Après une version mobile ayant connue un immense succès, les développeurs de Plague Inc. ont trouvé extrêmement judicieux de porter leur création sur d'autres plate-formes, et en l'occurence sur PC, version qui nous intéresse ici. Sobrement intitulé Plague Inc. Evolved, cette édition sera-t-elle à la hauteur l'originale ?
Malgré la grande diversité de simulations sur les plate-formes PC et mobile, de la gestion agricole à la complexe gérance d'une métroplole, aucune n'a pourtant déjà proposé une simulation d'anéantissement de civilisations. Si l'on peut raisonnablement douter de la valeur morale du concept, il a tout de même accouché d'un des jeux les plus plaisants et chronophages sur lesquels j'ai pu poser mes avides mains de gamer.
Portage de qualité
Quitte à faire un portage, les développeurs ont pris le taureau par les cornes en offrant une véritable adaptation à la plate-forme. Cela passe premièrement par une adaptation graphique puisque c'est maintenant en face-à-face avec une riche mappemonde que vous allez assouvir vos penchants maléfiques. Cette édition témoigne par ailleurs d'une plus grande richesse visuelle que sa consœur mobile, avec de beaux virus tout en 3D ainsi que des icônes bien plus soignées. Bon point également à l'agencement et l'ergonomie, qui permettent d'appréhender correctement et simplement le grand nombre d'informations à prendre en compte. Il faut avouer que c'est un véritable petit plaisir de voir son virus se propager de façon exponentielle sur le monde entier tout en conservant une vision d'ensemble et surtout un œil sur le compteur de morts qui croit en parrallèle. Si d'un point de vue moral, le joueur est transformé en un authentique monstre capable d'anéantir toute une civilisation pour la joie du scoring, il est vrai que le jeu est suffisament varié et intéressant pour que l'on succombe bien vite à son aspect chronophage. D'autant que les parties sont très variables en termes de difficulté (au choix pour le joueur) et surtout en fonction du virus choisi, puisque chacun aura des effets uniques.
On ne change pas une recette qui gagne
Car ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est que le soft est un véritable jeu de gestion et donc que si vous voulez que votre épidémie soit une complète réussite, il faut lui donner toutes les chances pour. Ainsi, chaque partie commencera de la même façon : vous choisirez le virus de vos rêves et introduirez le patient zéro dans le pays qui vous convient. À noter que le virus peut-être renommé avec une autre appellation que celle proposée : ce n'est certes pas la feature la plus extraordinaire, mais il est "sympathique" de réduire à néant tout un peuple avec une maladie au nom rigolo. Et là, c'est parti pour le grand spectacle. Bon, les débuts sont volontairement timides, le compteur affiche seulement le nombre d'infectés, et celui-ci grandit plutôt lentement car le virus n'est pas encore pourvu d'effets néfastes. Mais c'était sans compter sur les joies de la manipulation génétique. Car au bout d'un certain nombre d'infectés, votre carte fera apparaître des jolis points rouges et oranges, qui sont dans les faits très similaires à des points de compétence : vous pourrez alors "customiser" votre épidémie à travers quelques effets plutôt sympathiques. Ceux-là sont d'ailleurs séparés en deux tableaux disctincts : d'un coté la propagation, de l'autre les effets sur le corps. Vous pourrez par exemple faire en sorte que votre virus soit résistant au froid, qu'il se propage plus facilement dans l'air... Pour les effets néfastes, l'éventail est d'autant plus complet qu'il est évolutif : une défaillance pulmonaire à la manière de la tuberculose, un affaiblissement des résistances, une destruction des cellules nerveuses... comme une sorte de RPG de l'épidémie mondiale.
Le jeu demande ainsi une forte dose de jugeote puisqu'il exige que le joueur prenne en compte une grande quantité d'informations différentes. Premièrement, les conditions climatiques de la planète, car infecter un pays chaud comme l'Égypte demandera une aptitude complètement différente par rapport à celle requise pour l'infection d'un pays froid comme le Canada. Le virus devra être suffisament adapté à ces deux climats. Mais il faut aussi prendre en compte les conditions humaines, car l'humanité n'est pas si facile à terrasser : ils peuvent déjà ralentir, en cas d'épidémie trop radicale, la circulation internationale, voire carrément la fermer. Des pays comme l'Islande par exemple, qui ne possèdent qu'un seul aéroport, seront totalement sauvés en cas de fermeture du trafic aérien ou maritime, ce qui induit donc que la partie est perdue car le pays survivra même avec une totale destruction des autres nations. Il est ainsi préférable de privilégier, en début de partie, la propagation de la maladie, pour que la plupart des pays en soit infectée, puis après rendre ladite épidémie mortelle. Détail un peu plus amusant : la bactérie étant un être propre, il se peut qu'elle évolue aussi à sa convenance. Ne soyez donc pas surpris d'apprendre que votre virus, sans lui avoir rien demandé, ait fait ses petites mutations tout seul. Si cela s'avère parfois utile pour accélerer la catastrophe, cela peut également se déclencher pendant l'infestation et donc réduire à néant vos chances d'atteindre les pays les plus reculés.
Dès que l'infection sera découverte par l'humanité, celle-ci essayera par tous les moyens de se défendre. Que ce soit en limitant les connexions entre les pays, puisque c'est principalement de cette façon que vous arrivez à vos fins, mais également en mettant au point un vaccin contre votre création. Ainsi, si le compteur de morts est très intéressant, le pourcentage qui indique l'évolution du vaccin l'est tout autant. Le seul moyen de limiter au maximum ce vaccin est déjà d'exterminer toute l'humanité avant sa commercialisation, mais aussi de cliquer le plus rapidement possible sur les icônes bleues qui apparaissent ça et là sur votre map. En revanche, si ce vaccin arrive à être développé à 100%, c'est la fin des haricots et le game over. L'écran affichera alors un joli diagramme camembert de la population mondiale avec le pourcentage d'infectés, de morts et surtout de vivants. Celui-ci s'accompagnera également d'un récapitulatif des pays que vous avez décimés, avec une possibilité de consulter le détail sur chaque contrée des conséquences de vos méfaits. Cela donne d'autant plus envie de retenter une nouvelle partie en utilisant une autre maladie, et surtout un angle d'attaque différent.
Comme évoqué plus haut, Plague Inc. Evolved est un jeu extrêmement chronophage. Avec des parties d'environ une demi-heure, il est très simple de le consommer à petites doses, pour ainsi profiter plus savamment des possibilités qu'il a à offrir. Car à l'heure actuelle, il possède un contenu tout à fait honorable, à même de satisfaire les tueurs de civilisations en herbe que nous sommes. Au-delà d'une difficulté réglable, le joueur peut, de lui-même, s'imposer des objectifs : que ce soit par exemple de commencer dans un pays très reculé, ou même en ne ralentissant pas la mise au point du vaccin. La seule limite est celle de l'imagination. Et c'est sans compter sur la grande quantité de maladies disponibles, qui de surcroît sont toutes réelles. À vous les "plaisirs" de revoir les ravages de la peste bubonique ou même des épidémies nouvelle génération avec l'aide des nano-virus. Chacune des maladies possédant des effets et des particularités propres, chaque partie devient différente. En conséquence, et si vous accrochez bien au concept, vous arriverez bien à passer plus d'une vingtaine d'heures sur le titre, voire bien davantage.
La magie de l'immersion
Derrière chose avant de clore ce test, et bien au-delà de la partie graphique, il faut également rendre honneur au côté immersif du jeu. Car il faut dire que c'est un des éléments qui procure une grande partie de son charme à Plague Inc. Evolved. Pour ceci, les développeurs ont mis en place un sytème de news provenant des pays infectés : cela commence doucement avec la BBC qui indique dans un communiqué quelques cas non dangereux, et cela finit par un bulletin international qui indique que l'humanité se détruit à vitesse grand V. Après, le flux d'infos peut également être utile pour le développement du virus, puisque vous pouvez adapter celui-ci en fonction. Une vague de fraîcheur sur l'Europe ? Pas de problèmes, il suffit juste d'augmenter sa résistance au froid. Plusieurs inondations dans des îles du Pacifique ? No problemo, le virus deviendra donc transmissible dans l'eau. Le studio apprécie décidément l'humour noir. A noter aussi la musique du jeu, un brin machiavélique et parfaitement adaptée à vos monstrueuses exactions. En bref, Plague Inc. Evolved se révèle être un excellent portage mais également un très bon jeu PC pour quiconque accepte ce diabolique concept.
Points forts
- Un portage de grande qualité
- Un contenu suffisant pour satisfaire tout le monde
- Un jeu extrêmement chronophage
- Une infinité de possibilités, et la durée de vie qui va avec
- Une immersion au poil avec de vrais maladies et surtout le flux de news
- L'humour noir qui se dégage du jeu
- Le fait de pouvoir renommer la maladie comme on le désire
Points faibles
- Il faut impérativement adhérer au concept (ce qui inclut la redondance et l'humour noir) pour en profiter
Plague, Inc. était déjà excellent, mais ce portage PC le transcende réellement tout en supprimant les quelques défauts qui l'entachaient. On se retrouve donc avec un jeu complexe et chronophage aux possibilités absolument dantesques. Si vous arrivez à accrocher au concept et à l'humour noir qui s'en dégage, ce jeu est une bénédiction à même de vous occuper pendant de très nombreuses heures. Surtout au prix de 15 €.