Largement applaudi sur les plates-formes mobiles courant 2013, Badland se décide finalement à passer à la vitesse supérieure en s'offrant une édition GOTY sur PC et consoles de salon. C'est donc paré de graphismes en Full-HD, d'un contenu revu à la hausse et de contrôles remaniés qu'il déboule sur ces nouveaux supports pour le plaisir de ceux qui ne s'y étaient pas encore essayés.
Pour un peu moins de 12 euros, le studio Frogmind vous invite à pénétrer dans la nature hostile de Badland, version Game of the Year, pour une expérience aussi divertissante que troublante. Mais en sortir indemne ne sera pas de tout repos et il y a même de fortes chances que vous vous trouviez quelque peu changé à l'arrivée. Car dans Badland, on a beau ignorer totalement quel genre de créatures bizarres on incarne, pas question de les laisser se faire bouffer par les innombrables dangers qui semblent vouloir à tout prix les réduire en bouillie. Avec leur tronche de noiraudes (les petites boules de suie signées Ghibli), et rappelant aussi fortement les bestioles de World of Goo, les petits êtres lourdauds que l'on dirige dans Badland ont quelque chose d'irrésistible qui nous pousse à nous surpasser pour leur épargner un sort aussi funeste qu'effroyable !
Casu ou hardcore ?
Car derrière l'apparente simplicité du gameplay de Badland se cache un challenge redoutable qu'on ne peut prétendre surmonter qu'à la condition de maîtriser parfaitement les différents modes d'évolution de nos créatures. Sur le papier pourtant tout semble extrêmement basique : nos bestioles volent dans les airs plus ou moins longtemps selon la pression exercée sur le bouton du pad, ce qui permet de doser à la fois la hauteur et la vitesse de leurs mouvements. Sur cette version GOTY, les développeurs se sont d'ailleurs attachés à repenser le maniement pour rendre les contrôles plus fins en nous permettant d'agir légèrement avec le stick analogique pour influer de manière très précise sur la direction. Car pour compenser le vol maladroit de nos créatures, il faut anticiper les pièges de l'environnement qu'on ne voit bien souvent venir qu'au tout dernier moment, ce qui nous vaut de très nombreuses morts dont seule la présence de checkpoints parvient à atténuer la douleur. Badland affirme donc plus que jamais son côté die & retry, et même si les niveaux sont courts, il faut généralement s'y reprendre à plusieurs reprises avant de faire passer au moins une noiraude dans le tunnel de sortie.
Pierre qui roule...
L'attaque des clones
Lourdauds et vulnérables, nos petits protégés comptent en effet surtout sur leur nombre pour se sortir de ce mauvais pas. Car si, à chaque début de niveau, c'est un seul individu que l'on contrôle, l'omniprésence de bonus clones fait que l'on se trouve rapidement à la tête d'une véritable escouade de créatures qui flottent en essaim selon la direction qu'on leur indique. Evidemment, comme tous ne sont pas situés au même endroit de l'écran, il est impossible de trouver une trajectoire optimale qui permette de garder en vie chacun d'entre eux. Le but est donc justement de limiter la casse pour tenter d'amener un maximum de clones jusqu'à l'arrivée, ce qui ne se fera pas sans quelques sacrifices.
D'autant que la progression implique bien souvent le recours à des bonus qui modifient considérablement le comportement de nos créatures. On les verra par exemple grossir ou rétrécir pour soit faire tomber des morceaux de décor, soit se faufiler dans des conduits étroits. Mais nos clones pourront également se mettre en boule pour glisser rapidement le long des surfaces planes et donc éviter de rebondir sur des pièges, voire rouler au plafond dans le sens de rotation opposé. Le bonus glue leur permettra de se coller contre les parois afin de passer sur les scies circulaires sans se faire broyer, tandis que la grenouille les dotera d'un saut plus ou moins utile en matière de rebond. Plus loin, c'est carrément un effet bullet time qui s'invite à la fête, ralentissant l'action alors que des boulets de canon nous arrivent dessus pour tenter d'éparpiller nos troupes.
Quoi qu'il arrive, il faut garder à l'esprit que tous les clones restés à la traîne risquent de se faire dévorer impitoyablement par le scrolling qui défile parfois à très grande vitesse, générant des pertes souvent considérables dans nos rangs. Qu'il s'agisse de mines explosives, de scies acérées ou de bogues piquantes, les pièges sont légion et il faut parfois interagir avec le décor pour débloquer la situation. On pourra notamment emprunter des portails de téléportation ou s'arranger pour faire passer des bonus dedans afin d'en faire profiter nos créatures. Le plus délicat étant l'obligation à certains moments de séparer volontairement nos clones dans une, deux, voire trois directions différentes pour leur faire franchir des passages de type puzzle. Le premier groupe ira par exemple actionner un mécanisme pour couper un piège, tandis que le deuxième se chargera de réduire la taille des clones avant que le troisième puisse se faufiler là où le piège se trouvait. Et tout ça en deux ou trois secondes maxi, évidemment !
L'édition Game of the Year
On l'a vu, l'édition Game of the Year se charge d'affiner largement le gameplay pour donner lieu à des stages encore plus vicieux, mais ce n'est pas tout. Si vous avez jeté un oeil aux screens, vous admettrez que le titre peut toujours compter sur sa direction artistique fort réussie pour sortir du lot sur le plan visuel, et la réalisation désormais en Full-HD permet d'apprécier encore plus la qualité de ses magnifiques arrière-plans. A la fois mécaniques et organiques, les environnements donnent l'impression que le jeu prend place sur une planète inconnue, sauvage, et livrée à une nature qu'on ne voit pas mais dont on ressent fortement la présence à travers l'ambiance sonore bucolique qui ponctue notre voyage en ces lieux. L'action, elle, se dessine à la manière d'ombres chinoises au premier plan, et le rendu est d'autant plus efficace qu'il offre une lisibilité parfaitement adaptée à ce soft basé sur la rapidité de réaction.
Niveau challenge, il faut savoir que chaque niveau peut être rejoué en essayant de sauver le plus de clones possible, en collectant un maximum de bonus ou en survivant en un minimum d'essais. Des conditions qui compliquent énormément la donne et qui rajoutent autant de missions pour rallonger efficacement la durée de vie. Le contenu de cette édition GOTY n'est de toute façon pas en reste puisque le soft comprend l'ensemble du jeu original, à savoir les 80 stages des versions mobiles auxquels viennent s'ajouter deux autres séries de niveaux à débloquer. En terminant le jour 1, on pourra ainsi accéder aux 10 stages très spéciaux du "Rêve éveillé" où on se retrouvera notamment à piloter une chenille qui doit utiliser les mouvements de son corps pour se protéger contre les lasers et autres pièges de l'environnement. Quant aux 10 stages du mode "Fin du monde", ils se débloquent en venant à bout des 40 niveaux du jour 2.
A cela s'ajoutent encore les parties en coopération jusqu'à 4 joueurs sur un même écran, pas forcément plus faciles qu'en solo puisqu'il faut se partager les clones et avancer sans pénaliser ses partenaires de galère. Si jamais ça se passe mal, vous pourrez toujours régler vos comptes dans les stages de type versus où chacun doit tenter de survivre plus longtemps que ses adversaires. Les parties se déroulent ici sur 27 stages spéciaux, dont 17 ont été ajoutés pour cette version GOTY, avec des conditions de jeu paramétrables (nombre de niveaux et de manches à définir). Uniquement jouables en local, les parties en versus ou en coopération complètent vraiment bien l'expérience offerte en solo, même si le titre est dépourvu d'option online. Notez enfin que le jeu supporte les fonctionnalités cross-buy et cross-save sur les trois versions Sony.
Vidéo-test de Badland : Game of the Year Edition
Points forts
- La version ultime de Badland en termes de gameplay et de contenu
- La D.A. : effets d'ombres chinoises et arrière-plans magnifiques
- La tronche des créatures maladroites façon noiraudes ou World of Goo
- L'ambiance musicale bucolique
- Contrôles plus fins que sur les versions mobiles
- L'apparition constante de nouveaux bonus pour diversifier les stages
- Davantage de niveaux / missions pour un challenge encore plus corsé
- Un multi local encore étoffé
Points faibles
- Ne se démarque peut-être pas suffisamment du jeu original
- On aurait bien aimé voir une option online
- Encore un jeu qui met durement à l'épreuve notre sang-froid
Fort de son succès mérité sur tablettes, Badland profite de cette édition Game of the Year pour enrichir encore plus son contenu, en étoffant la forme comme le fond. Même si le challenge est parfois redoutable, on prend toujours un malin plaisir à se surpasser pour maintenir nos clones en vie le plus longtemps possible, aussi bien en solo qu'en coopération, et on en redemande.