Dans un monde où jeu d'infiltration est synonyme d'Hitman, Splinter Cell et Metal Gear Solid, comment un jeu indépendant peut sortir du lot et apporter de la nouveauté là où ces titres sont déjà passés ? Alors que les jeux d'infiltration traditionnels incorporent l'action dans leur concept de base, Volume, le nouveau né de Mike Bithell, tente de se démarquer en se concentrant exclusivement sur l'infiltration pure et dure. Un jeu d'infiltration dénué d'action a-t-il les armes pour être reconnu dans un milieu trusté par ces cadors ? Réponse avec le test de Volume, hybride entre infiltration et puzzle-game en 3 dimensions.
D'abord annoncé en août 2013 puis planifié pour une sortie l'année suivante, Volume a été retardé dans son développement et sort finalement cette année sur PC, PS4 et PS Vita. Second jeu de Mike Bithell, créateur de Thomas Was Alone, Volume est un jeu d’infiltration pur et dur où vous devrez utiliser plusieurs objets et subterfuges pour tromper la vigilance des gardes, collecter les gemmes et vous enfuir par le puits de lumière représentant la sortie.
En quelques mots, de quoi est-il question dans Volume ? Dans une Angleterre futuriste contrôlée par les grandes corporations, une puissante compagnie dirigée par Guy Gisborne fait régner sa loi et privilégie ses propres intérêts au détriment de la population. C'est ici que vous entrez en jeu. Vous incarnez Rob Locksley, un jeune cambrioleur aux valeurs pures venant de dérober, aux industries Gisborne, un appareil d'une grande valeur appelé Volume. Cet objet doté d'une intelligence artificielle, nommée Alan, donne la possibilité à Rob de recréer des lieux appartenant à la compagnie et de simuler virtuellement des braquages. Locksley décide alors d’utiliser cette machine pour dérober de précieuses données à l'entreprise et de les révéler au grand jour.
Il ne vous aura sans doute pas échappé la ressemblance du nom du héros avec l'illustre Robin de Locksley alias Robin des bois. Ceci n'est pas un hasard car Volume se veut être une réécriture futuriste du célèbre mythe britannique, avec un Rob Locksley ayant pour rôle de rééquilibrer la balance et de destituer la suprématie des grandes corporations.
A l'inverse d'un MGS ou d'un Hitman, ici, point d'attaque furtive en CQC ou d'assassinat à corde de piano. Voyez-vous, notre cher Rob Locksley est un pacifiste qui ne ferait pas de mal à une mouche et qui préférera se cacher une fois découvert plutôt que mitrailler dans tous les coins. Vous vous efforcerez donc de détourner l'attention des vigiles à l'aide de tout un arsenal d'objets et de techniques diverses et variées. Du simple sifflement à l'utilisation d'objets sonores pouvant rebondir sur les murs, Rob disposera parfois de plusieurs possibilités pour se faufiler à travers les salles au nez et à la barbe des gardes, molosses et tourelles qui ne compteront pas vous laisser passer si facilement.
Le jeu se veut progressif et linéaire, chaque niveau devant être terminé pour vous permettre de passer au suivant. Chaque nouvel objet ou nouvel ennemi nous est amené petit à petit au fil du jeu, de sorte de ne pas ressentir de frustration due à un trop grand pic de difficulté. L'apport de ces constantes nouveautés empêche le jeu de tomber dans une répétitivité souvent lassante et permet aux joueurs de continuer d'éprouver du plaisir après quelques heures de jeu.
Les joueurs adeptes du clavier-souris apprécieront la possibilité de paramétrer les commandes du jeu à leurs convenances, tandis que les autres opteront pour l'utilisation de leur manette parfaitement adaptée et agréable pour ce type de jeu. Volume ayant fait le choix de ne pouvoir ramasser et utiliser qu'un seul objet à la fois, la jouabilité reste intuitive et ne nous gâche pas le plaisir de jeu.
D'un point de vue graphique, Volume dispose d'un design épuré agréable à l’œil qui tire son inspiration des missions spéciales du premier Metal Gear Solid. On retrouve notamment cette vision semi-aérienne caractéristique de ce titre. On pourra tout de même reprocher des niveaux parfois assez similaires qui donneront une sensation de déjà-vu et une répétitivité grandissante au fil des heures de jeu.
Au niveau de l'ambiance sonore, on retrouve David Housden aux commandes, qui était déjà présent pour Thomas was Alone, et qui nous offre ici une bande son profonde et travaillée. Un effort tout particulier a été apporté aux doublages avec la présence du youtubeur Charlie McDonnell pour doubler Rob Locksley, Danny Wallace l'humoriste écossais prêtant sa voix à Alan et surtout Andy Serkis, bien connu dans son rôle de Gollum pour doubler Guy Gisborne. On peux cependant déplorer d'un point de vue sonore, l'explosion de chœur particulièrement agaçante et récurrente, qui retentit lorsque Rob est découvert par un garde ou une tourelle.
Bien que le scénario semble travaillé, on peut regretter le style de narration ne permettant pas aux joueurs de véritablement s'y accrocher. Se résumant à la description des niveaux, aux quelques dialogues entre Alan et Rob et à différentes notes parfois partiellement traduites, l'histoire n'est pas assez mise en avant pour que le joueur s'y intéresse et comprenne l'utilité de tous ces braquages. Le principal risque est que cela casse la sensation d'immersion du joueur qui pourrait voir en ce jeu qu'une succession de casse-têtes bêtes et méchants.
Certaines spécificités du jeu, comme l'IA très mécanique des gardes ou la présence des checkpoints un peu partout, pourront agacer les joueurs d'infiltration aguerris souhaitant se confronter à une réelle difficulté. En effet, la possibilité de forcer le passage est renforcée par ces multiples checkpoints, et pouvoir berner l'attention des gardes en tournant autour d'un pilier pourra réellement s'avérer énervant pour les joueurs en quête d'une sérieuse opposition.
Les experts en infiltration pourront toutefois se consoler sur les créations de la communauté pouvant leur apporter un challenge supplémentaire. Oui car Volume met à la disposition des joueurs un éditeur de niveau bien pensé et simple d'utilisation qui satisfera les passionnés du genre et qui donnera une seconde jeunesse au titre.
Les différentes maps créées par la communauté obtiennent une note sur 5 et les meilleures sont mises en avant auprès des autres joueurs pour récompenser les plus belles créations. Mis à part apporter un challenge supplémentaire, cet éditeur de niveau permettra d'agrandir une durée de vie déjà conséquente composée d'une centaine de niveaux dont vous viendrez à bout en une dizaine d'heures.
Enfin, on peut préciser que le jeu pourra combler les adeptes de speedrun. Chaque niveau étant chronométré, vous pourrez vous battre pour faire partie des meilleurs temps qui s'afficheront sur le menu de sélection des niveaux.
Trailer de Volume
Points forts
- Le design épuré et agréable à l’œil
- La multiplicité des concepts d'infiltration
- L'éditeur de niveau bien pensé et simple d'utilisation
- La durée de vie conséquente avec les 100 niveaux du mode histoire et les créations de la communauté
Points faibles
- L'IA des ennemis un peu trop mécanique
- La musique qui s'emballe lorsqu'on est découvert
- Possibilité d'abuser le jeu en forçant certains passages
- La narration assez floue et le scénario pas assez accrocheur
Pour résumer, Volume est un jeu d'infiltration bien pensé qui multiplie les concepts et apporte de nouvelles idées au cours du jeu de telle sorte que l'on ne s'en lasse pas rapidement. Véritable hommage aux missions spéciales de MGS, Volume s'inspire du design des niveaux et en reprend même certains concepts. L'ambiance sonore reste de qualité même si celle-ci devient agaçante lorsqu'on est découvert par un ennemi. Il est important de préciser que le titre ne plaira pas à tout le monde avec un scénario pas suffisamment accrocheur et un concept que certains trouveront répétitif. Cela dit, les mordus d'infiltration y trouveront sans doute leur compte et pourront même apprécier la présence d'un éditeur de niveaux complet pouvant agrandir la durée de vie du titre. Sans faire de concurrence directe à un Metal Gear Solid, Volume est un jeu qui fourmille de bonnes idées et qui, même dénué d'action, mérite d'être considéré comme un bon jeu d'infiltration à part entière.