Après avoir pris la température en 2013 avec un premier Evoland accueilli chaleureusement par les joueurs, l'équipe de Shiro Games a oeuvré depuis sur la conception d'une suite un peu plus ambitieuse. Poussant encore plus loin l'idée de nous faire traverser les âges vidéoludiques dans un action-RPG blindé de références, Evoland 2 s'attaque cette fois-ci à tous les genres et personne n'est épargné !
Là où Evoland premier du nom se limitait à une expérience de jeu assez courte orientée action-RPG, sa suite nous entraîne dans un voyage beaucoup plus vaste, à la fois en termes de durée et de diversité de contenu. Si vous ne savez encore rien de ce titre, le moyen le plus simple de s'en faire une idée rapide est de visionner le sympathique trailer officiel que nous vous proposons juste en dessous de ce paragraphe. Le genre de trailer qui donne envie de faire pause toutes les deux secondes pour laisser à notre esprit le temps de relever les innombrables clins d'oeil qui émanent de chaque scène présentée.
Le trailer d'Evoland 2
Là où les genres s'entremêlent
Plus encore que le thème du voyage temporel qui reste malgré tout au coeur du scénario de ce nouvel opus, le principal attrait d'Evoland 2 réside ainsi surtout dans les multiples références auxquelles renvoient ses différentes phases de jeu. Brinquebalé malgré lui dans le temps à des âges passés et futurs, notre avatar Kuro tentera de regagner son époque tout en élucidant le mystère de la civilisation Magi, avec en toile de fond la lutte entre les humains et les démons. Aidé dans sa quête par des alliés providentiels dont il utilisera les aptitudes respectives pour progresser dans son aventure, Kuro comprendra peu à peu que seuls les mystérieux Magiliths sont à même de le faire voyager dans le temps pour accomplir sa destinée.
Entièrement en français et jamais trop bavard, Evoland 2 peut justement compter sur ces modifications temporelles pour renouveler à la fois le contexte ludique et visuel de l'aventure. Plus on remonte dans le passé, plus la réalisation se pixellise, se faisant tantôt 8 ou 16-bits, et parfois même monochrome. A l'inverse, l'âge futur laisse place à la 3D et s'appuie sur des phases de jeu plus recherchées, sans pour autant prétendre à l'originalité. On pourrait d'ailleurs reprocher au titre d'utiliser son statut d'hommage aux grandes références vidéoludiques comme prétexte pour excuser un gameplay définitivement classique et qui tombe trop souvent dans la facilité. Car une fois passé l'effet de surprise de découvrir une scène renvoyant à tel ou tel jeu culte ayant marqué son époque, on constate que les phases de gameplay en elles-mêmes n'ont rien d'exceptionnel. Dommage d'ailleurs que certaines d'entre elles traînent en longueur car une fréquence accrue dans l'enchaînement des niveaux aurait sans doute permis à Evoland 2 de maintenir un rythme plus soutenu et de retenir plus facilement l'intérêt du joueur qui risque de décrocher en cours de route.
Références à foison
Malgré tout, on ne cache pas son plaisir lorsqu'on relève ça et là les multiples allusions faites aux jeux qui ont marqué notre cursus de joueur. Il y a dans Evoland 2 des traces de Chrono Trigger à travers la map et le voyage temporel, mais aussi des clins d'oeil à Street Fighter 2 dont on retrouve exactement les mêmes manipulations dans les phases de baston en versus. Le stage d'infiltration est un prétexte tout trouvé à l'utilisation de boîtes en carton pour se camoufler façon Metal Gear Solid, et les énigmes de la biliothèque copient allègrement le style du Professeur Layton. Qu'il s'agisse d'action-aventure, de plate-forme, de shoot-em up ou de puzzle-game, tout est fait pour interpeller notre fibre de joueur passionné et nostalgique qui ne peut manquer de s'émouvoir à chaque nouveau clin d'oeil. En cela, Evoland 2 réussit très bien son pari, mais on regrette un peu que le soft ne parvienne pas à se construire une identité vraiment à lui.
Car, outre leur design quelconque, les alliés brillent davantage par leurs répliques acerbes que par leur coups d'éclat, leur rôle se limitant finalement à servir de joker de manière très ponctuelle pour nous débloquer dans des situations bien précises. A nous de deviner quand recourir à leur aide sachant que la petite Fina chargera dans le tas, que le démon Ménos écrasera tout ce qui se trouvera en dessous de lui et que les projectiles de glace de Velvet pourront fragiliser des obstacles insurmontables autrement. Toutes ces capacités peuvent d'ailleurs être aussi utilisées par Kuro comme de simples power-up à charger pour éliminer les ennemis de manière plus violente qu'avec son épée.
Car n'oublions pas que le titre conserve une forte dominante action-aventure qui se traduit par l'exploration d'environnements disséminés sur la carte du monde, chacun abritant son lots d'ennemis et de casse-tête, voire de boss pour les plus étoffés. Et côté durée de vie, les concepteurs d'Evoland 2 ne se sont pas moqués de nous puisque l'aventure s'étale sur de nombreuses heures, sans compter la recherche des bonus optionnels et les duels de cartes à mi-chemin entre Magic et le Triple Triad.
Points forts
- Les changements visuels liés aux voyages dans le temps
- La dominante action-aventure convaincante
- La diversité du gameplay
- Des clins d'oeil en pagaille
- Jeu intégralement en français
- Musiques vraiment réussies
- Durée de vie largement supérieure à celle du premier
Points faibles
- Des voyages temporels pas assez fréquents
- Certaines phases de jeu qui s'éternisent, causant une baisse de rythme
- Le stage de type runner pas vraiment au point
- Des alliés sous-exploités
Allant au-delà du simple voyage à travers les âges vidéoludiques, Evoland 2 réussit son pari de revisiter à sa façon un nombre impressionnant de styles de jeux différents. Non content d'offrir un gameplay qui se renouvelle constamment, le jeu multiplie les références nostalgiques et ne pêche que dans les phases qui s'éternisent inutilement. Il lui manque également ce brin de folie qui lui aurait permis de se doter d'une vraie personnalité.