Créé par des anciens de Gameloft, et déjà responsable du fort sympathique Motor World : Car Factory, Oh Bibi ! s’apprête à sortir son nouveau jeu après une levée de fond de près de 3 millions d’euros. Nommé Monster & Commander, ce dernier est encore en phase de soft-launch chez nos amis australiens, philippins et néo-zélandais, mais devrait aborder les boutiques en lignes françaises dès le mois de janvier prochain. Néanmoins, grâce à la magie d’iTunes, nous avons réussi à mettre la main sur une copie de ce titre afin de vous en livrer une critique en amont de sa sortie. Pourquoi nous intéresser à ce jeu me demanderez-vous ? Et bien tout simplement parce que malgré ses faux airs de Puzzle & Dragons-like, Monster & Commander est loin de ressembler aux canons du genre et possède un gameplay original qui change agréablement la formule. Reste à savoir si cela sera suffisant pour en faire un grand jeu.
Monster & Commander : extrait de gameplay
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec Monster & Commander, les amateurs de fantaisie seront loin d’être dépaysés, puisque l’on nous sert dès le départ tous les poncifs du genre, et ce, en pleine face. Il est en effet question du retour d’un très vilain Lord Necrommander, revenu d’entre les morts après un très long exil forcé, et qui a manifestement l’air bien décidé à faire payer au monde entier cet affront. Un kidnapping de villageois et quelques ravages de villages plus tard, c’est à vous qu’échoit la tâche de sauver le monde, et pour se faire, il va falloir aller coller des beignes aux sbires de ce brave Necrommander. Vous pourrez compter sur tout un arsenal de héros tous plus caricaturaux les uns que les autres (mais avec un fond d’humour malgré tout), des monstres pas très originaux, et une ribambelles de soldats issus des grands classiques de l’heroic-fantasy que sont les orcs, humains et autres trolls. Trois éléments qui sont en réalité les trois composantes majeures du gameplay de Monster & Commander.
Héri et héro sont dans un bateau
Car voyez-vous, Monster & Commander s’éloigne un tantinet de la formule qui consiste à se constituer une équipe de monstres et à la faire évoluer au gré des combats et de l’obtention de nouvelles unités. Ici, tout commence avec un bateau. Intriguant non ? Pour constituer ce bateau, vous devrez tout d’abord choisir un héros, un personnage relativement puissant, qui possède de nombreux attributs et autres pouvoirs spéciaux dévastateurs. La seconde étape consiste à choisir un monstre qui servira de monture au héros. Là encore, différentes bestioles seront mise à disposition, possédant chacune son lot de pouvoirs spéciaux. Enfin, il faudra sélectionner une troupe armée, bien souvent composée de deux types de soldats complémentaires. Une fois ceci fait, vous obtenez une force armée qu’il faudra envoyer au combat. Cette étape est cruciale dans la mesure où un bateau correctement constitué, en prenant par exemple un héros, un monstre et une unité du même type, bénéficiera de bonus qui augmenteront son efficacité. Composer ses navires correctement est donc capital, et il faudra étudier attentivement les différentes statistiques des éléments à votre disposition, tout en prenant soin de faire évoluer régulièrement vos troupes. En effet, certains types de créatures, ou l’élément qui les gouverne, seront plus efficaces que d’autre pour une situation donnée. Et c’est là que les choses deviennent un brin compliquées, et surtout, ennuyeuses.
En effet, une fois notre flotte constituée, le temps est venu d’aller botter quelques arrière-trains. Et là, rien de bien compliqué : on sélectionne un niveau, le bateau qui va s’en occuper, et roulez jeunesse. Et c’est là que le bât blesse puisqu’il faudra utiliser un bateau par niveau. Dès lors, on se retrouve à créer navire sur navire (souvent le même, avec des créatures puissantes) afin de traverser les niveaux à la suite. Cette obligation, au cœur même du gameplay, s’avère très vite pénible, d’autant plus qu’elle est soumise à une jauge d’endurance (représentée par des petits cœurs) qui se vide au fur et à mesure de la création. Une fois entré dans un niveau, les choses ne s’arrangent pas beaucoup. De manière assez classique, notre petite troupe devra affronter plusieures hordes ennemies à la suite et survivre pour triompher. Là encore, l’ennui prime, puisque le rôle du joueur se cantonne à sélectionner une cible et à balancer de temps en temps une attaque spéciale, le reste des troupes attaquant de son propre chef. Cette passivité du joueur enlève presque toute implication, et laisse au final une impression d’impuissance assez ennuyeuse. Rendons tout de même à César ce qui est à César. Certains niveaux proposent quelques bonnes idées, comme une étape constituée uniquement par un trésor ou une petite barrière, qui offre leur lot de récompense en lieu et place d’un combat. Une petite respiration très agréable.
Free-to-play 101
En sus de la progression au sein de l’histoire et de sa succession de niveaux, le joueur de Monster & Commander pourra s’adonner à quelques à-côtés, qui restent cependant très classiques une fois encore. L’inénarrable PvP est bien évidemment de la partie, et vous permettra d’affronter les navires d’autres joueurs. Un système de classement et de récompense hebdomadaire est bien évidemment présent, et vous permettra d’obtenir matières premières et autres troupes pour renforcer votre armée. Il sera aussi possible de parcourir des donjons spéciaux, qui s’ouvrent au gré des jours de la semaine et permettent là encore d’obtenir de nombreuses récompenses. Sachez aussi qu’il sera possible de trouver des événements spéciaux limités dans le temps, mais offrant de fort belles récompenses. Un grand classique une fois encore. Enfin, et sans doute histoire de cocher toutes les cases du cahier des charges des RPG Free to play sur mobiles, Monster & Commander possède son petit village qu’il faudra faire évoluer et prospérer. Il sera possible d’y construire de nombreux bâtiments qui vous aideront à progresser, et pour lesquels il faudra dépenser non seulement de la monnaie gagnée en jeu, mais aussi du temps. Et oui, pour construire la moindre chose dans ce jeu, il faudra attendre de longues minutes, voire des heures pour les derniers bâtiments.
Evidemment, il sera toujours possible d’accélérer les choses en déboursant quelques gemmes, la monnaie premium de Monster & Commander. Et c’est là, une fois encore, que le bât blesse. Malgré son contenu assez énorme, et une certaine générosité dans ses récompenses, le titre d’OhBiBi ! est empli de mécaniques payantes qui favorisent ceux qui passent à la caisse. Et c’est dommage, parce qu’en dépit de ses lourdeurs, et d’une certaine répétitivité, ce titre possède un fort capital sympathie. Car au-delà de ses aspects purement lié au gameplay, difficile de critiquer le travail effectué par les développeurs. Graphiquement, Monster & Commander s’avère très agréable grâce à une direction artistique très colorée et attachante, teintée par une bonne dose d’humour. Les personnages, y compris les ennemis, sont tous adorables, ce qui contribue à créer une atmosphère des plus charmantes qui conviendra à tous types de joueurs. Côté musique, le contrat est aussi rempli avec une fois encore, un certain classicisme qui se dégage de l’ensemble.
- Test réalisé sur un iPhone 6.
Points forts
- Direction artistique « mignonne » très réussie
- Gameplay plutôt original…
- Contenu généreux
Points faibles
- Assez répétitif
- …mais vite lassant
- Mécaniques Free to play un brin trop présentes
Malgré ses bonnes intentions et son gameplay plutôt original, Monster & Commander est loin de réaliser toutes ses ambitions. Si dans l’ensemble, tout fonctionne plutôt bien, le principe même du jeu, à savoir constituer en amont une troupe que l’on envoie combattre au sein d’un niveau, devient très vite répétitif, et donc extrêmement lassant après quelques sessions de jeu. De plus la multiplication des éléments à gérer, entre héros, monstres et troupes qu’il faut faire évoluer séparément, accapare vite l’attention du joueur qui souhaite demeurer un brin compétitif sans mettre la main au portefeuille pour accélérer les choses. Si changer la formule désormais traditionnelle du soft RPG sur mobile reste une initiative louable, le chemin emprunté par les équipes d’OhBiBi ! trouve vite ses limites, et livre au finale une prestation en demi-teinte. Monster & Commander n’est pas fondamentalement un mauvais jeu, et possède même quelques bonnes idées qui ne demandent qu’à être raffinée pour livrer leur plein potentiel. Mais au final, après quelques sessions de jeu, c’est un sentiment de lassitude, un manque de fluidité flagrant, et une certaine lourdeur du gameplay qui subsiste. Dommage.