La mode est au rétro. Et dans les rétroviseurs des développeurs ce sont les alpha, initiateurs de genres, de thématiques, et de gamedesign, qui irradient l'imagination des studios indépendants sur l'autoroute du développement. Chez D-Games on est adorateur de Quake, Unreal (1998) et Doom. Pas de doutes, Monument est une œuvre empreinte de ce qui a fait la substance des FPS oldschool.
Avec sa bouille austère, ses couloirs en quinconce, sa pierre brune annonciatrice de carnages en milieux fermés, Monument se la joue rectiligne. La notion de « loop » si chère à John Carmack dans Doom ou Quake est au cœur du gamedesign du jeu. Oldschool FPS oblige. Le loop est cette manière d'utiliser l'environnement d'un jeu qui semble « couloirisé », afin de lui assigner une dimension particulière.
En définitif le joueur se déplace dans un environnement pour y réaliser différentes actions comme le nettoyer de toute la vermine qui y grouille, la base. Puis d'accéder à une zone qui lui demandera de parcourir le niveau, ou le jeu, dans le chemin inverse. Cette mécanique simple, permet aux utilisateurs de s'immerger dans l'univers du soft, de le rendre plus organique, en ajoutant à la simple lecture horizontale des niveaux une dimension où exploration et sensation de décors familiers se chevauchent.
Sauts et gunfights sur fond de rock 'n roll
Let Freedom Ring With a shotgun blast
Avec Monument, D-Games joue l'immédiateté de la corrélation. Le jeu ne se cache pas d'être un véritable hommage aux canons du genre. Avec sa mise en forme labyrinthique, ses chemins de traverses et zones secrètes à découvrir, son panel austère d'armes pour jouer au boucher en toute décontraction, le petit soft agira directement sur la nostalgie des plus vieux d'entre nous. D'autant que le jeu a été assez malin pour intégrer des séquences de plate-formes pour le moins retorses. Des niveaux aux mécanismes plutôt bien pensés agissent comme des atolls où plaisirs simples du jeu vidéo d'antan et petits casses têtes se bousculent, dans son ciel de lit. Mais malgré tout, Monument a un goût de trop peu.
Modélisations sommaires des créatures que l'on rencontre, en plus d'un bestiaire aussi peu inspiré qu'un film de série B virant au navet, armes génériques au possible avec une simulation des projectiles parfois douteuse. Monument enchaîne les bourdes sans que l'on ne comprenne trop pourquoi certaines choses n'ont pas été améliorées. Scénaristiquement c'est le néant, et en termes d'identité, donc par extension de direction artistique, le jeu n'arrive jamais à se donner les moyens de devenir un jeu pour lui même. Il vit dans l'ombre de géants qui ont 20 fois son âge, écrasé par le poids des années et généralement trop attaché à reproduire, plus qu'à créer.
Avec sa bande son métallique, aux accords charnus et aux riffs acérés, Monument a cependant sa petite ambiance charcutière et ravissante que les esthètes apprécieront. De ces jeux qui défoulent plus qu'autre chose en se rappelant le bon vieux temps. Dommage cependant de ne pas avoir donné plus de peps ou de mordant aux sons des armes du soft. Pour 3.99€ le jeu indépendant est loin d'être une arnaque, mais si vous n'avez jamais joué aux cadors dont le jeu s'inspire autant placer vos deniers sur ces chevaux gagnants.
Points forts
- Oldschool
- Quelques niveaux alternant plate-forme et exploration, bien sympathiques
- L'envie de le speedrunner à chaque relance
- Le plaisir simple d'être charcutier
- Pas de régénération auto de la santé
Points faibles
- Juste graphiquement, en 2015
- Masques de collisions approximatifs, Aïe ça coince
- Un bestiare à la masse
- Aucune identité de jeu
- Corrigez tous ces bugs !
Défoulant, typé oldschool, Monument est ce met apéritif qui reste sur la table quand vous avez des connaisseurs invités à la maison. Beaucoup y toucheront pour idéaliser les jeux de Carmack de la grande époque. Passée la première tournée, Monument a ce goût de déjà vu, déjà joué, sans jamais arriver à proposer quoique ce soit qui pourrait lui donner un ressort inattendu. Un jeu pour les nostalgiques, à prix doux, au moins là dessus D-Games ne s'est pas trompé.