Genre délaissé depuis une décennie, le Double Stick Shooter a disparu des écrans radars malgré la sortie de plusieurs titres de qualité au fil des années, à commencer par Halo : Spartan Assault sans oublier Dead Nation et plus récemment Alienation. Le studio Tuque Games et l'éditeur Perfect World s'arment donc des meilleures intentions et dépoussièrent un genre orienté avant tout arcade avec Livelock, un shooter apocalyptique, futuriste et explosif.
Le soulèvement des machines
XXIIe siècle. La Terre n'est plus qu'un amas de ruines tandis que l'humanité est au bord de l'extinction. La surface de la planète est désormais occupée par des divisions de machines plongées dans un conflit perpétuel pour le contrôle des dernières ressources disponibles. L'Homme sous sa forme initiale n'est plus. Une chute de rayons gamma supprima toute vie organique et poussa le genre humain à transférer son âme dans des Archives de Conscience, des robots sophistiqués à même de survivre à la catastrophe naturelle à venir. Malheureusement les Intelligences artificielles en charge furent corrompues et une pluie de plomb et de métal s'abattit sur la Terre. Plongées dans un sommeil artificiel, les 3 Archives Hex, Vanguard et Catalyst reprennent les armes pour retrouver la cité perdue Eden, dernier bastion d'une humanité à l'agonie.
Narré par la seule présence de cinématiques réalisées en Animated Comics et de quelques dialogues en jeu, le récit de Livelock puise allègrement dans la science-fiction populaire (Ghost in the Shell, Transcendence...) pour un résultat certes conventionnel, mais aucunement dénué d'intérêts. Retournements de situations, trahisons, complots ponctuent un scénario linéaire déroulant une aventure post apocalyptique au goût de déjà-vu, mais se laissant parcourir 6 heures durant avec intérêt tout au long des 3 chapitres et 21 niveaux que composent le titre de Tuque Games. Et les missions confiées à nos experts en destruction varient malgré une redondance d’ensemble. Désactiver un générateur, éliminer un boss, défendre une zone un temps donné… rien de renversant à première vue. Livelock se contente d’enchaîner les archétypes.
Une fois le périple terminé, il sera temps de lancer Les Protocoles Ouverts et son mode Survie clonant le célèbre mode Horde et ses vagues incessantes d’ennemis se fracassant sur votre combativité avec pour finalité un score et un classement à l’échelle mondiale.
Hex arpente les ruines du vieux monde
Un pour tous, tous pour un
Tels nos fiers mousquetaires, les Archives de Conscience sont au nombre de 3. Livelock reprend les archétypes du genre RPG pour les appliquer à un Shooter n’exhibant rien de moins que 3 approches distinctes pour se défaire des divisions Abaddon, Noesis et Pretorian saignant à vif notre planète bleue. Hex est un tireur d’élite hors pair. Ce soldat par excellence froid, calculateur et mortel élimine ses cibles avec une précision chirurgicale à l’aide d’armes laser et de compétences centrées sur la vélocité et la puissance de feu. Vanguard de son côté est un combattant inébranlable. Véritable Sac à Points de vie, il encaisse de grandes quantités de dégâts et s’exprime avant tout au corps à corps, froissant de la taule à tout va avec ses gantelets ou son enclume (marteau de guerre). Bouclier énergétique et attaque explosive constituent un lot de compétences à déclencher au cœur de la mêlée. Catalyst, quant à elle, joue le rôle de support en soignant ses alliés et prend le contrôle du champ de bataille à l’aide de drones de combats.
Sans jamais réinventer la poudre à canon, Livelock autorise le joueur à parcourir cette Terre calcinée comme il l’entend et cribler de balles les pauvres machines disposées sur sa route. Que ce soit au corps à corps avec Vanguard ou en harcelant l’ennemi avec Hex ou Catalyst, le titre de Tuque Games accorde ses violons pour des échauffourées prenant aux tripes. Et cette Sainte Trinité soldat / tank / support s’autorise une symphonie guerrière dès lors que la coopération s’invite à la fête. En duo ou encore à 3, les spécificités de chaque Archive chantent à l’unisson lors d’un assaut mené tambour battant. L’essence même de Livelock réside dans cette approche coopérative. Bien que sympathique à vivre en solo, ce shooter se révèle véritablement en multi.
Un shooter explosif
De prime abord, le titre de Perfect World s’apparente à un shooter décérébré vomissant des balles et du napalm au cours d’une vingtaine de niveaux et grand bien lui en fasse. Sur fond d’apocalypse robotique et de soulèvement des machines, ce jeu ne s’embarrasse d’aucune fioriture. Livelock se concentre sur une action constante et enchaîne les combats épiques à un rythme effréné acculant l’Archive de Conscience incarnée par le joueur. Ces héros mécaniques à la puissance dévastatrice crachent du plomb et du plasma sans aucune pause. Coups critiques et explosions s’enchaînent sans temps mort aidés par divers Overlock. Ces bonus apparaissent ainsi dans les niveaux et octroient pour quelques secondes seulement de nettes améliorations temporaires entre augmentations des dégâts, de la vitesse... La particularité du titre réside dans son approche de la mort. Une Archive ne peut mourir, mais transfère simplement sa conscience dans un corps flambant neuf parachuté depuis une station orbitale à l’aide d’une capsule (Pod), une « réimpression » n’ayant pour conséquence qu’une perte de score en fin de niveau.
Malgré toutes les bonnes intentions du studio Tuque Games et cette approche très Michael Bay, Livelock souffre par moment d’un manque de rythme. Les vagues d’ennemis s’entassent à vos pieds pour un périple se résumant à débiter encore et encore du circuit imprimé. Les combats de boss ont le mérite de renouveler l’intérêt du joueur en cassant pour un temps ce sentiment de redondance émanant du jeu. Cependant, la difficulté offerte par Livelock et cette volonté de faire du scoring un pilier de l’expérience recentrent le débat autour du challenge.
La délicatesse de Vanguard et son marteau de guerre
La course à l'armement
3 Archives de Conscience, 3 styles distincts pour un résultat équivalent. Une triplette de joyeux lurons déboulonnant de l’entité artificielle à tour de bras. Et pour ce faire, un arsenal dévastateur est mis à la disposition de nos héros chromés. Marteau de guerre, gantelets, lance-grenade, canon de Vanguard laissent place au fusil plasma, au Railgun et aux mines de Hex ainsi qu’aux drones de Catalyst. Une pluie de feu s’abat sur les Abdaddon, les Noesis et les Pretorian. Et l’armement des Archives prend son envol une fois les Fonctions débloquées. Regroupant armes secondaires et/ou pouvoirs, ces compétences s’activent aisément, mais nécessitent un temps de rechargement avant d’être à nouveau activées sur le champ de bataille. Bouclier énergétique, bombardement… sans oublier les Fonctions Ultimes annihilant toute vie à l’écran, ces aptitudes seront vos plus fidèles alliés au cœur du conflit.
Armes et Fonctions se débloquent par la prise de niveau de nos Archives de Conscience. Un gain d’expérience à chaque fin de niveau assure l’arrivée de nouveautés régulièrement. Nouvelles fonctions ou Mods modifiant ostensiblement celles-ci, nouvelles pétoires… cet armement gagne en efficacité à mesure que vous l’améliorez en dépensant les Nanotubes récoltés sur le terrain. Choix tactique en amont d’une mission, cet attirail trimballé sur le champs de bataille définit votre approche du combat à venir. Et cette personnalisation se poursuit avec l’apparence même du héros. Tête, alliage (la palette de couleurs) et cape donneront une aura très personnelle à votre Archive. Au nombre de 30, ces options de customisation ne se rapprochent à aucun moment de la profondeur d’un Amored Core, mais remplissent leur office ni plus ni moins.
Catalyst emploie ses drones de combat
La révolution technique n'aura pas lieu
Livelock n’a jamais eu l’ambition de détrôner les graphismes d’un Uncharted 4 : A Thief's End ou d’un The Witcher 3 : Wild Hunt. Ce shooter ne vous décrochera pas la rétine et pourtant la réalisation n’a pas à rougir de la concurrence. La multitude d’environnements partiellement destructibles (ruines, métro, sous-terrain, désert, cité futuriste…) est à mettre aux crédits des artistes tout comme certains décors sortant du lot. Et la magie opère. Raison principale, la propension de Livelock à tout faire péter à l’écran en abusant des effets pyrotechniques à outrance sans jamais perdre de vue le confort de jeu avec une lisibilité garantie la majorité du temps. Mais Livelock souffre de son statut de jeu AA. La finition laisse parfois à désirer comme en témoigne la pauvreté affichée par certains niveaux et ce sentiment de déjà-vu ressenti tout au long de l’aventure. Autre bémol l’impact des armes et des attaques. Le ressenti armes en mains se doit de retranscrire la violence des combats et la véhémence avec laquelle la colère des Archives s’abat sur le monde. Pour un Shooter, ce manque est un crève-cœur.
Pour autant, la générosité de Tuque Games est à saluer avec la présence d’un bestiaire conséquent de robots. Puisant dans des références aussi disparates que Transformers et autres licences « Mecha » , les mécaniciens en herbe et autres fans de science-fiction se délecteront devant ce panel de rouages et de taules froissées.
Un assaut mené en coopération
Points forts
- Un univers futuriste crédible…
- Des séquences Action frénétiques et épiques
- Une réalisation explosive
- 3 héros aux approches diamétralement opposées
- La dimension RPG des Archives
- Une expérience coopérative à 3
Points faibles
- … mais un scénario anecdotique
- Un manque d’impact et de dynamisme lors des combats
- Des séquences de jeu déjà-vu
- Une expérience redondante après quelques heures
Avec ce titre futuriste, Tuque Games applique tout simplement la formule du parfait Double Stick Shooter. Action frénétique, explosion en tout genre, arsenal dévastateur et combats de boss constituent le gros de l’expérience sur fond d’apocalypse et de transcendance. Anecdotique mais pas sans intérêt, le scénario est un prétexte à une aventure linéaire déplorant un manque d’impact et de dynamisme, compensé par une réalisation explosive laissant nos rétines en PLS à mesure que les environnements s’effondrent autour de nous.