Lors de son annonce il y a quelques mois de cela, il faut reconnaître que Cradle avait tout pour piquer au vif notre curiosité. Proposée par le petit studio indépendant Flying Cafe for Semianimals, l'aventure nous emmène dans un étrange univers aux forts relents de science-fiction. Mais en quoi consiste précisément Cradle, qui n'a jamais hésité à entretenir le mystère sur sa vraie nature ? Réponse dans ces colonnes.
Vous vous éveillez en 2076, en pleine crise d'amnésie, confortablement installé dans une yourte perdue dans les steppes de Mongolie. Aucun objectif, aucune indication sur vos prochaines actions : Cradle ne veut pas vous prendre par la main et c'est plutôt une excellente chose. Ceci étant dit, vous apprendrez rapidement à assimiler les mécanismes du jeu, sachant qu'à certains moments, une brève indication à l'écran vous indique que vous avez une nouvelle tâche à accomplir. Une simple pression sur la touche Tab de votre clavier révélera un petit indice sur la marche à suivre pour mener à bien votre objectif.
Un gameplay simple à découvrir
Le système de gameplay est assez simple. Vous pouvez interagir avec de nombreux objets, mais vous constaterez que seuls les éléments destinés à la résolution d'énigmes profitent d'un « plan rapproché », vous indiquant que ces derniers pourront trouver bonne place dans les quelques emplacements que comporte votre inventaire. Toutefois, choix assez étrange de la part des développeurs : il est impossible de combiner des objets directement depuis l'inventaire. Ainsi, si vous devez par exemple couper des fruits avec un couteau ou encore fixer un filtre UV à une lampe torche, il sera d'abord nécessaire de déposer un premier élément sur le sol, pour ensuite cliquer dessus avec le second pour enclencher la combinaison d'objets. Un choix pas forcément très heureux pour un jeu d'énigmes, mais qui n'est toutefois pas handicapant outre mesure.
Un exemple des mécaniques de jeu de Cradle
Une progression linéaire dans un cadre SF
Votre progression au sein de Cradle se fera petit à petit : combinez un objet, exploitez-le à bon escient, découvrez les nouvelles phases de jeu et apprenez-en davantage sur votre condition et celle du monde qui vous entoure. L'histoire, dont nous nous garderons bien d'en révéler les tenants et les aboutissants, s'inscrit dans un cadre SF du meilleur effet. Basé sur une thématique de transfert d'âme humaine vers un corps mécanique, le tout dans une atmosphère presque post-apocalyptique, le background de Cradle a bénéficié d'une attention toute particulière et les multiples choses à lire et à découvrir renforcent grandement l'immersion dans cet univers à l'esthétique très soignée et à la bande-son tout simplement renversante.
Un bel exemple d'exploitation de la bande-son de Cradle
On le sent, les petits gars de Flying Cafe ont franchement soigné l'univers de leur jeu et on les félicite pour cela. Toutefois, il est nécessaire de préciser que si Cradle vous tente, il est indispensable de savoir où vous mettez les pieds. Sur les 5 ou 6 heures que vous demandera l'aventure pour en voir la fin, vous ne croiserez que 2 personnages dans 3 environnements différents. Le monde ouvert n'est en réalité qu'une illusion, les endroits à explorer sont peu nombreux et l'histoire du jeu est segmentée et linéaire. Ne voyez pas là un argument assassin, simplement un avertissement sur la différence entre la communication entretenue autour du jeu et ce qu'il renferme en réalité.
Ladite communication nous vantait d'ailleurs un gameplay varié entre exploration et mini-jeux et ce n'est pas tout à fait faux, même si nous nous serions bien dispensés de ces derniers. En effet, vous serez amené à discuter avec un androïde féminin qui connaît des informations précieuses sur le passé qui hante votre environnement. Malheureusement, l'androïde est quelque peu usagé et vous enjoindra d'aller récupérer des pièces de rechange au sein des différents pavillons qui jalonnent le parc d'attractions abandonné. Ceci donnera lieu à un mini-jeu des moins intéressants, consistant à récupérer 30 blocs de couleur et de les projeter dans une colonne d'aspiration. Assez peu palpitantes et gênées par la lourdeur des déplacements du personnage, ces phases se reproduiront 3 fois dans le jeu, manière détournée et peu habile d'augmenter la durée de vie d'un jeu de toute façon assez court.
Outre ce choix peu judicieux, nous regretterons également l'optimisation assez bancale de Cradle, qui souffre régulièrement de chutes significatives de framerate, même lorsque vous avez choisi de faire quelques concessions sur les options graphiques les plus gourmandes. Ces petites lacunes techniques sont toutefois grandement compensées par l'atmosphère terriblement envoûtante qui règne dans le jeu. La direction artistique est franchement inspirée, au même titre que le scénario, tandis que certaines envolées de la bande originale du jeu rendront proprement poétiques les moments en apparence banals. Une belle preuve de maîtrise artistique de ce petit studio ukrainien.
Points forts
- Une expérience à part
- Scénario mystérieux et maîtrisé
- Bande originale somptueuse
- Univers immersif à souhait
- Esthétiquement très soigné
- Petit prix
Points faibles
- Un peu court (5 à 6 heures maximum)
- Doublage du héros peu convaincant
- Mini-jeux surexploités et peu intéressants
- Pour l'heure uniquement en anglais
Cradle n'est pas un jeu comme les autres. Si quelques choix de gameplay sont assez malheureux, si l'optimisation serait à revoir et que les mini-jeux peuvent s'avérer pénibles et redondants, cette courte histoire de science-fiction est suffisamment enivrante et mystérieuse pour que vous vous y intéressiez. Avec son atmosphère envoûtante à souhait, son univers certes cloisonné mais fourmillant de détails, servi par une bande originale tout simplement renversante, Cradle propose une expérience à part, qui ne séduira peut-être pas les amateurs de jeux rythmés. Celles et ceux ayant des penchants naturels pour la contemplation peuvent quant à eux s'y précipiter sans hésiter.