A chaque année son jeu Skylanders ! Voici déjà la cinquième aventure (en ne comptant que celle sorties sur consoles de salon) de ces créatures aussi braves que sympathiques qui osent se dresser contre les tyrans en tous genres. Aujourd’hui, le studio de développement Vicarious Visions, auteur des précédents jeux Skylanders mais aussi de nombreuses aventures des Transformers, tente de renouveler le concept en incluant des véhicules. Une idée astucieuse qui permet de relancer l’intérêt mais qui apporte en même temps son lot de frustrations. Explications…

RAPPEL UTILE

A l’heure actuelle, en incluant toutes les figurines sorties depuis le tout premier jeu, leurs variations ainsi que les nouvelles à paraître durant les prochains mois, la tribu des Skylanders se monte déjà à près de 340 membres ! Cette grande famille se répartit selon 10 éléments : Terre, Air, Feu, Vie, Magie, Lumière, Eau, Mort-vivant, Tech et Ténèbres. Ce qui aboutit évidemment à des styles de combats et des pouvoirs différents. De son côté, Skylanders SuperChargers accueille vingt nouvelles figurines, dont deux exclusives (Donkey Kong et Bowser) ne fonctionnant que sur les consoles Nintendo, car étant à la fois Skylander et Amiibo. En réalité, si ces figurines de plastique sont bel et bien inédites, les personnages qu’elles représentent ne le sont pas tous, comme en témoignent les « vieux de la vieille » Terrafin, Jet-Vac ou encore Eruptor qui voient tout de même ici booster leurs caractéristiques. Le pack de démarrage du jeu contient d’ailleurs le ninja bien connu Stealth Elf associé pour l’occasion à un Skylander vraiment nouveau : l’esprit de feu Spitfire (présent sur PS4, PS3, Xbox One et Xbox 360, ce dernier est remplacé par Donkey Kong dans le pack Wii U et Bowser dans le pack 3DS et Wii).

Mais la réelle nouveauté vient cette année des véhicules qui peuvent être associés aux personnages afin de les rendre plus puissants et surtout de proposer des phases de jeu originales. Il en existe au total vingt pour SuperChargers, comprenant les véhicules de Donkey Kong et Bowser, eux-aussi exclusifs aux consoles de Nintendo. C’est le véhicule terrestre Hot Streak qui est inclus dans le pack de démarrage sur PS4, PS3, Xbox One et Xbox 360. Le principe de jeu reste évidemment le même que pour les précédents Skylanders, à savoir qu’il suffit de placer une figurine sur le portail magique pour que le personnage qu’elle représente apparaisse à l’écran, à l’intérieur de l’aventure. De même, en ajoutant une seconde figurine, vous pouvez vous amuser à deux sur le même écran. Enfin, pour cet épisode, la présence d’un véhicule sur le portail magique est obligatoire pour pouvoir jouer (ce qui porte à trois le nombre de jouets placés sur le portail en cas de jeu en multi). Il faut aussi noter que les portails magiques des précédents jeux Skylanders sont compatibles avec le jeu Superchargers (enfin presque tous, lire encadré ci-dessous). Petit bémol toutefois : si les anciens Skylanders fonctionnent sans problème sur le nouveau portail mais aussi avec les véhicules, en revanche ils ne peuvent pas améliorer ces derniers (seules les nouvelles figurines sont autorisées à le faire). Ce n’est pas très important mais cela devait tout de même être signalé…

== Portail magique : une question de compatibilité ==

Il existe une solution alternative plus économique permettant d’utiliser un ancien portail d’un des précédents jeux Skylanders. Pour cela, il faut acheter et télécharger en ligne la version dématérialisée du jeu, intitulée « Pack Skylanders SuperChargers Possesseur Portail ». Pesant 18 Go et coutant 49,99 €, celle-ci contient donc le jeu complet y compris Instant Spitfire et Instant Hot Streak, les versions numériques du Skylander Spitfire et du véhicule Hot Streak. Ce pack spécial demeure compatible avec tous les portails magiques Skylanders (Giants, Swap Force, Trap Team) SAUF celui de Spyro’s Adventure (dixit le service de support technique d’Activision). Notez bien que si le coût est inférieur à un pack de démarrage physique, c’est évidemment parce qu’aucun vrai jouet (véhicule et figurines) n’est inclus. Attention, si vous optez pour cette solution de téléchargement, il est fortement recommandé d’utiliser le portail magique de Trap Team – au cas où vous l’ayez déjà - plutôt qu’un des autres précédents. Car il n’y a que lui, parmi les anciens portails, qui prenne en compte les pièges capturant les monstres, ceux-ci offrant d’ailleurs des pouvoirs complémentaires aux Skylanders dans SuperChargers. De toute manière, il est conseillé de ne pas échanger votre portail Trap Team, qui fonctionne avec tous les jeux Skylanders y compris SuperChargers, contre le tout nouveau portail. Car, selon les premiers retours de certains consommateurs, le nouveau portail magique disponible dans SuperChargers semble avoir quelques soucis de compatibilité avec le précédent jeu Skylanders Trap Team. Cela dit, la solution pour éviter tout problème de compatibilité et ne pas trop se prendre la tête consiste encore à acquérir le pack de démarrage complet au prix fort incluant le nouveau portail magique…

UNE AVENTURE PARTICULIEREMENT RICHE

L’histoire de Superchargers place les Skylanders face à leur ennemi de toujours Kaos qui a kidnappé maître Eon. Mais, cette fois, le vilain bonhomme bénéficie d’un puissant allié imprévu qui n’hésitera d’ailleurs pas à prendre le contrôle de la situation à la toute fin de l’aventure. Grâce à la personnalité et au charisme de celui-ci (digne d’un super-vilain de la Marvel, genre Galactus) ainsi qu’à l’excellente séquence finale qu’il occasionne, le scénario offre au joueur un tout petit peu plus d’intérêt qu’à l’accoutumée. Même si ce n’est pas non plus la panacée, car on sent clairement que l’histoire reste avant tout un prétexte donnant l’occasion aux développeurs de laisser libre cours à leur imagination. Et cela se concrétise d’ailleurs par un maximum de variété proposée tout au long des 51 niveaux contenus dans l’aventure principale.

Ces derniers proposent tour à tour d’enchaîner les plateformes et d’explorer les lieux, à pied, à la recherche de bonus, mais aussi de combattre plusieurs vagues ennemis au sein d’une arène en déchainant vos pouvoirs. Et puis, assez régulièrement, vous devez monter à bord d’un véhicule dans le but de rouler – en vue à la troisième personne - sur un circuit tout en essayant de détruire les ennemis alentour. Mais vous pouvez aussi vous retrouver en train d’esquiver et de canarder un boss au beau milieu d’un grand espace clos, à travers un angle de caméra fixe et lointain. L’idée générale des développeurs est de remporter un maximum de défis dans le but de récupérer assez d’argent pour booster son personnage en achetant de nouveaux pouvoirs. Plus votre Skylander est puissant et plus le véhicule peut évoluer et se transformer (par exemple, Hot Streak est le véhicule attitré de Spitfire et leur combinaison s’avère la plus efficace).

Les 51 niveaux de l’aventure sont répartis au sein de 14 chapitres offrant à chaque fois une esthétique différente, dans l’ensemble très soignée, qui constitue un des points fort de Superchargers. Autre qualité appréciable : la durée de vie. Il faut compter une douzaine d’heures uniquement pour terminer l’aventure principale. De plus, vous pouvez y ajouter mini jeux, combats et missions supplémentaires accessibles dès le 52ème niveau se déroulant au sein de l’Académie de Skylanders, représentant grosso modo le QG du joueur. Problème : comme tout jeu Skylanders qui se respecte – hélas – de nombreux niveaux sont inaccessibles car, ici, ils nécessitent un véhicule marin ou aérien que le joueur ne possède pas dans le pack de démarrage. Vous devrez donc mettre la main au portefeuille pour acquérir ces véhicules. La frustration est d’autant plus grande qu’au final une bonne quinzaine de niveau échappe au joueur puisque sur les trois défis (terrestre, marin et aérien) que contient la plupart des chapitres, seul le challenge acceptant un véhicule terrestre - celui du pack de démarrage - demeure donc possible. De nombreux boss s’avèrent donc, en l’état, invisibles. Mais ce n’est pas tout puisque les diverses courses émaillant l’histoire se retrouvent rassemblés par la suite dans un menu dédié, accessible dès l’écran titre du jeu. A l’intérieur sont proposés plusieurs modes de course et circuits très sympas… Enfin, a priori car la plupart sont cadenassés et nécessitent cette fois obligatoirement l’achat d’un pack spécial Action (Terrestre, Aérien ou Marin) pour les débloquer !

== L’arnaque de la version 3DS ==

Comme son titre l’indique – Skylanders SuperChargers RACING – la version 3DS (mais aussi la version Wii) est différente des autres versions. Pour faire simple : comparé aux autres versions, le jeu se concentre ici exclusivement sur les courses/défis à bord de véhicules (il faut arriver premier, écraser un max de chompys, battre un boss…) et tout le reste a disparu ! La plupart des protagonistes secondaires étant passés à la trappe, excepté Flynn, quelques méchants et l’organisateur des courses Pandergast, le jeu n’offre aucune histoire. Il y a seulement 8 compétitions, de plus en plus difficiles, et 3 coupes (terrestre, aérienne et marine) pour un total d’une quinzaine de circuits, accessibles en solo ou multi. A noter que l’IA peut prêter un véhicule au joueur s’il ne possède pas le jouet correspondant, pour effectuer un défi marin par exemple. Toutefois, le véhicule ne gagnera pas de points donc il sera impossible de l’améliorer. Alors, comme jeu de course, le titre est sympa sans plus (longs temps de chargement avant chaque course, lenteur du petit portail magique à détecter par infrarouge les figurines…) mais comme jeu estampillé Skylanders ? En réalité, ici seuls les véhicules sont mis à contribution et pas du tout les Skylanders eux-mêmes qui servent finalement de faire-valoir. Quel est donc l’intérêt de posséder des figurines Skylanders qu’on ne peut pas contrôler à l’écran ? De qui se moque-t-on ? Finalement, le seul intérêt de cette version 3DS est la présence exclusive de la figurine de Bowser (transformable en Amiibo) et de son véhicule Clown Cruiser, utilisables uniquement sur les consoles Nintendo.

DES COURSES DYNAMIQUES

Parmi les douze circuits disponibles, un tiers est réservé aux véhicules terrestres, un tiers à ceux aériens et un dernier tiers à ceux marins. Ce sont ces derniers qui s’avèrent les mieux pensés car il est possible d’évoluer non seulement à la surface de l’eau mais aussi en dessous (en maintenant une touche appuyée). L’intérêt est alors de profiter de raccourcis et de tunnels sous-marins bien placés pour collecter facilement un bonus à la Mario Kart (turbo, invulnérabilité…) disséminés tout au long de la piste et se déclenchant automatiquement une fois ramassé. Mais cela sert aussi à prendre par surprise ses adversaires et les mettre temporairement hors d’état de nuire en leur tirant dessus. A ce titre, la maniabilité se révèle très simple et se résume à diriger le véhicule à l’aide du joystick et à presser un bouton pour accélérer, un autre pour ralentir, un troisième pour tirer et un dernier pour lancer de temps à autres une grosse attaque. Attention, toutefois, cette dernière n’est possible que lorsque le véhicule est sensiblement amélioré. Cela apporte d’ailleurs un petit côté stratégique au jeu, puisque vous pouvez échanger les écrous ramassés au fil des circuits contre une amélioration conséquente du véhicule, au niveau de la puissance de son arme ou au niveau de sa carrosserie/armure. A noter que votre véhicule peut aussi être boosté en changeant/modifiant divers styles de composants : Klaxon (uniquement cosmétique puisque seul le bruit varie), Mods de performance et Mods de spécialités. Par exemple, pour le véhicule Hot Streak, le Mod de performance « Pneus incandescents » lui offre +5 en vitesse Max et +5 en maniement. Tandis que le Mode de spécialités « Echappements volcaniques » lui permet d’obtenir +150 en armure. Enfin, dans chacun de ces composants, il existe quatre pièces de rechange à trouver et récupérer un peu partout dans le jeu.

A l’instar de l’histoire principale, les défis liés à la course sont dotés de quatre niveaux de difficulté (de Débutant à Cauchemar) qui permettent d’engranger de plus en plus d’argent en guise de récompense (jusqu’à +30% pour la difficulté la plus élevée). Au total, il y a six modes de courses différents. Course unique, Contre-la-montre et Course en ligne (qui permet d’accueillir jusqu’à quatre joueurs humains online) sont jouables directement. Par contre, les trois autres, Poursuite de boss, Coupe maléfique et Coupe miroir doivent être débloqués par l’achat d’un pack spécifique. Le principe général de ces courses est de devoir passer la ligne d’arrivée dans les trois premiers, après trois tours de circuits, et de courir toujours aux côtés de huit participants. Il est possible ainsi de concourir avec un ami en écran partagé ou en ligne avec jusqu’à quatre pilotes humains (le reste étant toujours complété par des concurrents dirigés par l’IA). Les courses se révèlent fluides malgré la quantité d’animations et d’objets alentour, et l’écran splitté s’avère ici très efficace. Dommage d’ailleurs que celui-ci ne soit pas disponible dans l’aventure principale en mode coopératif avec un ami. Car les deux Skylanders sont reliés à l’écran par une sorte de fil énergétique qui les empêche de s’éloigner l’un de l’autre (une touche permet néanmoins de se téléporter à côté l’un de l’autre). En contrepartie, jouer en coopération le scénario permet de se retrouver ensemble dans le même véhicule : un joueur pilote tandis que l’autre dirige une mire avec le joystick et tire sur les ennemis. Très fun!

DE BELLES SURPRISES

D’un point de vue esthétique, les développeurs semblent avoir mis les petits plats dans les grands en proposant une belle variété de décors plutôt détaillés et des graphismes assez fins. Certains niveaux font même preuve d’une architecture particulière entièrement dédiée au gameplay. Comme l’excellent décor renversé où il faut rouler sur les murs. Ou encore la reproduction miniature en sable d’une ville avec ses châteaux et ses habitants lilliputiens shootant au lance-roquettes votre Skylander transformé alors en géant. Quel plaisir alors de tout pulvériser ! Mais la surprise la plus étonnante provient sans nul doute de ce chapitre qui aligne les niveaux en cell-shading 2D et offre un gameplay alternant plateforme et shoot’em up. Etonnant ! Tout comme d’ailleurs le nombre incalculable de bonus et objets à récupérer tout au long de l’aventure à l’instar des 266 chapeaux influençant les caractéristiques du Skylander qui les portent ou encore des nombreux Trésors légendaires, parfois dotés de propriétés mystérieuses. Inutile de préciser également qu’outre le sympathique mini jeu destiné à ouvrir les verrous électriques, le jeu de cartes Skystones Turbo, de retour dans une version améliorée et plus dynamique, s’avère toujours aussi génial et devrait occuper les joueurs pendant un bon bout de temps…

Si d’un point de vue charisme, certains boss et même Skylanders offrent un design peu original, voire assez moyen (Stratosfear, Moneybones…), dans l’ensemble, la réussite reste tout de même au rendez-vous. Une poignée de personnages s’avère même plutôt marquant (l’ultime boss, Ptérashark, Spellslamzer…). Du côté de la bande-son, les voix françaises apparaissent excellentes, chaque doubleur surjouant son personnage dans la bonne humeur (mentions particulières à Kaos et Flynn qui en font des tonnes). En revanche, la musique est un des points les plus faibles du jeu. Passe-partout, parfois même digne d’une musique d’ascenseur, elle n’offre malheureusement guère de mélodies à retenir. Au final, en dépit de quelques petits points noirs et surtout du sentiment de frustration lié à l’achat obligatoire de pack et véhicules pour découvrir certaines parties supplémentaires de l’aventure, Skylanders SuperChargers reste un bon crû 2015 puisqu’il sait se montrer suffisamment intéressant, fun et varié.