Que vous soyez ou non réceptif au character design de Rise of Incarnates, ce jeu vous a forcément intrigué. Mêlant coopération en 2 contre 2 et batailles en arène avec des personnages sur moto, à pied, ou à bord d’octopodes mécaniques, il y a de quoi s’intéresser au concept, que le résultat soit bon ou mauvais. C’est justement la question que nous nous posons aujourd’hui : est-ce que Rise of Incarnates, l’exotique tentative d’introduction du genre en Occident, peut marquer des points auprès des joueurs étrangers à son concept.
Bandai Namco tente donc avec ce titre une incursion dans un secteur très populaire au Japon où les titres d’affrontements en arène 2v2 ne sont pas nouveaux. Et si, en Europe, l’affrontement en arène a été dominé par la série des Budokai Tenkaichi, puis par le rouleau compresseur Naruto Ultimate Ninja Storm, voir un jeu du genre non affilié à une célèbre licence et qui en plus introduit du deux contre deux, fait penser à un pari risqué. Il ne reste plus qu’à voir si les équipes de développeurs, qui réunissent certains anciens de prestigieuses séries de versus fighting comme Tekken ou encore SoulCalibur, ont réussi à faire du bon travail avec un concept pareil. Premièrement, il faut savoir que Rise of Incarnates est un free-to-play ce qui signifie que l’on peut y jouer gratuitement et jouir d’une certaine partie du contenu indéfiniment avant d’être mis face aux travers du modèle économique sur lesquels nous reviendrons plus tard. Néanmoins, il est important de préciser cela car devoir payer pour l’acquisition du jeu aurait sans doute fait plonger sa note un peu plus bas. Place donc à l’action !
Notre Gaming Live sur l'Early Access de Rise of Incarnates
Surprise : on s'amuse !
Le premier contact avec Rise of Incarnates se fait dans de bonnes conditions, par une série de tutoriels (qui mettent un temps fou à s’afficher) en plein combat contre des bots. Très vite, on comprend les mécaniques relativement simples de notre personnage, et on est quelque peu choqué par le tout : déplacements lents, sauts et doubles sauts pas bien pratiques, et surtout enchaînement de coups ultra rapides et brouillons. Si bien que notre cible se retrouve très vite à terre (et donc intouchable) alors que notre héros continue d’enchaîner les attaques que nous lui avons demandé d’exécuter. Soit, un peu de maîtrise du timing s’impose. Une touche nous permet de nous transformer, ce qui a un petit côté sympa. Le roster d’ailleurs (composé de 12 combattants au moment du test) dispose de personnages atypiques et franchement bienvenus. On aura donc du plaisir à manier la jouteuse professionnelle qui a troqué sa monture chevaline contre une moto tronesque ou encore l’archer qui se transforme en loup antique, et que dire du professeur fou qui expulse des boules de feu par son séant et peut invoquer des petits zombies pour l'aider à se battre ?
Éloignez cette caméra que je ne saurais voir
Plus tard, on se rendra compte que c’est surtout au niveau de la gestion de la caméra que le tout s’avère mal calibré. Cette dernière est résolument trop proche de l’action et s’avère limite gerbante par moments, lorsque les effets se mêlent à la confusion du combat 2v2 qui n’a rien de coopératif d'ailleurs puisque le but est d’assassiner à la chaîne nos adversaires pour leur faire perdre suffisamment de points de respawn et ainsi mettre fin au combat. On focalisera donc au choix le plus mauvais des ennemis, ou celui qui dispose d’une plus grande jauge de vie (une, deux, ou trois barres) afin que son respawn pèse plus lourd pour nos ennemis. On ne fait quasiment pas attention aux quelques arènes disponibles pour jouer qui, bien qu’étant très peu détaillées, sont destructibles dans une certaine mesure.
Un modèle économique un tantinet abusif
Une fois la désillusion levée en ce qui concerne les différents « styles » de combat qui se ressemblent globalement tous mais offrent un spectacle visuel différent, on se rendra vite à l’évidence : Rise of Incarnates mise avant tout sur le court terme. Pourquoi ? Parce que son modèle économique est quelque peu abusif et force les joueurs gratuits à ne jouer qu’avec une sélection réduite de héros. En effet, loin du modèle d’un MOBA qui propose généralement un roulement hebdomadaire dans les effectifs disponibles gratuitement, Rise of Incarnates vous propose une sélection libre pendant deux semaines (génial !), avant de vous obliger à acheter des héros. Si le premier achat est totalement gratuit, les suivants se feront par l’intermédiaire de la monnaie gagnée en jeu ou d’argent réel. Et là, c’est un peu la désillusion puisque le coût augmente au fur et à mesure de vos acquisitions. Le second héros ne coûte pas grand-chose, le troisième s’avère plus onéreux, et les suivants le seront encore plus, vous forçant au bout d’un moment à farmer des heures durant ou à passer à la caisse pour obtenir des IP (monnaie issue de transactions réelles) afin d’obtenir de nouveaux persos ou de customiser leur style. On gagne bien quelques coiffures ou quelques accessoires en jouant, mais le cœur de l’économie du jeu repose sur le passage à la caisse au bout d’un moment.
Au moins, c'est stable ! Ah non...
Vous allez sûrement vous dire qu’au final un petit jeu de combat 2v2 avec des parties classées, de l’entraînement face aux bots, de la customisation esthétique et un système équivalent aux runes des MOBA pour obtenir un avantage en partie, c’est une bonne pioche pour un free-to-play. Le souci est qu’en dépit de la relative pauvreté de son contenu et de son gameplay, c’est avant tout sur sa stabilité actuelle que Rise of Incarnates est une calamité. Lags réguliers en multi qui renden la partie injouable avant d’avoir une erreur de connexion, et nombreux plantages avec retour bureau Windows : il va vous falloir pas mal de patience pour tenter d’apprécier Rise of Incarnates. Dommage.
{{test_note_points |plus= {{test_note_point|texte=Pas si moche que ça}} {{test_note_point|texte=Quelques persos fun à jouer}} {{test_note_point|texte=Concept de transformations sympa}} {{test_note_point|texte=Peut se montrer marrant durant quelques heures si l’on est vraiment pas exigeant en termes de sensations de jeu}}
|moins= {{test_note_point|texte=Trop peu de différences dans le gameplay de chaque combattant}} {{test_note_point|texte=Stabilité à revoir (lags et crashs réguliers)}} {{test_note_point|texte=Modèle économique qui décourage à la longue}} {{test_note_point|texte=Caméra à revoir}} {{test_note_point|texte=Trop peu de contenu}} }}
Rise of Incarnates est une fausse bonne idée. Bandai Namco a souhaité introduire sur un marché assez hermétique au genre un type de jeu particulièrement choyé au Japon sans pour autant adapter le gameplay et la profondeur relative de ce dernier au public ciblé. On se retrouve donc avec un titre qui n’est graphiquement pas moche (si l’on oublie le chara design aseptisé), mais qui par sa réalisation globale pèche considérément : caméras ultra-gênantes, musiques insupportables, pauvreté des commandes, absence de coopération et sentiment d’être dans un brawler ultra bourrin et extrêmement brouillon. Si l’on ajoute à ça des soucis de stabilité qui ne donnent pas forcément envie d’y retourner et un modèle économique décourageant, on obtient un titre qui pourra amuser les moins exigeants le temps d’un week-end, pas plus. Il ne faut pas se leurrer, pour quelques deniers, on trouve beaucoup mieux, et la scène free-to-play regorge de bonnes idées bien plus jouissives que celles de Rise of Incarnates.