Après un premier pack Aventure placé sous le signe de l’exploration et du combat au sabre laser (Star Wars Twilight of the Republic), Disney Infinity 3.0 propose aujourd’hui un pack Aventure entièrement orienté plateformes et collecte d’objets, adapté du long-métrage d’animation Vice-Versa. Si le genre est très différent, le résultat se montre-t-il toutefois à la hauteur ?

Sorti dans les salles de cinéma le 17 juin 2015, le film d’animation des studios Pixar, Vice-Versa, a réalisé plus de 4 millions d’entrées en France et a rapporté plus de 736 millions de dollars à travers le monde (source Boxofficemojo). Logique donc que les studios Disney, propriétaire des studios Pixar depuis 2006, aient voulu prolonger le succès à travers une aventure vidéoludique censée séduire un large public familial. Et quelle meilleure opportunité pour lancer celle-ci que d’utiliser la nouvelle version de leur jeu phare : Disney Infinity 3.0 ?

PROLONGEMENT DU FILM

Le pack Aventure Vice-Versa reprend les personnages principaux du film d’animation, à commencer par Riley, la jeune fille âgée de onze ans. Si le joueur ne la voit jamais dans le jeu, en revanche l’intégralité de l’aventure se déroule dans ses pensées et met en scène les cinq émotions devenues célèbres grâce au long-métrage. Il y a donc la fille à la robe jaune et au sourire permanent Joie, le petit bonhomme tout rouge avec une grosse tête Colère, la fillette au pull-over et aux grosses lunettes Tristesse, le filiforme Peur doté d’un nœud papillon et enfin la fille toute verte Dégoût. L’aventure prolonge en quelque sorte le long-métrage en offrant un mini scénario inédit. Ainsi, Riley s’est endormie devant le poste de télévision allumé et, dans un mouvement un peu brusque, fait tomber la télécommande sur le sol. Ce qui provoque malencontreusement un changement de chaîne et fait apparaître à l’écran le monstre d’un film d’horreur. Ayant ouvert les yeux à ce moment-là, la fillette est choquée et semble même traumatisée au point d’égarer ses souvenirs. La mission des cinq personnages/émotions est alors de ramener Riley à la réalité en explorant ses rêves et cauchemars afin de collecter tous ses souvenirs (en réalité des boules de couleur) éparpillés au fil des 29 niveaux de l’aventure…

Outre le jeu lui-même, le pack Aventure Vice-Versa contient les figurines - plutôt bien réalisées - de Joie et Colère, chacune accompagnées d’une petite boule colorée disposée sur leur socle et représentant un souvenir. Attention, contrairement à ce que le joueur pourrait penser, ces boules ne s’illuminent pas lorsque les figurines sont posées sur le lecteur de Disney Infinity. Dommage ! L’aventure offre néanmoins une excellente idée de gameplay qui permet aux joueurs de tester les autres figurines vendues indépendamment sans les posséder ! En effet, en certains endroits du jeu, un mini magasin présent dans le décor permet de revêtir le costume d’un des autres personnages de Vice-Versa. Par exemple, Joie peut se transformer en Tristesse, Peur, Colère ou Dégoût. Et le joueur peut aussi sélectionner le même personnage que son coéquipier lors d’une partie à deux joueurs. Certes, le temps est limité puisque cette transformation ne dure qu’une ou deux minutes, mais cela a tout de même l’avantage de donner l’occasion au joueur d’essayer tous les personnages principaux du jeu sans avoir à posséder leur figurine. Bien cool ! Revers de la médaille : cette possibilité donne forcément envie de posséder la figurine correspondante, surtout Tristesse. Car cette dernière paraît souvent la plus utile puisqu’elle a un pouvoir très spécial et surtout très efficace…

POUVOIR UNIQUE

Tout l’intérêt de Vice-Versa réside ainsi dans cette autre idée de gameplay : chaque personnage dispose d’une capacité particulière. Ainsi, Joie peut planer après un saut (il suffit de maintenir la touche appuyée), Colère est capable de marcher sur la lave, Dégoût peut sauter très haut (idéal pour atteindre certaines plateformes), Peur peut courir très vite et enfin Tristesse a la possibilité de marcher sur les nuages sans que ceux-ci disparaissent (très utile pour atteindre les endroits inaccessibles). Bien évidemment, l’aventure contient de nombreux passages menant à des plateformes cachées contenant plusieurs bonus, dont des ballons rouges à collecter. Bonne nouvelle néanmoins : pas besoin d’une figurine en particulier pour accéder à toutes les plateformes et endroits secrets ! Car ces derniers demeurent accessibles par n’importe quel personnage, même si le défi se révèle forcément moins dur en sélectionnant le héros adéquat. Concrètement, si Tristesse est idéale à utiliser sur les nuages, Joie reste tout de même capable d’enchaîner ces derniers en sautant dessus rapidement avant qu’ils ne se dissipent. Et les deux personnages sont alors capables d’arriver au même endroit final…

Comme les autres personnages de Disney Infinity 3.0, les héros de Vice-Versa possèdent un diagramme de compétences qu’il est possible de faire évoluer grâce aux bonus collectés et notamment au challenge des ballons verts (si ces derniers sont tous ramassés avant la fin du temps imparti, alors un point de compétence est gagné automatiquement). Plus les compétences sont augmentées et plus importante est la puissance des personnages. Les ennemis sont donc détruits plus facilement et en plus grand nombre. A noter que la difficulté est essentiellement représentée au début du jeu par des obstacles matériels à franchir sans mourir (plateformes électrifiées, blocs hérissés de piques…). Alors que, bien plus tard, de vrais ennemis apparaissent sous la forme de choux-fleurs agressifs puis de créatures issues des marais. Esthétiquement, ces dernières ressemblent d’ailleurs un peu au monstre du film des années 50 « L’étrange créature du lac noir ». Un clin d’œil probable à ce que Riley a vu à la télévision au tout début du jeu. En tous cas, dommage que tous ces ennemis soient si peu charismatiques et surtout que l’aventure n‘offre aucun boss.

CHALLENGES EN 2D ET EN 3D

Histoire de proposer un peu de variété dans le genre plateforme, l’aventure alterne régulièrement des niveaux en 3D et en 2D très colorés mais graphiquement assez inégaux. Alors que certains apparaissent très stylisés (notamment les mondes liés aux thèmes des quatre saisons, des châteaux et de la musique), d’autres ne ressemblent pas à grand-chose ou respirent le déjà-vu (par exemple les niveaux de la « Tête dans les nuages »). A l’intérieur des niveaux en 3D, il est possible de se déplacer librement même si le chemin est tracé, l’espace est restreint et la caméra – impossible à bouger - conserve un angle précis en suivant le personnage le plus souvent en plongé. Pas gênant néanmoins puisqu’il y a des plateformes dissimulées dans tous les coins qui permettent parfois de se balader verticalement. Attention néanmoins : les décors peuvent être trompeurs et il est possible de tomber parfois dans des trous ou interstices sans les voir, simplement parce que ces derniers se retrouvent soudainement masqués à l’écran par un élément du décor arrivé au premier plan à cause de l’angle douteux de la caméra. Heureusement, cela n’arrive pas souvent.

Quant aux décors en 2D en vue latérale, ils offrent un challenge plutôt relevé. Car ils s’avèrent non seulement doté d’un scrolling horizontal et vertical, mais en plus ils proposent un « effet miroir » en renversant littéralement l’action lorsque le joueur passe en dessous de la ligne médiane. Le personnage se retrouve alors à l’envers et doit effectuer toutes ses actions en tenant compte de cela. Finalement, c’est comme si deux niveaux différents étaient collés l’un à l’autre par leur base. Ainsi, pour atteindre des bonus situés tout en bas du niveau inférieur, le joueur est obligé de sauter depuis des plateformes situées en hauteur dans la partie supérieure. Ingénieux mais peut-être un peu difficiles à évaluer pour les enfants sans l’aide d’un adulte. Idem pour les niveaux plus avancés qui requièrent de manipuler correctement plusieurs leviers dans le but de progresser sereinement. Heureusement, la maniabilité se révèle très simple : une touche sert à sauter (avec même un double saut possible), une autre sert à tirer (projectile différent selon le personnage), une troisième est dédiée à l’attaque au corps-à-corps et une dernière est réservée à l’esquive.

Si les développeurs tentent d’apporter un peu de variété graphique à travers chaque série de niveaux, en revanche l’objectif reste toujours le même : récupérer les souvenirs de Riley puis les amener dans les « tubes de rappel » afin de briser des blocs mémoire et ainsi ouvrir toujours plus le passage vers la conscience de la jeune fille. Sur le terrain, cela se résume à localiser la boule scintillante puis la porter beaucoup plus loin jusqu’à une machine dotée d’un tube qui va aspirer cette dernière. Il faut parfois bien réfléchir pour progresser car quand le personnage porte une boule, il ne peut plus escalader un mur et s’accrocher à ses rebords. Par contre, il est capable de la lancer et la récupérer un peu plus loin. Méfiance toutefois car, quand le personnage dépose cette boule de souvenir, celle-ci ne reste à terre que quelques secondes et disparait ensuite pour revenir à sa place initiale. Cela se complique un peu plus lorsque le joueur doit aussi parfois déplacer des ouvriers du cortex – en les portant comme des pantins – et les amener dans des stations de travail afin qu’ils actionnent une machine qui propulse alors la boule dans un autre lieu. Heureusement, l’échec n’est jamais punitif et lorsque le personnage meurt, le joueur recommence au checkpoint le plus proche (ces derniers sont bien répartis). Bonne nouvelle enfin : toute l’aventure peut être effectuée à deux joueurs en même temps et sur le même écran !

PARTIE A DEUX RECOMMANDEE

Comme dans le pack Aventure Twilight of the Republic, le jeu en multi local est donc possible, mais à la différence qu’ici l’écran du jeu n’est pas divisé (sauf très exceptionnellement dans deux niveaux compétitifs plutôt sympathiques où chaque personnage se retrouve en équilibre sur une boule). Lorsque les deux joueurs s’éloignent, la caméra recule donc afin de cadrer au mieux l’action et d’englober les personnages. Problème : cette dernière recule parfois tellement que les héros apparaissent tout petits à l’écran et que la lisibilité de l’action n’est pas optimale. De plus, quand les personnages sont trop éloignés, l’un des deux se retrouve soudainement enfermé dans une bulle d’air en lévitation puis propulsé vers l’autre héros. L’avantage est toutefois qu’il peut rester dans sa bulle autant de temps qu’il le veut jusqu’à appuyer sur une touche pour en sortir. De plus, cette bulle suit automatiquement l’autre joueur. Idéal donc pour les joueurs éprouvant des difficultés ou tout simplement qui désirent faire une petite pause (mais le second joueur peut aussi quitter directement le jeu en quelques secondes). En tous cas, malgré ces petits défauts, une chose est sûre : jouer avec un ami à Vice-Versa paraît indispensable pour apprécier un minimum l’aventure. Car la complémentarité des personnages joue grandement grâce à leur capacité unique et s’entraider devient donc naturel. Par exemple, Colère peut marcher sur la lave tout en transportant l’autre personnage, idem pour Tristesse qui, en prenant son coéquipier sur ses épaules, peut lui faire franchir tous les nuages sans tomber à travers.

Mais ce n’est pas tout car, pour débloquer de nouvelles zones du monde de l’Imaginaire, il est nécessaire de pratiquer régulièrement le mini jeu de la Matrice à souvenirs. Le principe est d’aligner au moins trois boules de la même couleur, horizontalement ou verticalement, avec l’objectif de battre un score donné à chaque fois. Le gameplay ici est on ne peut plus simple puisqu’il faut maintenir une touche et déplacer à l’aide du joystick la rangée jusqu’à mettre la boule à côté des autres. Fun et très efficace à l’image du vieux jeu Puissance 4, dont il reprend grosso modo le principe en y ajoutant un temps limité et quelques effets par l’intermédiaire de symboles (une croix équivaut à multiplier son score tandis qu’une horloge ajoute trois secondes au chrono). Il est aussi possible d’améliorer son score juste pour le plaisir, même après avoir débloqué toutes les zones. De même, rejouer chaque niveau indépendamment, après avoir terminé l’aventure, s’avère grandement conseillé afin de collecter tous les bonus disséminés. Parmi ces derniers se trouvent d’ailleurs les « pages de manuel » sur le cerveau ou encore les « idées de génie » (de rares ampoules perdues dans les niveaux et qu’il faut arriver à conserver jusqu’au bout du niveau sans mourir).

En termes de durée de vie, Vice-Versa approche donc aisément les 8 à 9 heures de jeu, dès lors que le joueur se met à la recherche de tous les objets secrets des niveaux. Néanmoins, il est important de noter que l’action se fait assez répétitive et qu’aucune surprise de taille ne vient soulever l’enthousiasme chez le joueur. Excepté peut-être quelques jolis moments esthétiques (y compris une poignée de musiques très réussies), les deux niveaux compétitifs en écran splitté – assez difficiles mais rigolos – ainsi que l’arène finale dans laquelle les personnages combattent des vagues de créatures des marais. Bref, en dépit de quelques belles idées, un pack Aventure un poil trop classique qui aurait mérité davantage de variétés sur la longueur et un gameplay un peu plus précis.