous devriez vous empresser d’aller écouter ! Il en va de même pour les différents bruitages du jeu qui renforcent de la plus belle des manières notre immersion dans ces décors enchanteurs.
Points forts
- Beau comme un livre de contes animé
- Des énigmes intelligentes pensées autour des effets de chaque saison
- Prise en main aisée
- Une histoire attachante, racontée avec beaucoup de douceur
- Voix françaises d’une qualité rare !
- Et cette bande-son !
Points faibles
- Manque de lisibilité sur certains éléments nécessaires aux énigmes
- L'absence d'une carte
- De la redite une fois arrivé dans la dernière partie du jeu (nombreux allers et retours)
La ronde des saisons tourne au fil des énigmes tandis que le joueur se fait happer par l’univers plein de charme de ce Season After Fall. Beau comme un livre de contes dans lequel on aurait envie de voyager, le titre des Montpelliérains de Swing Swing Submarine n’en demeure pas moins un vrai bon jeu d’énigmes basé sur une mécanique de changement de saison que l’on sent maitrisée de bout en bout. Reste maintenant un léger sentiment de redondance une fois le principe des allers et retours mis en place sur la dernière partie du jeu, un écueil que l’habillage visuel et sonore du jeu parvient néanmoins à amoindrir.