Deux ans et demi après son annonce fracassante, No Man’s Sky est enfin là. Le titre de SF, mêlant habilement exploration, combat, craft et survie - à pied comme en vaisseau spatial - dévoile donc depuis peu ses surprises. Pour rappel, sa quête solo vous propose de découvrir ce qui se cache au cœur de la galaxie, aux immensités générées procéduralement. Un objectif que vous pouvez voir comme secondaire ou principal, suivant votre attrait pour l’exploration, mais qui à coup sûr vous occupera un bon paquet d’heures… La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si No Man’s Sky est fidèle à ses promesses et si oui ou non il vaut le coup d’être joué pour ce qu’il est vraiment.
Nous avons effectué notre test sur PlayStation 4 après 25 heures de jeu. Malgré notre progression légèrement exponentielle au niveau des distances de saut dans l’espace pour rejoindre le centre, l’absence de gros changements dans le gameplay ou la trame sur les dernières heures de jeu nous a motivé à entrer en phase d’écriture.
Revivre nos deux heures de live sur No Man's Sky
Un patchwork d’inspiration vidéoludiques et SF qui fonctionne ?
Le titre d’Hello Games mixe énormément d’aspects et d’inspirations variées. Si son concept fait irrémédiablement penser à l’excellent Out There et aux jeux d’exploration spatiale de type Elite Dangerous, son enveloppe graphique oscille en revanche entre Destiny (pour l’interface) et les nouvelles de SF de la première moitié du 20eme siècle, sans oublier Spore pour les créatures loufoques. L’Atlas, élément central du titre qui trône fièrement sur la jaquette du jeu, est d’ailleurs clairement inspiré du Teth d’Oblivion. Rien de dérangeant en somme mais l’on a plus l’impression d’avoir face à nous une œuvre patchwork qu’un univers totalement inédit. Toutefois, il faut rendre à César ce qui est à César et avouer qu’un gros travail a été fourni sur l’ambiance globale du jeu, laquelle instaure d’emblée une atmosphère atypique et plaisante, qui accompagne parfaitement bien l’architecture procédurale de No Man’s Sky.
Le procédural, un choix pertinent ?
Cet aspect, crucial pour la génération de la zone de jeu, propose à chaque joueur une galaxie explorable comportant 18,446,744,073,709,551,616 planètes aux biomes relativement variés. Ce vertigineux concept nous met une petite claque avec brio à chaque nouvelle découverte de système. La faune et la flore varient d’un astre à l’autre et l’on prendra plaisir à explorer, découvrir, renommer et partager nos découvertes avec le reste des joueurs. L’excitation à chaque nouvelle entrée en atmosphère est souvent palpable au début, et vous trouverez assez vite vos marques à la surface en partant de la brève analyse des conditions de vie sur l’astre. Est-ce toxique ? Glacé ? Ardent ? La faune et la flore sont-elles présentes et si oui en quelle quantité ? Qu’en est-il des ressources ? Voilà les questions que vous vous poserez en mettant le pied sur une nouvelle zone. On déplorera tout de même au fil des heures un manque de variété à l’intérieur même d’une planète : explorer une petite zone revient à explorer l’intégralité de la planète en termes de topographie et de variation de décor ou d’ambiance.
Pour autant, les différents astres ont toujours quelque chose à offrir en matière d’exploration et sont généralement peuplée de points d’intérêts : de monolithes qui permettent d’apprendre de nouveaux mots pour comprendre les langues aliens et commercer avec les PNJ des stations, de centres de recherche à infiltrer pour récupérer des plans, de vaisseaux écrasés qu’il est possible de prendre à la place de votre carlingue spatiale… Clairement, on peut facilement se prendre au jeu et errer plusieurs dizaines de minutes sur certaines planètes, même après avoir joué plusieurs dizaines d’heures. Les biomes et la topographie vous en mettront parfois également plein la vue, notamment dans les grottes qui regorgent de cristaux luisants et de champignons extra-terrestres, offrant bien souvent une véritable carte postale que seules les planètes luxuriantes aux herbes hautes et aux arbres abondants peuvent égaler. Seulement voilà, aussi efficace qu’il soit, No Man’s Sky reste encore bien loin de ses trailers pleins de promesse…
Extrait de jeu : Les pieds sur terre
Le syndrome de l’early access survival craft ?
Au rang des grosses déceptions, la faune tient une place assez importante (en tout cas au moment du test sur la version 1.03). Cette dernière a un comportement erratique des plus décevants, surtout lorsque l’on compare son implantation à ce que l’on pouvait voir dans les bandes-annonces du jeu. Oubliez cette impression d’écosystème cohérent, de chaine alimentaire quasi-palpable avec ses prédateurs et ses troupeaux d’herbivores fuyant le danger : les animaux dans No Man’s Sky errent sans réel but, et ne servent pas à grand-chose. Tout au plus, ils peuvent être nourris moyennant ressources et déterreront pour vous d’autres minéraux dont vous n’avez pas forcément besoin. C’est sympathique pendant 5 minutes mais, très vite, on en vient à se demander si ce pan de l’immersion n’aurait pas mérité quelques mois de développement attitré. Ne jetons néanmoins pas la pierre à Hello Games, cette petite équipe d’une vingtaine de développeurs qui a réussi à abattre un travail dantesque. Rappelons aussi que de nombreuses mises à jour gratuites sont d’ores et déjà prévues sur le titre. En 15 jours, les développeurs sont déjà passés d’une version Gold aux features limitées à une version bien plus agréable et complète, tâchons d’espérer que leur rendement ne décroisse pas après la sortie du titre.
On pourra être frustré du manque d’activité sur les astres, même si les tempêtes, le cycle jour/nuit et la météo changeront légèrement l’ambiance ou mettront un tantinet en péril les systèmes de survie du joueur : on aurait aimé plus de vie à la surface comme dans l’espace. En effet, une fois l’atmosphère traversée (sans chargements), on se retrouve dans l’espace, libre de se rendre sur d’autres planètes ou stations grâce aux différents modes de propulsion, upgradables par la suite. Des cargos sortent d’hyper-espace sous vos yeux, des pirates les attaquent générant des mini-quêtes de protection spatiale. Bref, une vie artificielle se met rapidement en place au gré de scripts d’apparition et d’activité générés autour du joueur solo. On est un peu loin de l’implication miroitée par les trailers, encore une fois, mais le tout se tient et motive l’aventurier à explorer, marchander, combattre et crafter pour se rapprocher du graal.
Une course à l’amélioration captivante
Votre progression, sauts dans l’espace mis à part, se fera par le craft et la découverte successive de nouvelles technologies pour votre vaisseau, pistolet multitool, et exocombinaison. Les plans nécessaires au craft seront obtenus dans les usines à pirater, grâce aux nacelles échouées, et en discutant avec les PNJ. On est donc constamment pris par le concept du jeu et l’on a toujours envie d’améliorer nos équipements, qu’il s’agisse d’ajouter des effets à nos tirs et grenades (notamment pour miner ou terraformer plus efficacement), d’améliorer les capacités de scan, ou d’explorer toujours plus loin pour effectuer des sauts à distance supérieure en consommant moins de ressources. Petit bémol à ce niveau là, l’interface et plus particulièrement le système d’inventaire s’avèrent relativement décevants et imposent de nombreux allers-retours, transferts de ressources et destruction d’objets pour libérer de la place.
Une sensation d’immersion bien présente
Si No Man’s Sky peut apparaître comme un vaste sandbox aux ambitions réelles mais aux atouts légèrement limitées pour l’instant, il faut bien avouer que son « scriptage » est efficace et permet de gommer la redondance des routines. De nombreuses fois, nous avons été surpris par des transmissions reçues venant titiller notre curiosité : à chaque fois, c’est une nouvelle dynamique qui s’impose à nous et vient chambouler nos plans, rendant ainsi la progression parsemée d’embuches et d’opportunités qui n’ont pour l’instant que leur nombre et leur variété comme réelle limite. Avec ce fil rouge scénaristique et l’objectif ultime et final du jeu, la recette prend à coup sûr pendant des heures, mêmes pour les joueurs n’étant en apparence pas vraiment client des open-world sandbox ou des jeux de survie.
Une version PS4 au point ?
Lorsque nous avions joué à la version PlayStation 4 il y a de ça 5 mois, nous pointions du doigt de nombreux problèmes. Désormais sorti sur la console de Sony, le jeu s’en sort un peu mieux. Néanmoins, le clipping des éléments à courte et moyenne distance demeure gênant et freine l’immersion du joueur, tout comme le framerate (désormais à 30 de manière relativement stable) et le champ de vision encore restreint et non-modifiable sur console. Côté réalisation, le rendu est assez inégal. Certaines planètes auront une flore si riche que les panoramas s’avèreront splendides quand d’autres paysages seront laids au possible à cause d’une navrante pauvreté des textures. On remarquera aussi quelques crashs depuis la 1.03, lesquels viennent mettre fin à votre partie, vous forçant à charger aux dernier points de sauvegarde, généralement pas bien loin de votre crash. De plus, les contrôles à la manette s’avèrent parfois gênants à cause d’un mapping des touches pas toujours bien pensé.
Points forts
- Design savoureux et atypique
- Très large durée de vie (objectif très lointain, et aspect bac à sable)
- B.O excellente (bruitages, musiques, ambiances)
- Superbe sensation de solitude auréolée de scripts d’animations (PNJ, vaisseaux, batailles, événements impromptus)
- Génération procédurale efficace (variété des espèces animales et végétales, des minéraux et des planètes)
- Large choix d’améliorations et de technologies pour faire évoluer sa progression
Points faibles
- Version PS4 techniquement limitée (popping des éléments à courte et moyenne distance, framerate à 30FPS, FOV réduit, crashs & bugs, contrôles non mappables)
- Manque de variété des points d’intérêt et des routines au lancement du titre (légère impression d’avoir une early access à plein tarif sans l’intensité des premières promesses)
- Features multijoueur qu’on aurait aimé plus développées (simple envoi des données de découvertes aux autres joueurs)
- Gameplay un peu trop arcade (manque de profondeur, inventaire peu pratique et trop limité, combats au sols peu passionnants)
No Man’s Sky est une œuvre difficile à tester tant son aspect « sandbox longue durée » est fort. Le jeu se savoure pourtant à sa juste valeur, avec un solo riche et pertinent sur ses dynamiques scriptées venant meubler l’open world et challengeant sans cesse le joueur, lequel doit souvent mettre de côté sa quête principale pour partir crapahuter dans les milliards de planètes explorables. Le procédural y est efficace et souvent fourni en surprises même si l’on aurait apprécié plus de variété dans la base de donnée exploitée, surtout en ce qui concerne les points d’intérêts et les routines des éléments non-joueurs, loin des promesses des trailers. La réalisation sur PS4 est globalement « suffisante », tout en demeurant en dessous de ce que l’on pouvait espérer du titre. L’univers du jeu est enivrant, contemplatif, savoureux, et saura plaire aux amateurs d’exploration et d’épopée dépaysantes. Malgré ses nombreuses similitudes avec des titres déjà existants, No Man’s Sky est une aventure unique au design atypique et à la dimension vertigineuse. Une très bonne expérience pour les joueurs de tous horizons.