Après un premier opus remarqué apparu sur iOS puis Google Play en 2013, le studio Foursaken Media lâche de nouveau les chiens de guerre avec Heroes and Castles 2, reprenant ainsi la formule mêlant action, stratégie et univers médiéval fantastique. Vous incarnez un seigneur désireux de protéger son fief et de repousser les hordes de gobelins, squelettes et autres trolls ayant envahi les terres avoisinantes.
Etendre son royaume aux limites du monde connu, répondre aux attaques ennemies avec une extrême fermeté et ainsi annihiler toute trace de cette armée des ténèbres… : voici la mission qui vous revient de droit. Entre férocité des combats et habiles stratégies, Heroes and Castles 2 pioche ses mécaniques de jeu à la fois dans le jeu de stratégie, le RPG et le beat’em all.
Une légère brise court dans l’herbe fraîche de cette plaine printanière s’étendant sur un territoire qui fut un temps en paix. La main cramponnée sur le pommeau d’une épée, le bouclier vibrant au doux son lointain de ce cor de guerre déchirant le silence, une armée des ténèbres est en marche. La guerre est à nos portes ! Tout leader se doit de montrer l’exemple sur le champ de bataille et Heroes and Castles 2 s’en donne à coeur joie. Aux côtés de vos troupes, l’épée, la hache ou encore le tromblon à la main, vous prenez part aux affrontements en étant plongé au coeur de la mêlée, dans le but de survivre et de faire la différence sur un coup d’épée vengeur, dans des séquences d’action débridées.
Malheureusement, les phases de combat manquent cruellement de nervosité. Les déplacements et les attaques sont empêtrés dans une lourdeur de chaque instant. Le rythme en lui-même nage dans une lenteur constante. La lisibilité n’est pas en reste une fois au front. Les PNJ s’enchevêtrent, s’entassent, pour ne former en définitive qu’un tas de chair et d’acier malgré une intelligence artificielle sachant rester à distance si nécessaire et se positionner selon son rôle. Sans oublier les sempiternels bugs de collision souvent à l’origine d’une mort injuste vous obligeant à recommencer la bataille … Frustrant !
La victoire se dessinant dans le sang et les larmes, Heroes and Castles 2 se structure autour de batailles dont la simplicité des objectifs n’a d’égale que leur redondance. Détruire la forteresse ennemie, protéger son fief, éradiquer toute présence dans une zone donnée… rien de plus. La vie de seigneur est diablement répétitive. Cependant, vous disposez d’une multitude d’unités (fantassin, lancier, archer, nain, guerrier elf, mage…) prêtes à être appelées en renfort et ainsi grossir vos rangs sur le champ de bataille, chacune répondant à un besoin, une situation précise comme détruire un mur, enfoncer une ligne d’archers, arrêter la progression de trolls… mais coûtant des points de commandement obtenus par la présence de bannerets sur le champ de bataille, des unités également invoquées à protéger coûte que coûte sous peine de finir seul face à la horde. Cette once de tactique réussit finalement à galvaniser un gameplay jusque-là sevré et approximatif.
Au-delà de cette microgestion des troupes en combat, la dimension stratégique de Heroes and Castles 2 réside dans un contrôle permanent de la carte, l’extension de son territoire et sa protection. Le monde s’étend à perte de vue. Tant de territoires à conquérir, d’avant-postes à établir, chacun d’entre eux vous apportant divers avantages, de nouvelles unités combattantes, de l’argent (crystals) et autres bonus. Si l’ennemi arrive à reprendre ces avant-postes, tout cela est perdu. L’aspect tactique entre dès lors en scène, l’ennemi attaquant plusieurs lieux à la fois. Choisir l’ordre des affrontements, des lieux à défendre tout en garantissant l’intégrité de votre château fréquemment attaqué est votre pain quotidien. Perdre votre château se traduit par un Game Over, à la différence des territoires occupés, il est donc nécessaire de sacrifier un avant-poste temporairement afin de protéger le coeur de votre royaume. Ce calque stratégique insuffle vie et intérêt au titre de Foursaken Media, poussant le joueur à choisir pour finalement subir plus tard les conséquences de ces choix.
Jeu d’action, de stratégie mais également jeu de rôle, Heroes and Castles 2 s’appuie sur des mécaniques RPG ayant fait leur preuve ; entre l’amélioration des compétences de votre héros par le biais de 3 classes de personnages (Chevalier, Paladin, Mage), le choix et la création d’armes et d’équipements par un système de crafting aléatoire, et ajoutant à cela l’amélioration de votre fief (murs, tourelles…) et de vos unités, cette customisation, certes simple, se fait l’écho de cette volonté stratégique tout en permettant au joueur de s’approprier l’expérience.
Toutes ces améliorations, armes et équipements ont bien entendu un prix. Chaque bataille remportée vous octroie quelques “crystals” qu’il s’agira de dépenser après mûre réflexion. En effet, l’économie du jeu serre la vis à outrance. Seul le strict minimum est distribué. Aucun droit à l’erreur n’est toléré. La faute en incombe à ce business model à la fois premium, le jeu étant vendu 1,99 €, mais monnayant aux joueurs les moins patients des packs de “crystals” pour une poignée d’euros.
Un univers médiéval fantastique reposant sur tous les poncifs du genre, des textures tantôt fines tantôt grossières, une direction artistique sobre voire terne à l’exception de certaines ambiances printanières et nocturnes… seuls les jeux de lumière, les effets “mouillés” flatteurs et le nombre de personnages à l’écran (ennemis et alliés) viennent chatoyer nos sens, rendant justice à un visuel techniquement au point mais sans vie ni envie.
Qu’on se le dise, les jeux d’action à la 3ème personne ne sont pas adaptés aux contrôles tactiles et tout particulièrement au pad virtuel… une source de frustration supplémentaire pour un jeu qui n’en demandait pas tant.
Points forts
- Dans la peau d’un seigneur de guerre, entre volonté guerrière et réflexion
- Des batailles épiques impliquant un grand nombre de PNJ
- Un calque stratégique riche donnant sa saveur au titre
Points faibles
- Des combats manquant cruellement de dynamisme
- Un système économique entre deux eaux (free-to-play et premium)
- Une direction artistique lambda
- Des contrôles inadaptés aux plates-formes mobiles
De la réflexion, des combats et de la customisation : Heroes and Castles 2 avait tout du grand, et pourtant… Mû par l’envie de proposer une expérience riche, ce dernier louvoie constamment entre action, stratégie et RPG sans jamais atteindre le niveau de qualité espéré, offrant dès lors une expérience mitigée d'autant plus frustrante que la promesse était alléchante.