Après un deux épisodes sous la houlette de Yoshinori Kitase et Tetsuya Nomura, c’est finalement Hironobu Sakaguchi lui-même qui a repris les rênes de la franchise Final Fantasy pour le dernier tour de piste de la série sur PS One. Au programme, un hommage certain aux racines de la licence, et surtout, un retour à la fantasy pure et dure après des Final Fantasy VII et VIII tirant largement vers la science-fiction mâtinée de magie. En dépit de chiffres de ventes un peu moins élevés que ces deux prédécesseurs, Final Fantasy IX conserve une aura certaine auprès des joueurs qui l’ont pratiqué. Il faut dire que Sakaguchi et sa bande ont fait les choses en grand, déployant une histoire riche, prenante, et au final assez pesante, qui aborde des thèmes graves et une réflexion poussée sur le sens de la vie, par le biais notamment du personnage de Vivi. Seize années après sa sortie, Square Enix a décidé d’offrir à Final Fantasy IX les « honneurs » d’un portage mobile. Une bonne nouvelle certes, qu’il faut cependant mettre en perspective avec les précédents portages de la licence, celui de FF VII étant par exemple plus qu’honteux. Comme toujours lorsque nous abordons le portage mobile d’un jeu « classique », nous ne jugerons pas ici le jeu original, et nous concentrerons exclusivement sur les fonctionnalités propres à cette version.
Avant de nous plonger dans le vif du sujet, prenons tout de même le temps de rappeler un tantinet l’histoire de ce Final Fantasy IX. Comme bien souvent dans la série, nous serons amenés à diriger une équipe de personnages au destin exceptionnel, qui les mènera souvent bien malgré eux à tenir le sort du monde entre leur main. C’est dans la peau de Djidane, un jeune homme affublé d’une queue de singe que l’on commence l’aventure. Membre de la troupe des Tantalas, des bandits au grand cœur, il a pour mission de kidnapper Grenat, la princesse du royaume d’Alexandrie. Une affaire qui ne se passera pas comme prévu, et qui fera se télescoper les vies de plusieurs de nos héros, comme Steiner le capitaine maladroit des Brutos, et Bibi, un jeune mage noir parti découvrir le monde. De fil en aiguille, notre joyeuse troupe se retrouvera confrontée aux horreurs d’une guerre machiavélique orchestrée par Kuja, un être au sinistre dessein. Sur départ relativement banal, Sakaguchi et son équipe ont réussi à développer une fresque incroyable, qui met en scène des personnages non seulement très attachants, mais aussi particulièrement profonds. Les thématiques abordées tout au long du récit, que ce soit par les personnages principaux ou les PNJ, s’avèrent au final bien plus sérieuses qu’il n’y parait, offrant aux joueurs une véritable réflexion en plus du simple plaisir lié au jeu. Autant d’éléments qu’il est possible d’apprécier, même quinze années après la sortie du jeu.
Une demi-refonte graphique vaut mieux que pas de refonte du tout !
S’il y a bien une chose qui saute aux yeux lorsque l’on lance ce Final Fantasy IX mobile, c’est bien le travail effectué sur les graphismes du jeu. Outre un lissage plus que correct des environnements, qui permettent d’épargner quelques saignements rétiniens liés au grand âge du jeu, les modèles 3D des personnages ont été grandement améliorés. Que ce soit lors des phases d’explorations ou bien des combats, observer les personnages et les monstres en action est un réel plaisir pour les yeux. Les textures ont l’air plus fines, et l’on peut apercevoir très nettement de nombreux détails sur les personnages, à tel point qu’il est possible d’apprécier l’expression de certains d’entre eux lors des cut scenes. Bien évidemment, un tel travail n’a pas été sans quelques ratés, et il est parfois possible d’assister à de petits problèmes de collisions, mais dans l’ensemble, c’est une affaire qui roule plutôt bien, et qui permet d’apprécier le jeu sans trop souffrir. Dommage cependant que le travail effectué sur les modèles 3D n’ait pas été appliqué à la 2D. En effet, les arrière-plans, et certaines séquences animées font peine à voir, lissage ou pas. Et c’est rageant, car cela gâche presque les efforts effectués par les équipes chargées du portage. Presque, car dans l’ensemble, cette refont graphique, certes minime, constitue le plus gros travail d’adaptation effectué par Square-Enix sur un Final Fantasy mobile, ce qui n’est pas rien lorsque l’on se souvient du portage deFinal Fantasy VII. De plus, et il faut le souligner aussi, le jeu demeure très stable, et tourne sans aucun problème sur un iPhone 6, au prix peut-être, d’une consommation de batterie un brin excessive.
Final Fantasy IX : Combat de boss face à Blambourine
En dehors de la partie technique pure, ce Final Fantasy a aussi bénéficié d’une adaptation au niveau de ses contrôles, et de son ergonomie générale. Pour commencer, Square Enix ne s’est pas contenté, cette fois-ci, de nous coller à l’écran l’intégralité du pad PS One dans sa version virtuelle. On se retrouve ici face à une interface mobile très classique, avec un stick virtuel flottant, et quelques boutons aux fonctionnalités précises (valider, appeler les mogs, etc). Un système qui fonctionne étonnamment bien, et s’avère au final très réactif une fois que l’on a pris le coup (j’ai par exemple pu obtenir 100% au mini-jeu lors de la représentation de la pièce de théâtre à Alexandrie). Un bémol toutefois. A cause de l’évolution du format des écrans, FFIX n’utilise pas toute la surface des téléphone 16/9ème, ce qui entraîne l’apparition de bandes noires de chaque côté de l’écran de jeu. Ces deux bandes sont pour ainsi dire mortes, et ne réagiront pas lorsque l’on posera un doigt dessus, empêchant ainsi une utilisation aisée du stick virtuel. Et même s’il s’agit d’un détail, cela compte tout de même. On appréciera cependant l’affichage de l’heure et de l’état de la batterie, deux éléments bougrement important lorsqu’on se lance dans un tel jeu.
Côté contrôle donc, tout fonctionne plutôt correctement. En matière d’ergonomie, c’est en revanche une autre paire de manche. En effet, la navigation dans les menus s’avère un brin pénible, et assez rigide. Le tout manque grandement de fluidité, et l’on se retrouvera bien souvent à faire des allers retours inutiles pour équiper ses personnages. Un problème qui aurait pu être résolu aisément par une compatibilité avec les manettes MFI, chose impossible à l’heure actuelle (la Nimbus utilisée pour le test ne permet pas de se déplacer, et ouvre le menu dès lors que l’on presse la gauche sur le pad…). Afin de mieux coller au mode de consommation mobile, à savoir des sessions de jeux courtes et pas forcément suivie dans le temps, ce portage propose plusieurs options relativement pratiques. A commencer par un système de sauvegarde automatique très ingénieux. En effet, le jeu sauvegarde la position du joueur à chaque transition d’écran, ce qui permet d’interrompre sa partie très simplement, sans risque de perdre les bénéfices de son dernier combat. Ensuite, ce sont les boosts qui signent leur grand retour. Comme dans les portage précédents, il est possible de trouver dans ce portage différentes options qui permettent de se simplifier grandement la vie : désactivation des combats aléatoires, augmentation du niveau de l’équipe, coups qui frappent à 9999 ou encore déblocage de toutes les capacités, il y en a pour tous les gouts. Charge à chacun ensuite de voir comment il souhaite aborder le jeu.
Extrait de gameplay de Final Fantasy IX sur mobiles
- Test réalisé sur un iPhone 6
Points forts
- La mise à jour graphique des personnages
- Le système de sauvegarde automatique
- Les boosts de statistique (si l’on ne veut pas se prendre la tête)
Points faibles
- Pas de refonte graphique des arrière-plans
- Pas encore de prise en charge des manettes MFI
- Le prix
- Les boosts de statistique (qui dénaturent un peu l’expérience de jeu)
Avec le portage IOS et Android de Final Fantasy VII, Square-Enix s’était véritablement moqué des fans en proposant ni plus ni moins qu’une version PC à peine déguisée, au prix fort. Pour Final Fantasy IX, l’éditeur semble avoir pris conscience de son erreur en livrant un portage cette fois-ci un peu plus travaillé. Graphiquement tout d’abord, le jeu a subit un léger lifting au niveau des personnages. Les modèles des personnages s’avèrent très fin, détaillés, ce qui permet d’apprécier à sa juste valeur le chara design. Petit bémol cependant, cette refonte ne s’étend pas aux arrière-plans, qui sont aussi compressés que leur homologue de l’époque, ce qui donne au final un rendu mitigé. Côté nouveautés, Final Fantasy IX pourra compter sur un système de sauvegarde automatique très utile qui s’active à chaque changement d’écran, ainsi que sur de nombreux boosts de statistiques qu’il est possible d’activer. A mon sens, la présence de ces derniers est dommageable pour l’expérience de jeu, mais elle est acceptable sur un support mobile, les sessions de jeu étant souvent plus courtes et rares sur ce support. Au final, une fois encore, c’est la politique tarifaire de Square-Enix qui fera le plus tiquer. Reste que, hier comme aujourd’hui, Final Fantasy IX demeure un grand jeu qui vaut amplement que l’on y consacre du temps, et un peu d’argent.