6 ans après l’excellent Belmont’s Revenge, Konami sort Castlevania Legends, troisième et dernier volet sur une Game Boy en fin de vie. Mais l’éditeur nippon n’a pas chômé entre ces deux opus sur la portable de Nintendo, offrant à ses fans certains des meilleurs épisodes de la saga et excusez du peu : Super Castlevania IV et Vampire's Kiss sur Super Nintendo, Rondo of Blood sur PC Engine, The New Generation sur Megadrive et le mythique Symphony of the Night sur PS1, sorti seulement quelques mois avant Legends. Autant le dire tout de suite, nous étions en droit d’espérer un nouveau miracle ! Mais la pression étant trop grande sur ses épaules, le petit Legends ne gardera de légendaire que son nom…

LEGENDES URBAINES

Castlevania nous conte toujours un peu la même histoire. Vous incarnez un membre de la famille Belmont qui s’en va traverser les lieux les plus lugubres de Transylvanie, armé de son fouet et de son eau bénite pour défaire le Prince des Ténèbres en la personne de Dracula, qui a eu la bonne idée de revenir à la vie pour pourrir là vôtre. La premiere bonne idée de cet épisode est qu’elle nous ramène aux origines du mal, nous mettant dans la peau de Sonia Belmont, première du clan Belmont. L’action se passe en 1450, au moment où elle affronte le Comte pour la première fois, destinant ainsi votre lignée toute entière à combattre les forces du mal.

Ses rencontres avec Alucard et son père Dracula seront l’occasion d’assister à de petits dialogues nous plongeant dans le vif du sujet. Sonia devait également être l’héroïne de Castlevania Resurrection, épisode Dreamcast dont le développement a été annulé. Il faut savoir que Koji Igarashi, l’un des papas de Symphony Of The Night et producteur de presque tous les Castlevania depuis Harmony of Dissonance a tout bonnement et simplement retiré Legends de la Chronologie de la saga par la suite, qualifiant le jeu d’embarrassant et incohérent avec l’intrigue des épisodes principaux. Ça commence bien !

DU SANG NEUF ?

Développé par Konami Computer Entertainment Nagoya, branche subsidiaire de l’éditeur, Legends continue sur les traces de ses ainés. Un bouton pour sauter, l’autre pour donner un coup de fouet. Rien de plus simple me direz vous mais c’est sans compter sur la ténacité de vos ennemis. Belmont’s Revenge reprenait quasiment monstre pour monstre le bestiaire de son prédécesseur et Legends n’étant pas la suite des deux autres, il se voit affublé de créatures propres à cet épisode. S’incrustant parfaitement dans l’univers de la série, vous aurez le droit d’user votre fouet contre de nombreuses bestioles incluant les traditionnelles chauve-souris, araignées mais aussi des zombies, lézards volants et autres monstruosités.

Le jeu compte quatre stages principaux et un optionnel caché. Tous sont gardés par un boss qui une fois vaincu vous laisse un pouvoir à utiliser comme il vous plaira. Ils remplacent ici les armes secondaires qui avaient fait leur apparition dans le deuxième volet. L’un permet de figer le temps quelques secondes, un autre remplira votre jauge de vie au maximum, deux autres blesseront vos ennemis. Quant à la dernière, cachée dans le stage optionnel, elle fait carrément disparaitre tous les monstres de l’écran! Cette dernière qui pourrait beaucoup trop simplifier le challenge n’apparait heureusement qu’à la fin de l’aventure.

Un burning mode est également disponible en pressant les boutons A et B simultanément. Comprenez par là que vous devenez invincible pendant quelques secondes et infligez des dommages à tout ennemi entrant en contact avec vous. Disponible une fois par stage, on réserve généralement cette feature au boss qui devient du coup bien trop facile à battre.

RETOUR EN ARRIERE

Les pouvoirs pré-cités ne plairont pas à tout le monde, surtout aux fans de la saga avides de challenge comme la série a toujours su leur en réserver. Car, en effet, faire disparaitre les ennemis de l’écran ou remonter intégralement sa barre de vie fait plus penser à du cheat code qu’à la manière de se battre d’un tueur de vampires. Sans compter que de surcroît, le jeu est plus simple que les deux autres. Un « Light Mode » vous permet également de commencer l’aventure avec le fouet amélioré à son maximum et de le conserver ainsi jusqu’a la fin, sans passer par les améliorations des cristaux que l’on trouve et que l’on perd normalement après chaque mort. Au moins, ça fera plaisir aux joueurs ayant toujours été découragé par la difficulté de la série. Quant aux cordes qui montent et qui descendent vous demandant un timing parfait, n’espérez pas en voir ici.

Autre hérésie, les gigots salvateurs qui redonnent des points de vie ne sont plus cachés dans les murs mais simplement dans les torches comme les autres items. Encore un moyen de simplifier l’aventure, tout comme les vies supplémentaires qu’on trouve plus souvent qu’auparavant. Et qu’en est-il du choix de niveaux instauré par son ainé ? Disparu, tout simplement, et retour à une aventure linéaire à l’instar de The Adventure, premier épisode du nom sur Game Boy. Un item caché dans chaque stage fait également son apparition mais ils ne sont pas bien compliqués à dénicher et n’offrent rien d’autre qu’une meilleure fin au jeu si vous réunissez les cinq.

LA DENT DURE

Si il est bien une chose que l’on est en droit d’espérer d’un Castlevania, tant la série à toujours su nous ravir sur ce point, c’est d’avoir une musique de qualité, pour ne pas dire inoubliable. Et pas grand chose à retenir de ce côté là. Une relecture du célèbre thème Bloody Tears dans le premier stage et une autre du thème Vampire Killer lors du combat final contre Dracula feront sans doute plaisir aux fans, bien que le processeur de la machine ne rende pas hommage à la beauté de ces compositions. Pour le reste, les compositions originales sont tout juste sympathiques quand elle ne sont pas agaçantes.

Et la première chose qui frappe lorsqu’on commence à jouer, c’est de voir à quel point les décors sont vides. Regorgeants de détails dans le deuxième opus, offrant bien souvent des décors variés et fournis, on assiste ici a des paysages trop souvent fades et manquant de singularité. Un comble quand on sait que six ans séparent cet épisode de son ainé et que la console portable monochrome est capable de bien mieux. Bref, tout ces défauts ne sont pas catastrophiques et le jeu reste plaisant à parcourir. Mais si il est honnête de le conseiller à tous les fans de la saga, ne serait-ce que pour découvrir les origines du mal, on recommandera aux réfractaires à l’univers gothique de passer leur chemin…