Transistor, Deus Ex (Human Revolution si on veut faire dans du récent), The Nomad Soul... Ces titres ont, comme beaucoup d'autres, le point commun de se servir du style Cyber Punk pour mettre sur pied leur univers. Si la mode a certes fait son petit bonhomme de chemin et se veut moins présente aujourd'hui, il arrive quand même que certains titres se frayent un passage jusqu'à nos supports actuels. Et grande nouveauté, c'est aujourd'hui sous forme de Point'n Click que la dystopie cybernétique nous arrive avec Void and Meddler.
Cyber Punk est un terme un poil technique, qui a une définition pour tout dire assez "floue" : grosso modo, un jeu Cyber Punk est un jeu où les avancées technologiques et robotiques sont mises en avant dans un monde, la plupart du temps, dysfonctionnant. A noter qu'à la base c'est un genre littéraire qui s'est relativement bien exporté sur le terrain vidéoludique, en témoigne les bons (très bons même) jeux cités ci-dessus.
Petit point d'information avant de s'attaquer à la bestiole : après l'avoir fini et avec quelques renseignements sur le net, puisque je restais assez expectatif devant ce cliffhanger (très réussi soit dit en passant), il est désormais sûr que Void and Meddler aura une suite. Plus exactement un triptique vendu 5$ l'épisode (ne vous faites pas d'illusion, le tarif va très certainement se transformer en 5€), ce qui facture l'aventure à 15€. Au regard de la première partie, je peux affirmer que le jeu a une bonne chance de valoir son pesant de cacahuètes.
BIOSHOCK, SORS DE CE JEU !
Premier point fort du soft, et pas des moindres puisqu'il explose la rétine, le jeu est magnifique. Les décors sont très fins, bien mis à l'image, il n'y a absolument rien à redire à ce sujet. De plus, le studio a voulu implémanter, chose assez rare dans un Point'n Click, des jeux d'ombres et de lumières relativement poussés. Cela rappellera à beaucoup d'entre vous les premières heures de Bioshock et la découverte de l'architecture de Rapture : une lumière tamisée, du fluo à gogo, une sorte de légère brume ambiante. Même le pixel art utilisé, ici, relève d'une très grande finesse donnant un cachet à l'image relativement novateur. En découle une atmosphère, certes contradictoire, mais également forte intéressante : même dans une pièce éclairée de toutes parts, il arrive d'être angoissé. Saluons aussi une variété dans les décors qui, malgré leurs nombres plutôt restreint, arrive à émerveiller sans cesse. Et cela s'avère vrai même au niveau auditif. Le jeu ne possédant pas de grandes mélodies mémorables, il préfère mettre en place de longues nappes d'ambiance sur le thème électro. C'est lancinant et cela accompagne doucement dans le monde créer pour l'occasion qui, lui, n'a rien de paisible.
DU SEXE, DE LA DROGUE ET ENCORE UN PEU DE... SEXE
Mais après s'être attardé sur la forme, il est tant d'analyser le fond : et là, âme sensible s'abstenir. Pour résumer assez brièvement, le scénario étant généralement la clé de voute des Point'n Click, je me contenterai ici d'évoquer les 10 premières minutes. Vous êtes une jeune femme du nom de Fyn qui, malheureusement, même si cela semble être chose courante dans le monde présenté ici, a perdu l'intégralité de sa mémoire identitaire (elle sait toujours manger, parler, fumer mais elle n'a, hélas, aucune connaissance de son existence passée). Le jeu nous fait donc partager la quête d'identité de Fyn, qui se révelera ne pas être une réelle partie de plaisir puisque la jeune femme semble être, dans le language commun, une petite friponne.
Si le visuel laissait présager une aventure sombre et vraiment mature, c'est peu dire en voyant le résultat. Le monde que nous dévoile Void and Meddler est tout simplement entrain de se casser la gueule, une dystopie comme peu de jeux vidéo ont pu en mettre à l'image. Les effets de la drogue, ou tout autre sujet dont notre société actuelle est victime, sont exprimés dans Void and Meddler sans la moindre trace de censure, tout comme des questions identitaires sensibles et délicates à aborder tels le transgendérisme (en l'occurrence de la protagoniste) qui est évoqué ici de façon explicite et mature. Même en étant relativement endurci face à ses sujets, Void and Meddler les amène et les expose avec un sang froid relativement flippant. De plus, le fait de nous mettre dans la peau d'un personnage qui a vécu, de près ou de loin, ces évenements et qui découvre en même temps que nous l'être qu'elle a été rend le tout vraiment glacial. Même si l'écriture perd quelques fois la route et que l'aventure prend son temps au décollage, Void and Meddler réalise quand même un tour de force de ce côté là.
Ici, absolument aucune surprise : le jeu prend du Point'n Click ses mécaniques les plus élémentaires et les sert comme ça, sans fioritures. Ce n'est pas en soit un problème puisque le gameplay n'est ici qu'un support, c'est tout. J'ai besoin d'un objet, je vais le chercher, je l'assemble avec un autre et bim badaboum... j'ai accès à la suite du scénario. Et ce n'est pas la difficulté qui me contredira car pour être bloqué dans Void and Meddler, faut vraiment le vouloir.
Points forts
- Sans exagérer, le jeu est magnifique
- Des thèmes très durs abordés sans pincettes, rafraichissant
- Une progression très intéressante, on découvre Fyn en même temps qu'elle se découvre elle même
Points faibles
- Une écriture parfois un peu tiède et un décollage relativement long
- Ce n'est pas vraiment un défaut mais âme sensible s'abstenir
- Un gameplay qui n'existe que pour soutenir le scénario, dommage
Qu'il est bien compliqué d'apposer une note à la juste valeur de Void and Meddler. Tout dépend de ce que vous venez y chercher. Les amateurs de Point'n Click ne trouveront pas vraiment leur compte à travers un gameplay bien trop simple et une totale absence de difficulté. Les amateurs de scénari finement ciselés ne seront pas non plus totalement comblés puisque l'aventure Void and Meddler se vit beaucoup plus par l'atmosphère et le monde en lui même que par l'écriture telle qu'elle est présentée ici. Pour découvrir Void and Meddler il faut venir sans a priori et s'appréter à être secoué dans tous les sens par une aventure viscérale et vraiment, mais alors vraiment mature. La note présentée ici n'est donc pas encore la note finale, puisqu'il manque les 2/3 de l'intrigue. Affaire à suivre...