Genre phare des années 80’s et 90’s et plus particulièrement sur NES / SNES et Master System / MegaDrive, l'action-platformer déferle à nouveau sur nos contrées par le biais des marchés Steam et Mobile. Et Sword of Xolan est de cette trempe. Héritier de ces jeux ayant fait la gloire de Sega et Nintendo, le jeu d'Alper Sarikaya émerge des cendres du bûcher 8 bits adaptant une nouvelle fois sur iOS cette recette ancestrale du jeu vidéo.
Les verdoyantes vallées du royaume sont mises à feu et à sang par un mage noir nommé Zorbandar. Hameau après hameau, les villageois disparaissent. Le dernier espoir en la personne d’un érudit en magie blanche est terrassé sans difficulté. Et seule la désolation demeure. Soudain, apparaît en contre-jour dans le lointain, XOLAN, le preux guerrier à la chevelure de jais. Un héros sans peur à la volonté d’acier et à l’épée virile souhaitant en découdre avec les ténèbres. Un synopsis tout en simplicité, un pur écho des jeux d’antan à la manière des Mario et autres Golden Axe de notre “enfance”.
Sword of Xolan est un jeu d’action et de plate-forme s’inspirant des légendes ayant fait la gloire du genre durant les générations 8 et 16 bits… Zelda, Golden Axe, Ghouls’n Ghosts... tant de références désormais cultes… Ainsi, l’introduction du jeu mise en scène via une suite d’artworks tout en pixel art portés par une voix off rauque, est avalée en moins de 60 secondes pour une mise en scène sobre. Le titre d’Alper Sarikaya joue la carte du rétrogaming à 2000% proposant une aventure tout en mélancolie sachant alterner nostalgie et touches contemporaines pour un retour vers les 90’s à l’odeur alléchante.
Notre héros est un guerrier à l’agilité prouvée. Saut, double-saut, attaque à l’épée… rien ne l’arrête. Obstacles et ennemis n’ont qu’à bien se tenir. Puis Xolan possède un don, la pyrokinésie, pouvant générer des boules de feu sans crier gare et occire la vermine à distance. Une magie efficace mais consommant un point de mana (sur 3 disponibles) qu’il s’agira de recharger par le biais de potions disposées tout au long de son périple.
Xolan n’est pas invincible. Une vie symbolisée par trois coeurs en début de niveaux, chaque touche le rapprochant un peu plus de la mort. L'aléatoire entrant en jeu, un surplus de vie pouvant surgir de chaque ennemi éliminé. La meilleure défense reste donc l’attaque. Les combats sont à la fois intenses et réfléchis. Patienter pour fondre sur votre adversaire au moment opportun, lancer une boule de feu et ainsi pouvoir progresser sans encombre… Seuls les affrontements face aux boss apparaissent comme pauvres en comparaison de la richesse du level design. 3 attaques différentes répétées en boucle pour un sens de l’épique en deçà. La diversité des ennemis est à saluer tant dans leur design que dans leur comportement. Trolls, monstres cracheurs d’acide, araignées, gorilles, blobs… chacune de ces créatures profite d’un panel différent d’attaques. Les chauves-souris vous foncent dessus, les zombies s’entêtent à faire les 100 pas, les tortues tirent à vue...
L’aventure est découpée en 30 niveaux répartis en 3 actes et ponctués par un boss. Le level design dans son ensemble est une franche réussite. Chaque niveau est l’occasion de découvrir de nouveaux pièges, de nouveaux ennemis… et donc de nouvelles situations pouvant s’apparenter à des puzzles où la solution est un savant mélange de réflexion et d’habilité manette en mains. Un apprentissage par l’échec, un bon vieux goût de die & retry pour une difficulté progressive rendant les derniers niveaux de l’acte 3 assurément hardcore donc divins. Une difficulté compensée par divers bonus à débloquer, symbolisés par des cartes, en utilisant les pièces de monnaie récoltées tout au long de l’épopée.
S’ajoutant aux éternels pics, plates-formes mobiles et autres pièges mortels, des zones secrètes sont dissimulées dans chaque niveau à la manière d’un Rayman Origins / Legends. Votre réussite par niveau ne se résumant pas simplement à rester en vie et atteindre le panneau “sortie” mais également à libérer les trois villageois et trouver le coffre aux trésors. L’étendue des niveaux va crescendo tout comme la complexité des situations proposées. La difficulté y est graduelle, plus complexe, plus de réflexes, plus d’exploration et donc une prise de risque plus importante. Entre exploration, combats et énigmes, l’ensemble vous bercera au doux refrain du “C’était mieux avant” pas moins de 6 à 7 heures durant. Un mode Challenge améliore cette durée de vie par l’ajout de 9 niveaux. Un Time Attack des plus conventionnels où il s’agira de traverser l’environnement en détruisant des cibles (des sacs de sable) en moins de 50 / 60 / 70 secondes. En aucun cas indispensable mais jouissif une fois l’aventure terminée.
Une direction artistique tout en pixels rappelant les grandes heures de la MegaDrive et de son emblématique “SEGA c’est plus fort que toi”. Des environnements variés et destructibles en partie passant des plaines ensoleillées aux montagnes enneigées, des animations riches et “fluides” (cape, cheveux, sauts…), des effets pixélisés de feu, d’explosions, de mouvements… pour un style 8 bits aux qualités indéniables et au rendu magistralement old-school.
Bien que parfaitement calibré pour le tactile, aucun problème de latence n'étant à déplorer, un action-platformer, à mon humble avis, ne demande qu'à s'épanouir le pad non pas virtuel mais bien réel à la main afin d'éviter le classique mais mortel "appuyer à côté".
Points forts
- Un hommage aux Action-Platformer d’antan
- Un level design riche et varié sachant se renouveler au gré des niveaux
- Une difficulté progressive effleurant du doigt les 90’s
- Un voyage artistique “8 bits” au pays du pixel art
Points faibles
- Des combats de boss fades en comparaison de l’aventure vécue
- Le pad virtuel inadapté à ce genre de jeux
Sword of Xolan est un petit bijou régressif lové dans une direction artistique tout en pixel art, une machine à remonter les temps vidéoludiques pour un Back to 90’s mémorable, une adaptation de l’action-platformer aux attentes actuelles et non comblées des générations de gamers nostalgiques d'une époque bénie du 8 bits où seule la manette dictait sa loi.