En sortant sur PC en décembre dernier, DiRT Rally a mis un grand coup de tatanne dans le petit nez du monde endormi des jeux de rallye. Après un WRC 5 honnête, et un Sébastien Loeb Rally Evo sympathique, le titre de Codemasters débarque donc sur console de salon pour rappeler qui est le patron. Car lui tape dans la simulation qui tâche, laissant barboter ses petits camarades dans un pataugeoire arcade un peu fade. Nerveux, technique et bien réalisé, DiRT Rally nous avait mis une claque sur PC. Réédite-t-il l'exploit sur console ? Bonne nouvelle : oui.
Une version Xbox One correcte
Dans ce test de la version One de DiRT Rally, nous allons donc principalement nous intéresser à la partie technique du jeu, avant de discuter des petites nouveautés ajoutées par Codemasters pour célébrer la sortie de cette version console, dont ils attendent beaucoup.
Lors de notre preview en février dernier, nous n'avions pas pu essayer la version One de DiRT Rally. Et honnêtement, nous étions un peu inquiet à son sujet. Codemasters ne disposant pas de moyens illimités (DiRT Rally a été financé en partie via une early access sur Steam), nous avions peur de revivre une affaire similaire à celle de Sébastien Loeb Rally Evo, ou dans un autre genre, de Project CARS. Deux titres dont les versions One ont clairement été développé avec un soin... relatif, disons. Par chance, ici, il n'en est rien. Eh non car sur la console de Microsoft, DiRT Rally s'en sort très bien. Le framerate, extrêmement important dans un jeu de ce genre, reste stable à 60 images par seconde. En revanche les développeurs ont opté pour une résolution adaptative ; comme dans Halo 5: Guardians, le jeu oscille entre 1080p et... plus bas. Ces changements ne sont pas vraiment perceptibles puisqu'ils surviennent lorsque l'action est particulièrement soutenue. Comme l'on est tout le temps concentré sur la route, on s'en aperçoit pratiquement pas.
Toujours est-il que le jeu est légèrement moins beau que sa frangine parue sur PlayStation 4. La différence est minime, et se remarque principalement sur la route, où le niveau de détails est moins élevé, ou sur la distance d'afficage. Pas fameuse sur la console de Sony, elle est ici plutôt tristounette, avec des arrière-plans brumeux qui ternissent l'ensemble. Cependant, et comme sur PC et sur PS4, si le jeu ne marquera pas les mémoires pour son apparence, il fait le job et tout cela ne nuit heureusement pas au plaisir de conduite.
Optimisé pour la manette
Le sous-titre ne manquera pas de faire sourire les amateurs de conduite au volant, mais la vérité est là : jouer à DiRT Rally à la manette est tout à fait possible. Et particulièrement sur Xbox One. Vous le savez, les deux licences star de la Xbox sont un FPS, et un jeu de course (oui, Halo et Forza, c'est de vous dont je parle) ; en conséquence de quoi, la manette de la One a été pensée en particulier pour ces deux types de jeu. Et cela se ressent sur DiRT Rally, qui a d'ailleurs la bonne idée d'utiliser les gachettes vibrantes de la bête. Alors attention tout de même : c'est moins fin que sur Forza Motorsport 6 et l'on aurait aimé les sentir sur certaines reprises, quand la voiture sort d'un gros virage. Mais on est content de voir que les développeurs y ont pensé : la feature n'était pas disponible sur PC, lorsque l'on utilisait la-dite manette.
Un mot sur les nouveautés
Comme promis, DiRT Rally, dans sa version console, est livré avec quelques nouveautés pas désagréables. Ainsi, l'on peut retrouver la mythique Renault Alpine A110, tout un tas de livrées en lien avec feu Colin McRae, la 208 Pike Peaks de Sébastien Loeb, ou encore deux nouvelles catégories en rallycross. Soyons honnêtes, le contenu original de DiRT Rally était franchement léger et ce ne sont pas ces quelques ajouts qui changeront la donne. Cela étant, on les acceptera sans bouder son plaisir : c'est toujours ça de gagné.
Notre test de DiRT Rallye
Simu & Garfunkel
Eh oui car après un DiRT 3 plutôt axé arcade, fun et autres kenblockeries, on pouvait s'attendre à ce que sa suite prenne le même chemin. Il n'en est rien. Alors que le frangin misait sur l'accessibilité et les couleurs bariolées, le petit nouveau lui est autrement plus sobre et technique. Ah c'est certain, les menus n'invitent pas à sortir les cotillons et le caractère peu docile des différents bolides du jeu devrait faire couiner les amateurs de routes format autoroute, virages pris tout au frein à main, quelle que soit la voiture utilisée. Sachez le, DiRT Rally joue la carte de la simulation automobile et il le fait rudement bien. La grosse trentaine de voitures disponibles (Lancia, Peugeot, Ford, etc) impressionne de par la variété qu'elles imposent de facto. Toutes ne se conduisent pas de la même manière et disposent de caractéristiques qui leurs sont propres.
Ces différences se ressentent directement en course. La forme, la structure-même de la voiture a un impact plus que conséquent, le poids ne se distribuant pas de la même manière dans les virages et les freinages. À ce titre, les transferts de masse sont particulièrement impressionnants et l'on comprend vite pourquoi le jeu propose finalement si peu de véhicules. Les moyens limités de Codemasters n'expliquent pas tout : les développeurs ont clairement privilégié la qualité à la quantité, un choix tout à fait appréciable dans ce genre de jeu.
Bien entendu DiRT Rally propose différents types de surface, que les habitués du genre ne seront pas étonnés de retrouver. Neige, glace, terre battue, goudron, gravier... Sur certaines routes de Suède, il est possible d'alterner très rapidement entre routes sèches et routes enneigés, ce qui impose au joueur de s'adapter extrêmement rapidement afin d'éviter toute sortie de piste. Ce qui, pour un débutant, ne saurait tarder : les routes des tracés de DiRT Rally jouent la carte du réalisme elles aussi, et certaines sont d'un minceur diabolique. Lorsque ce n'est pas un talus qui pose problème, c'est le gazon, en bordure, qui peut constituer un piège terrible si jamais l'un de vos pneus venait à entrer en contact avec. L'adhérence n'étant pas la même, la voiture aura tôt fait de virer de bord, ce qui peut se montrer dangereux dans de nombreux cas.
Garage, Inc
Heureusement pour vous, Codemasters n'a pas oublié la partie « huile de vidange et clé à molette » du jeu. Comprenez par là que vous avez différentes manières d'interagir avec vos différentes voitures. En championnat notamment, vous avez la possibilité de les réparer, dans la limite de temps accordée. Le jeu vous invite d'ailleurs très vite à recruter des ingénieurs, et de composer votre petite équipe. Cette équipe grandira à mesure que vous avancerez dans la compétition et il faudra surveiller leurs contrats (manifestement dans le monde du rallye, on n'embauche qu'en CDD) mais aussi leurs différents attributs. En toute logique donc, plus votre staff sera important, plus il sera doué, et plus vite vous pourrez réparer vos voitures.
Vous aurez également la possibilité d'améliorer les performances de votre voiture en changeant certaines pièces de voiture. Un détail qui pourrait faire tiquer les fans les plus hardcore, qui se passeront sans doute de ces petits upgrades. En revanche, ce qui devrait leur plaire, c'est le menu permettant de régler une par une les différentes pièces qui composent la voiture. Des difficultés à passer certains virages, ou à vous imposer en compétition avec votre propulsion ? Passez faire un tour à l'atelier. Réglez le différentiel, durcissez ou assouplissez les suspensions (avant et/ou arrière, bien sûr), adaptez la hauteur de caisse... Les options sont nombreuses et influencent vraiment le comportement du véhicule. Les nuances sont parfois subtiles et il vous faudra une véritable finesse pour obtenir LE réglagle qui vous permettra de gratter les 2,1 secondes qu'il vous manquait sur la dernière course.
Subtilité, exigence, clairement, DiRT Rally a tout d'un grand, et de nombreux joueurs devraient passer des heures et des heures à améliorer leurs performances, encore et toujours. Et on les comprend. Cela étant, il ne faudrait pas oublier que le titre de Codemasters est entaché de quelques défauts.
Sobriété, efficacité ?
Le premier d'entre eux n'est sans doute pas le plus gênant et il est possible que bon nombre de joueurs ne voient ici que les pinaillages d'un journaliste en manque d'argument ; cela étant, il est probable que le défaut en question dérange certains joueurs, et il me paraît important de le mettre en avant. Il faut donc savoir que DiRT Rally, malgré les qualités mentionnées précédemment, est un peu pauvre dans ce que l'on appellera son emballage, ou son habillage. Comprenez par là que le jeu, dès son menu d'accueil, est franchement austère. Et pour que les menus ne se sentent pas seuls, c'est tout le reste du titre qui est du même acabit. Oubliez les petites cinématiques festives, le service park modélisé, tout se fait via le biais de ces menus rappelant (logiquement) Colin McRae Rally... mais le 2.0, sorti il y a 15 ans. Question immersion, on a vu mieux...
« Votre manque de contenu me consterne »
Et globalement, c'est tout le jeu qui est assez tristounet, en termes de contenu. Il faut bien le dire, les modes de jeu n'abondent pas dans DiRT Rally. Oh, le titre de Codemasters propose bien quelques épreuves communautaires, mais le multijoueur online en lui-même est quasi-inexistant et l'essentiel de vos interactions se limitera finalement aux différents leaderboards qu'arbore le jeu. On contre-balancera cette froide vérité avec, notamment, la présence d'un mode de jeu un peu à part, intitulé Rallycross. Dans lequel vous pourrez courir en catégorie... rallycross, effectivement, félicitation pour votre perspicacité. Pour ceux d'entre vous qui ignoreraient les règles de ce noble sport, il s'agit de lâcher simultanément sur un seul et même circuit un nombre donné de concurrents. Ici, quatre, qui devront donc obtenir le meilleur temps sur quatre tours. Trois circuits sont disponibles et proposent une certaine diversité de surfaces, et des virages pas piqués des hannetons. Le mode de jeu est plaisant et puisque la communauté de DiRT Rally est principalement constituée de connaisseurs, l'ambiance est plutôt au fair-play.
Ce constant, nous le faisons déjà en février dernier, il n'est hélas pas différent aujourd'hui, malgré l'effort produit par Milestone qui a manifestement passé plus de temps à peaufiner le gameplay de cette version console. Pour le coup, on ne leur en voudra pas.
Un plaisir réservé aux pilotes hardcore ?
Précision importante avant de vous livrer la conclusion de ce test, DiRT Rally est certes exigeant et assez austère de prime abord, il n'en reste pas moins un titre abordable pour les débutants les plus patients. Le nouveau bébé de Codemasters propose différentes aides qui pourront donner un petit coup de pouce aux nouveaux venus, comme aux joueurs ne disposant pas d'un volant. Avec un pad et sans aucune assistance, le titre se laisse dompter mais pour plus de précision, on conseillera l'utilisation d'un volant et d'un pédalier qui renforceront la sensation d'immersion (attention néanmoins, en fonction des modèles il faudra effectuer quelques réglages). D'autant que DiRT propose différentes caméra, certaines offrant une sacrée impression de vitesse.
Quoi qu'il en soit, si jusqu'à présent vous étiez plutôt des habitués de la série WRC ou des précédents DiRT plutôt arcade, je ne saurais que trop vous conseiller DiRT Rally : avec ses qualités, il mérite largement que vous lui accordiez votre temps, et votre patience. En vous améliorant, le plaisir n'en sera que plus grand.
Points forts
- Pilotage exigeant, fin, et donc très excitant
- Pas fermé aux débutants pour autant
- Les possibilités de réglage des voitures
- Plutôt joli au vu des moyens
- Pilotes et livrées officielles et notamment celle de Colin McRae
- 60 images par seconde
- Très jouable à la manette.
- Les gâchettes vibrantes utilisées à bon escient !
Points faibles
- Manque de contenu, malgré quelques nouveautés
- La partie online est plutôt légère
- Côté son, le freinage manque un peu de pêche
DiRT Rally, après avoir tout cassé sur PC, réédite l'exploit sur Xbox One. La série de Codemasters a fait sa mue et s'est intelligemment dirigée du côté de la simulation, faisant de DiRT Rally un titre aussi exigeant que plaisant. D'autant qu'il a l'intelligence de ne pas se couper complètement du grand public (cette sortie sur consoles de salon le prouve) en restant abordable, pour ceux qui auront l'envie et la patience de s'entraîner et de mettre leurs mains dans le cambouis. C'est un jeu qui demande maîtrise, concentration et qui injecte régulièrement de grosses doses d'adrénaline, faisant de lui un jeu de course très addictif. Les amateurs de rallye pardonneront facilement au jeu ses menus défauts, à mettre sur le compte d'un manque de moyens évident. C'est certain, nous avons ici le meilleur jeu de rallye sorti de ces dernières années.