Voilà environ neuf ans qu'est sorti Gears of War, premier du nom. A l'origine simple démo technique conçu par Epic Games pour démontrer la puissance de son nouveau Unreal Engine 3, Marcus Fenix et ses compères sont vite devenus des icônes, des égéries de la marque Xbox. Et avant de voir revenir nos Gears préférés d'ici 2016, Microsoft et The Coalition ont mis les petits plats dans les grands pour proposer aux joueurs ce Gears of War Ultimate Edition, une remasterisation attendue de pied ferme par les fans.
Nous n'avons hélas pas été en mesure de tester la partie online de Gears of War Ultimate Edition. Le jeu n'étant pas encore sorti, Microsoft avait organisé quelques sessions online pour la presse, mais nous n'avons pu y participer. Ce test sera complété plus tard, lorsque le jeu (et ses serveurs) sera disponible au public. Cela aura au moins un avantage : nous testerons le online dans les mêmes conditions que vous.
À sa sortie en novembre 2006, Gears of War avait foutu quelques bonnes paires de claques. D'abord parce que le jeu était sublime. La 7ème génération venait de percuter les joueurs avec la délicatesse d'un 36 tonnes lancé à pleine vitesse. Démonstration parfaite de ce qu'était capable d'accomplir l'Unreal Engine 3, Gears of War était pour beaucoup la preuve même que les Xbox 360 et PlayStation 3, qui en étaient à leurs premiers balbutiements, pouvaient faire aussi bien que le PC. Mais ce n'est pas tout. Non, ce qui a conquis les joueurs, c'est l'action trépidante du jeu, qui vous envoyait au nez des phases de mitraille d'une intensité presque fatiguante. En solo mais surtout en coop', on prenait fait et cause pour ces imposants soldats, qui derrière les balafres et les sarcasmes, cachaient des êtres épuisés, qui peinaient à masquer leur désillusion quant à cet holocauste jailli des profondeurs de la terre.
Gears of War, c'est une histoire un peu bateau : sur la planète Sera, l'humanité s'est entre-déchirée lorsqu'elle a découvert l'imulsion, une nouvelle source d'énergie apparemment intarissable. La guerre a dévasté Sera, et c'est lorsque les hommes ont finalement lâché leurs fusils que le pire est arrivé : la planète sembla vomir un nouvel ennemi, inconnu, innombrable, comme pour punir les hommes qui l'avaient tant blessée. Quatorze ans après le « Jour de l'Émergence », l'humanité est toujours en guerre mais pas loin d'être éradiquée pour de bon par ces fameux Locustes... Et c'est là qu'intervient Marcus Fenix, un homme peu porté sur les choses de l'esprit mais pas avare en efforts lorsqu'il s'agit de répandre la tripaille.
Gears of War 2015
Forcément, ce que tout le monde veut savoir, c'est : à quoi ressemble ce Gears of War nouveau ? La refonte graphique est-elle à la hauteur des attentes des joueurs ? Il serait difficile de vous dire le contraire : Gears of War, dans cette version Ultimate Edition, est franchement un joli jeu. Avec un Unreal Engine 3 amélioré, plus de textures qui apparaissent à l'écran avec quelques secondes de retard ; moins de textures baveuses ; une distance d'affichage améliorée. Mais surtout, ce qui impressionne dans ce jeu, c'est le travail qui a été fait sur la lumière. Qu'elle filtre à travers quelques carreaux crasseux, ou se reflète sur une flaque d'eau, cette « nouvelle » lumière est omniprésente et magnifie Gears of War. Même les étincelles projetées par votre Lanzor (le fameux mitrailleur-tronçonneuse) semblent plus sauvages, rendant l'arme plus menaçante encore. Si si, c'est possible.
Petit contre-coup de l'effet polish apporté par The Coalition, le monde de Sera et ses habitants semblent beaucoup plus... propres, plus lisses. Et forcément cela surprend un peu : lorsque l'on pense à Gears of War, on imagine un monde sombre certes, mais aussi assez crasseux. Là Marcus Fenix semble presque avoir retrouvé sa peau de bébé ! L'effet produit est donc assez curieux, mais on s'y fait vite.
Rassurez vous, Sera est toujours aussi glauque, et ce n'est pas le travail effectué sur le sound-design qui vous fera penser le contraire. Musique, cris, détonations, tout a été revu et modernisé. Certains sons sont plus discrets, d'autres plus menaçants... Marcher dans la fameuse mine, entouré de lambents que l'on devine plus que l'on ne voit, voilà de quoi créer un sacré malaise. 2006, 2015 : cela fonctionne toujours aussi bien.
Un gameplay retravaillé
Notez que les développeurs ont profité de cette nouvelle version pour apporter quelques petites nouveautés de gameplay au premier Gears of War. Si en 2015, rejouer au premier épisode peut s'avérer difficile tant Marcus et Dominic paraissent lourdeaux, cette Ultimate Edition vient corriger le tir. Il est maintenant possible de changer d'arme tout en sprintant (votre personnage effectuera le changement en fin de course), et même de s'accroupir plus facilement derrière des éléments de décor se trouvant sur vos côtés. Une fois accroupi, vous aurez également la possibilité de soigner vos coéquipiers à portée, un move impossible à l'époque : vous étiez obligés de quitter votre couverture pour venir en aide à votre copain, tant pis s'il était à 10 centimètres. Ce qui était un peu ridicule, vous le concéderez.
Enfin, si le jeu ne tourne pas à 60 images par seconde en solo (contrairement au multijoueur), les 30fps constants donnent une nouvelle légèreté aux personnages, qui paraissent donc plus lestes et donc plus agréables à contrôler, bien entendu. Et quand on se rappelle à quel point le framerate de Gears of War pouvait être chancelant sur Xbox 360, cette « nouveauté » est franchement appréciable.
Simple, mais efficace
Toutes ces petites nouveautés sont bien appréciables, c'est certain, mais ce serait oublier tout ce qui a fait le succès de Gears of War. Pour ceux qui auraient loupé le jeu à l'époque, et qui voudraient s'y mettre prochainement, Gears of War est donc un TPS (third-person-shooter) particulièrement bourrin, dans lequel vous devrez combattre les horribles Locustes, qui cherchent à exterminer l'espèce humaine. La principale force du jeu, en dehors de son gameplay maîtrisé de bout en bout, c'est sans doute la capacité qu'il a à vous envoyer dans le pif une succession de scènes d'action survitaminées. Analysée une par une, on se rend tout de même compte que ce qui se déroule à l'écran est assez basique : on arrive dans de grandes pièces où l'on sait que l'on va se faire attaquer, on se fait effectivement attaquer, on dézingue du Locuste à tour de bras, et hop, on passe à la zone suivante. Répétitif, donc ? Pas vraiment. L'action est tellement intense, les enjeux tellement prenants que l'on en finit par oublier que l'on ne fait que traverser des couloirs en exterminant de la vermine.
C'est là que Cliff Bleszinski entre en jeu. Ce monsieur, à qui l'on doit les Unreal Tournament et la série qui nous concerne aujourd'hui, a un talent particulier : il sait créer des armes originales, instantanément funs et qui contribuent largement au plaisir de jeu. Un plaisir primal, bestial, mais imparable. À la manière d'un Minh Le (Counter-Strike), dans un style différent, Bleszinski a le chic pour créer la pétoire que vous ne voudrez plus lâcher : soit parce qu'elle a un bon feeling, soit parce que le son qu'elle émet à chaque déflagration vous procure un sentiment de puissance incommensurable... Et effectivement, chaque arme de Gears of War est un véritable plaisir à utiliser. Mention spéciale pour le fameux Lanzor et sa tronçonneuse intégrée, qui vous permettra quelques finishs d'une violence inouïe. Au passage, attention, la tronçonneuse est un peu lente au démarrage. Je dis ça, je dis rien.
Bienvenue dans un monde de fous
Points forts
- Les graphismes, qui rafraîchissent vraiment le titre
- Les petites nouveautés de gameplay
- Toujours aussi fun
- Les comics à débloquer !
- Solo, coop' en local ou en multi, écran splitté en local ou online... Toutes les configurations possibles, chouette !
- Les contenus de la version PC de 2007 n'ont pas été oubliés
Points faibles
- On aurait aimé une Gears of War : The Marcus Fenix Collection, quand même
- L'IA aurait bien mérité une petite révision
- Dommage que les 60fps ne concernent que le multi
Si l'on aurait effectivement préféré une « Marcus Fenix Collection », à la manière de ce qu'avaient proposé 343 Industries avec leur Master Chief Collection, on aura du mal à bouder notre plaisir en retrouvant Gears of War, qui s'est mis sur son 31 pour cette Ultimate Edition. Malgré son gameplay vieillissant et forcément un peu répétitif, difficile de résister à l'appel de Marcus Fenix et de sa bande, tant la recette est efficace. Beau en diable et intense comme pas deux, Gears of War Ultimate Edition ne plaira pourtant pas à tout le monde. Parce que oui, avec ses soldats sous stéroïdes, ses tronçonneuses et ses répliques mono-syllabiques, le titre de The Coalition et Epic Games ne fait ni dans la dentelle, ni dans la poésie. C'est un bon parpaing que l'on vous jette à travers la figure, qui entre sans frapper autre chose que votre cage thoracique, et qui s'essuie les pieds uniquement sur vos gencives. Vous aurez été prévenus !