En mars 2014, Milestone s'essayait une nouvelle fois au jeu de motocross, après un MUD qui n'avait pas laissé de grands souvenirs, sinon celui de plusieurs dizaines d'euros bien mal investis. Le nouvel effort s'intitulait MXGP – The Official Motocross Videogame, et c'était plutôt bien. De quoi susciter quelques espoirs pour un éventuel numéro 2, car si MXGP posait des bases intéressantes, il était largement perfectible. Et la voilà donc, cette fameuse suite, les bras chargés de nouveautés... mais aussi quelques boulets bien vissés aux chevilles.
En mars 2014 donc, notre cher Lespol attribuait la note de 15/20 à MXGP premier du nom, un titre auquel il joue encore régulièrement, me confiait-il récemment. Il faut dire que si les retours concernant le premier jeu n'étaient pas dithyrambiques, ils étaient globalement positifs, car le titre de Milestone avait des qualités à faire valoir : nombreux pilotes, pas de mal de circuits, des sensations de pilotage très plaisantes, bref il y avait de quoi s'amuser, dans l'amour et le respect de ce noble sport qu'est le motocross. En ce doux mois d'avril 2016, MXGP 2 pointe le bout de son nez, et on l'attendait de pied ferme, car ce que l'on avait vu de lui en février nous avait mis l'eau à la bouche. Le résultat est plutôt convaincant, mais l'on s'attendait peut-être à plus.
Le guidon de soie
À peine notre copie PlayStation 4 arrivée à la rédaction, nous avons prestement enfourné la précieuse galette dans le lecteur de la console, pour nous jeter sur la première course venue. Bonne nouvelle, le titre est toujours aussi plaisant à jouer. Avec toujours ce curieux mélange entre arcade assumée, et simulation grand public : attention à ne pas foncer droit au but comme un imbécile, et à utiliser correctement vos freins, à jouer avec le poids du pilote dans les virages, à faire attention au relief au sol, etc. On comprend vite que le jeu réserve une part de subtilité pas désagréable, qui plaira aux amateurs du genre, comme au néophytes. Ces derniers pourront progresser pas à pas, en désactivant les aides ou en jouant avec la physique du jeu, paramétrable(base / moyenne / pro). Au sol, le jeu reste néanmoins assez complaisante vis-à-vis de certains changements de direction, ou sur les contacts, notamment lorsqu'il s'agit d'éléments du décors ; pour l'IA c'est encore autre chose, mais gardons ça pour plus tard...
Le jeu permet désormais de jouer soi-même avec l'embrayage. Une bonne nouvelle, qui se traduit dans le jeu par la possibilité de doser soi-même l'accélération et notamment en sortie de virage. On apprécie la possibilité de pouvoir gérer nos rapports, mais on se rend vite compte que le rendu est un peu exagéré : rarement on aura vu des motos se relancer aussi vite et aussi fort après un virage en épingle. Alors certes il faut un temps d'adaptation, mais une fois la manipulation intégrée, le challenge en prend un coup, c'est évident.
Y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
Si au sol, les sensations nous ont parues plus que convaincantes, on ne pourra hélas pas en dire autant du gameplay aérien. Ce qui ne veut pas dire qu'il est mauvais, disons simplement que les développeurs ont clairement décidé de rendre cette section du jeu abordables pour un large public. Ce que l'on peut comprendre, mais cela contraste trop avec le reste du gameplay. Dans les airs donc, votre moto deviendra subitement légère et facile à manipuler, au point de pouvoir la rediriger afin d'obtenir le meilleur angle possible au moment d'atterir. Ce qui donne un côté très arcade au titre, trop sans doute. Dans le même temps, on comprend vite que les scrubs et autres whips ne servent à rien puisque quelle que soit la manœuvre effectuée, elle n'a absolument aucun impact sur la vitesse aérienne de la moto. C'est dommage puisqu'une grande partie de l'intérêt du motocross réside justement dans la bonne gestion du temps passé dans les airs. MXGP 2 vous incite clairement à aller le plus droit possible, sans prendre trop de risque. Et de toute manière pourquoi en prendre ? Le jeu perd ainsi en subtilité ce qu'il gagne en facilité d'accès. C'est certain, ce choix ne plaira pas aux puristes.
Miimoto
Vos talents de pilote, c'est principalement en solo que vous les ferez valoir, car le online se résume à sa plus simple expression, et le multi en local a apparemment été oublié lors du développement. Sans doute une amnésie passagère des développeurs... Hem hem. Bref, en solo les développeurs n'ont pas été pingres et l'on trouve plétore de modes de jeu, dans lesquels vous pourrez exprimer vos talents. Et notamment le mode Carrière, qui n'a pas énormément évolué. En lançant le titre pour la première fois, MXGP 2 vous propose de créer un pilote ; cela se limite au nom/prénom/nationalité, mais vous avez également la possibilité de créer votre propre team et d'engager du staff. L'ensemble est assez basique et tout le monde Carrière suit cette logique : on choisit via un menu assez sobre un sponsor et hop, on va salir ses belles bottes toutes neuves dans la gadoue du premier grand prix venu. Très honnêtement, l'ensemble fonctionne sans hoquet mais cela manque clairement de relief. On aurait souhaité quelque chose de plus interactif, de plus immersif, même, à l'image de ce que Milestone a accompli sur MotoGP 15, par exemple. Ce n'est pas hyper original, mais ça a le mérite de donner un peu de corps au jeu.
À ce titre, la section « Relations publiques » est assez éloquente. Vous pensiez pouvoir vous adresser à des journalistes, ou à vos fans via un faux réseau social ? Eh bien non, il a juste de quoi consulter ses mails, ou vérifier via des jauges l'intérêt que vous portent certaines marques. Difficile de se mettre dans la peau de ce pilote créé de toutes pièces, dont on ne verra jamais le visage, finalement.
Fashion week
De nombreux fans avaient demandé, après MXGP, à pouvoir bénéficier d'un fonction de customisation, tant du pilote que de sa moto. Souhait exhaussé, Milestone a manifestement œuvré dans l'ombre auprès des marques les plus connues des amateurs de motocross, pour proposer une foultitude d'accessoires. Côté pilotes, on trouvera donc force gants, masques, casques, combinaisons, bottes et protège-cou, tandis que côté moto, le choix est plus intéressant. Car au delà des modifications visuelles de bon goût (coques, protège-mains, guidons, poignets, etc) on trouve également quelques composants techniques à améliorer. Ces améliorations auront bien entendu une influence sur quatre critères : accélération, vitesse, puissance du freinage, maniabilité. Un ajout sympathique mais qui révèle rapidement un manque de profondeur regrettable. Achetez les pièces les plus chères, votre moto sera parfaite. Point barre.
Mais cette partie customisation est plaisante et participe à rappeler que le motocross, ce n'est pas juste se rouler dans la boue et faire du bruit à dos de tondeuses à gazon surpuissantes. Il y a aussi derrière toute une industrie au service des performances et du style des riders. C'est un univers à découvrir et cette petite nouveauté lui donne du corps. Appréciable.
Uranium, plutonium, stadium
Et globalement, ce MXGP 2 donne l'impression que les petits gars de Milestone n'ont pas chomé. Les Milanais ont rajouté quelques nouveautés pas désagréables. A côté des 18 grands prix, vous trouverez également 4 courses en stadium. Simplement nommés Football Arena 1 et 2, et Diamond Stadium 1 et 2, ces quatre circuits sont bien différents des grands prix classiques. Beaucoup de petites boss, de virages très serrés, les courses en stadium sont apres et extrêmement physiques. Il faudra de fait un petit temps d'adaptation pour réussir en arène les mêmes performances qu'en grand prix classique, car elles exigent de vous une capacité d'adaptation immédiate. Visuellement, les stades sont bien différents des grands prix, ils apportent donc de la variété tant sur le plan de la conduite que de l'ambiance.
On trouve également un mode nommé Monster Energy FIM MXON, qui vous permettra de participer... au Motocross des Nations, en effet. Les pilotes sont ici réunis par nationalité, à vous de choisir votre camp et d'amener votre pays au sommet de la compétition. Ça ne mange pas de pain, mais les amateurs du genre applaudiront des deux mains, d'autant que les pilotes sont nombreux. Bien entendu, MXGP 2 est toujours le jeu officiel du championnat MXGP, et possède ainsi toutes les licences... et même un petit peu plus, puisque l'on trouve les pilotes de MX2 également. Ce qui signifie donc plus de choix de motos, ô joie bonheur et allégresse.
L'IA du ter-ter
Un mot sur l'intelligence artificielle et donc les hooligans motorisés qui vous entourent dans chacune de vos courses. Voilà qui est probablement le point le plus agaçant de ce MXGP 2, qui mériterait carrément un patch. Il se trouve que lors des premières minutes de course, on aurait parfois l'impression de revivre certaines scènes du dernier Mad Max, plutôt que participer à un grand prix de motocross. Conduite sur rail et résistance d'un tank, voilà un cocktail détonnant et au goût plutôt amer. Les collisions avec les pilotes adverses deviennent vite insupportables, puisque le résultat sera toujours le même ou presque. C'est-à-dire que vous allez vite devenir un spécialiste de la brasse papillon sur boue. Un sport encore non-répertorié, offrant peu de perspectives d'évolution dans votre carrière, soyez en sûrs.
Ce qui vous forcera donc à éviter l'IA autant que possible, quitte à sortir du tracé, et donc à apprécier une autre tare du jeu : dès lors que vous sortez vaguement des clous, le jeu vous fait automatiquement réapparaître en plein milieu de la voie, au point mort. Sacrée perte de temps...
Beau comme une moto
Petit point technique maintenant. MXGP 2 n'est pas particulièrement beau, contrairement à ce que laissait penser cet inter-titre mensonger. À vrai dire, l'ensemble est même assez inégal. Les motos et les pilotes sont plutôt bien modélisés, mais ils détonnent beaucoup une fois sur la piste. Les circuits sont richement habillés mais les décors manquent de finesse, tandis que l'on préférera ne pas regarder les spectateurs zombies. Mention spéciale pour la damoiselle qui gesticule sur la ligne de départ, dont les polygones semblent tout droit sorti d'un jeu pré-Xbox 360/PlayStation 3. On a quand même un joli travail effectué sur les différentes pistes, que l'on soit sur terre battue ou sur sable, avec un rendu convaincant... et c'est tant mieux puisqu'on les aura un bon moment sous les yeux.
Points forts
- Conduite plus fine
- Gameplay au sol technique
- Motos et pilotes bien modélisés
- Courses en stadium
- La customisation
- MXGP et MX2
Points faibles
- L'IA
- Gameplay aérien
- Le son des motos
- Le online, un peu léger
- Pas de split-screen
MXGP 2 est un jeu plus que correct. Il est plus complet que son prédécesseur, et repose sur un gameplay légèrement plus fin. Mais on était en droit d'attendre une évolution plus marquée, notamment au niveau de l'IA, du gameplay aérien et de l'habillage général du titre, notamment au niveau du mode Carrière. Mais n'allez pas croire pour autant que Milestone s'est tourné les pouces pendant deux ans car le titre propose également pas mal de nouveautés, faisant de MXGP 2 un titre autrement plus complet que son grand frère. On aurait simplement souhaité plus de profondeur, dans tous les compartiments du jeu. En attendant, MXGP 2 reste un titre solide et que n'importe quel fan de motocross devrait essayer, afin de se faire son avis sur la question.