Clicker Heroes pourrait inspirer un sujet de philosophie pour les prochaines épreuves du bac, option geek : est-ce que le fait de taper sans fin sur un écran suffit à rendre un jeu vidéo intéressant ? Voilà en effet une question que l'on se pose très régulièrement devant le titre, en plus de s'interroger sur l'interêt de ce que l'on est en train de faire. Et pourtant, inlassablement, on continue de taper sur ces pauvres monstres.
Inspiré de titres comme Cookie Clicker ou Tap Titans, Clicker Heroes (sorti sur PC il y a un peu plus d'un an, et désormais disponible sur iOS et Android) fait donc partie de ces jeux où l'addiction vient uniquement d'une envie d'être de plus en plus fort, de faire de plus en plus de dégâts. À l'écran, un premier monstre apparaît, quasi immobile. Il faut alors taper du doigt pour lui infliger des coups, récolter une certaine quantité de pièces et passer au suivant, plus fort que le précédent. Tous les 10 monstres tués, on débloque la zone d'après. Tous les 5 niveaux, un boss vous demande de frapper particulièrement vite, car vous avez 30 secondes pour vider sa barre de vie. Voilà pour la base.
Une ode à la paresse
Très rapidement, cependant, vous avez la possibilité de recruter des héros, qui vont alors vous épauler dans les combats. C'est d'ailleurs la clé de la réussite dans Clicker Heroes, puisque les boss deviennent rapidement trop résistants pour vos petits doigts, et il est indispensable de se faire aider pour l'éliminer dans le temps imparti. On touche ici à la particularité du titre : une fois votre armée de héros levée et leurs niveaux suffisamment élevés, les dégâts sont distribués de manière automatique et vous n'aurez, globalement, plus à toucher votre écran. On se retrouve dès lors devant un "jeu" où l'on ne fait plus grand-chose, à part récolter d'un mouvement de pouces quelques milliers de pièces, qui serviront à enrôler de nouveaux compagnons, ou à acquérir de nouvelles compétences.
Mais, étrangement, cette inaction a quelque chose de fascinant. La façon dont les pièces s'accumulent, l'arrivée d'un nouveau boss (qui est bien souvent un moment bloquant où il faut revenir en arrière pour faire du farming), le moment où l'on récolte assez d'argent pour débloquer une compétence ou un héros très puissant... Toutes ces petites choses rendent Clicker Heroes ultra prenant, tout du moins pendant un certain temps.
Retour à la réalité
Passé le niveau 100, le titre devient en effet moins hypnotisant, même s'il est possible de recommencer à zéro, avec toutefois le soutien d'un nouveau type de héros. Hélas, le charme commence à ne plus agir, et l'on se rend alors compte des gros défauts du titre, essentiellement d'ordre artistique : Clicker Heroes manque en effet cruellement d'identité, avec ses ennemis cartoonesques et colorés, ses héros au look japonisants déjà vu mille fois, et son ambiance sonore ronflante.
C'est donc typiquement le genre de jeu qui repose sur des mécaniques de pure addiction, mais qui ne se risque pas à aller plus loin. Heureusement, l'ensemble reste gratuit et n'encourage pas vraiment à dépenser via les micro-transactions. Un système de diamants est en effet mis en place, permettant d'acquérir différents bonus, qui ne sont cependant pas indispensables pour progresser correctement. Notons également la possibilité de regarder une pub de 30 secondes, ce qui va permettre de maximiser la récolte d'or pendant plusieurs heures. Encore une fois, rien n'est imposé et l'on peut tout à fait profiter du jeu en intégralité et sans contrainte.
Clicker Heroes, 5 minutes de gameplay
- Test effectué sur un LG G4
Points forts
- Des mécaniqes de jeu très addictives
- Plus profond qu'il n'y paraît
- Le modèle économique juste
- Durée de vie infinie, en théorie
Points faibles
- Lassant au bout d'une poignée d'heures
- Un serieux manque d'identité artistique
- Est-ce que tout cela n'est pas vain ?
Noter un jeu comme Clicker Heroes est une manoeuvre délicate : d'un côté, le titre parvient à nous occuper pendant pas mal d'heures, et à diffuser un parfum d'addiction très fort. Plus l'on progresse, plus l'on découvre quelques subtilités dans son gameplay, même si, la plupart du temps, il s'agit juste de taper sur son écran, d'accumuler de l'or et d'augmenter ses dégâts par secondes. Des mécaniques inspirées du hack n'slash, réduites ici à leur plus simple expression, mais qui fonctionnent parfaitement, tout du moins pendant un certain temps. D'un autre côté, ce titre gratuit se contente de bien peu et l'on aurait surtout aimé qu'il se dote d'une véritable identité artistique, ce qui lui aurait peut-être permis de dépasser le statut de passe-temps.