Armikrog est né de l'imaginaire de Doug TenNapel en collaboration avec l'équipe de développement Pencil Test Studios composée de Mike Dietz et Ed Schofield. C'est dans un monde entièrement composé de pâte à modeler et tourné en Stop Motion que se déroulera l'aventure. Vous aurez à sauver la vie de Tommynaut et de son compagnon aveugle Beak-Beak au travers d'un Point&Click au penchant humoristique prononcé.
Un background déjà bien établi :
Doug TenNapel n'en est pas à sa première création puisque l’on peut retrouver sa patte dans la série animée Catscratch ou, plus récemment, sur Netflix avec la série Veggietales in the House. Mais ce n'est pas tout. En termes vidéoludique, on lui doit deux titres bien connus que sont Earthworm Jim (rappelle de bons souvenirs) ainsi que Neverhood. C’est par ailleurs en se retournant vers Neverhood qu'on ne peut s’empêcher de penser que ce dernier est le père spirituel d'Armikrog.
C'est donc avec l'idée d'un retour aux sources que la team de Pencil Test Studios a été choisie. Cela ne surprendra personne puisque ce fut cette même équipe qui accompagna Doug durant le développement de Neverhood.
Un univers modelé de main d'homme :
Tel son prédécesseur, Armikrog est un Point & Click entièrement créé en Stop Motion à partir de pâte à modeler. L’utilisation d’un tel principe n’est pas nouveau mais le résultat qu’il apporte reste toujours aussi plaisant, offrant à Armikrog un style bien à lui et fort en caractère. L'effet est bluffant et l'on prend rapidement plaisir à se balader d’écran en écran à la recherche de solutions et/ou d’indices.
L'animation des décors et personnages fait honneur à l'idée que l'on se fait d'un animé en Stop Motion et on retrouvera rapidement l’effet Wallace et Gromit avec un Tommynaut aux mouvements mollement saccadés, voire maladroits. L'ensemble développement, programmation et animation fonctionne parfaitement et l’impression de jouer le personnage d’un animé est bluffante. Les graphismes ne vous tromperont pas et c'est dès les premières minutes de jeu que l'on se rend compte de l'intelligence et du soin apporté tant aux personnages qu'au décor.
Tout est dans le détail :
C'est donc lors d'un atterrissage prématuré que nos deux héros se retrouvent accidentellement sur une planète inconnue. Afin de comprendre l'endroit où ils se trouvent, ces derniers se rendent dans une sorte de citadelle dans laquelle ils vont se retrouver enfermés... Et c'est là que toute l'histoire va commencer. Passant de tableau en tableau, c'est à une suite d'énigmes que vous aurez affaire afin d'espérer vous sortir de cet endroit étrange et tordu. Vous ferez la rencontre de quelques étranges personnages et créatures qui vous aideront parfois dans votre quête et vous permettront, au moyen de petits films, d’échafauder la finalité de l’histoire dans laquelle vous serez plongée.
Il va vous falloir être observateur et ne rien laisser passer, car certains objets indispensables traînent çà et là au gré des tableaux. Rien n'est laissé au hasard et tout dessin devra être observé attentivement afin d'y déceler des indices pouvant vous éclairer. Ce sera à vous de choisir si vous désirez contrôler Beak-Beak, votre compagnon aveugle, ou Tommynaut. Bien entendu, la combinaison des deux sera souvent nécessaire pour venir à bout de certaines énigmes. Sachez qu'en termes de gameplay, seul le clic gauche de la souris sera utilisé et qu'il y a une absence totale de menu. Nous sommes ici devant un jeu clair et sobre. C'est par ailleurs l'un des points forts du jeu, car on peut rester concentré sur les énigmes sans être perturbé.
Et aussi dans l'ambiance :
L'atmosphère d'un jeu est un ensemble composé de trois points que sont les images, le son et le gameplay. Armikrog nous gâte de ce côté puisqu'il fait mouche sur ces trois points.
La patte graphique a une identité forte et l'utilisation du Stop Motion et de la pâte à modeler ne nuit en rien à la lecture des écrans. Les bruitages et SURTOUT la musique sont juste excellents. Il faut bien tendre l'oreille par ailleurs sur la musique d'intro et de menu qui nous ramène dans un cas à du PinkFloyd-like et dans l'autre à une ambiance Western Spaghetti. Enfin, la simplicité du gameplay amène le joueur à pouvoir se concentrer sur les énigmes, les dialogues et les personnages qui font de Armikrog ce qu'il est. L'emphase a été mise à la bonne place.
Point noir dans ce tableau idyllique : le temps de jeu un poil trop court, avec une moyenne de 3-4 heures pour les plus rapides, voire moins pour les très rapides. Un second bémol concerne quelques longueurs qui aurait pu être évitées, surtout lorsqu’elles se répètent. Je prendrais pour exemple l’énigme du bébé qui revient trois fois et qui devient lassante au bout du compte. On retrouvera également ce petit souci en termes de narration avec des principes narratifs repris à plusieurs moments du jeu qui nous oblige à attendre. Le souci, c’est qu’ils peuvent durer longtemps et qu’ils comportent des indices… donc impossible pour le joueur de les passer !
Il coûte actuellement 24.99 euros sur la plateforme Steam ce qui en fait un jeu honorable, ce qui pourra sembler cher à la vue du temps de jeu. Toutefois, le plaisir qu'il apporte et l'intelligence qui y a été apportée contrebalancent ce néfaste penchant.
Trailer de Armikrog
Points forts
- Le Stop Motion tout en pâte à modelé apporte une ambiance surréaliste du plus bel effet
- Les énigmes sont excellemment bien tournées (sauf une)
- Les musiques sont tout simplement géniales et le ditirambisme ici est mérité
- L’humour omniprésent apporte du caractère aux personnages et donne parfois l’impression de participer à un film d’animation
Points faibles
- Un temps de vie assez court
- Un faible potentiel de rejouabilité
- Quelques petites longueurs qui auraient pu être évitées en termes d’énigmes et de narrations
Armikrog est une petite perle à conseiller à tous. Il est plaisant, décalé, humoristique et se laisse jouer sans souci de compréhension. Les énigmes sont bien tournées et vous demanderont logique et réflexion. Dans l'ensemble, on est devant une petite œuvre réfléchie de sa naissance à sa conception jusqu'à sa sortie et rien n'a été laissé au hasard. L'atmosphère est accrocheuse, le scénario facile à suivre, même s'il n'est qu'en anglais et les personnages sont attachants.
Chaque tableau étant une nouvelle découverte de ce monde ubuesque, on a envie d'aller plus loin pour en découvrir toujours plus. En conclusion : à conseiller !