Mario Maker a mis du temps à montrer son vrai visage. A la fois jeu de plates-formes et éditeur de niveaux, le titre de Nintendo a pourtant les armes pour être apprécié sur le long terme. A un point que vous n'imaginez peut-être pas encore.
Initialement montré comme un simple éditeur de niveaux, le titre auparavant appelé Mario Maker a depuis recentré l'attention sur son aspect jeu de plates-formes et gagné un « Super » histoire de rappeler qu'il fait dignement partie de la série des Super Mario Bros. Un mal plus que nécessaire car Super Mario Maker a clairement frôlé la catastrophe. Pas d'émoi à son annonce, des critiques (y compris les nôtres) plutôt moroses, on ne peut pas dire qu'il avait impressionné grand-monde lors de ses premières présentations. Et pourtant, il s'agit en fait d'un vrai joyau qui tourne autour d'un concept particulièrement bien maîtrisé par Nintendo : le level design.
Jouer
Super Mario Maker peut être vu de deux façons comme l'indique si bien son menu principal : Créer et Jouer. Car l'idée du jeu est aussi simple que cela : permettre aux joueurs de faire eux-mêmes des niveaux pour que les autres joueurs puissent y jouer en ligne. Ainsi, il vous est tout à fait possible de prendre Super Mario Maker uniquement pour jouer à une infinité de niveaux online en plus de la centaine déjà inclus. Pour cela, vous avez deux modes : le Défi des 10 Mario pour les niveaux offline et le Défi des 100 Mario pour les niveaux créés par les joueurs. Puisque le premier sert surtout à découvrir le jeu, attardons-nous plutôt sur le deuxième, déjà plus intéressant en termes de durée de vie.
Vous avez le choix entre trois modes de difficulté et devez enchaîner des niveaux choisis aléatoirement. Mais si les niveaux sont créés par les joueurs, comment la difficulté est-elle calculée ? Tout simplement via le taux de réussite des joueurs en ligne. 16 niveaux en 100 vies, ça peut paraître large, mais croyez-moi, le mode Expert vous donnera du fil à retordre. Sachez qu'il est possible de passer un niveau si vous le trouvez trop difficile. On vous en proposera alors un autre, mais sans vous faire avancer. En gros, vous devrez quoi qu'il arrive finir 16 niveaux pour arriver au château et sauver la princesse. Bref, ce mode est idéal pour découvrir des niveaux originaux et bénéficier d'une expérience toujours renouvelée. On aurait quand même aimé un système de « map » un peu plus complet qu'un banal enchaînement de stages à terminer.
Mais si vous voulez juste jouer à des niveaux particuliers sans passer par ce mode de jeu, c'est bien évidemment possible. Le système de listing des stages permet de les trier par popularité actuelle ou par nombre d'étoiles (les joueurs peuvent mettre des étoiles sur les niveaux qu'ils ont apprécié). Il est aussi possible de ne voir que les derniers niveaux créés et de filtrer par difficulté. Bref, dur de ne pas trouver ce qu'on recherche, surtout qu'on a une prévisualisation miniature des niveaux avant de les choisir. Bien que nous étions sur une version preview, deux semaines avant la sortie du jeu, il y avait déjà largement de quoi faire. Pourquoi ? Parce que faire un niveau drôle, fun ou complexe est quelque chose d'étonnamment facile.
Créer
En effet, on arrive à la partie cruciale de Super Mario Maker, l'éditeur de niveau. C'est simple, il s'agit sans aucun doute d'un des meilleurs éditeurs jamais créés. Car si de nombreux jeux ont déjà proposer aux joueurs de laisser libre cours à leurs envies, dans les faits, les éditeurs ont toujours été incroyablement compliqués à comprendre, loin d'être accessibles aux joueurs lambda sans un vrai travail d'apprentissage. Mais Super Mario Maker réussit le tour de force de rendre son outil de création accessible, à tel point qu'on à l'impression d'avoir à faire à un logiciel de dessin, ce qui n'est pas étranger au fait qu'au début de sa production, l'idée de M. Tezuka était de faire un nouveau Mario Paint. Ce qui est sûr, c'est que le GamePad est parfait pour ce genre d'utilisation. On peut placer les objets facilement, dessiner la disposition des blocs et des pièces ou encore modifier des éléments en quelques secondes. C'est tellement simple que ça en devient choquant. Pour vous donner une idée, je me suis lancé dans la création de niveaux plutôt difficiles et complexes, histoire d'offrir du challenge aux joueurs en ligne. Au final, le plus complexe d'entre eux m'aura pris deux heures. Pour idée, j'ai créé le niveau ci-dessous, qui demande une bonne gestion du timing lors de la création, en 25 minutes :
Super Mario Maker : Création perso - The Starchaser
A votre disposition, vous avez tout un tas d'éléments allant de blocs de différentes formes (blocs durs, briques, points d'interrogation, etc) à des items (Super Champignon, Fleur de feu, Etoile, etc) en passant par des plates-formes (mobiles ou non) ou encore des ennemis (Koopas, Goombas, Frères Marteau, Lakitu, etc). En tout, on vous propose une cinquantaine d'éléments de base. Cela paraît peu ? Certes. Alors sachez qu'une bonne partie de ces éléments ont une sorte de deuxième mode quand vous les secouez. Par exemple, en secouant un Koopa vert (qui tombe des plates-formes), vous obtenez un Koopa rouge (qui change de direction quand il arrive à un bord). Autre cas, en secouant une plate-forme mobile, on obtient une plate-forme qui tombe lorsque vous marchez dessus. Mais le plus impressionnant, c'est que certains objets sont compatibles entre eux pour des effets tout à fait étonnants ou déroutants. Mettez un Boo dans un canon lance-bill et le canon lancera alors des fantômes. Mettez un champignon sur n'importe quel ennemi et celui ci deviendra géant, modifiant ainsi son comportement dans de nombreux cas. Même chose pour les ailes. Et tout cela est cumulable. Oh, et rien ne vous empêche de mettre des ennemis les uns au dessus des autres pour qu'ils se déplacent ensemble. Essayez un Bowser géant ailé avec un canon sur le dos qui lance des Chomp, juste pour voir ! Et les possibilités sont pratiquement innombrables.
Début août, nous vous proposions déjà un dossier qui expliquait quelques unes des nombreuses possibilités du jeu en détails. Voici une des vidéos en questions qui s'attarde sur les ennemis, vous pouvez retrouver l'intégralité de l'article (divisé en quatre vidéos) en cliquant sur le lien suivant : Super Mario Maker : Comment créer un niveau en vidéos
Mais le level design est un élément qui va au-delà du simple placement d'objets. En utilisant un tuyau et en y glissant Mario, vous pouvez créer un autre « niveau » connecté au votre, doublant ainsi votre espace de création. Cela permet par exemple de faire des sections aquatiques dans des sections terrestres, par exemple. Via un système de porte, vous pouvez aussi créer de véritables labyrinthe. Vous pouvez aussi gérer vous-même le temps allouer au joueur pour finir le niveau, ainsi qu'un scrolling horizontal automatique selon trois vitesses disponibles. Et pour finir, sachez que quatre environnements s'offrent à vous : Super Mario Bros, Super Mario Bros 3, Super Mario World et New Super Mario Bros. Changements esthétiques ? Pas seulement. Non seulement certains items se modifient selon l'environnement choisi (la Raccoon Leaf de Super Mario 3 est une plume dans Super Mario World), mais le gameplay diffère aussi selon le jeu. En jouant à New Super Mario Bros, vous pouvez rebondir sur les murs, choses que vous ne pouvez pas faire dans les autres jeux. Seule digression, on peut revenir en arrière dans Super Mario Bros.
Cela peut sembler anecdotique, mais la musique de Super Mario Maker est un élément très important. Outre les thèmes déjà connus inhérents à chaque jeu, de nouveaux thèmes ont été ajoutés, notamment pour les univers qui ne faisaient pas partie des jeux en question (maison hantée pour Super Mario Bros, par exemple). Mais l'éditeur est un parfait exemple de ce qu'il faut faire dans un mode où on peut rester longtemps sur un même écran. A chaque fois que vous placez un élément, le son qu'il fera s'adaptera à la musique de fond, jouant ainsi une mélodie. On s'en rend compte notamment lorsqu'on place plusieurs éléments d'affilées. C'est bête comme la pluie, certes, mais ça reste ingénieux puisqu'on a pas l'impression d'avoir le même thème qui tourne en boucle. Pour le reste, on retrouve aussi quelques musiques issues de Mario Paint (tout comme certains éléments visuels comme le chien qui efface les dernières erreurs, la fusée ou encore le jeu tape-mouche, qui fait son retour, bien qu'il est plutôt bien caché).
Bref, Super Mario Maker est sans aucun doute un titre fignolé qui n'oublie pas les petits détails. Le plus évident est la façon de valider les niveaux pour les publier en ligne. Si vous comptiez faire des niveaux irréalisables, laissez tomber de suite : lorsque vous cliquez pour valider un niveau, le jeu vous oblige à le finir. Il faut donc être un « bon » joueur pour créer un niveau difficile. Simple, mais efficace. Il en va de même pour la façon de guider les joueurs dans leur apprentissage de l'éditeur de niveaux. Le premier jour, vous n'avez accès qu'à une partie des options, puis chaque jour, de nouvelles se débloquent. Rassurez-vous, tout est disponible au bout de dix jours, mais l'idée ici est d'obliger le joueur à bien comprendre le fonctionnement d'un objet avant de passer au suivant. Au final, Super Mario Maker est une franche réussite qui ravira les amoureux du jeu de plates-formes et de level design. Comme Splatoon, Mario Kart 8 ou le dernier Super Smash Bros, attendez-vous à en entendre parler pendant les prochaines années, surtout que Nintendo compte bien ajouter du contenu au fur et à mesure.
Points forts
- Un éditeur de niveaux ultra accessible
- Quatre gameplay Mario en un
- Les possibilités ultra nombreuses
- Un puits sans fond de nouveaux niveaux, dont certains très originaux
- Obligation de finir son propre niveau pour l'envoyer en ligne
- Les stats pour savoir le taux de réussite, les endroits où les joueurs meurent, etc
- Un mini-jeu caché qui rappellera des choses aux fans de Mario Paint...
Points faibles
- On ne peut pas voir les fantômes des autres joueurs
- Les commentaires via le Miiverse amènent des temps de chargements
- La map des modes défis un peu simpliste
Super Mario Maker n'est pas qu'un vieux bidule pour nostalgique. Loin de là. Il s'agit d'une véritable ôde aux jeux de plates-formes, et surtout, au level design. Les possibilités sont énormes et l'éditeur de niveau est tellement simple d'accès que vous aurez l'impression d'être un génie. C'est simple, n'importe qui peut créer un niveau, même un enfant de 6 ans. Avec son système de partage, le titre offre ainsi une infinité de niveaux originaux à jouer en ligne que l'on peut vraiment trier selon ses préférences, y compris en termes de difficulté. Bref, si vous aimez les Mario, vous ne pouvez pas passer à côté de Super Mario Maker, que ce soit pour créer, pour jouer, ou les deux. Un vrai délice !