Même recette pour nouveau chef. Cinq ans après un premier épisode en demi-teinte, une nouvelle équipe de développeurs ayant notamment opéré chez Free Radical Design ouvre ce second Homefront de la même manière. Toujours aussi classieuse, l'introduction nous présente par l’intermédiaire d’un habile montage la montée en puissance de la Corée du Nord et sa prise de contrôle d’une Amérique au bord du gouffre. L’ambiance est donc rapidement posée, les troupes venues d’Asie tyrannisent les populations qui tombent sous les coups de mitraillettes. C’est dans cette époque fort sombre qu’une lumière jaillit, la résistance se met en place avec un objectif : « Bouter les Nord-Co hors du pays ».
Une ambiance des plus immersives
À la manière du Che pour Cuba, nos dissidents se sont rassemblés sous l’égide d’un homme nommé Ben Walker que vous aurez l’immense honneur d’accompagner durant votre première mission. Malheureusement, les rues de Philadelphie regorgeants de Soldats de la Paix, votre périple se terminera en cauchemar et l’emblème de la révolution, aux mains de l’envahisseur. Votre objectif sera donc d’essayer de libérer ce dernier au travers d’une aventure à l’ambiance réussie. À l’aide de quelques scènes de vie quotidienne qui évitent de trop tomber dans les affres du cliché, vous découvrirez un peuple opprimé et des quartiers ravagés par la terreur. Mendiants, vendeurs de rations à la sauvette, prostituées et autres éléments dignes d’un Fallout seront ainsi légions.
La direction artistique a opté pour une ambiance "post-apo, mais pas trop" pour représenter les Etats-Unis vacillants d’une part, et d’un style futuriste et clinquant pour les soldats Nord-Coréens de l’autre. Cette dualité plutôt bien sentie permet de renforcer l’immersion, mais vous servira également durant vos combats pour différencier les chats et les souris. Si durant les premiers instants, cette atmosphère pesante pourra effectivement paraître immersive, vous aurez vite fait de déchanter au bout de cinq ou six heures de jeu. Vous serez chargé de pousser la populace à se rebeller dans les différents coins de Philadelphie qui se ressemblent évidemment énormément. En dehors de quelques zones particulières, telles que le "quartier de collabos" ou le port des travailleurs, les décors glauques à souhait deviennent vite lassants, tout comme l’ambiance qui peine à se renouveler.
Bienvenue dans la résistance
Far Cry, c'est toi ?
Afin d’amorcer le soulèvement du peuple, vous devrez donc libérer vos compatriotes. District par district. Les cerveaux de chez Dambuster Studios ne sont pas allés chercher bien loin en ce qui concerne les mécaniques puisque tout comme dans un Far Cry, il vous faudra capturer des points de contrôle (la plupart du temps, des planques de résistants). Tuer trois ou quatre Nord-co armés, puis s’immiscer dans un appartement à l’aide des mécaniques de Parkour – tel est le scénario lambda qui reviendra des dizaines de fois dans ce Homefront. Vous l’aurez compris, votre aventure prendra rapidement un ton répétitif et le seul véritable défi sera de survivre en cas d’assaut ennemi.
En effet, le titre se permet également d’incorporer de l’infiltration dans cette formule qui prend finalement la forme d’un melting pot des saveurs modernes. L’envahisseur ne rigole pas avec notre pauvre héros, même une simple promenade sur un trottoir pourrait lui coûter la vie. C’est ça le totalitarisme. Le système est simple, si une unité Nord-Coréenne vous aperçoit pendant plus de trois secondes, l’alerte est donnée et un régiment complet se lance à vos trousses. Une mécanique bien trop sévère qui gâche un peu le plaisir de jeu, surtout lorsque l’on connaît la difficulté du jeu. Cette dernière est notamment amplifiée par une mauvaise localisation des tirs qui engendrera quelques morts mystérieuses (« Qui m’a tiré dessus ?! »).
Heureusement pour nous, la résistance possède un petit arsenal qu’il vous sera possible de débloquer au fur et à mesure de votre avancée. Fusil à pompe, mitraillette, fusil de sniper, arbalète, revolver et lance-roquette seront les seuls joujoux qu’auront à vous offrir la résistance. Pas d’AK-47 bricolées, la résistance américaine se bat à l’aide d’armes très professionnelles et customisables. Assez simpliste, le système de modification des armes vous permet ainsi de transformer votre pistolet en mitrailleuse ou votre fusil à pompe en lanceur de bombes. En plus de cet ensemble assez maigre, notre guérilla amateur possède un lot de quatre accessoires, du cocktail Molotov au module hacking.
Au rayon des regrets, nous pouvons aisément placer le piratage qui se fait d’une façon pour le moins… Etonnante. Pour prendre le contrôle d’un ordinateur ou de tout autre appareil électronique, il vous suffit de jeter une sorte de cylindre à antenne sur votre cible et le tour est joué ! Petit manque d’envie ou de temps ? Difficile de le savoir, mais il est clair qu’en plus d’être étrange, ce système n’est clairement pas amusant. Dans un autre registre, la moto est un autre exemple de bonne idée mal exploitée. Disséminés à travers les rues, des deux roues sont là pour vous permettre de parcourir les quartiers en un rien de temps. Malheureusement, sur PC et dans une moindre mesure sur consoles, la maniabilité de l’engin est catastrophique et les sensations décevantes. Plus proche du tracteur que de la bécane de trial, la moto est bien trop rigide pour être fun à conduire. En plus d’un mauvais équilibrage, nous pouvons également accuser un moteur physique à la traîne. Celui-ci nous ramène littéralement cinq ans en arrière, à l’image de certaines animations des personnages…
A Bug's Life
Il est clair qu’Homefront : The Revolution est un projet plein d’ambitions, mais sans les moyens adéquats. Certaines fonctionnalités semblent avoir été terminées à la va vite, mais la chose est beaucoup plus flagrante sur le plan de la technique. Malgré les possibilités offertes par le Cry Engine, la réalisation pèche par un manque de constance dans sa qualité. Certains personnages sont, par exemple, très bien modélisés, tandis que d’autres se situent très clairement dans la vallée dérangeante. Il en va de même pour les environnements qui oscillent entre le joli et le très moyen. En somme, ce qui nous est présenté à l’écran est correct, sans plus.
Malheureusement, votre aventure sera régulièrement gâchée par des bugs omniprésents. En une session de jeu, il pourra vous arriver de passer sous la carte, d’être éjecté de votre moto à la vitesse de Troposphère V, de passer à travers un mur, de croiser des personnages volants et autres joyeusetés que seuls les titres peaufinés à la va-vite peuvent nous offrir. C’est un énorme point noir pour ce titre : l’ensemble est extrêmement buggé ! Cerise sur le gâteau, nous retrouvons les mêmes bugs sur consoles que sur PC. Malgré quelques bonnes idées de mise en scène, les scènes de dialogues pâtissent également de cette optimisation bancale. Certaines synchronisations labiales sont ratées, tandis qu’une poignée de personnages passent d’une animation à une autre de manière trop abrupte. C’est dommage pour un titre qui réussit pourtant à vous emporter dans son univers grâce à une ambiance bien amenée.
Pour conclure sur cette composante tout simplement inacceptable pour un titre de cet acabit, Dambuster Studios s’est limité à du 30 images par second sur consoles. Si ce chiffre peut parfois s’imposer de lui-même sur des productions au rendu incroyable (The Witcher 3 et consors), il est difficile d’expliquer cela autrement que par un manque de finition et d’optimisation dans le cas présent. En plus de ne pas être particulièrement joli, Homefront : The Revolution se permet quelques ralentissement en combat sur Xbox One et PlayStation 4 et même quelques freezes. Lors des temps de chargement ou à l’occasion d’une sauvegarde, le jeu se bloque durant une petite seconde et ce, sur l’ensemble des trois plateformes. Les joueurs PC devront également faire attention à leur configuration avant de passer à l’achat puisque le jeu est assez gourmand.
Le mode Résistance
Tout comme son prédécesseur, Homefront : The Revolution fait l’effort de proposer un mode multijoueur. Baptisé Résistance, ce dernier permet à quatre joueurs de parcourir des missions inspirées de l’aventure principale. Il s’agit donc d’une demi-douzaine de scénarios plutôt plats et très loin de ce que pouvait offrir un Payday dans le même genre. Même si nous pouvons saluer sa présence, force est de constater que le tout n’a pas grand intérêt…
Ballade en moto pour sauver le peuple
Points forts
- Une atmosphère oppressante et réussie
- Le système de customisation des armes
- Des graphismes décents
Points faibles
- Beaucoup trop de bugs
- La moto est incontrôlable
- Les ralentissements sur consoles
- La redondance des mécaniques
- Le hacking, trop simpliste
Tout comme son prédécesseur, ce Homefront est une déception. L’aventure commence pourtant plutôt bien avec un scénario un tantinet cliché, mais une ambiance qui créée un sentiment d’oppression fort chez le joueur. Passé cette bonne surprise, la redondance des mécaniques de gameplay et le manque de renouvellement au niveau des objectifs vient très vite noircir le tableau. On s’y amuse, mais pas assez longtemps. Malgré une réalisation correcte, le titre souffre d’un énorme manque d’optimisation qui occasionnera de trop nombreux bugs tout juste bons à nous sortir d’une atmosphère sur laquelle le jeu compte beaucoup. Bref, nous sommes face à un jeu à peine passable et surtout, des regrets lorsque l’on imagine ce que les développeurs pourraient faire avec des thèmes aussi forts que celui de l’oppression et de la dystopie.